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Liza vieillissait, elle cédait sous les coups du temps.

Publié le 30/10/2013

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temps
Liza vieillissait, elle cédait sous les coups du temps. Samuel ne pouvait pas se sentir vieux, barbe blanche ou pas. Il y avait eu une époque où Liza considérait les projets et les prophéties de Samuel comme des folies enfantines. Maintenant elle pensait que c'était inconvenant chez un homme mûr. Ils étaient seuls à la ferme. Liza et Tom et Samuel. Una s'était mariée à un étranger et les avait quittés. Dessie avait son magasin de couture à Salinas. Olive avait épousé son jeune architecte et Mollie aussi s'était mariée et, croyez-le ou non, vivait dans un appartement à San Francisco. Elle se parfumait, il y avait devant sa cheminée une peau d'ours blanc et avec son café elle fumait des cigarettes à bout doré. Un jour, Samuel attrapa un tour de reins en soulevant une balle de foin, et la vexation fut plus grande que la douleur, car il ne pouvait pas admettre que Samuel Hamilton abandonnât le privilège de soulever une balle de foin. Il se sentit insulté par son propre dos comme il l'aurait été si un de ses enfants avait commis une malhonnêteté. Il alla consulter le docteur Tilson à King City. Avec les années, le docteur se faisait de plus en plus irascible. « Vous avez un tour de reins. - Ça, je le sais, dit Samuel. - Et vous avez fait tout ce chemin pour me demander ce que vous saviez déjà et me donner deux dollars ? - Voici vos deux dollars. - Et vous voulez que je vous dise ce qu'il faut faire ? - Exactement. - Eh bien, ne vous tournez plus les reins. Maintenant, reprenez votre argent. Vous n'êtes pas un imbécile, Samuel. À moins que vous ne retombiez en enfance. - Mais je souffre. - Evidemment que vous souffrez. Comment sauriez-vous que vous avez un tour de reins si vous ne souffriez pas ? « Samuel rit. « Excellente consultation, dit-il. Elle vaut beaucoup plus de deux dollars. Gardez l'argent. « Le médecin scruta le visage de Samuel. « J'espère que vous dites la vérité. Je garderai l'argent. « Samuel alla rendre visite à Will dans son nouveau magasin. Il eut du mal à reconnaître son fils, prospère et gras, portant veste et gilet et bague au doigt. « J'ai préparé un paquet pour maman. Des petites boîtes de conserves de France : des champignons, du pâté de foie et des sardines si petites que l'on a du mal à les voir. - Elle les enverra à Joe, dit Samuel. - Tu ne peux pas lui dire de les manger ? - Non, répondit son père. Cela lui fera beaucoup plus plaisir de les envoyer à Joe. « Lee entra dans la boutique et son visage s'éclaira. « Monsieur aller bien ? demanda-t-il. - Bonjour, Lee. Comment vont les enfants ? - Bien. - Je vais prendre un verre de bière à côté, Lee. Venez donc me rejoindre. « Ils s'assirent à la petite table ronde et Samuel dessina quelque chose sur le bois sec de la table avec la mousse qui avait débordé du verre. « J'ai bien pensé aller vous voir, ainsi que Adam, mais je ne crois pas être utile à grandchose. - En tout cas, vous ne lui feriez pas de mal. Je croyais qu'il reprendrait le dessus, mais il continue d'errer comme un fantôme. - Cela fait plus d'un an ? demanda Samuel. - Un an et trois mois. - Que puis-je faire ? - Je ne sais pas. Peut-être qu'un choc le réveillerait. Jusqu'ici rien n'a réussi. - Je ne sais pas m'y prendre, je risquerais de me faire mal. Au fait, comment s'appellent les jumeaux ? - Ils n'ont pas de nom. - Vous voulez rire, Lee. - Pas du tout. - Comment les appelle-t-il ? - Il les appelle « eux «. - Je veux dire quand il s'adresse à eux. - Quand il s'adresse à eux, il dit « toi « à l'un ou à l'autre. - Ça ne tient pas debout, dit Samuel en colère. - Je voulais venir vous prévenir. Si vous ne le réveillez pas, c'est un homme mort. - Je vais venir, dit Samuel. Et avec mon fouet ! Pas de nom ? Ah ! Oui, je vais venir. - Quand ? - Demain ! - Je tuerai un poulet. Les jumeaux vous plairont, Mr. Hamilton. Ce sont deux beaux bébés. Je ne préviendrai pas Mr. Trask de votre visite. « Samuel dit timidement à sa femme qu'il voulait aller à la ferme de Trask. Il pensait voir s'élever devant lui une muraille d'objections. Pour une fois dans sa vie, il était prêt à désobéir à Liza, à passer outre. Cette décision le mettait mal à l'aise. Pendant tout le temps que dura son explication qui ressemblait à une confession, Liza garda les mains sur les hanches, et Samuel sentit son coeur le lâcher. Lorsqu'il eut fini, elle continua de le regarder du même regard, froid pensa-t-il. Enfin elle dit : « Crois-tu, Samuel, que tu puisses éveiller cet homme de pierre ? - Je n'en sais rien, maman. « Il n'avait pas prévu cette question. « Crois-tu qu'il soit tellement important que ces deux bébés aient un nom ? - Il me semble, dit-il maladroitement. - Samuel, sais-tu ce qui te pousse à aller là-bas ? Est-ce ton besoin incurable d'aller fourrer ton nez partout ? Est-ce ton inaptitude à te mêler de ce qui te regarde ? - Liza, je crois connaître mes défauts. Mais cette fois, je crois qu'il s'agit d'autre chose. - Je l'espère pour toi, dit-elle. Cet homme n'a pas admis que ses fils étaient des créatures du Seigneur. Il les laisse vivre comme des plantes. - C'est bien ce qu'il me semble, Liza. - Et s'il te dit de te mêler de ce qui te regarde, que feras-tu ? - Je l'ignore. « Liza Hamilton referma sa mâchoire et il y eut un claquement sec. « Ne t'avise pas de te présenter devant moi si ces enfants ne sont pas baptisés. N'aie pas l'audace de revenir en geignant qu'il a refusé ou qu'il t'a renvoyé, car dans ce cas, il faudrait que j'y aille moi-même. - Je lui ferai tâter de mes poings, dit Samuel. - Tu ne le feras pas. Tu es doux. Je te connais, tu te contenteras de lui assener de jolies phrases, tu reviendras en te lamentant et tu essaieras de me faire oublier que tu y es allé. - Je lui casserai la figure «, lança Samuel. Il bondit dans sa chambre et Liza sourit à la porte claquée qui vibrait encore. Samuel ressortit bientôt avec son costume noir, sa chemise blanche à col dur. Il se pencha vers sa femme pour qu'elle lui nouât sa cravate noire. Il avait tant brossé sa barbe qu'elle brillait. « Tu ferais bien de donner un coup de chiffon à tes chaussures. « Pendant qu'il se livrait à ce travail, Samuel jeta, un regard de côté. « Puis-je emmener la Bible ? demanda-t-il. C'est encore là que l'on trouve les meilleurs noms de baptême.
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« – Je nesais pas.

