Devoir de Philosophie

Les Cinq Cents Millions de la Begum Là, dans une langue

Publié le 12/04/2014

Extrait du document

langue
Les Cinq Cents Millions de la Begum Là, dans une langue sobre et forte, sans ornements inutiles et prétentions oratoires la langue des gens qui, sachant ce qu'ils disent, énoncent clairement les choses parce qu'ils les comprennent bien , le colonel Hendon raconta la haine invétérée de Herr Schultze contre la France, contre Sarrasin et son oeuvre, les préparatifs formidables qu'annonçait le New York Herald, destinés à détruire France-Ville et ses habitants. (( C'était à eux de choisir le parti qu'ils croyaient le meilleur à prendre, poursuivit-il. Bien des gens sans courage et sans patriotisme aimeraient peut-être mieux céder le terrain, et laisser les agresseurs s'emparer de la patrie nouvelle. Mais le colonel était sûr d'avance que des propositions si pusillanimes ne trouveraient pas d'écho parmi ses concitoyens. Les hommes qui avaient su comprendre la grandeur du but poursuivi par les fondateurs de la cité modèle, les hommes qui avaient su en accepter les lois, étaient nécessairement des gens de coeur et d'intelligence. Représentants sincères et militants du progrès, ils voudraient tout faire pour sauver cette ville incomparable, monument glorieux élevé à l'art d'améliorer le sort de l'homme ! Leur devoir était donc de donner leur vie pour la cause qu'ils représentaient. )) Une immense salve d'applaudissements accueillit cette péroraison. Plusieurs orateurs vinrent appuyer la motion du colonel Hendon. Le docteur Sarrasin, ayant fait valoir alors la nécessité de constituer sans délai un Conseil de défense, chargé de prendre toutes les mesures urgentes, en s'entourant du secret indispensable aux opérations militaires, la proposition fut adoptée. Séance tenante, un membre du Conseil civique suggéra la convenance de voter un crédit provisoire de cinq millions de dollars, destinés aux premiers travaux. Toutes les mains se levèrent pour ratifier la mesure. A dix heures vingt-cinq minutes, le meeting était terminé, et les habitants de France-Ville, s'étant donné des chefs, allaient se retirer, lorsqu'un incident inattendu se produisit. La tribune, libre depuis un instant, venait d'être occupée par un inconnu de l'aspect le plus étrange. Cet homme avait surgi là comme par magie. Sa figure énergique portait les marques d'une surexcitation effroyable, mais son attitude était calme et résolue. Ses vêtements à demi collés à son corps et encore souillés de vase, son front ensanglanté, disaient qu'il venait de passer par de terribles épreuves. A sa vue, tous s'étaient arrêtés. D'un geste impérieux, l'inconnu avait commandé à tous l'immobilité et le silence. Qui était-il ? D'où venait-il ? Personne, pas même le docteur Sarrasin, ne songea à le lui demander. D'ailleurs, on fut bientôt fixé sur sa personnalité. (( Je viens de m'échapper de Stahlstadt, dit-il. Herr Schultze m'avait condamné à mort. Dieu a permis que j'arrivasse jusqu'à vous assez à temps pour tenter de vous sauver. Je ne suis pas un inconnu pour tout le monde ici. Mon vénéré maître, le docteur Sarrasin, pourra vous dire, je l'espère qu'en dépit de l'apparence qui me rend méconnaissable même pour lui, on peut avoir quelque confiance dans Marcel Bruckmann ! - Marcel ! )) s'étaient écriés à la fois le docteur et Octave. Tous deux allaient se précipiter vers lui... Un nouveau geste les arrêta. XII LE CONSEIL 67 Les Cinq Cents Millions de la Begum C'était Marcel, en effet, miraculeusement sauvé. Après qu'il eut forcé la grille du canal, au moment où il tombait presque asphyxié, le courant l'avait entraîné comme un corps sans vie. Mais, par bonheur, cette grille fermait l'enceinte même de Stahlstadt, et, deux minutes après, Marcel était jeté au-dehors, sur la berge de la rivière, libre enfin, s'il revenait à la vie ! Pendant de longues heures, le courageux jeune homme était resté étendu sans mouvement, au milieu de cette sombre nuit, dans cette campagne déserte, loin de tout secours. Lorsqu'il avait repris ses sens, il faisait jour. Il s'était alors souvenu !... Grâce à Dieu, il était donc enfin hors de la maudite Stahlstadt ! Il n'était plus prisonnier. Toute sa pensée se concentra sur le docteur Sarrasin, ses amis, ses concitoyens ! (( Eux ! eux ! )) s'écria-t-il alors. Par un suprême effort, Marcel parvint à se remettre sur pied. Dix lieues le séparaient de France-Ville, dix lieues à faire, sans railway, sans voiture, sans cheval, à travers cette campagne qui était comme abandonnée autour de la farouche Cité de l'Acier. Ces dix lieues, il les franchit sans prendre un instant de repos, et, à dix heures et quart, il arrivait aux premières maisons de la cité du docteur Sarrasin. Les affiches qui couvraient les murs lui apprirent tout. Il comprit que les habitants étaient prévenus du danger qui les menaçait ; mais il comprit aussi qu'ils ne savaient ni combien ce danger était immédiat, ni surtout de quelle étrange nature il pouvait être. La catastrophe préméditée par Herr Schultze devait se produire ce soir-là, à onze heures quarante-cinq... Il était dix heures un quart. Un dernier effort restait à faire. Marcel traversa la ville tout d'un élan, et, à dix heures vingt-cinq minutes, au moment où l'assemblée allait se retirer, il escaladait la tribune. (( Ce n'est pas dans un mois, mes amis, s'écria-t-il, ni même dans huit jours, que le premier danger peut vous atteindre ! Avant une heure, une catastrophe sans précédent, une pluie de fer et de feu va tomber sur votre ville. Un engin digne de l'enfer, et qui porte à dix lieues, est, à l'heure où je parle, braqué contre elle. Je l'ai vu. Que les femmes et les enfants cherchent donc un abri au fond des caves qui présentent quelques garanties de solidité, ou qu'ils sortent de la ville à l'instant pour chercher un refuge dans la montagne ! Que les hommes valides se préparent pour combattre le feu par tous les moyens possibles ! Le feu, voilà pour le moment votre seul ennemi ! Ni armées ni soldats ne marchent encore contre vous. L'adversaire qui vous menace a dédaigné les moyens d'attaque ordinaires. Si les plans, si les calculs d'un homme dont la puissance pour le mal vous est connue se réalisent, si Herr Schultze ne s'est pas pour la première fois trompé, c'est sur cent points à la fois que l'incendie va se déclarer subitement dans France-Ville ! C'est sur cent points différents qu'il s'agira de faire tout à l'heure face aux flammes ! Quoi qu'il en doive advenir, c'est tout d'abord la population qu'il faut sauver, car enfin, celles de vos maisons, ceux de vos monuments qu'on ne pourra préserver, dût même la ville entière être détruite, l'or et le temps pourront les rebâtir ! )) En Europe, on eût pris Marcel pour un fou. Mais ce n'est pas en Amérique qu'on s'aviserait de nier les miracles de la science, même les plus inattendus. On écouta le jeune ingénieur, et, sur l'avis du docteur Sarrasin, on le crut. La foule, subjuguée plus encore par l'accent de l'orateur que par ses paroles, lui obéit sans même songer à les discuter. Le docteur répondait de Marcel Bruckmann. Cela suffisait. XII LE CONSEIL 68
langue

