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Les yeux. Sully Prudhomme.

Publié le 20/06/2011

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sully

Le vrai poète est celui qui renouvelle, soit par un symbole, soit par une interprétation personnelle et imprévue de la réalité, un sentiment universel que les philosophes expriment d'une manière abstraite. Ici, il s'agit de la croyance à l'immortalité de l'âme et à la vie future. L'oeil est le signe de la vie; on dit d'un mort, qu'on lui a fermé les yeux. De cette formule banale,

Sully Prudhomme tire la strophe saisissante qui termine cette pièce, et qui est, sous cette image poétique, l'affirmation de la même vérité philosophique.

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux; Des yeux sans nombre ont vu l'aurore; Ils dorment au fond des tombeaux Et le soleil se lève encore. Les nuits plus douces que les jours Ont enchanté des yeux sans nombre; Les étoiles brillent toujours Et les yeux se sont remplis d'ombre. Oh! qu'ils aient perdu le regard, Non, non, cela n'est pas possible! Ils se sont tournés quelque part Vers ce qu'on nomme l'invisible; Et comme les astres penchants Nous quittent, mais au ciel demeurent, Les prunelles ont leurs couchants, Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent : Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux, , Ouverts à quelque immense aurore, De l'autre côté des tombeaux Les yeux qu'on ferme voient encore.

(La Vie intérieure)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble... — Touchante poésie, dans laquelle l'auteur exprime sa croyance en l'immortalité de l'âme. — Quel est, par suite, le caractère fondamental de cette poésie? (Une poésie philosophique...); L'opinion que formule le poète n'est-elle pas en quelque sorte enveloppée dans un symbole? Quel est ce symbole? Montrez l'heureux choix du symbole (Le poète, au lieu de dire : les hommes, emploie une gracieuse métonymie : les yeux.... L'oeil n'est-il pas le signe de la vie?...); Bien qu'ayant appartenu dans sa jeunesse à l' 'École parnassienne, Sully-Prudhomme se montre-t-il ici impassible? (Non; le vers : Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux, par exemple, est tout empreint d'une sensibilité douloureuse...) ; Quelle impression laisse eu vous la lecture de cette poésie?

II. — L'analyse de la poésie. — Distinguez les différentes parties de la poésie : a) Constatation d'un fait : le soleil se lève encore; les étoiles brillent toujours, — et les yeux dorment au fond des tombeaux; ils sont remplis d'ombre; — b) Une triple affirmation : Il n'est pas possible que les yeux aient perdu le regard; il n'est pas vrai que les prunelles meurent; — les yeux qu'on ferme voient encore; Quelle raison invoque le poète à l'appui de chaque affirmation? (Lire attentivement les trois dernières strophes); Montrez que ces trois affirmations tirent surtout leur force de la profonde croyance du poète en l'immortalité de l'âme.

III. — Le style; — les expressions.— Quels vous paraissent être les caractères distinctifs du style, dans cette poésie? (La clarté : style d'une transparence de cristal..., — la précision..., — l'harmonie : Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux... : vers musical, dont la reprise, à la dernière strophe, ajoute encore à l'harmonie...); Expliquez cette expression : Les nuits plus douces que les jours; Donnez le sens de chacune des expressions suivantes : les astres penchants nous quittent, —les prunelles ont leurs couchants, — ouverts à quelque immense aurore.

IV .— La grammaire. — Remplacez l'expression sans nombre par un mot synonyme; Indiquez un synonyme de aurore, — un mot qui exprime l'idée contraire; Donnez la composition et la signification du mot immense; Distinguez les propositions contenues dans les deux derniers vers de la 4° strophe (Les prunelles ont...); nature de chacune d'elles.

Rédaction. — On dit parfois : « Les yeux sont le miroir de l'âme. « Donnez le sens de cette expression et montrez-en la justesse. (Précisez vos observations et vos affirmations par des exemples.)   

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