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Les Index Noires Années ?

Publié le 12/04/2014

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Les Index Noires Années ?... » répondit Nell. Et ce mot, pas plus que le mot « jour », ne parut avoir de signification pour la jeune fille. Simon Ford, Harry, Jack Ryan et ses compagnons la regardaient avec un double sentiment de pitié et de sympathie. L'état de ce pauvre être, vêtu d'une misérable cotte de grosse étoffe, était bien fait pour les impressionner. Harry, plus que tout autre, se sentait irrésistiblement attiré par l'étrangeté même de Nell. Il s'approcha alors. Il prit dans sa main la main que Madge venait d'abandonner. Il regarda bien en face Nell, dont les lèvres ébauchèrent une sorte de sourire, et il lui dit : « Nell... là-bas.., dans la houillère... étais-tu seule ? Seule ! seule ! » s'écria la jeune fille en se redressant. Sa physionomie décelait alors l'épouvante. Ses yeux, qui s'étaient adoucis sous le regard du jeune homme, redevinrent sauvages. « Seule ! seule ! » répéta-t-elle, et elle retomba sur le lit de Madge, comme si les forces lui eussent manqué tout à fait. « Cette pauvre enfant est encore trop faible pour nous répondre, dit Madge, après avoir recouché la jeune fille. Quelques heures de repos, un peu de bonne nourriture, lui rendront ses forces. Viens, Simon ! viens, Harry ! venez tous, mes amis, et laissons faire le sommeil ! » Sur le conseil de Madge, Nell fut laissée seule, et on put s'assurer, un instant après, qu'elle dormait profondément. Cet événement n'alla pas sans faire grand bruit, non seulement dans la houillère, mais aussi dans le comté de Stirling, et, peu après, dans tout le Royaume-Uni. Le renom d'étrangeté de Nell s'en accrut. On aurait trouvé une jeune fille enfermée dans la roche schisteuse, comme un de ces êtres antédiluviens qu'un coup de pic délivre de leur gangue de pierre, que l'affaire n'eût pas eu plus d'éclat. Sans le savoir, Nell devint fort à la mode. Les gens superstitieux trouvèrent là un nouveau texte à leurs récits légendaires. Ils pensaient volontiers que Nell était le génie de la Nouvelle Aberfoyle, et lorsque Jack Ryan le disait à son camarade Harry : « Soit, répondait le jeune homme, pour conclure, soit, Jack ! Mais, en tout cas, c'est le bon génie ! C'est celui qui nous a secourus, qui nous a apporté le pain et l'eau, lorsque nous étions emprisonnés dans la houillère ! Ce ne peut être que lui ! Quant au mauvais génie, s'il est resté dans la mine, il faudra bien que nous le découvrions un jour ! » On le pense bien, l'ingénieur James Starr avait été informé tout d'abord de ce qui s'était passé. La jeune fille, ayant recouvré ses forces dès le lendemain de son entrée au cottage, fut interrogée par lui avec la plus grande sollicitude. Elle lui parut ignorer la plupart des choses de la vie. Cependant, elle était intelligente, on le reconnut bientôt, mais certaines notions élémentaires lui manquaient : celle du temps, entre autres. On voyait qu'elle n'avait été habituée à diviser le temps ni par heures, ni par jours, et que ces mots mêmes lui étaient inconnus. En outre, ses yeux, accoutumés à la nuit, se faisaient difficilement à l'éclat des XV. Nell au cottage 67 Les Index Noires disques électriques; mais, dans l'obscurité, son regard possédait une extraordinaire acuité, et sa pupille, largement dilatée, lui permettait de voir au milieu des plus profondes ténèbres. Il fut aussi constant que son cerveau n'avait jamais reçu les impressions du monde extérieur, que nul autre horizon que celui de la houillère ne s'était développé à ses yeux, que l'humanité tout entière avait tenu