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L'Etui de nacre perçant, son nez camus, sa face riante.

Publié le 11/04/2014

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camus
L'Etui de nacre perçant, son nez camus, sa face riante. Ses cheveux bouclés cachaient les deux petites cornes de son front têtu; ses lèvres découvraient des dents aiguës et blanches; des poils blonds descendaient en deux pointes de son menton. Un duvet d'or brillait sur sa poitrine. Il était agile et svelte; ses pieds fourchus se dissimulaient dans l'herbe. Célestin, qui possédait toutes les connaissances que donne la méditation, vit aussitôt à qui il avait affaire, et il leva le bras pour décrire le signe de la croix. Mais le faune, lui saisissant la main, l'empêcha d'achever ce geste puissant. Bon ermite, lui dit-il, ne m'exorcise pas. Ce jour est pour moi comme pour toi un jour de fête. Il ne serait pas charitable de me contrister dans le temps pascal. Si tu veux, nous cheminerons ensemble et tu verras que je ne suis pas méchant. Célestin était, par bonheur, très versé dans les sciences sacrées. Il lui souvint à propos que saint Jérôme avait eu pour compagnons de route, dans le désert, des satyres et des centaures qui avaient confessé la vérité. Il dit au faune: Faune, sois un hymne de Dieu. Dis: il est ressuscité. Il est ressuscité, répondit le faune. Et tu m'en vois tout réjoui. Le sentier s'étant élargi, ils cheminaient côte à côte. L'ermite allait pensif et songeait: Ce n'est point un démon, puisqu'il a confessé la vérité. J'ai bien fait de ne le point contrister. L'exemple du grand saint Jérôme n'a point été perdu pour moi. Et se tournant vers son compagnon capripède, il lui demanda: Quel est ton nom? Je me nomme Amycus, répondit le faune. J'habite ce bois où je suis né. Je suis venu à toi, mon père, parce que tu as l'air assez bonhomme sous ta longue barbe blanche. Il me semble que les ermites sont des faunes accablés par les ans. Quand je serai vieux, je serai semblable à toi. Il est ressuscité, dit l'ermite. Il est ressuscité, dit Amycus. Et, s'entretenant ainsi, ils gravirent la colline où s' élevait une chapelle consacrée au vrai Dieu. Elle était petite et de structure grossière; Célestin l'avait bâtie de ses mains avec les débris d'un temple de Vénus. A l'intérieur, la table du Seigneur se dressait informe et nue. Prosternons-nous, dit l'ermite, et chantons alleluia, car il est ressuscité. Et toi, créature obscure, reste agenouillé pendant que j'offrirai le sacrifice. Mais le faune, s'approchant de l'ermite, lui caressa la barbe et dit: Bon vieillard, tu es plus savant que moi et tu vois l'invisible. Mais je connais mieux que toi les bois et fontaines. J'apporterai au dieu des feuillages et des fleurs. Je sais les berges où le cresson entrouvre ses corymbes lilas, les prés où le coucou fleurit en grappes jaunes. Je devine à son odeur légère le gui du AMYCUS ET CÉLESTIN 9 L'Etui de nacre pommier sauvage. Déjà, une neige de fleurs couronne les buissons d'épine noire. Attends-moi, vieillard. En trois bonds de chèvre il fut dans les bois et, quand il revint, Célestin crut voir marcher un buisson d'aubépine. Amycus disparaissait sous sa moisson parfumée. Il suspendit des guirlandes de fleurs à l'autel rustique; il le couvrit de violettes et dit gravement: Ces fleurs, au dieu qui les fait naître! Et pendant que Célestin célébrait le sacrifice de la messe, le capripède, inclinant jusqu'à terre son front cornu, adorait le soleil et disait: La terre est un gros oeuf que tu fécondes, soleil, soleil sacré! Depuis ce jour, Célestin et Amycus vécurent de compagnie. L'ermite ne parvint jamais, malgré tous ses efforts, à faire comprendre au demi-homme les mystères ineffables; mais, comme par les soins d'Amycus, la chapelle du vrai Dieu était toujours ornée de guirlandes et mieux fleurie que l'arbre des fées, le saint prêtre disait: "Le faune est un hymne de Dieu." C'est pourquoi il lui donna le saint baptême. Sur la colline où Célestin avait construit l'étroite chapelle qu'Amycus ornait des fleurs des montagnes, des bois et des eaux, s'élève aujourd'hui une église dont la nef remonte au XIe siècle, et dont le porche a été réédifié sous Henri II, dans le style de la Renaissance. C'est un lieu de pèlerinage et les fidèles y vénèrent la mémoire bienheureuse des saints Amic et Célestin. LA LÉGENDE DES SAINTES OLIVERIE ET LIBERETTE À mademoiselle Jeanne Pouquet. I COMMENT MONSIEUR SAINT BERTAULD, FILS DE THÉODULE, ROI D'ÉCOSSE, VINT DANS LES ARDENNES POUR ÉVANGÉLISER LES HABITANTS DU PAYS PORCIN. LA forêt des Ardennes s'étendait, en ce temps-là, jusqu'à la rivière de l'Aisne et couvrait le pays Porcin, dans lequel s'élève aujourd'hui la ville de Rethel. D'innombrables sangliers en peuplaient les gorges; des cerfs de haute taille, dont la race est perdue, se réunissaient dans les halliers impénétrables, et des loups, d'une force prodigieuse, se montraient l'hiver à l'orée des bois. Le basilic et la licorne avaient leur retraite dans cette forêt, ainsi qu'un dragon effrayant, qui fut détruit plus tard, par la grâce de Dieu, à la prière d'un saint ermite. Parce qu'alors la nature mystique était révélée aux hommes et que les choses invisibles devenaient visibles pour la gloire du créateur, on rencontrait dans les clairières des nymphes, des satyres, des centaures et des égipans. Et il n'est point douteux que ces êtres malfaisants n'aient été vus tels qu'ils sont décrits dans les fables des païens. Mais il faut savoir que ce sont des diables, comme il apparaît à leur pied, qui est fourchu. Malheureusement, il est moins facile de reconnaître les fées; elles ressemblent à des dames et, parfois, cette ressemblance est telle, qu'il faut avoir toute la prudence d'un ermite pour ne pas s'y tromper. Les fées sont aussi des démons, et il y en avait beaucoup dans la forêt des Ardennes. C'est pourquoi cette forêt était pleine de mystère et d'horreur. Les Romains, au temps de César, l'avaient consacrée à Diane, et les habitants du pays Porcin adoraient, au bord de l'Aisne, une idole en forme de femme. Ils lui offraient des gâteaux, du lait et du miel, et lui chantaient LA LÉGENDE DES SAINTES OLIVERIE ET LIBERETTE 10
camus

