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Chronique du règne de Charles IX de Prosper Mérimée

Publié le 20/02/2019

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Chronique du règne de Charles IX, roman de Prosper Mérimée

 

(1829). Ainsi que l'indique le titre, il s'agit moins « de donner le précis des événements historiques de l'année 1572 » que de retrouver les « mœurs et les caractères » de l'époque ; dès lors toutes les critiques adressées à l'auteur à propos de ses inexactitudes tombent d'elles-mêmes. En effet, à travers les aventures du huguenot Bernard de Mergy et de son frère, George, converti mais fondamentalement indifférent à toute croyance, Mérimée a cherché à retrouver les constantes affectives de l'humanité — amour, haine, intolérance, etc. — bien plus qu'à démonter le mécanisme ayant conduit aux massacres de la Saint-Barthélemy. Toile de fond — « couleur locale » comme disaient les romantiques —, l'Histoire cède donc le pas au romanesque, de même que les personnages historiques s'effacent derrière les héros de la fiction ; matériaux, les événements et les faits permettent de créer l'illusion de vérité : tout est ainsi manipulé par un narrateur omniprésent qui intervient pour dialoguer avec son lecteur et le laisser finalement libre de « terminer le roman à son gré » (dernière phrase). Pirouette ultime qui confirme que Mérimée est avant tout un « faiseur de contes » (préface).

« Prosper Mérimée, Chronique du règne de Charles IX, chapitre 1, Les reîtres Non loin d'Étampes, en allant du côté de Paris, on voit encore un grand bâtiment carré, avec des fenêtres en ogive,ornées de quelques sculptures grossières.

Au-dessus de la porte est une niche qui contenait autrefois une madone'de pierre ; mais dans la révolution elle eut le sort de bien des saints et des saintes, et fut brisée en cérémonie... Introduction Le roman et la nouvelle historique trouvent sous la Restauration un public de plus en plus nombreux et enthousiaste.La matière historique envahit le roman, genre littéraire en pleine expansion, et monte sur la scène des théâtres avecle drame romantique.

Prosper Mérimée célèbre pour Carmen, Colomba ou La Vénus d'Ille, publie en 1829 Chronique du règne de Charles IX dont nous découvrons ici la première page.

Cet incipit, riche en notations descriptives, souligne l'importance du décor, un cabaret qui connut les épisodes des guerres de religion et ceux de la Révolutionfrançaise.

Le narrateur nous amène peu à peu à l'époque où il situe la fiction grâce à l'évocation de ce lieu.

Àtravers celui-ci et également une statue de la Vierge Marie, il évoque le climat de la guerre civile et prépare lelecteur à des épisodes tumultueux.

L'incipit joue alors pleinement son rôle en informant et en éveillant l'intérêt. Notre commentaire s'intéressera d'abord à la mise en place du décor et d'une atmosphère, puis étudiera commentsont imbriqués l'amorce du récit fictionnel et la représentation de la réalité historique. I.

La mise en place du décor L'étude des notations descriptives a permis de percevoir l'importance du décor.

Il s'agit donc de voir quel rôle jouentles éléments de celui-ci. Un lieu fort ancien Le cabaret de Claude Giraut est présenté dès la première pl n n rase comme un édifice du passé, les « fenêtres en ogive » évoquent le Moyen Âge, si du moins l'on écarte l'hypothèse d'un style néo-gothique qui commenceà être prisé dans les premières décennies du XIXe siècle, mais qu'on rencontre plutôt dans des demeurespatriciennes.

Quelques indices temporels comme « autrefois » ou « depuis » soulignent l'ancienneté queconfirme la première phrase du deuxième paragraphe : le cabaret existait en 1572, lors de la Saint-Barthélemy.Le texte souligne alors la continuité et le changement.

L'expression « comme à présent » s'oppose à laproposition « mais il avait alors une tout autre apparence ».

Le lieu s'inscrit donc dans le passé historique. 1. La statue de la Madone 2. L'attention du lecteur est vite attirée par la niche contenant une madone de pierre.

Plus encore que la salle ducabaret, elle se trouve au coeur de plusieurs drames historiques.

Elle fut doublement victime de la fureurantireligieuse de la Révolution française et du zèle des protestants.

La copie en plâtre, contemporaine de lanarration, rappelle la disparition de l'originale pendant la Révolution.

Le récit la mentionne à nouveau lorsqu'il évoquele passé : « c'était la pauvre madone qui semblait avoir le plus à souffrir...

» El le est à la fois la victime et le témoindes luttes entre protestants et catholiques.

« Écornée en vingt endroits par des balles », elle porte les marques del'hostilité huguenote.

Tout comme en 1829, une copie de la Madone suffit à rappeler les excès de la Révolution etl'irréligion institutionnalisée, de la même manière en 1572, une statue endommagée exprime le zèle, voire lefanatisme religieux. 3.

Un décor dramatique Le cabaret et la statue sont présentés dans le deuxième paragraphe comme les éléments d'un décor attestant del'action historique.

Les murs sont comme le texte, écrit à chaud, de la guerre civile : « les murs étaient couvertsd'inscriptions attestant des fortunes diverses d'une guerre civile ».

Les protagonistes se battent à coupsd'inscriptions injurieuses, biffées, superposées.

Quelques-uns des principaux acteurs du conflit apparaissent sur cesmurs : le duc de Guise, l'amiral de Coligny, le roi Charles IX lui-même et sa mère Catherine de Médicis.

Les phrasesdécrivant les murs du cabaret abondent en verbes d'action au plus-que-parfait : « avait dessiné », « avait ajouté »,« avait été biffé et remplacé », elles sont en même temps le récit de luttes récentes.

À travers les inscriptionscomme sur la statue de la Vierge on devine les passions partisanes ou « les fureurs civiles et religieuses » ; c'estainsi que des termes injurieux sont destinés au roi et à sa mère, personnes d'ordinaire parfaitement respectées. Ce décor, témoignage de la guerre civile, permet de faire vivre deux scènes successives dans la dernière phrase duparagraphe deux, avec « le dévot catholique » puis « le cavalier protestant ».

Il est bien le théâtre des passionsextrêmes comme l'atteste la comparaison de la dernière phrase du paragraphe deux : « il s'estimait autant que s'ileût abattu la bête de l'Apocalypse et détruit l'idolâtrie ».

Les protestants tirent sur la statue qui incarne le malabsolu, la régression vers l'idolâtrie païenne. Transition Nous avons vu que les lieux expriment le drame qui se joue à divers moments de l'Histoire.

Ils sont donc. »

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