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Les sept femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux et à son équipement.

Publié le 11/04/2014

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Les sept femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux et à son équipement. Boulingrin et Cicogne louèrent au régisseur du château une guimbarde du dix-septième siècle, attelée d'un canasson déjà fort vieux quand il s'était endormi d'un sommeil séculaire, et se firent conduire à la gare des Eaux-Perdues, ou ils prirent un train qui les mit en deux heures dans la capitale du royaume. Leur surprise était grande de tout ce qu'ils voyaient et de tout ce qu'ils entendaient. Mais, au bout d'un quart d'heure, ils eurent épuisé leur étonnement et rien ne les émerveilla plus. Eux-mêmes ils n'intéressaient personne. On ne comprenait absolument rien à leur histoire ; elle n'éveillait aucune curiosité, car notre esprit ne s'attache ni à ce qui est trop clair ni à ce qui est trop obscur pour lui. Boulingrin, comme on peut croire, ne s'expliquait pas le moins du monde ce qu'il lui était arrivé. Mais, quand la duchesse lui disait que tout cela n'était point naturel, il lui répondait: Chère amie, permettez-moi de vous dire que vous avez une bien mauvaise physique. Rien n'est qui ne soit naturel. Il ne leur restait plus ni parent, ni amis, ni biens. Ils ne purent retrouver l'emplacement de leur demeure. Du peu d'argent qu'ils avaient sur eux, ils achetèrent une guitare et chantèrent dans les rues. Ils gagnèrent ainsi de quoi manger. Cicogne jouait à la manille, la nuit, dans les cabarets, tous les sous qu'on lui avait jetés dans la journée et, pendant ce temps, Boulingrin, devant un saladier de vin chaud, expliquait aux buveurs qu'il est absurde de croire aux fées. LA CHEMISE ========== C'était un jeune berger nonchalamment étendu sur l'herbe de la prairie et charmant sa solitude aux sons du chalumeau... On lui avait enlevé de force ses habits, mais... (Grand Dictionnaire de Pierre Larousse, article CHEMISE ; t. IV, p.5 ; col. 4.) CHAPITRE PREMIER. LE ROI CHRISTOPHE, SON GOUVERNEMENT, SES M'URS, SA MALADIE Christophe V n'était pas un mauvais roi. Il observait exactement les règles du gouvernement parlementaire et ne résistait jamais aux volontés des Chambres. Cette soumission ne lui coûtait pas beaucoup, car il s'était aperçu que, s'il y a plusieurs moyens d'arriver au pouvoir, il n'y en a pas deux de s'y maintenir ni deux façons de s'y comporter, que ses ministres, quels que fussent leur origine, leurs principes, leurs idées, leurs sentiments, gouvernaient tous d'une seule et même façon et que, en dépit de certaines divergences de pure forme, ils se répétaient les uns les autres avec une exactitude rassurante. Aussi portait-il sans hésitation aux affaires tous ceux que les Chambres lui désignaient, préférant toutefois les révolutionnaires comme plus ardents à imposer leur autorité. Pour sa part, il s'occupait surtout des affaires extérieures. Il faisait fréquemment des voyages diplomatiques, dînait et chassait avec les rois ses cousins et se vantait d'être le meilleur ministre des affaires étrangères qu'on pût rêver. A l'intérieur, il se soutenait aussi bien que le permettait le malheur des temps. Il n'était ni très aimé ni très estimé de son peuple, ce qui lui assurait l'avantage précieux de ne jamais donner de déceptions. Exempt de l'amour public, il n'était point menacé de l'impopularité assurée à quiconque est populaire. Son royaume était riche. L'industrie et 1e commerce y florissaient sans toutefois s'étendre de façon à inquiéter les nations voisines. Ses finances surtout commandaient l'admiration. La solidité de son crédit semblait inébranlable ; les financiers en parlaient avec enthousiasme, avec amour et les yeux mouillés de larmes LA CHEMISE 33 Les sept femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux généreuses. Quelque honneur en rejaillissait sur le roi Christophe. Le