« pommier sauvage.

Déjà, une neige de fleurs couronne les buissons d'épine noire.

Attends-moi, vieillard. En trois bonds de chèvre il fut dans les bois et, quand il revint, Célestin crut voir marcher un buisson d'aubépine.

Amycus disparaissait sous sa moisson parfumée.

Il suspendit des guirlandes de fleurs à l'autel rustique; il le couvrit de violettes et dit gravement: \24 Ces fleurs, au dieu qui les fait naître! Et pendant que Célestin célébrait le sacrifice de la messe, le capripède, inclinant jusqu'à terre son front cornu, adorait le soleil et disait: \24 La terre est un gros oeuf que tu fécondes, soleil, soleil sacré! Depuis ce jour, Célestin et Amycus vécurent de compagnie.

L'ermite ne parvint jamais, malgré tous ses efforts, à faire comprendre au demi-homme les mystères ineffables; mais, comme par les soins d'Amycus, la chapelle du vrai Dieu était toujours ornée de guirlandes et mieux fleurie que l'arbre des fées, le saint prêtre disait: "Le faune est un hymne de Dieu." C'est pourquoi il lui donna le saint baptême. Sur la colline où Célestin avait construit l'étroite chapelle qu'Amycus ornait des fleurs des montagnes, des bois et des eaux, s'élève aujourd'hui une église dont la nef remonte au XIe siècle, et dont le porche a été réédifié sous Henri II, dans le style de la Renaissance.

C'est un lieu de pèlerinage et les fidèles y vénèrent la mémoire bienheureuse des saints Amic et Célestin. LA LÉGENDE DES SAINTES OLIVERIE ET LIBERETTE À mademoiselle Jeanne Pouquet. I COMMENT MONSIEUR SAINT BERTAULD, FILS DE THÉODULE, ROI D'ÉCOSSE, VINT DANS LES ARDENNES POUR ÉVANGÉLISER LES HABITANTS DU PAYS PORCIN. LA forêt des Ardennes s'étendait, en ce temps-là, jusqu'à la rivière de l'Aisne et couvrait le pays Porcin, dans lequel s'élève aujourd'hui la ville de Rethel.

D'innombrables sangliers en peuplaient les gorges; des cerfs de haute taille, dont la race est perdue, se réunissaient dans les halliers impénétrables, et des loups, d'une force prodigieuse, se montraient l'hiver à l'orée des bois.

Le basilic et la licorne avaient leur retraite dans cette forêt, ainsi qu'un dragon effrayant, qui fut détruit plus tard, par la grâce de Dieu, à la prière d'un saint ermite.

Parce qu'alors la nature mystique était révélée aux hommes et que les choses invisibles devenaient visibles pour la gloire du créateur, on rencontrait dans les clairières des nymphes, des satyres, des centaures et des égipans. Et il n'est point douteux que ces êtres malfaisants n'aient été vus tels qu'ils sont décrits dans les fables des païens.

Mais il faut savoir que ce sont des diables, comme il apparaît à leur pied, qui est fourchu. Malheureusement, il est moins facile de reconnaître les fées; elles ressemblent à des dames et, parfois, cette ressemblance est telle, qu'il faut avoir toute la prudence d'un ermite pour ne pas s'y tromper.

Les fées sont aussi des démons, et il y en avait beaucoup dans la forêt des Ardennes.

C'est pourquoi cette forêt était pleine de mystère et d'horreur. Les Romains, au temps de César, l'avaient consacrée à Diane, et les habitants du pays Porcin adoraient, au bord de l'Aisne, une idole en forme de femme.

Ils lui offraient des gâteaux, du lait et du miel, et lui chantaient L'Etui de nacre LA LÉGENDE DES SAINTES OLIVERIE ET LIBERETTE 10. »

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