Les Index Noires auxquels son enfance avait été mêlée.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
« Respire bien, Nell, dit James Starr, respire cet air chargé de toutes les vivifiantes senteurs de la campagne !
\24 Quelles sont ces grandes fumées qui courent au-dessus de notre tête ? demanda Nell.
\24 Ce sont des nuages, répondit Harry, ce sont des vapeurs à demi condensées que le vent pousse dans l'ouest.
\24 Ah ! fit Nell, que j'aimerais à me sentir emportée dans leur silencieux tourbillon ! \24 Et quels sont ces points
scintillants qui brillent à travers les déchirures des nuées ?
\24 Ce sont les étoiles dont je t'ai parlé, Nell.
Autant de soleils, autant de centres de mondes, peut-être
semblables au nôtre ! » Les constellations se dessinaient plus nettement alors sur le bleu-noir du firmament,
que le vent purifiait peu à peu.
Nell regardait ces milliers d'étoiles brillantes qui fourmillaient au-dessus de sa tête.
« Mais, dit-elle, si ce sont des soleils, comment mes yeux peuvent-ils en supporter l'éclat ?
\24 Ma fille, répondit James Starr, ce sont des soleils, en effet, mais des soleils qui gravitent à une distance
énorme.
Le plus rapproché de ces milliers d'astres, dont les rayons arrivent jusqu'à nous, c'est cette étoile de
la Lyre, Wega, que tu vois là presque au zénith, et elle est encore à cinquante mille milliards de lieues.
Son
éclat ne peut donc affecter ton regard.
Mais notre soleil se lèvera demain à trente-huit millions de lieues
seulement, et aucun il humain ne peut le regarder fixement, car il est plus ardent qu'un foyer de fournaise.
Mais viens, Nell, viens ! »
On prit la route.
James Starr tenait la jeune fille par la main.
Harry marchait à son côté.
Jack Ryan allait et
venait comme eût fait un jeune chien, impatient de la lenteur de ses maîtres.
Le chemin était désert.
Nell regardait la silhouette des grands arbres que le vent agitait dans l'ombre.
Elle les
eût volontiers pris pour quelques géants qui gesticulaient.
Le bruissement de la brise dans les hautes
branches, le profond silence pendant les accalmies, cette ligne d'horizon qui s'accusait plus nettement, lorsque
la route coupait une plaine, tout l'imprégnait de sentiments nouveaux et traçait en elle des impressions
ineffaçables.
Après avoir interrogé d'abord, Nell se taisait, et, d'un commun propos, ses compagnons
respectaient son silence.
Ils ne voulaient point influencer par leurs paroles l'imagination sensible de la jeune
fille.
Ils préféraient laisser les idées naître d'elles-mêmes en son esprit.
A onze heures et demie environ, la rive septentrionale du golfe de Forth était atteinte.
Là, une barque, qui avait été frétée par James Starr, attendait.
Elle devait, en quelques heures, les porter, ses
compagnons et lui, jusqu'au port d'Edimbourg.
Nell vit l'eau brillante qui ondulait à ses pieds sous l'action du ressac et semblait constellée d'étoiles
tremblotantes.
« Est-ce un lac ? demanda-t-elle.
\24 Non, répondit Harry, c'est un vaste golfe avec des eaux courantes, c'est l'embouchure d'un fleuve, c'est
presque un bras de mer.
Prends un peu de cette eau dans le creux de ta main, Nell, et tu verras qu'elle n'est pas
douce comme celle du lac Malcolm.
»
La jeune fille se baissa, trempa sa main dans les premiers flots et la porta à ses lèvres.
Les Index Noires
XVII.
Un lever de soleil 78.
»
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