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Les éléphants (1862). Leconte de Lisle

Publié le 01/05/2011

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de lisle

Leconte de Lisle est un remarquable peintre des animaux exotiques. Il a su tout à la fois décrire leur aspect physique et leurs allures, et analyser, par une sorte de divination, leurs instincts et leurs impressions. Nous citons deux des morceaux de ce genre les plus célèbres : les Éléphants et le Sommeil du Condor. — On remarquera dans les Éléphants la disposition musicale du thème : dire les trois premières strophes à voix basse; la quatrième et la cinquième un peu plus haut; à partir de la sixième strophe, le ton doit être soutenu : c'est la description du cortège qui passe sous nos yeux; — avec la dernière strophe, la voix doit s'abaisser de nouveau, et le dernier vers doit s'évanouir comme la vision elle-même.  

Le sable rouge est comme une mer sans limite, Et qui flambe, muette, affaissée en son lit. Une ondulation immobile remplit L'horizon aux vapeurs de cuivre où l'homme habite. Nulle vie et nul bruit. Tous les lions repus Dorment au fond de l'antre éloigné de cent lieues; Et la girafe boit dans les fontaines bleues, Là-bas, sous les dattiers des panthères connus. Pas un oiseau ne passe en fouettant de son aile L'air épais ou circule un immense soleil. Parfois quelque boa, chauffé dans son sommeil, Fait onduler son dos où l'écaille étincelle. Tel l'espace enflammé brûlé sous les cieux clairs, Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes, Les éléphants rugueux, voyageurs lents et rudes, Vont au pays natal à travers les déserts. D'un point de l'horizon, comme des masses brunes, Ils viennent, soulevant la poussière, et l'on voit, Pour ne point dévier du chemin le plus droit, Sous leur pied large et sur crouler au loin les dunes. Celui qui tient la tête est un vieux chef. Son corps Est gercé comme un tronc que le temps ronge et mine; Sa tête est comme un roc et l'arc de son échine Se voûte puissamment à ses moindres efforts. Sans ralentir jamais et sans hâter sa marche, Il guide au but certain ses compagnons poudreux Et, creusant par derrière un sillon sablonneux, Les pèlerins massifs suivent leur patriarche. L'oreille en éventail, la trompe entre les dents, Ils cheminent, l'oeil clos. Leur ventre bat et fume, Et leur sueur dans l'air embrasé monte en brume, Et bourdonnent autour mille insectes ardents. Mais qu'importent la soif et la mouche vorace, Et le soleil cuisant leur dos noir et plissé? Ils rêvent en marchant du pays délaissé, Des forêts de figuiers où s'abrita leur race. Ils reverront le fleuve échappé des grands monts, Ou nage en mugissant l'hippopotame énorme, Où, blanchis par la lune et projetant leur forme, Ils descendaient pour boire en écrasant les joncs. Aussi, pleins de courage et de lenteur, ils passent Comme une ligne noire, au sable illimité; Et le désert reprend son immobilité Quand les lourds voyageurs à l'horizon s'effacent. Leconte De Lisle

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Une poésie évoquant la vision d'une troupe d'éléphants traversant le désert tropical. — 1° Ne semble-t-il pas que le poète, immobile en un point du désert, voie à l'horizon une troupe d'éléphants qui s'avance, — qui passe devant lui, — puis qui s'éloigne et disparaît? 2° Où vont les éléphants? (Au pays natal, dont ils ont la nostalgie; ils y vont comme en pèlerinage, ainsi que les hommes se rendent à un lieu sacré)', 3° Quelle impression générale laisse en vous la lecture de cette poésie? (impression de simplicité, de force, de grandeur...).

II. — L'analyse de la poésie. — i° Distinguez les différentes parties de cette poésie : a) le cadre, b) le tableau, — se présentant à nous sous trois aspects : 1° Les éléphants viennent d'un point de l'horizon; 2° Ils passent; 3° Ils s'effacent; 2: Montrez que le désert constitue le cadre du tableau, et que le cadre est immense (le désert, mer sans limite...) ; 3° Indiquez les autres traits caractéristiques du désert (une chaleur torride : une mer sans limite et qui flambe..., l'air où circule un immense soleil...)] — le silence (nulle vie, nul bruit..., les lions dorment..), 4° Le désert n'est cependant pas absolument un paysage de mort : que fait la girafe? — le boa? 5° Montrez que Leconte de Lisle apparaît ici comme un admirable peintre des paysages équatoriaux; 6° Quand la troupe d'éléphants apparaît à l'horizon, que voit surtout le poète? (des masses brunes; — les éléphants, que guide un vieux chef, marchent lentement, en ligne droite, soulevant la poussière) ; 7° Que remarque-t-il quand les éléphants passent devant lui? (Ici, des détails précis : les éléphants cheminent, l'œil clos; leur ventre bat et fume... mille insectes ardents bourdonnent autour d'eux...); 8° Quand ils sont passés, comment lui apparaissent-ils? (Ils marchent, toujours bien disciplinés, paraissant rêver au pays natal..., ne forment plus, bientôt, qu'une ligne noire...). On a dit que Leconte de Lisle fut un peintre animalier : justifiez ce jugement par l'examen attentif de la poésie étudiée ici; 9° Leconte de Lisle n'essaie-t-il pas aussi de pénétrer l'âme obscure des éléphants? (Les pèlerins, qui suivent leur patriarche, — deux mots qui impliquent l'expression d'un sentiment religieux, — rêvent du pays natal, qu'ils vont revoir..., affrontent « pleins de courage et de lenteur « les fatigues d'un long voyage, à travers le désert).