paysan le rendait responsable des mauvaises récoltes ; mais elles étaient rares. La fertilité du sol et la patience des laboureurs faisaient ce pays abondant en fruits, en blés, en vins, en troupeaux. Les ouvriers des usines, par leurs revendications continues et violentes effrayaient les bourgeois qui comptaient sur le roi pour les protéger contre la révolution sociale, les ouvriers de leur côté, ne pouvaient point le renverser, car ils étaient les plus faibles, et n'en avaient guère envie, ne voyant pas ce qu'ils gagneraient à sa chute .Il ne les soulageait point ni ne les opprimait davantage afin qu'ils fussent toujours une menace et jamais un danger. Ce prince pouvait compter sur l'armée: elle avait un bon esprit. L'armée a toujours un bon esprit ; toutes les mesures sont prises pour qu'elle le garde ; c'est la première nécessité de l'État. Car, si elle le perdait, le gouvernement serait aussitôt renversé. Le roi Christophe protégeait la religion. A vrai dire, il n'était pas dévôt et, pour ne point penser contrairement à la foi, il prenait l'utile précaution de n'en examiner jamais aucun article. Il entendait la messe dans sa chapelle et n'avait que des égards et des faveurs pour ses évêques, parmi lesquels se trouvaient trois ou quatre ultramontains qui l'abreuvaient d'outrages. La bassesse et la servilité de sa magistrature lui inspiraient un insurmontable dégoût. Il ne concevait pas que ses sujets pussent supporter une si injuste justice ; mais ces magistrats achetaient leur honteuse faiblesse envers les forts par une inflexible dureté a l'égard des faibles. Leur sévérité rassurait les intérêts et commandait le respect. Christophe V avait remarqué que ses actes ou ne produisaient pas d'effet appréciable ou produisaient des effets contraires à ceux qu'il en attendait. Aussi agissait-il peu. Ses ordres et ses décorations étaient son meilleur instrument de règne. Il les décernait à ses adversaires, qui en étaient avilis et satisfaits. La reine lui avait donné trois fils. Elle était laide, acariâtre, avare et stupide, mais le peuple, qui la savait délaissée et trompée par le roi, la poursuivait de louanges et d'hommages. Après avoir recherché une multitude de femmes de toutes les conditions, le roi se tenait le plus souvent auprès de madame de la Poule, avec laquelle il avait des habitudes. En femmes il eût toujours aimé la nouveauté ; mais une femme nouvelle n'était plus une nouveauté pour lui et la monotonie du changement lui pesait. De dépit, il retournait à madame de la Poule et ce « déjà vu » qui lui était fastidieux chez celles qu'il voyait pour la première fois, il le supportait moins mal chez une vieille amie. Cependant elle l'ennuyait avec force et continuité. Parfois, excédé de ce qu'elle se montrât toujours fadement la même, il essayait de la varier par des déguisements et la faisait habiller en Tyrolienne, en Andalouse, en capucin, en capitaine de dragons, en religieuse, sans cesser un moment de la trouver insipide. Sa grande occupation était la chasse, fonction héréditaire des rois et des princes qui leur vient des premiers hommes, antique nécessité devenue un divertissement, fatigue dont les grands font un plaisir. Il n'est plaisir que de fatigue. Christophe V chassait six fois par semaine. Un jour, en forêt, il dit à M. de Quatrefeuilles, son premier écuyer: Quelle misère de courre le cerf ! Sire, lui répondit l'écuyer, vous serez bien aise de vous reposer après la chasse. Quatrefeuilles, soupira le roi, je me suis plu d'abord à me fatiguer, puis à me reposer. Main tenant je ne trouve d'agrément ni à l'un ni à l'autre. Toute occupation a pour moi le vide de l'oisiveté, et le repos me lasse comme un pénible travail. Après dix ans d'un règne sans révolutions ni guerres, tenu enfin par ses sujets pour un habile politique, érigé en arbitre des rois, Christophe V ne goûtait nulle joie au monde. Plongé dans un abattement profond, il lui arrivait souvent de dire: LA CHEMISE 34

