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Les Indiens partout

Publié le 06/12/2011

Extrait du document

 

L'univers indien fait l'objet d'études et de publications de plus en plus nombreuses, qu'il s'agisse des Peaux-Rouges nomades du nord du continent américain ou des cultivateurs et des citadins des civilisations urbaines de la méso-Amérique. Au Musée de l'Homme, une nouvelle galerie a été consacrée à l'Amérique du Nord ; on y voit un magnifique poteau d'intérieur de maison qui appartenait à Max Ernst, des coiffures de plumes, des peaux de bisons peintes, dont une datant du XVIIe siècle, et des parures de toutes sortes. Une pièce unique est un masque en provenance des rivages du Pacifique ; le seul autre exemplaire existant se trouve au musée d'Ottawa ; les deux masques s'emboîtent exactement l'un dans l'autre. Une très belle maquette représente un village pueblo avec ses maisons en terrasses posées les unes sur les autres pour former d'élégantes pyramides sur lesquelles s'étageaient des jardins suspendus.

« contraire, mais parce que la façon de s'exprimer, qui ne cherche qu'à donner l'illusion de la couleur locale ici et là, fait, dans ce récit, partie d'une manière de s'exprimer et d'une pensée.« J'étais seul au sommet de la colline, dit le Sioux ; j'étais assis dans la fosse de voyance, un trou creusé dans le sol, les genoux entre les mains.

» Ce sont les pre­ miers mots d'une histoire qui raconte une véritable quète spirituelle, l'itinéraire religieux d'un homme cherchant le sacré, et qui trouve un jour, dans les montagnes, des inscriptions gravées sur le roc, comme les Tables de la Loi, où il peut lire la révé­ lation du Grand Esprit Wakan Tanka.

Voyant, guérisseur, Ushte, comme l'aigle qui voit le monde d'en haut, comprend la réalité de cet univers ; il découvre les contradictions, les aberra­ tions de la société occidentale qu'il connaît d'expé­ rience; il méprise le dollar, cette peau de grenouille verte, comme il dit, qui symbolise à ses yeux la médiocrité des nouveaux temps.

La collection « Terre humaine>> a donné plu­ sieurs textes remarquables et très variés, depuis les Tristes Tropiques de Levi-Strauss, jusqu'à l'Eté grec de Jacques Lacarrière.

L'Amérique indienne y tient une large place puisque, outre De mémoire indienne on y trouve des récits révélateurs de l'Amérique autochtone, atteinte, par l'intérieur, ce qui les rend exceptionnels, tels Soleil Hopi !shi et Piegan.

A travers un style d'une extrème finesse, on découvre une forme d'expression où le drame se teinte d'un humour aigu et très particulier.

«Nous, Indiens, déclare Tahca Ushte, initiés au plus profond du sacré, aux rites, voyances, nom­ bres d'or, médecine, symboles- de la naissance à la mort, nous sommes pris dans les plis des symbo­ les comme dans une couverture.

» Et le récit est la description de cette étrange « couverture ».

L'interprète de l'Indien cède lui-mème au vertige d'une connaissance ésotérique qui le bouleverse ; « Tout d'un coup, nous nous trouvâmes dans un autre univers.

Je fus submergé par une extraordi­ naire certitude, celle d'ètre livré à l'espace.» Cette quète inspirée d'un passé qui nous demeure obscur, mais qui est entré dans la légende, à travers les romans et les films, est une longue dénonciation de la civilisation technicienne qui est le nôtre.

Il y a, dans la mémoire de ce Sioux, le souvenir d'un monde où l'homme était encore intégré à la nature, où il ne vivait pas dans un univers artificiel.

Cette mémoire indienne vaut pour chacun, puisque nous sommes tous des Indiens.

La supériorité de Tahca Ushte, c'est qu'il le sait et qu'il le proclame, avec énergie, pour montrer qu'il a raison et révèle, à sa manière, une vérité oubliée.

Un autre Sioux, Elan noir, qui avait raconté sa vie à l'anthropologue Neihardt, en 1931, a droit à une traduction française de son récit, aux Editions Stock.

On est, avec ce Peau-Rouge, en plein wes­ tern, mais de l'autre côté : «Quand nous courions autour des chariots (il avait treize ans), nous nous suspendions à l'extérieur des chevaux, le plus bas possible, et nous tirions par dessous leur cou.

» Mais le western tourne parfois au conte amoureux, et plus souvent à la réflexion philosophique : « Tout ce qui fait le pouvoir du monde, note l'In­ dien, est en forme de cercle.

Le ciel est rond, et j'ai entendu dire que la Terre est ronde comme une balle, et ainsi les étoiles.

Le vent tourbillonne.

Le soleil se lève et redescend en faisant un cercle.

La lune fait de mème, et ils sont ronds l'un et l'autre.

La vie de cet homme est un cercle d'enfance à enfance et ainsi en est-il de toute chose qui est mise en mouvement par le Pouvoir.

Nos tentes étaient rondes comme les nids d'oiseaux, et elles étaient toujours disposées en cercle.

Le cercle de la nation, nid fait de nombreux nids où nous couvions nos enfants selon la volonté du Grand Esprit.

» Mais d'où vient le doute de Grand Elan :est-ce sa foi qui flanche ; est-ce la crainte qu'il ressent devant le développement d'une civilisation à laquelle il est totalement étranger ? Il écrit : « Et moi qui ai reçu une si grande vision dans ma jeunesse, vous ne voyez maintenant, pauvre vieil homme pitoyable et qui n'a rien fait, car le cercle de la nation est brisé et dispersé.

Il n'y a plus de centre et l'arbre est mort.» Les ronces et le givre de l'ethnologie Margaret Mead a soixante-seize ans.

En 1925, elle a fait son premier voyage dans les îles de la Polynésie.

Margaret Mead a renouvelé l'ethnologie et a raconté, comme personne, la vie quotidienne des Polynésiens.

Aujourd'hui, elle écrit ses souve­ nirs, Du givre sur les ronces, aux Editions du Seuil, qui ne font grâce de rien au lecteur, mème s'il n'en demande pas tant sur la vie privée de l'auteur, mais qui ont au moins l'intérèt de faire découvrir avec cette voyageuse exceptionnelle ce qu'étaient les archipels du Pacifique quand le grand tourisme ne les avait pas encore découverts.

Il y a de tout dans cet étrange ouvrage, mais il y a surtout les mers du Sud, quand elles avaient encore leur légende.

Car c'est cela qui est extraordinaire : Margaret Mead, qui joue à merveille les vieilles Américaines éner­ vantes, parle parfaitement de ces populations du bout du monde qu'elle est allée chercher, qu'elle a voulu comprendre et qui lui ont plu par leur façon de vivre, leurs façons d'aimer, leurs manières de tenir les enfants.

Cette ethnologue, qui appliqua un jour ses méthodes d'analyse sur les Français, ce qui donna un résultat curieux, passe pour avoir renou­ velé l'ethnologie moderne.

C'est possible, mais, mème si on n'apprécie pas son écriture, on est obli­ gé d'admettre que sa façon de voir les autres et de les décrire reste unique.

Ses souvenirs valent, à cet égard, d'ètre lus.. »

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