Peut-être qu’unchocleréveillerait.

Jusqu’icirienn’aréussi. – Je nesais pasm’y prendre, jerisquerais deme faire mal.Aufait, comment s’appellent les jumeaux ? – Ils n’ont pasdenom. – Vous voulezrire,Lee. – Pas dutout. – Comment lesappelle-t-il ? – Il lesappelle « eux ». – Je veux direquand ils’adresse àeux. – Quand ils’adresse àeux, ildit « toi » àl’un ouàl’autre. – Ça netient pasdebout, ditSamuel encolère. – Je voulais venirvousprévenir.

Sivous neleréveillez pas,c’est unhomme mort. – Je vaisvenir, ditSamuel.

Etavec mon fouet ! Pasdenom ? Ah !Oui, jevais venir. – Quand ? – Demain ! – Je tuerai unpoulet.

Lesjumeaux vousplairont, Mr.Hamilton.

Cesont deux beaux bébés.

Jene préviendrai pasMr.

Trask devotre visite. » Samuel dittimidement àsa femme qu’ilvoulait alleràla ferme deTrask.

Ilpensait voir s’élever devantluiune muraille d’objections.

Pourunefoisdans savie, ilétait prêtà désobéir àLiza, àpasser outre.Cettedécision lemettait malàl’aise.

Pendant toutle temps quedura sonexplication quiressemblait àune confession, Lizagarda lesmains sur leshanches, etSamuel sentitsoncœur lelâcher.

Lorsqu’il eutfini, ellecontinua dele regarder dumême regard, froidpensa-t-il. Enfin elledit : « Crois-tu, Samuel,quetupuisses éveiller cethomme depierre ? – Je n’en saisrien, maman. » Il n’avait pasprévu cettequestion. « Crois-tu qu’ilsoittellement important quecesdeux bébés aientunnom ? – Il mesemble, dit-ilmaladroitement. – Samuel, sais-tucequi tepousse àaller là-bas ? Est-cetonbesoin incurable d’aller fourrer tonnez partout ? Est-cetoninaptitude àte mêler decequi teregarde ? – Liza, jecrois connaître mesdéfauts.

Maiscettefois,jecrois qu’ils’agit d’autre chose. – Je l’espère pourtoi,dit-elle.

Cethomme n’apas admis quesesfilsétaient des créatures duSeigneur.

Illes laisse vivrecomme desplantes. – C’est biencequ’il mesemble, Liza. – Et s’iltedit detemêler decequi teregarde, queferas-tu ? – Je l’ignore. » Liza Hamilton refermasamâchoire etilyeut unclaquement sec. « Ne t’avise pasdeteprésenter devantmoisices enfants nesont pasbaptisés.

N’aiepas l’audace derevenir engeignant qu’ilarefusé ouqu’il t’arenvoyé, cardans cecas, il faudrait quej’yaille moi-même. – Je luiferai tâter demes poings, ditSamuel. – Tu neleferas pas.Tuesdoux.

Jeteconnais, tutecontenteras delui assener dejolies phrases, tureviendras entelamentant ettu essaieras deme faire oublier quetuyes allé. – Je luicasserai lafigure », lançaSamuel. Il bondit danssachambre etLiza sourit àla porte claquée quivibrait encore. Samuel ressortit bientôtavecsoncostume noir,sachemise blancheàcol dur.

Ilse pencha verssafemme pourqu’elle luinouât sacravate noire.Ilavait tantbrossé sa barbe qu’elle brillait. « Tu ferais biendedonner uncoup dechiffon àtes chaussures. » Pendant qu’ilselivrait àce travail, Samuel jeta,unregard decôté. « Puis-je emmener laBible ? demanda-t-il.

C’estencore làque l’on trouve lesmeilleurs noms debaptême.. »

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