« généreuses.

Quelque honneur en rejaillissait sur le roi Christophe. Le paysan le rendait responsable des mauvaises récoltes ; mais elles étaient rares.

La fertilité du sol et la patience des laboureurs faisaient ce pays abondant en fruits, en blés, en vins, en troupeaux.

Les ouvriers des usines, par leurs revendications continues et violentes effrayaient les bourgeois qui comptaient sur le roi pour les protéger contre la révolution sociale, les ouvriers de leur côté, ne pouvaient point le renverser, car ils étaient les plus faibles, et n'en avaient guère envie, ne voyant pas ce qu'ils gagneraient à sa chute .Il ne les soulageait point ni ne les opprimait davantage afin qu'ils fussent toujours une menace et jamais un danger. Ce prince pouvait compter sur l'armée: elle avait un bon esprit.

L'armée a toujours un bon esprit ; toutes les mesures sont prises pour qu'elle le garde ; c'est la première nécessité de l'État.

Car, si elle le perdait, le gouvernement serait aussitôt renversé.

Le roi Christophe protégeait la religion.

A vrai dire, il n'était pas dévôt et, pour ne point penser contrairement à la foi, il prenait l'utile précaution de n'en examiner jamais aucun article.

Il entendait la messe dans sa chapelle et n'avait que des égards et des faveurs pour ses évêques, parmi lesquels se trouvaient trois ou quatre ultramontains qui l'abreuvaient d'outrages.

La bassesse et la servilité de sa magistrature lui inspiraient un insurmontable dégoût.

Il ne concevait pas que ses sujets pussent supporter une si injuste justice ; mais ces magistrats achetaient leur honteuse faiblesse envers les forts par une inflexible dureté a l'égard des faibles.

Leur sévérité rassurait les intérêts et commandait le respect. Christophe V avait remarqué que ses actes ou ne produisaient pas d'effet appréciable ou produisaient des effets contraires à ceux qu'il en attendait.

Aussi agissait-il peu.

Ses ordres et ses décorations étaient son meilleur instrument de règne.

Il les décernait à ses adversaires, qui en étaient avilis et satisfaits. La reine lui avait donné trois fils.

Elle était laide, acariâtre, avare et stupide, mais le peuple, qui la savait délaissée et trompée par le roi, la poursuivait de louanges et d'hommages.

Après avoir recherché une multitude de femmes de toutes les conditions, le roi se tenait le plus souvent auprès de madame de la Poule, avec laquelle il avait des habitudes.

En femmes il eût toujours aimé la nouveauté ; mais une femme nouvelle n'était plus une nouveauté pour lui et la monotonie du changement lui pesait.

De dépit, il retournait à madame de la Poule et ce « déjà vu » qui lui était fastidieux chez celles qu'il voyait pour la première fois, il le supportait moins mal chez une vieille amie.

Cependant elle l'ennuyait avec force et continuité.

Parfois, excédé de ce qu'elle se montrât toujours fadement la même, il essayait de la varier par des déguisements et la faisait habiller en Tyrolienne, en Andalouse, en capucin, en capitaine de dragons, en religieuse, sans cesser un moment de la trouver insipide. Sa grande occupation était la chasse, fonction héréditaire des rois et des princes qui leur vient des premiers hommes, antique nécessité devenue un divertissement, fatigue dont les grands font un plaisir.

Il n'est plaisir que de fatigue.

Christophe V chassait six fois par semaine. Un jour, en forêt, il dit à M.

de Quatrefeuilles, son premier écuyer: \24 Quelle misère de courre le cerf ! \24 Sire, lui répondit l'écuyer, vous serez bien aise de vous reposer après la chasse. \24 Quatrefeuilles, soupira le roi, je me suis plu d'abord à me fatiguer, puis à me reposer.

Main tenant je ne trouve d'agrément ni à l'un ni à l'autre.

Toute occupation a pour moi le vide de l'oisiveté, et le repos me lasse comme un pénible travail. Après dix ans d'un règne sans révolutions ni guerres, tenu enfin par ses sujets pour un habile politique, érigé en arbitre des rois, Christophe V ne goûtait nulle joie au monde.

Plongé dans un abattement profond, il lui arrivait souvent de dire: Les sept femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux LA CHEMISE 34. »

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