- Mais, dit le lieutenant en arrêtant la main que Maurevel posait sur le marteau de la porte, mais, capitaine, cet appartement est celui du roi de Navarre.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
Deux
dessbires, c’est-à-dire ceuxquiétaient entrésavecMaurevel danslachambre duroi, entendirent seuls
ces paroles terribles ; maisenmême tempsqu’elles avaientétédites, lepistolet s’étaitabaissé àla hauteur du
front deMaurevel.
Maurevelsejeta àgenoux aumoment oùdeMouy appuyait ledoigt surladétente ; lecoup
partit, etun des gardes quisetrouvaient derrièrelui,etqu’il avait démasqué parcemouvement, tombafrappé
au cœur.
Aumême instant Maurevel riposta,maislaballe allas’aplatir surlacuirasse deDe Mouy.
Alors prenant sonélan, mesurant ladistance, deMouy, d’unrevers desalarge épée, fendit lecrâne du
deuxième garde,et,seretournant versMaurevel, engageal’épéeaveclui.
Le combat futterrible, maiscourt.
Àla quatrième passe,Maurevel sentitdanssagorge lefroid del’acier ; il
poussa uncriétranglé, tombaenarrière, eten tombant renversa lalampe, quis’éteignit.
Aussitôt deMouy, profitant del’obscurité, vigoureuxetagile comme unhéros d’Homère, s’élançatêtebaissée
vers l’antichambre, renversaundes gardes, repoussa l’autre,passacomme unéclair entrelessbires qui
gardaient laporte extérieure, essuyadeuxcoups depistolet, dontlesballes éraillèrent lamuraille ducorridor, et
dès lors ilfut sauvé, carunpistolet toutchargé luirestait encore, outrecetteépéequifrappait desiterribles
coups.
Un instant deMouy hésita poursavoir s’ildevait fuirchez M. d’Alençon, dontillui semblait quelaporte
venait des’ouvrir, ous’il devait essayer desortir duLouvre.
Ilse décida pourcedernier parti,reprit sacourse
d’abord ralentie, sautadixdegrés d’unseulcoup, parvint auguichet, prononça lesdeux mots depasse ets’élança
en criant :
– Allez là-haut, onytue pour lecompte duroi.
Etprofitant delastupéfaction quesesparoles jointesaubruit
des coups depistolet avaientjetéedans leposte, ilgagna aupied etdisparut danslarue duCoq sans avoir reçu
une égratignure.
C’était encemoment queCatherine avaitarrêté soncapitaine desgardes endisant :
– Demeurez, j’iraivoirmoi-même cequi sepasse là-bas.
– Mais, madame, réponditlecapitaine, ledanger quepourrait courirVotreMajesté m’ordonne delasuivre.
– Restez, monsieur, ditCatherine d’untonplus impérieux encorequelapremière fois,restez.
Ilya autour
des rois uneprotection pluspuissante quel’épée humaine.
Le capitaine demeura.
Alors Catherine pritune lampe, passasespieds nusdans desmules develours, sortitdesachambre, gagnale
corridor encorepleindefumée, s’avança impassible etfroide comme uneombre, versl’appartement duroi de
Navarre.
Tout étaitredevenu silencieux.
Catherine arrivaàla porte d’entrée, enfranchit leseuil, etvit d’abord dansl’antichambre Orthonévanoui.
– Ah !ah !dit-elle, voicitoujours lelaquais ; plusloinsans doute nousallons trouver lemaître.
Etelle
franchit laseconde porte.
Là, son pied heurta uncadavre ; elleabaissa salampe ; c’étaitceluidugarde quiavait eulatête fendue ; il
était complètement mort.
Trois pasplus loinétait lelieutenant frappéd’uneballeetrâlant ledernier soupir.
Enfin, devant lelit un homme qui,latête pâle comme celled’unmort, perdant sonsang parune double
blessure quiluitraversait lecou, raidissant sesmains crispées, essayaitdeserelever.
C’était Maurevel.
Unfrisson passadanslesveines deCatherine ; ellevitlelit désert, elleregarda toutautour
de lachambre, etchercha envain parmi cestrois hommes couchésdansleursang lecadavre qu’elleespérait.
Maurevel reconnutCatherine ; sesyeux sedilatèrent horriblement, etiltendit verselleungeste désespéré.
– Eh bien, dit-elle àdemi-voix, oùest-il ? qu’est-il devenu ? Malheureux !l’auriez-vous laissééchapper ?
Maurevel essayad’articuler quelquesparoles ;maisunsifflement inintelligible sortitseuldesablessure, une
écume rougeâtre frangeaseslèvres, etilsecoua latête ensigne d’impuissance etde douleur.
– Mais parle donc!s’écria Catherine, parledonc!ne fût-ce quepour medire unseul mot!
Maurevel montrasablessure, etfit entendre denouveau quelques sonsinarticulés, tentauneffort qui
n’aboutit qu’àunrauque râlement ets’évanouit.
Catherine alorsregarda autourd’elle :ellen’était entourée quedecadavres etde mourants ; lesang coulait à
flots parlachambre, etun silence demort planait surtoute cettescène.
Encore unefoiselleadressa laparole àMaurevel, maissansleréveiller : cettefois,ildemeura nonseulement
muet, maisimmobile ; unpapier sortait deson pourpoint, c’étaitl’ordre d’arrestation signéduroi.
Catherine
s’en saisit etlecacha danssapoitrine.
En cemoment Catherine entenditderrièreelleunléger froissement deparquet ; elleseretourna etvit
debout, àla porte delachambre, leduc d’Alençon, quelebruit avaitattiré malgré lui,etque lespectacle qu’il
avait souslesyeux fascinait.
– Vous ici ?dit-elle.
– Oui, madame.
Quesepasse-t-il donc,monDieu ? demanda leduc.
– Retournez chezvous, François, etvous apprendrez asseztôtlanouvelle.
D’Alençon n’étaitpasaussi ignorant del’aventure queCatherine lesupposait.
Auxpremiers pasretentissant
dans lecorridor, ilavait écouté.
Voyantentrerdeshommes chezleroi deNavarre, ilavait, enrapprochant cefait.
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