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Michel Strogoff Nadia s'arrêta.

Publié le 12/04/2014

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Michel Strogoff Nadia s'arrêta. «Oui! dit Michel. C'est Serko qui aboie!... Il a suivi son maître! --Nicolas!» cria la jeune fille. Son appel resta sans réponse. Quelques oiseaux de proie seulement s'enlevèrent et disparurent dans les hauteurs du ciel. Michel Strogoff prêtait l'oreille. Nadia regardait cette plaine, imprégnée d'effluves lumineuses, qui miroitait comme une glace, mais elle ne vit rien. Et, cependant, une voix s'éleva encore, qui, cette fois, murmura d'un ton plaintif: «Michel!...» Puis, un chien, tout sanglant, bondit jusqu'à Nadia. C'était Serko. Nicolas ne pouvait être loin! Lui seul avait pu murmurer ce nom de Michel! Où était-il? Nadia n'avait même plus la force de l'appeler. Michel Strogoff, rampant sur le sol, cherchait de la main. Soudain, Serko poussa un nouvel aboiement et s'élança vers un gigantesque oiseau qui rasait la terre. C'était un vautour. Lorsque Serko se précipita vers lui, il s'enleva, mais, revenant à la charge, il frappa le chien! Celui-ci bondit encore vers le vautour!... Un coup du formidable bec s'abattit sur sa tête, et, cette fois, Serko retomba sans vie sur le sol. En même temps, un cri d'horreur échappait à Nadia! «Là... là!» dit-elle. Une tête sortait du sol! Elle l'eût heurtée du pied, sans l'intense clarté que le ciel jetait sur la steppe. Nadia tomba, à genoux, près de cette tête. Nicolas, enterré jusqu'au cou, suivant l'atroce coutume tartare, avait été abandonné dans la steppe, pour y mourir de faim et de soif, et peut-être sous la dent des loups ou le bec des oiseaux de proie. Supplice horrible pour cette victime que le sol emprisonne, que presse cette terre qu'elle ne peut rejeter, ayant les bras attachés et collés au corps, comme ceux d'un cadavre dans son cercueil! Le supplicié, vivant dans ce moule d'argile qu'il est impuissant à briser, n'a plus qu'à implorer la mort, trop lente à venir! C'était là que les Tartares avaient enterré leur prisonnier depuis trois jours!... Depuis trois jours, Nicolas attendait un secours qui devait arriver trop tard! Les vautours avaient aperçu celte tête au ras du sol, et, depuis quelques heures, le chien défendait son maître contre ces féroces oiseaux! Michel Strogoff creusa la terre avec son couteau pour en exhumer ce vivant! Les yeux de Nicolas, fermés jusqu'alors, se rouvrirent. Il reconnut Michel et Nadia. Puis: CHAPITRE IX. DANS LA STEPPE. 169 Michel Strogoff «Adieu, amis, murmura-t-il. Je suis content de vous avoir revus! Priez pour moi!...» Et ces paroles furent les dernières. Michel Strogoff continua de creuser ce sol, qui, fortement foulé, avait la dureté du roc, et il parvint enfin à en retirer le corps de l'infortuné. Il écouta si son cour battait encore!... Il ne battait plus. Il voulut alors l'ensevelir, afin qu'il ne restât pas exposé sur la steppe, et ce trou, dans lequel Nicolas avait été enfoui vivant, il l'élargit, il l'agrandit de manière à pouvoir l'y coucher mort! Le fidèle Serko devait être placé près de son maître! En ce moment, un grand tumulte se produisit sur la route, distante au plus d'une demi-verste. Michel Strogoff écouta. Au bruit, il reconnut qu'un détachement d'hommes à cheval s'avançait vers le Dinka. «Nadia! Nadia!» dit-il à voix basse. A sa voix, Nadia, demeurée en prière, se redressa. «Vois! vois! lui dit-il. --Les Tartares!» murmura-t-elle. C'était, en effet, l'avant-garde de l'émir, qui défilait rapidement sur la route d'Irkoutsk. «Ils ne m'empêcheront pas de l'enterrer!» dit Michel Strogoff. Et il continua sa besogne. Bientôt, le corps de Nicolas, les mains jointes sur la poitrine, fut couché dans cette tombe. Michel Strogoff et Nadia, agenouillés, prièrent une dernière fois pour le pauvre être, inoffensif et bon, qui avait payé de sa vie son dévouement envers eux. «Et maintenant, dit Michel Strogoff, en rejetant la terre, les loups de la steppe ne le dévoreront pas!» Puis, sa main menaçante s'étendit vers la troupe de cavaliers qui passait: «En route, Nadia!» dit-il. Michel Strogoff ne pouvait plus suivre le chemin, maintenant occupé par les Tartares. Il lui fallait se jeter à travers la steppe et tourner Irkoutsk. Il n'avait donc pas à se préoccuper de franchir le Dinka. Nadia ne pouvait plus se traîner, mais elle pouvait voir pour lui. Il la prit dans ses bras et s'enfonça dans le sud-ouest de la province. Plus de deux cents verstes lui restaient à parcourir. Comment les fit-il? Comment ne succomba-t-il pas à tant de fatigues? Comment put-il se nourrir en route? Par quelle surhumaine énergie arriva-t-il à passer les premières rampes des monts Sayansk? Ni Nadia ni lui n'auraient pu le dire! CHAPITRE IX. DANS LA STEPPE. 170

« «Adieu, amis, murmura-t-il.

Je suis content de vous avoir revus! Priez pour moi!...» Et ces paroles furent les dernières. Michel Strogoff continua de creuser ce sol, qui, fortement foulé, avait la dureté du roc, et il parvint enfin à en retirer le corps de l'infortuné.

Il écouta si son cour battait encore!...

Il ne battait plus. Il voulut alors l'ensevelir, afin qu'il ne restât pas exposé sur la steppe, et ce trou, dans lequel Nicolas avait été enfoui vivant, il l'élargit, il l'agrandit de manière à pouvoir l'y coucher mort! Le fidèle Serko devait être placé près de son maître! En ce moment, un grand tumulte se produisit sur la route, distante au plus d'une demi-verste. Michel Strogoff écouta. Au bruit, il reconnut qu'un détachement d'hommes à cheval s'avançait vers le Dinka. «Nadia! Nadia!» dit-il à voix basse. A sa voix, Nadia, demeurée en prière, se redressa. «Vois! vois! lui dit-il. —Les Tartares!» murmura-t-elle. C'était, en effet, l'avant-garde de l'émir, qui défilait rapidement sur la route d'Irkoutsk. «Ils ne m'empêcheront pas de l'enterrer!» dit Michel Strogoff. Et il continua sa besogne. Bientôt, le corps de Nicolas, les mains jointes sur la poitrine, fut couché dans cette tombe.

Michel Strogoff et Nadia, agenouillés, prièrent une dernière fois pour le pauvre être, inoffensif et bon, qui avait payé de sa vie son dévouement envers eux. «Et maintenant, dit Michel Strogoff, en rejetant la terre, les loups de la steppe ne le dévoreront pas!» Puis, sa main menaçante s'étendit vers la troupe de cavaliers qui passait: «En route, Nadia!» dit-il. Michel Strogoff ne pouvait plus suivre le chemin, maintenant occupé par les Tartares.

Il lui fallait se jeter à travers la steppe et tourner Irkoutsk.

Il n'avait donc pas à se préoccuper de franchir le Dinka. Nadia ne pouvait plus se traîner, mais elle pouvait voir pour lui.

Il la prit dans ses bras et s'enfonça dans le sud-ouest de la province. Plus de deux cents verstes lui restaient à parcourir.

Comment les fit-il? Comment ne succomba-t-il pas à tant de fatigues? Comment put-il se nourrir en route? Par quelle surhumaine énergie arriva-t-il à passer les premières rampes des monts Sayansk? Ni Nadia ni lui n'auraient pu le dire! Michel Strogoff CHAPITRE IX.

DANS LA STEPPE.

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