pour elle dans cette sombre crypte. Savait-elle, cette pauvre fille, qu'il y eût un soleil et des étoiles, des villes et des campagnes, un univers dans lequel fourmillaient les mondes ? On devait en douter jusqu'au moment où certains mots qu'elle ignorait encore prendraient dans son esprit une signification précise. Quant à la question de savoir si Nell vivait seule dans les profondeurs de la Nouvelle-Aberfoyle, James Starr dut renoncer à la résoudre. En effet, toute allusion à ce sujet jetait l'épouvante dans cette étrange nature. Ou bien Nell ne pouvait, ou elle ne voulait pas répondre; mais, certainement, il existait là quelque secret qu'elle eût pu dévoiler. « Veux-tu rester avec nous ? veux-tu retourner là où tu étais ? » lui avait demandé James Starr. A la première de ces deux questions : « Oh oui ! » avait dit la jeune fille. A la seconde, elle n'avait répondu que par un cri de terreur, mais rien de plus. Devant ce silence obstiné, James Starr, et avec lui Simon et Harry Ford, ne laissaient pas d'éprouver une certaine appréhension. Ils ne pouvaient oublier les faits inexplicables qui avaient accompagné la découverte de la houillère. Or, bien que depuis trois ans aucun nouvel incident ne se fût produit, ils s'attendaient toujours à quelque nouvelle agression de la part de leur invisible ennemi. Aussi voulurent-ils explorer le puits mystérieux. Ils le firent donc, bien armés et bien accompagnés. Mais ils n'y trouvèrent aucune trace suspecte. Le puits communiquait avec les étages inférieurs de la crypte, creusés dans la couche carbonifère. James Starr, Simon et Harry causaient souvent de ces choses. Si un ou plusieurs êtres malfaisants étaient cachés dans la houillère, s'ils préparaient quelques embûches, Nell aurait pu le dire peut-être, mais elle ne parlait pas. La moindre allusion au passé de la jeune fille provoquait des crises, et il parut bon de ne point insister. Avec le temps, son secret lui échapperait sans doute. Quinze jours après son arrivée au cottage, Nell était l'aide la plus intelligente et la plus zélée de la vieille Madge. Évidemment, ne plus jamais quitter cette maison où elle avait été si charitablement accueillie, cela lui semblait tout naturel, et peut-être même ne s'imaginait-elle pas que désormais elle pût vivre ailleurs. La famille Ford lui suffisait, et il va sans dire que, dans la pensée de ces braves gens, du moment que Nell était entrée au cottage, elle était devenue leur enfant d'adoption. Nell était charmante, en vérité. Sa nouvelle existence l'embellissait. C'étaient sans doute les premiers jours heureux de sa vie. Elle se sentait pleine de reconnaissance pour ceux auxquels elle les devait. Madge s'était pris pour Nell d'une sympathie toute maternelle. Le vieil overman en raffola bientôt à son tour. Tous l'aimaient, d'ailleurs. L'ami Jack Ryan ne regrettait qu'une chose : c'était de ne pas l'avoir sauvée lui-même. Il venait souvent au cottage. Il chantait, et Nell, qui n'avait jamais entendu chanter, trouvait cela fort beau; mais on eût pu voir que la jeune fille préférait aux chansons de Jack Ryan les entretiens plus sérieux d'Harry, qui, peu à peu, lui apprit ce qu'elle ignorait encore des choses du monde extérieur. Il faut dire que, depuis que Nell avait apparu sous sa forme naturelle, Jack Ryan s'était vu forcé de convenir que sa croyance aux lutins faiblissait dans une certaine mesure. En outre, deux mois après, sa crédulité reçut un nouveau coup. En effet, vers cette époque, Harry fit une découverte assez inattendue, mais qui expliquait en partie l'apparition des Dames de feu dans les ruines du château de Dundonald, à Irvine. XV. Nell au cottage 68

