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maître, tant ; chambre de laquais, tant ; attendu que si nous n'avons pas de laquais nous comptons en prendre.

Publié le 04/11/2013

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maître, tant ; chambre de laquais, tant ; attendu que si nous n'avons pas de laquais nous comptons en prendre. Et, ce disant, La Mole écarta doucement l'hôtelier, qui étendait déjà la main vers son arquebuse, fit passer Coconnas et entra derrière lui dans la maison. - N'importe, dit Coconnas, j'ai bien de la peine à remettre mon épée dans le fourreau avant de m'être assuré qu'elle pique aussi bien que les lardoires de ce gaillard-là. - Patience, mon cher compagnon, dit La Mole, patience ! Toutes les auberges sont pleines de gentilshommes attirés à Paris pour les fêtes du mariage ou pour la guerre prochaine de Flandre, nous ne trouverions plus 'autres logis ; et puis, c'est peut-être la coutume à Paris de recevoir ainsi les étrangers qui y arrivent. - Mordi ! comme vous êtes patient ! murmura Coconnas en tortillant de rage sa moustache rouge et en foudroyant l'hôte de ses regards. Mais que le coquin prenne garde à lui : si sa cuisine est mauvaise, si son lit est dur, si son vin n'a pas trois ans de bouteille, si son valet n'est pas souple comme un jonc.... - Là, là, là, mon gentilhomme, fit l'hôte en aiguisant sur un repassoir le couteau de sa ceinture ; là, tranquillisez-vous, vous êtes en pays de Cocagne. Puis tout bas et en secouant la tête : - C'est quelque huguenot, murmura-t-il ; les traîtres sont si insolents depuis le mariage de leur Béarnais avec mademoiselle Margot ! Puis, avec un sourire qui eût fait frissonner ses hôtes s'ils l'avaient vu, il ajouta : - Eh ! eh ! ce serait drôle qu'il me fût justement tombé des huguenots ici... et que... - Çà ! souperons-nous ? demanda aigrement Coconnas, interrompant les apartés de son hôte. - Mais, comme il vous plaira, monsieur, répondit celui-ci, radouci sans doute par la dernière pensée qui lui était venue. - Eh bien, il nous plaît, et promptement, répondit Coconnas. Puis se retournant vers La Mole : - Çà, monsieur le comte, tandis que l'on nous prépare notre chambre, dites moi : est-ce par hasard vous avez trouvé Paris une ville gaie, vous ? - Ma foi, non, dit La Mole ; il me semble n'y avoir vu encore que des visages effarouchés ou rébarbatifs. Peuttre aussi les Parisiens ont-ils peur de l'orage. Voyez comme le ciel est noir et comme l'air est lourd. - Dites-moi, comte, vous cherchez le Louvre, n'est-ce pas ? - Et vous aussi, je crois, monsieur de Coconnas. - Eh bien, si vous voulez, nous le chercherons ensemble. - Hein ! fit La Mole, n'est-il pas un peu tard pour sortir. - Tard ou non, il faut que je sorte. Mes ordres sont précis. Arriver au plus vite à Paris, et, aussitôt arrivé, communiquer avec le duc de Guise. À ce nom du duc de Guise, l'hôte s'approcha, fort attentif. - Il me semble que ce maraud nous écoute, dit Coconnas, qui, en sa qualité de Piémontais, était fort rancunier, et qui ne pouvait passer au maître de la Belle-Étoile la façon peu civile dont il recevait les voyageurs. - Oui, messieurs, je vous écoute, dit celui-ci en mettant la main à son bonnet, mais pour vous servir. J'entends parler du grand duc de Guise et j'accours. À quoi puis-je vous être bon, mes gentilshommes ? - Ah ! ah ! ce mot magique, à ce qu'il paraît, car d'insolent te voilà devenu obséquieux. Mordi ! maître, maître... comment t'appelles-tu ? - Maître La Hurière, répondit l'hôte s'inclinant. - Eh bien, maître La Hurière, crois-tu que mon bras soit moins lourd que celui de M. le duc de Guise, qui a le privilège de te rendre si poli ? - Non, monsieur le comte, mais il est moins long, répliqua La Hurière. D'ailleurs, ajouta-t-il, il faut vous dire que ce grand Henri est notre idole, à nous autres Parisiens. - Quel Henri ? demanda La Mole. - Il me semble qu'il n'y en a qu'un, dit l'aubergiste. - Pardon, mon ami, il y en a