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L'exploitation de l'homme par l'homme

Publié le 12/06/2011

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« Comme les valeurs d'échange des marchandises ne sont que les fonctions sociales de ces objets et n'ont rien de commun avec leurs qualités naturelles, il faut tout d'abord nous demander : quelle est la substance sociale commune à toutes les marchandises ? C'est le travail. Une marchandise a une valeur parce qu'elle est une cristallisation de travail social [...]. Ce qualificatif "social" implique beaucoup de choses : lorsque nous disons que la valeur d'une marchandise est déterminée par la quantité de travail incorporé ou cristallisé qu'elle contient, nous entendons la quantité de travail qu'il faut pour la produire dans un état social donné, dans certaines conditions sociales moyennes de production et étant donné une intensité et une habileté sociales moyennes dans le travail employé. « Ce que l'ouvrier vend, ce n'est pas directement son travail, mais sa force de travail dont il cède au capitaliste la disposition momentanée. Qu'est-ce que le volume de la force de travail ? « Exactement comme celle de toute autre marchandise, la valeur de la force de travail est déterminée par la quantité de travail nécessaire à son entretien ou à sa production, mais l'usage de cette force de travail n'est limité que par l'énergie agissante et la force physique de l'ouvrier. La valeur journalière ou hebdomadaire de la force de travail est tout à fait différente de l'exercice journalier ou hebdomadaire de cette force, tout comme la nourriture dont un cheval a besoin et le temps qu'il peut porter son cavalier sont deux choses tout à fait distinctes. « La quantité de travail qui limite la valeur de la force de travail de l'ouvrier ne constitue en aucun cas la limite de la quantité de travail que peut exécuter sa force de travail. Prenons l'exemple de notre ouvrier fileur : nous avons vu que pour renouveler journellement sa force de travail, il lui faut créer une valeur journalière de trois shillings, ce qu'il réalise pour son travail journalier de six heures. Mais cela ne le rend pas incapable de travailler journellement dix à douze heures ou davantage. Or, en payant la valeur journalière ou hebdomadaire de la force de travail de l'ouvrier fileur, le capitaliste s'est acquis le droit de se servir de celle-ci pendant toute la journée, ou toute la semaine. Il le fera donc travailler, mettons douze heures par jour. Au-dessus de six heures qui lui sont nécessaires pour produire l'équivalent de son salaire, c'est-à-dire de la valeur de sa force de travail, le fileur devra donc travailler six autres heures que j'appellerai les heures de surtravail, lequel surtravail se réalisera en une plus-value et un surproduit. [..,] « C'est sur cette sorte d'échange entre le capital et le travail qu'est fondée la production capitaliste, c'est-à-dire le salariat, et c'est elle qui ne peut qu'aboutir constamment à reproduire l'ouvrier en tant qu'ouvrier et le capitaliste en tant que capitaliste. «

Karl MARX, Salaire, prix et profit, Les Éditions sociales.

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