« disques électriques; mais, dans l'obscurité, son regard possédait une extraordinaire acuité, et sa pupille, largement dilatée, lui permettait de voir au milieu des plus profondes ténèbres.

Il fut aussi constant que son cerveau n'avait jamais reçu les impressions du monde extérieur, que nul autre horizon que celui de la houillère ne s'était développé à ses yeux, que l'humanité tout entière avait tenu pour elle dans cette sombre crypte.

Savait-elle, cette pauvre fille, qu'il y eût un soleil et des étoiles, des villes et des campagnes, un univers dans lequel fourmillaient les mondes ? On devait en douter jusqu'au moment où certains mots qu'elle ignorait encore prendraient dans son esprit une signification précise. Quant à la question de savoir si Nell vivait seule dans les profondeurs de la Nouvelle-Aberfoyle, James Starr dut renoncer à la résoudre.

En effet, toute allusion à ce sujet jetait l'épouvante dans cette étrange nature.

Ou bien Nell ne pouvait, ou elle ne voulait pas répondre; mais, certainement, il existait là quelque secret qu'elle eût pu dévoiler. « Veux-tu rester avec nous ? veux-tu retourner là où tu étais ? » lui avait demandé James Starr. A la première de ces deux questions : « Oh oui ! » avait dit la jeune fille.

A la seconde, elle n'avait répondu que par un cri de terreur, mais rien de plus. Devant ce silence obstiné, James Starr, et avec lui Simon et Harry Ford, ne laissaient pas d'éprouver une certaine appréhension.

Ils ne pouvaient oublier les faits inexplicables qui avaient accompagné la découverte de la houillère.

Or, bien que depuis trois ans aucun nouvel incident ne se fût produit, ils s'attendaient toujours à quelque nouvelle agression de la part de leur invisible ennemi.

Aussi voulurent-ils explorer le puits mystérieux.

Ils le firent donc, bien armés et bien accompagnés.

Mais ils n'y trouvèrent aucune trace suspecte. Le puits communiquait avec les étages inférieurs de la crypte, creusés dans la couche carbonifère. James Starr, Simon et Harry causaient souvent de ces choses.

Si un ou plusieurs êtres malfaisants étaient cachés dans la houillère, s'ils préparaient quelques embûches, Nell aurait pu le dire peut-être, mais elle ne parlait pas.

La moindre allusion au passé de la jeune fille provoquait des crises, et il parut bon de ne point insister.

Avec le temps, son secret lui échapperait sans doute. Quinze jours après son arrivée au cottage, Nell était l'aide la plus intelligente et la plus zélée de la vieille Madge.

Évidemment, ne plus jamais quitter cette maison où elle avait été si charitablement accueillie, cela lui semblait tout naturel, et peut-être même ne s'imaginait-elle pas que désormais elle pût vivre ailleurs.

La famille Ford lui suffisait, et il va sans dire que, dans la pensée de ces braves gens, du moment que Nell était entrée au cottage, elle était devenue leur enfant d'adoption. Nell était charmante, en vérité.

Sa nouvelle existence l'embellissait.

C'étaient sans doute les premiers jours heureux de sa vie.

Elle se sentait pleine de reconnaissance pour ceux auxquels elle les devait.

Madge s'était pris pour Nell d'une sympathie toute maternelle.

Le vieil overman en raffola bientôt à son tour.

Tous l'aimaient, d'ailleurs.

L'ami Jack Ryan ne regrettait qu'une chose : c'était de ne pas l'avoir sauvée lui-même.

Il venait souvent au cottage.

Il chantait, et Nell, qui n'avait jamais entendu chanter, trouvait cela fort beau; mais on eût pu voir que la jeune fille préférait aux chansons de Jack Ryan les entretiens plus sérieux d'Harry, qui, peu à peu, lui apprit ce qu'elle ignorait encore des choses du monde extérieur. Il faut dire que, depuis que Nell avait apparu sous sa forme naturelle, Jack Ryan s'était vu forcé de convenir que sa croyance aux lutins faiblissait dans une certaine mesure.

En outre, deux mois après, sa crédulité reçut un nouveau coup. En effet, vers cette époque, Harry fit une découverte assez inattendue, mais qui expliquait en partie l'apparition des Dames de feu dans les ruines du château de Dundonald, à Irvine.

Les Index Noires XV.

Nell au cottage 68. »

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