encore un autre dont je vous invite à ne pas dire de mal ; c'est Henri de Navarre, sans compter Henri de Condé, qui a bien aussi son mérite. - Ceux-là, je ne les connais pas, répondit l'hôte. - Oui, mais moi je les connais, dit La Mole, et comme je suis adressé au roi Henri de Navarre, je vous invite à 'en pas médire devant moi. L'hôte, sans répondre à M. de La Mole, se contenta de toucher légèrement à son bonnet, et continuant de faire les doux yeux à Coconnas : - Ainsi, monsieur va parler au grand duc de Guise ? Monsieur est un gentilhomme bien heureux ; et sans oute qu'il vient pour... ? - Pour quoi ? demanda Coconnas. - Pour la fête, répondit l'hôte avec un singulier sourire. - Vous devriez dire pour les fêtes, car Paris en regorge, de fêtes, à ce que j'ai entendu dire ; du moins on ne arle que de bals, de festins, de carrousels. Ne s'amuse-t-on pas beaucoup à Paris, hein ? - Mais modérément, monsieur, jusqu'à présent du moins, répondit l'hôte ; mais on va s'amuser, je l'espère. - Les noces de Sa Majesté le roi de Navarre attirent cependant beaucoup de monde en cette ville, dit La Mole. - Beaucoup de huguenots, oui, monsieur, répondit brusquement La Hurière ; puis se reprenant : Ah ! pardon, dit-il ; ces messieurs sont peut-être de la religion ? - Moi, de la religion ! s'écria Coconnas ; allons donc ! je suis catholique comme notre saint-père le pape. La Hurière se retourna vers La Mole comme pour l'interroger ; mais ou La Mole ne comprit pas son regard, ou il ne jugea point à propos d'y répondre autrement que par une autre question. - Si vous ne connaissez point Sa Majesté le roi de Navarre, maître La Hurière, dit-il, peut-être connaissezvous M. l'amiral ? J'ai entendu dire que M. l'amiral jouissait de quelque faveur à la cour ; et comme je lui étais recommandé, je désirerais, si son adresse ne vous écorche pas la bouche, savoir où il loge. - Il logeait rue de Béthisy, monsieur, ici à droite, répondit l'hôte avec une satisfaction intérieure qui ne put s'empêcher de devenir extérieure. - Comment, il logeait ? demanda La Mole ; est-il donc déménagé ? - Oui, de ce monde peut-être. - Qu'est-ce à dire ? s'écrièrent ensemble les deux gentilshommes, l'amiral déménagé de ce monde ! - Quoi ! monsieur de Coconnas, poursuivit l'hôte avec un malin sourire, vous êtes de ceux de Guise, et vous ignorez cela ? - Quoi cela ? - Qu'avant-hier, en passant sur la place Saint-Germain-l'Auxerrois, devant la maison du chanoine Pierre Piles, l'amiral a reçu un coup d'arquebuse. - Et il est tué ? s'écria La Mole. - Non, le coup lui a seulement cassé le bras et coupé deux doigts ; mais on espère que les balles étaient empoisonnées. - Comment, misérable ! s'écria La Mole, on espère ! ... - Je veux dire qu'on croit, reprit l'hôte ; ne nous fâchons pas pour un mot : la langue m'a fourché. Et maître La Hurière, tournant le dos à La Mole, tira la langue à Coconnas de la façon la plus goguenarde, accompagnant ce geste d'un coup d'oeil d'intelligence. - En vérité ! dit Coconnas rayonnant. - En vérité ! murmura La Mole avec une stupéfaction douloureuse. - C'est comme j'ai l'honneur de vous le dire, messieurs, répondit l'hôte. - En ce cas, dit La Mole, je vais au Louvre sans perdre un moment. Y trouverai-je le roi Henri ? - C'est possible, puisqu'il y loge. - Et moi aussi je vais au Louvre, dit Coconnas. Y trouverai-je le duc de Guise ? - C'est probable, car je viens de le voir passer il n'y a qu'un instant, avec deux cents gentilshommes. - Alors, venez, monsieur de Coconnas, dit La Mole. - Je vous suis, monsieur, dit Coconnas. - Mais votre souper, mes gentilshommes ? demanda maître La Hurière. - Ah ! dit La Mole, je souperai peut-être chez le roi de Navarre. - Et moi chez le duc de Guise, dit Coconnas. - Et moi, dit l'hôte, après avoir suivi des yeux les deux gentilshommes qui prenaient le chemin du Louvre, moi, je vais fourbir ma salade, émécher mon arquebuse et affiler ma pertuisane. On ne sait pas ce qui peut arriver.

