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Les Index Noires d'où vous ne pouviez plus sortir !

Publié le 12/04/2014

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Les Index Noires d'où vous ne pouviez plus sortir ! Sans doute, Jack, répondit Harry. Il reste à savoir si cet être est aussi surnaturel que tu veux le croire. Surnaturel ! s'écria Jack Ryan. Mais il est aussi surnaturel qu'un follet, qu'on verrait courir son falot à la main, qu'on voudrait attraper, qui vous échapperait comme un sylphe, qui s'évanouirait comme une ombre ! Sois tranquille, Harry, on le reverra un jour ou l'autre ! Eh bien, Jack, dit Simon Ford, follet ou non, nous chercherons à le retrouver, et il faudra que tu nous aides à cela. Vous vous ferez là une mauvaise affaire, monsieur Ford ! répondit Jack Ryan. Bon ! laisse venir, Jack ! » On se figure aisément combien ce domaine de la Nouvelle Aberfoyle devint bientôt familier aux membres de la famille Ford, et plus particulièrement à Harry. Celui-ci apprit à en connaître les plus secrets détours. Il en arriva même à pouvoir dire à quel point de la surface du sol correspondait tel ou tel point de la houillère. Il savait qu'au-dessus de cette couche se développait le golfe de Clyde, que là s'étendait le lac Lomond ou le lac Katrine. Ces piliers, c'était un contrefort des monts Grampians qu'ils supportaient. Cette voûte, elle servait de soubassement à Dumbarton. Au-dessus de ce large étang passait le railway de Balloch. Là finissait le littoral écossais. Là commençait la mer, dont on entendait distinctement les fracas, pendant les grandes tourmentes de l'équinoxe. Harry eût été un merveilleux « leader » de ces catacombes naturelles, et, ce que font les guides des Alpes sur les sommets neigeux, en pleine lumière, il l'eût fait dans la houillère, en pleine ombre, avec une incomparable sûreté d'instinct. Aussi l'aimait-il, cette Nouvelle-Aberfoyle ! Que de fois, sa lampe au chapeau, il s'aventurait jusque dans ses plus extrêmes profondeurs ! Il explorait ses étangs sur un canot qu'il manuvrait adroitement. Il chassait même, car de nombreux oiseaux sauvages s'étaient introduits dans la crypte, pilets, bécassines, macreuses, qui se nourrissaient des poissons dont fourmillaient ces eaux noires. Il semblait que les yeux d'Harry fussent faits aux espaces sombres, comme les yeux d'un marin aux horizons éloignés. Mais, courant ainsi, Harry était comme irrésistiblement entraîné par l'espoir de retrouver l'être mystérieux, dont l'intervention, pour dire le vrai, l'avait sauvé plus que toute autre, et les siens avec lui. Réussirait-il ? Oui, à n'en pas douter, s'il en croyait ses pressentiments. Non, s'il fallait conclure du peu de succès que ses recherches avaient obtenu jusqu'alors. Quant aux attaques dirigées contre la famille du vieil overman, avant la découverte de la Nouvelle-Aberfoyle, elles ne s'étaient pas renouvelées. Ainsi allaient les choses dans cet étrange domaine. Il ne faudrait pas s'imaginer que, même à l'époque où les linéaments de Coal-city se dessinaient à peine, toute distraction fût écartée de la souterraine cité, et que l'existence y fût monotone. Il n'en était rien. Cette population, ayant mêmes intérêts, mêmes goûts, à peu près même somme d'aisance, constituait, à vrai dire, une grande famille. On se connaissait, on se coudoyait, et le besoin d'aller chercher quelques plaisirs au-dehors se faisait peu sentir. D'ailleurs, chaque dimanche, promenades dans la houillère, excursions sur les lacs et les étangs, c'étaient autant d'agréables distractions. XIII. Coal-city 59 Les Index Noires Souvent aussi, on entendait les sons de la cornemuse retentir sur les bords du lac Malcolm. Les Écossais accouraient à l'appel de leur instrument national. On dansait, et ce jour-là, Jack Ryan, revêtu de son costume de Highlander, était le roi de la fête. Enfin, de tout cela il résultait, au dire de Simon Ford, que Coal-city pouvait déjà se poser en rivale de la capitale de l'Écosse, de cette cité soumise aux froids de l'hiver, aux chaleurs de l'été, aux intempéries d'un climat détestable, et qui, dans une atmosphère encrassée de la fumée de ses usines, justifiait trop justement son surnom de « Vieille-Enfumée ». XIV. Suspendu à un fil Dans de telles conditions, ses plus chers désirs satisfaits, la famille de Simon Ford était heureuse. Cependant, on eût pu observer qu'Harry, déjà d'un caractère un peu sombre, était de plus en plus « en dedans », comme disait Madge. Jack Ryan, malgré sa bonne humeur si communicative, ne parvenait pas à le mettre « en dehors ». Un dimanche c'était au mois de juin , les deux amis se promenaient sur les bords du lac Malcolm. Coal-city chômait. A l'extérieur, le temps était orageux. De violentes pluies faisaient sortir de la terre une buée chaude. On ne respirait pas à la surface du comté. Au contraire, à Coal-city, calme absolu, température douce, ni pluie ni vent. Rien n'y transpirait de la lutte des éléments du dehors. Aussi, un certain nombre de promeneurs de Stirling et des environs étaient-ils venus chercher un peu de fraîcheur dans les profondeurs de la houillère. Les disques électriques jetaient un éclat qu'eût certainement envié le soleil britannique, plus embrumé qu'il ne convient à un soleil des dimanches. Jack Ryan faisait remarquer ce tumultueux concours de visiteurs à son camarade Harry. Mais celui-ci ne semblait prêter à ses paroles qu'une médiocre attention. « Regarde donc, Harry ! s'écriait Jack Ryan. Quel empressement à venir nous voir. ! Allons, mon camarade ! Chasse un peu tes idées tristes pour mieux faire les honneurs de notre domaine ! Tu donnerais à penser, à tous ces gens du dessus, que l'on peut envier leur sort ! Jack, répondit Harry, ne t'occupe pas de moi ! Tu es gai pour deux, et cela suffit ! Que le vieux Nick m'emporte ! riposta Jack Ryan, si ta mélancolie ne finit pas par déteindre sur moi ! Mes yeux se rembrunissent, mes lèvres se resserrent, le rire me reste au fond du gosier, la mémoire des chansons m'abandonne ! voyons, Harry, qu'as-tu ? Tu le sais, Jack. Toujours cette pensée ?... Toujours. Ah ! mon pauvre Harry ! répondit Jack Ryan en haussant les épaules, si, comme moi, tu mettais tout cela sur le compte des lutins de la mine, tu aurais l'esprit plus tranquille ! Tu sais bien, Jack, que les lutins n'existent que dans ton imagination, et que, depuis la reprise des travaux, on n'en a pas revu un seul dans la Nouvelle-Aberfoyle. XIV. Suspendu à un fil 60