III. — Le style; — les expressions. — 1° Quels sont les caractères distinctifs du style, dans cette poésie? (La netteté..., — L'exacte propriété des termes..., — le relief...), 2° Montrez la justesse des épithètes (Les éléphants rugueux, voyageurs lents et rudes, — leur pied large et sûr; — ses compagnons poudreux..., les pèlerins massifs..., etc.); 3° Citez les vers qui vous paraissent les plus évocateurs (Les pèlerins massifs suivent leur patriarche, — Quand les lourds voyageurs à l'horizon s'effacent...), 4° Quel est le sens du vers et des expressions qui suivent : Et la girafe boit dans les fontaines bleues', — les mornes solitudes', — son corps est gercé comme un tronc ; — pleins de courage et de lenteur?

IV. — La grammaire. — 1° Indiquez la composition et la signification des mots suivants : immense, — dévier, — patriarche, — illimité ; — 2° Trouvez les conjonctions contenues dans la dernière strophe; — 3° Distinguez les propositions qui se trouvent dans les deux vers terminant cette même strophe (nature de chacune d'elles; fonction de la seconde).

Rédaction. — Vous avez vu un éléphant, — soit dans une ménagerie, soit dans un cirque, soit au Jardin des Plantes, soit au Jardin d'Acclimatation. — Décrivez-le.

de lisle

« QUESTIONS D'EXAMEN I.

— L'ensemble.

— Une poésie évoquant la vision d'une troupe d'éléphants traversant le désert tropical.

— 1° Nesemble-t-il pas que le poète, immobile en un point du désert, voie à l'horizon une troupe d'éléphants qui s'avance, —qui passe devant lui, — puis qui s'éloigne et disparaît? 2° Où vont les éléphants? (Au pays natal, dont ils ont lanostalgie; ils y vont comme en pèlerinage, ainsi que les hommes se rendent à un lieu sacré)', 3° Quelle impressiongénérale laisse en vous la lecture de cette poésie? (impression de simplicité, de force, de grandeur...). II.

— L'analyse de la poésie.

— 1° Distinguez les différentes parties de cette poésie : a) le cadre, b) le tableau, —se présentant à nous sous trois aspects : 1° Les éléphants viennent d'un point de l'horizon; 2° Ils passent; 3° Ilss'effacent; 2: Montrez que le désert constitue le cadre du tableau, et que le cadre est immense (le désert, mersans limite...) ; 3° Indiquez les autres traits caractéristiques du désert (une chaleur torride : une mer sans limite etqui flambe..., l'air où circule un immense soleil...)] — le silence (nulle vie, nul bruit..., les lions dorment..), 4° Ledésert n'est cependant pas absolument un paysage de mort : que fait la girafe? — le boa? 5° Montrez que Lecontede Lisle apparaît ici comme un admirable peintre des paysages équatoriaux; 6° Quand la troupe d'éléphants apparaîtà l'horizon, que voit surtout le poète? (des masses brunes; — les éléphants, que guide un vieux chef, marchentlentement, en ligne droite, soulevant la poussière) ; 7° Que remarque-t-il quand les éléphants passent devant lui?(Ici, des détails précis : les éléphants cheminent, l'œil clos; leur ventre bat et fume...

mille insectes ardentsbourdonnent autour d'eux...); 8° Quand ils sont passés, comment lui apparaissent-ils? (Ils marchent, toujours biendisciplinés, paraissant rêver au pays natal..., ne forment plus, bientôt, qu'une ligne noire...).

On a dit que Lecontede Lisle fut un peintre animalier : justifiez ce jugement par l'examen attentif de la poésie étudiée ici; 9° Leconte deLisle n'essaie-t-il pas aussi de pénétrer l'âme obscure des éléphants? (Les pèlerins, qui suivent leur patriarche, —deux mots qui impliquent l'expression d'un sentiment religieux, — rêvent du pays natal, qu'ils vont revoir...,affrontent « pleins de courage et de lenteur » les fatigues d'un long voyage, à travers le désert). III.

— Le style; — les expressions.

— 1° Quels sont les caractères distinctifs du style, dans cette poésie? (Lanetteté..., — L'exacte propriété des termes..., — le relief...), 2° Montrez la justesse des épithètes (Les éléphantsrugueux, voyageurs lents et rudes, — leur pied large et sûr; — ses compagnons poudreux..., les pèlerins massifs...,etc.); 3° Citez les vers qui vous paraissent les plus évocateurs (Les pèlerins massifs suivent leur patriarche, —Quand les lourds voyageurs à l'horizon s'effacent...), 4° Quel est le sens du vers et des expressions qui suivent : Etla girafe boit dans les fontaines bleues', — les mornes solitudes', — son corps est gercé comme un tronc ; — pleinsde courage et de lenteur? IV.

— La grammaire.

— 1° Indiquez la composition et la signification des mots suivants : immense, — dévier, —patriarche, — illimité ; — 2° Trouvez les conjonctions contenues dans la dernière strophe; — 3° Distinguez lespropositions qui se trouvent dans les deux vers terminant cette même strophe (nature de chacune d'elles; fonctionde la seconde). Rédaction.

— Vous avez vu un éléphant, — soit dans une ménagerie, soit dans un cirque, soit au Jardin des Plantes,soit au Jardin d'Acclimatation.

— Décrivez-le.. »

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