« – Beaucoup dehuguenots, oui,monsieur, réponditbrusquement LaHurière ; puissereprenant : Ah ! pardon, dit-il ;cesmessieurs sontpeut-être delareligion ? – Moi, delareligion ! s’écriaCoconnas ; allonsdonc ! jesuis catholique commenotresaint-père lepape. La Hurière seretourna versLaMole comme pourl’interroger ; maisouLaMole necomprit passon regard, ou ilne jugea pointàpropos d’yrépondre autrement queparune autre question. – Si vous neconnaissez pointSaMajesté leroi deNavarre, maîtreLaHurière, dit-il,peut-être connaissez- vous M.l’amiral ? J’aientendu direqueM. l’amiral jouissaitdequelque faveuràla cour ; etcomme jelui étais recommandé, jedésirerais, sison adresse nevous écorche paslabouche, savoiroùilloge. – Il logeait rue deBéthisy, monsieur, iciàdroite, répondit l’hôteavecunesatisfaction intérieurequineput s’empêcher dedevenir extérieure. – Comment, illogeait ? demanda LaMole ; est-ildoncdéménagé ? – Oui, decemonde peut-être. – Qu’est-ce àdire ? s’écrièrent ensemblelesdeux gentilshommes, l’amiraldéménagé decemonde ! – Quoi ! monsieur deCoconnas, poursuivitl’hôteavecunmalin sourire, vousêtesdeceux deGuise, etvous ignorez cela ? – Quoi cela ? – Qu’avant-hier, enpassant surlaplace Saint-Germain-l’Auxerrois, devantlamaison duchanoine Pierre Piles, l’amiral areçu uncoup d’arquebuse. – Et ilest tué ? s’écria LaMole. – Non, lecoup luiaseulement cassélebras etcoupé deuxdoigts ; maisonespère quelesballes étaient empoisonnées.

–Comment, misérable ! s’écriaLaMole, onespère ! … – Je veux direqu’on croit,reprit l’hôte ; nenous fâchons paspour unmot : lalangue m’afourché. Et maître LaHurière, tournant ledos àLa Mole, tiralalangue àCoconnas delafaçon laplus goguenarde, accompagnant cegeste d’uncoup d’œil d’intelligence. – En vérité ! ditCoconnas rayonnant. – En vérité ! murmura LaMole avecunestupéfaction douloureuse. – C’est comme j’ail’honneur devous ledire, messieurs, réponditl’hôte. – En cecas, ditLaMole, jevais auLouvre sansperdre unmoment.

Ytrouverai-je leroi Henri ? – C’est possible, puisqu’ilyloge. – Et moi aussi jevais auLouvre, ditCoconnas.

Ytrouverai-je leduc deGuise ? – C’est probable, carjeviens delevoir passer iln’y aqu’un instant, avecdeux cents gentilshommes. – Alors, venez, monsieur deCoconnas, ditLaMole. – Je vous suis,monsieur, ditCoconnas. – Mais votre souper, mesgentilshommes ? demandamaîtreLaHurière. – Ah ! ditLaMole, jesouperai peut-être chezleroi deNavarre. – Et moi chez leduc deGuise, ditCoconnas. – Et moi, ditl’hôte, aprèsavoirsuividesyeux lesdeux gentilshommes quiprenaient lechemin duLouvre, moi, jevais fourbir masalade, émécher monarquebuse etaffiler mapertuisane.

Onnesait pascequi peut arriver.. »

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