« Souvent aussi, on entendait les sons de la cornemuse retentir sur les bords du lac Malcolm.

Les Écossais accouraient à l'appel de leur instrument national.

On dansait, et ce jour-là, Jack Ryan, revêtu de son costume de Highlander, était le roi de la fête. Enfin, de tout cela il résultait, au dire de Simon Ford, que Coal-city pouvait déjà se poser en rivale de la capitale de l'Écosse, de cette cité soumise aux froids de l'hiver, aux chaleurs de l'été, aux intempéries d'un climat détestable, et qui, dans une atmosphère encrassée de la fumée de ses usines, justifiait trop justement son surnom de « Vieille-Enfumée ». XIV.

Suspendu à un fil Dans de telles conditions, ses plus chers désirs satisfaits, la famille de Simon Ford était heureuse.

Cependant, on eût pu observer qu'Harry, déjà d'un caractère un peu sombre, était de plus en plus « en dedans », comme disait Madge.

Jack Ryan, malgré sa bonne humeur si communicative, ne parvenait pas à le mettre « en dehors ». Un dimanche \24 c'était au mois de juin \24, les deux amis se promenaient sur les bords du lac Malcolm. Coal-city chômait.

A l'extérieur, le temps était orageux.

De violentes pluies faisaient sortir de la terre une buée chaude.

On ne respirait pas à la surface du comté. Au contraire, à Coal-city, calme absolu, température douce, ni pluie ni vent.

Rien n'y transpirait de la lutte des éléments du dehors.

Aussi, un certain nombre de promeneurs de Stirling et des environs étaient-ils venus chercher un peu de fraîcheur dans les profondeurs de la houillère. Les disques électriques jetaient un éclat qu'eût certainement envié le soleil britannique, plus embrumé qu'il ne convient à un soleil des dimanches. Jack Ryan faisait remarquer ce tumultueux concours de visiteurs à son camarade Harry.

Mais celui-ci ne semblait prêter à ses paroles qu'une médiocre attention. « Regarde donc, Harry ! s'écriait Jack Ryan.

Quel empressement à venir nous voir.

! Allons, mon camarade ! Chasse un peu tes idées tristes pour mieux faire les honneurs de notre domaine ! Tu donnerais à penser, à tous ces gens du dessus, que l'on peut envier leur sort ! \24 Jack, répondit Harry, ne t'occupe pas de moi ! Tu es gai pour deux, et cela suffit ! \24 Que le vieux Nick m'emporte ! riposta Jack Ryan, si ta mélancolie ne finit pas par déteindre sur moi ! Mes yeux se rembrunissent, mes lèvres se resserrent, le rire me reste au fond du gosier, la mémoire des chansons m'abandonne ! voyons, Harry, qu'as-tu ? \24 Tu le sais, Jack. \24 Toujours cette pensée ?... \24 Toujours. \24 Ah ! mon pauvre Harry ! répondit Jack Ryan en haussant les épaules, si, comme moi, tu mettais tout cela sur le compte des lutins de la mine, tu aurais l'esprit plus tranquille ! \24 Tu sais bien, Jack, que les lutins n'existent que dans ton imagination, et que, depuis la reprise des travaux, on n'en a pas revu un seul dans la Nouvelle-Aberfoyle.

Les Index Noires XIV.

Suspendu à un fil 60. »

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