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monarques dont le règne est limité.

Publié le 01/10/2013

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monarques dont le règne est limité. XVII. Qu'on ne doit point supposer que le monarque, qui retient le droit de souveraineté, se soit dessaisi par quelque promesse qu'il aurait faite, du droit qui regarde les moyens nécessaires à la conservation de l'empire. XVIII. Par quels moyens un sujet est quitte de son obéissance. I. Qu'il y a trois sortes d'États, la démocratie, l'aristocratie, et la monarchie. J'ai parlé jusqu'ici en général de cette sorte de société, que j'ai nommée politique et instituée ; il faut maintenant que j'en traite en détail et plus particulièrement. La différence des gouvernements procède de la différence des personnes auxquelles on commet la puissance souveraine. Or cette puissance est commise, ou à un seul homme, ou à une seule cour, c'est-à-dire à un conseil de plusieurs personnes. Derechef, ce conseil, ou il est composé de tous les citoyens d'une ville, en sorte qu'il n'est pas jusqu'au moindre artisan qui n'ait voix délibérative et qui ne puisse intervenir, s'il lui plaît, en la résolution des plus grandes affaires ; ou bien il n'y entre qu'une partie. D'où se forment trois sortes d'États ; l'une en laquelle la puissance souveraine est donnée à une assemblée, où chaque bourgeois a droit de suffrage, et que l'on nomme démocratie ; la deuxième, en laquelle cette même puissance est laissée à un conseil, auquel n'entrent pas tous les sujets : mais quelques-uns seulement, et on la nomme aristocratie ; la troisième, en laquelle toute l'autorité est conférée à une seule personne et à laquelle on donne le titre de monarchie. En la première espèce, c'est le peuple qui gouverne ; en la deuxième, ce sont les nobles ou les principaux de l'État, et en la dernière, le monarque tient les rênes de l'empire. Il. Que l'oligarchie n'est pas une sorte d'État distincte de l'aristocratie et que l'anarchie ne forme point du tout de république. Quelques vieux auteurs politiques ont voulu introduire trois autres espèces de gouvernements opposées à celles que je viens d'établir ; à savoir, l'anarchie ou la confusion, qu'ils opposaient à la démocratie ; l'oligarchie ou le gouvernement de peu de personnes, qu'ils opposaient à l'aristocratie, et la tyrannie dont ils faisaient opposition à la monarchie. Mais ce ne sont pas là trois sortes de gouvernements séparés : car, après tout, ce ne sont que trois noms différents que leur donnent ceux à qui la forme de l'Etat déplaît, ou qui en veulent aux personnes qui gouvernent. En effet, plusieurs ont cette coutume, de ne pas exprimer seulement les choses par les noms qu'ils leur donnent, mais de témoigner, aussi par un même moyen, la passion qui règne dans leur âme et de faire connaître en même temps l'amour, la haine ou la colère qui les anime. D'où vient que l'un nomme anarchie, ce que l'autre appelle démocratie ; qu'on blâme l'aristocratie en la nommant oligarchie ; et qu'à celui auquel on donne le titre de roi quelque autre impose le nom de tyran. De sorte que ces noms outrageux ne marquent pas trois nouvelles sortes de république : mais bien les divers sentiments que les sujets ont de celui qui gouverne. Et qu'ainsi ne soit, vous voyez premièrement que l'anarchie est opposée d'une même façon à toutes les sortes de gouvernement ; vu que ce mot signifie une confusion qui, ôtant toute sorte de régime, ne laisse aucune forme de république. Comment donc se pourrait-il faire que ce qui n'est point du tout une ville, en fût pourtant une espèce ? Ensuite, quelle différence y a-t-il, je vous prie, entre l'oligarchie qui signifie le gouvernement d'un petit nombre de personnes et l'aristocraie qui signifie celui des principaux, ou des plus gens de bien de l'Etat ? On ne peut alléguer si ce n'est, que selon la diversité des goûts et des jugements des hommes, ceux qui paraissent les meilleurs aux uns semblent les pires de tous aux autres. Ill. Que la tyrannie n'est pas une sorte d'État diverse de la monarchie légitime. Mais il est plus malaisé de persuader que la royauté et la tyrannie ne sont pas deux diverses sortes de gouvernement, parce que la plupart de ceux qui approuvent la domination d'un

« d'établir ; à savoir, l'anarchie ou la confusion, qu'ils opposaient à la démocratie ; l'oligarchie ou le gouvernement de peu de per- sonnes, qu'ils opposaient à l'aristocratie, et la tyrannie dont ils faisaient opposition à la monarchie.

Mais ce ne sont pas là trois sortes de gouvernements séparés : car, après tout, ce ne sont que trois noms différents que leur donnent ceux à qui la forme de l'Etat déplaît, ou qui en veulent aux personnes qui gouver- nent.

En effet, plusieurs ont cette coutume, de ne pas exprimer seulement les choses par les noms qu'ils leur donnent, mais de témoigner, aussi par un même moyen, la passion qui règne dans leur âme et de faire connaître en même temps l'amour, la haine ou la colère qui les anime.

D'où vient que l'un nomme anar- chie, ce que l'autre appelle démocratie ; qu'on blâme l'aristocra- tie en la nommant oligarchie ; et qu'à celui auquel on donne le titre de roi quelque autre impose le nom de tyran.

De sorte que ces noms outrageux ne marquent pas trois nouvelles sortes de république : mais bien les divers sentiments que les sujets ont de celui qui gouverne.

Et qu'ainsi ne soit, vous voyez première- ment que l'anarchie est opposée d'une même façon à toutes les sortes de gouvernement ; vu que ce mot signifie une confusion qui, ôtant toute sorte de régime, ne laisse aucune forme de république.

Comment donc se pourrait-il faire que ce qui n'est point du tout une ville, en fût pourtant une espèce ? Ensuite, quelle différence y a-t-il, je vous prie, entre l'oligarchie qui signifie le gouvernement d'un petit nombre de personnes et l'aris- tocraie qui signifie celui des principaux, ou des plus gens de bien de l'Etat ? On ne peut alléguer si ce n'est, que selon la diversité des goûts et des jugements des hommes, ceux qui paraissent les meilleurs aux uns semblent les pires de tous aux autres.

Ill.

Que la tyrannie n'est pas une sorte d'État diverse de la monarchie légitime.

Mais il est plus malaisé de persuader que la royauté et la tyrannie ne sont pas deux diverses sortes de gouvernement, parce que la plupart de ceux qui approuvent la domination d'un. »

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