« C'était Marcel, en effet, miraculeusement sauvé.

Après qu'il eut forcé la grille du canal, au moment où il tombait presque asphyxié, le courant l'avait entraîné comme un corps sans vie.

Mais, par bonheur, cette grille fermait l'enceinte même de Stahlstadt, et, deux minutes après, Marcel était jeté au-dehors, sur la berge de la rivière, libre enfin, s'il revenait à la vie ! Pendant de longues heures, le courageux jeune homme était resté étendu sans mouvement, au milieu de cette sombre nuit, dans cette campagne déserte, loin de tout secours. Lorsqu'il avait repris ses sens, il faisait jour.

Il s'était alors souvenu !...

Grâce à Dieu, il était donc enfin hors de la maudite Stahlstadt ! Il n'était plus prisonnier.

Toute sa pensée se concentra sur le docteur Sarrasin, ses amis, ses concitoyens ! (( Eux ! eux ! )) s'écria-t-il alors. Par un suprême effort, Marcel parvint à se remettre sur pied. Dix lieues le séparaient de France-Ville, dix lieues à faire, sans railway, sans voiture, sans cheval, à travers cette campagne qui était comme abandonnée autour de la farouche Cité de l'Acier.

Ces dix lieues, il les franchit sans prendre un instant de repos, et, à dix heures et quart, il arrivait aux premières maisons de la cité du docteur Sarrasin. Les affiches qui couvraient les murs lui apprirent tout.

Il comprit que les habitants étaient prévenus du danger qui les menaçait ; mais il comprit aussi qu'ils ne savaient ni combien ce danger était immédiat, ni surtout de quelle étrange nature il pouvait être. La catastrophe préméditée par Herr Schultze devait se produire ce soir-là, à onze heures quarante-cinq...

Il était dix heures un quart. Un dernier effort restait à faire.

Marcel traversa la ville tout d'un élan, et, à dix heures vingt-cinq minutes, au moment où l'assemblée allait se retirer, il escaladait la tribune. (( Ce n'est pas dans un mois, mes amis, s'écria-t-il, ni même dans huit jours, que le premier danger peut vous atteindre ! Avant une heure, une catastrophe sans précédent, une pluie de fer et de feu va tomber sur votre ville.

Un engin digne de l'enfer, et qui porte à dix lieues, est, à l'heure où je parle, braqué contre elle.

Je l'ai vu.

Que les femmes et les enfants cherchent donc un abri au fond des caves qui présentent quelques garanties de solidité, ou qu'ils sortent de la ville à l'instant pour chercher un refuge dans la montagne ! Que les hommes valides se préparent pour combattre le feu par tous les moyens possibles ! Le feu, voilà pour le moment votre seul ennemi ! Ni armées ni soldats ne marchent encore contre vous.

L'adversaire qui vous menace a dédaigné les moyens d'attaque ordinaires.

Si les plans, si les calculs d'un homme dont la puissance pour le mal vous est connue se réalisent, si Herr Schultze ne s'est pas pour la première fois trompé, c'est sur cent points à la fois que l'incendie va se déclarer subitement dans France-Ville ! C'est sur cent points différents qu'il s'agira de faire tout à l'heure face aux flammes ! Quoi qu'il en doive advenir, c'est tout d'abord la population qu'il faut sauver, car enfin, celles de vos maisons, ceux de vos monuments qu'on ne pourra préserver, dût même la ville entière être détruite, l'or et le temps pourront les rebâtir ! )) En Europe, on eût pris Marcel pour un fou.

Mais ce n'est pas en Amérique qu'on s'aviserait de nier les miracles de la science, même les plus inattendus.

On écouta le jeune ingénieur, et, sur l'avis du docteur Sarrasin, on le crut. La foule, subjuguée plus encore par l'accent de l'orateur que par ses paroles, lui obéit sans même songer à les discuter.

Le docteur répondait de Marcel Bruckmann.

Cela suffisait.

Les Cinq Cents Millions de la Begum XII LE CONSEIL 68. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles