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Michel Strogoff Très-heureusement, le tarentass avait pu être, pour ainsi dire, remisé dans une profonde anfractuosité que la bourrasque ne frappait que d'écharpe.

Publié le 12/04/2014

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Michel Strogoff Très-heureusement, le tarentass avait pu être, pour ainsi dire, remisé dans une profonde anfractuosité que la bourrasque ne frappait que d'écharpe. Mais il n'était pas si bien défendu que quelques contre-courants obliques, déviés par des saillies du talus, ne l'atteignissent parfois avec violence. Il se heurtait alors contre la paroi du rocher, à faire craindre qu'il ne fût brisé en mille pièces. Nadia dut abandonner la place qu'elle y occupait. Michel Strogoff, après avoir cherché à la lueur d'une des lanternes, découvrit une excavation, due au pic de quelque mineur, et la jeune fille put s'y blottir, en attendant que le voyage pût être repris. En ce moment,--il était une heure du matin,--la pluie commença à tomber, et bientôt les rafales, faites d'eau et de vent, acquirent une violence extrême, sans pouvoir cependant éteindre les feux du ciel. Cette complication rendait tout départ impossible. Donc, quelle que fût l'impatience de Michel Strogoff,--et l'on comprend qu'elle fût grande,--il lui fallut laisser passer le plus fort de la tourmente. Arrivé d'ailleurs au col même qui franchit la route de Perm à Ekaterinbourg, il n'avait plus qu'à descendre les pentes des monts Ourals, et descendre, dans ces conditions, sur un sol raviné par les mille torrents de la montagne, au milieu des tourbillons d'air et d'eau, c'était absolument jouer sa vie, c'était courir à l'abîme. «Attendre, c'est grave, dit alors Michel Strogoff, mais c'est sans doute éviter de plus longs retards. La violence de l'orage me fait espérer qu'il ne durera pas. Vers trois heures, le jour commencera à reparaître, et la descente, que nous ne pouvons risquer dans l'obscurité, deviendra, sinon facile, du moins possible après le lever du soleil. --Attendons, frère, répondit Nadia, mais si tu retardes ton départ, que ce ne soit pas pour m'épargner une fatigue ou un danger! --Nadia, je sais que tu es décidée à tout braver, mais, en nous compromettant tous deux, je risquerais plus que ma vie, plus que la tienne, je manquerais à la tâche, au devoir que j'ai avant tout à accomplir! --Un devoir!...» murmura Nadia. En ce moment, un violent éclair déchira le ciel, et sembla, pour ainsi dire, volatiliser la pluie. Aussitôt un coup sec retentit. L'air fut rempli d'une odeur sulfureuse, presque asphyxiante, et un bouquet de grands pins, frappé par le fluide électrique à vingt pas du tarentass, s'enflamma comme une torche gigantesque. L'iemschik, jeté à terre par une sorte de choc en retour, se releva heureusement sans blessures. Puis, après que les derniers roulements du tonnerre se furent perdus dans les profondeurs de la montagne, Michel Strogoff sentit la main de Nadia s'appuyer fortement sur la sienne, et il l'entendit murmurer ces mots à son oreille: «Des cris, frère! Écoute!» CHAPITRE XI. VOYAGEURS EN DÉTRESSE. En effet, pendant cette courte accalmie, des cris se faisaient entendre vers la partie supérieure de la route, et à une distance assez rapprochée de l'anfractuosité qui abritait le tarentass. C'était comme un appel désespéré, évidemment jeté par quelque voyageur en détresse. CHAPITRE XI. VOYAGEURS EN DÉTRESSE. 59 Michel Strogoff Michel Strogoff, prêtant l'oreille, écoutait. L'iemschik écoutait aussi, mais en secouant la tête, comme s'il lui eût semblé impossible de répondre à cet appel. «Des voyageurs qui demandent du secours! s'écria Nadia. --S'ils ne comptent que sur nous!... répondit l'iemschik. --Pourquoi non? s'écria Michel Strogoff. Ce qu'ils feraient pour nous en pareille circonstance, ne devons-nous pas le faire pour eux? --Mais vous n'allez pas exposer la voiture et les chevaux!... --J'irai à pied, répondit Michel Strogoff, en interrompant l'iemschik. --Je t'accompagne, frère, dit la jeune Livonienne. --Non, reste, Nadia. L'iemschik demeurera près de toi. Je ne veux pas le laisser seul.... --Je resterai, répondit Nadia. --Quoi qu'il arrive, ne quitte pas cet abri! --Tu me retrouveras là où je suis.» Michel Strogoff serra la main de sa compagne, et, franchissant le tournant du talus, il disparut aussitôt dans l'ombre. «Ton frère a tort, dit l'iemschik à la jeune fille. --Il a raison,» répondit simplement Nadia. Cependant, Michel Strogoff remontait rapidement la route. S'il avait grande hâte de porter secours à ceux qui jetaient ces cris de détresse, il avait grand désir aussi de savoir quels pouvaient être ces voyageurs que l'orage n'avait pas empêchés de s'aventurer dans la montagne, car il ne doutait pas que ce ne fussent ceux dont la télègue précédait toujours son tarentass. La pluie avait cessé, mais la bourrasque redoublait de violence. Les cris, apportés par le courant atmosphérique, devenaient de plus en plus distincts. De l'endroit où Michel Strogoff avait laissé Nadia, on ne pouvait rien voir. La route était sinueuse, et la lueur des éclairs ne laissait apparaître que le saillant des talus qui coupaient le lacet du chemin. Les rafales, brusquement brisées à tous ces angles, formaient des remous difficiles à franchir, et il fallait à Michel Strogoff une force peu commune pour leur résister. Mais il fut bientôt évident que les voyageurs, dont les cris se faisaient entendre, ne devaient plus être éloignés. Bien que Michel Strogoff ne pût encore les voir, soit qu'ils eussent été rejetés hors de la route, soit que l'obscurité les dérobât à ses regards, leurs paroles, cependant, arrivaient assez distinctement à son oreille. Or, voici ce qu'il entendit,--ce qui ne laissa pas de lui causer une certaine surprise: «Butor! reviendras-tu? CHAPITRE XI. VOYAGEURS EN DÉTRESSE. 60

« Michel Strogoff, prêtant l'oreille, écoutait. L'iemschik écoutait aussi, mais en secouant la tête, comme s'il lui eût semblé impossible de répondre à cet appel. «Des voyageurs qui demandent du secours! s'écria Nadia. —S'ils ne comptent que sur nous!...

répondit l'iemschik. —Pourquoi non? s'écria Michel Strogoff.

Ce qu'ils feraient pour nous en pareille circonstance, ne devons-nous pas le faire pour eux? —Mais vous n'allez pas exposer la voiture et les chevaux!... —J'irai à pied, répondit Michel Strogoff, en interrompant l'iemschik. —Je t'accompagne, frère, dit la jeune Livonienne. —Non, reste, Nadia.

L'iemschik demeurera près de toi.

Je ne veux pas le laisser seul.... —Je resterai, répondit Nadia. —Quoi qu'il arrive, ne quitte pas cet abri! —Tu me retrouveras là où je suis.» Michel Strogoff serra la main de sa compagne, et, franchissant le tournant du talus, il disparut aussitôt dans l'ombre. «Ton frère a tort, dit l'iemschik à la jeune fille. —Il a raison,» répondit simplement Nadia. Cependant, Michel Strogoff remontait rapidement la route.

S'il avait grande hâte de porter secours à ceux qui jetaient ces cris de détresse, il avait grand désir aussi de savoir quels pouvaient être ces voyageurs que l'orage n'avait pas empêchés de s'aventurer dans la montagne, car il ne doutait pas que ce ne fussent ceux dont la télègue précédait toujours son tarentass. La pluie avait cessé, mais la bourrasque redoublait de violence.

Les cris, apportés par le courant atmosphérique, devenaient de plus en plus distincts.

De l'endroit où Michel Strogoff avait laissé Nadia, on ne pouvait rien voir.

La route était sinueuse, et la lueur des éclairs ne laissait apparaître que le saillant des talus qui coupaient le lacet du chemin.

Les rafales, brusquement brisées à tous ces angles, formaient des remous difficiles à franchir, et il fallait à Michel Strogoff une force peu commune pour leur résister. Mais il fut bientôt évident que les voyageurs, dont les cris se faisaient entendre, ne devaient plus être éloignés. Bien que Michel Strogoff ne pût encore les voir, soit qu'ils eussent été rejetés hors de la route, soit que l'obscurité les dérobât à ses regards, leurs paroles, cependant, arrivaient assez distinctement à son oreille. Or, voici ce qu'il entendit,—ce qui ne laissa pas de lui causer une certaine surprise: «Butor! reviendras-tu? Michel Strogoff CHAPITRE XI.

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