Devoir de Philosophie

Mythes chaldeens [Note 5: En sumérien ghis-gal Anna-ghé, Voir les hymnes au Soleil levant et au Soleil couchant, depuis longtemps traduits, le premier par F.

Publié le 12/04/2014

Extrait du document

mythes
Mythes chaldeens [Note 5: En sumérien ghis-gal Anna-ghé, Voir les hymnes au Soleil levant et au Soleil couchant, depuis longtemps traduits, le premier par F. Lenormant, La Magie chez les Chaldéens, p. 165-166, le second par O. Bertin dans la Revue d'Assyriologie, vol. I, IV, p. 157-161.] Quant aux gardiens de ces portes, coiffés ordinairement du bonnet à double corne, ce sont des divinités secondaires attachées au dieu principal, des génies du soir et du matin, de l'Orient et de l'Occident, analogues aux Heures grecques, malgré la différence des sexes, ou bien encore aux Dioscures. Ces idées sont d'ailleurs si simples, elles répondent si bien au sujet et viennent si naturellement à l'esprit que je ne saurais m'étonner de les voir aujourd'hui adoptées de différents côtés, comme l'explication courante de la curieuse représentation gravée sur les cylindres[6]. [Note 6: Maspero, Histoire ancienne des peuples d'Orient, I, p. 655-658; W. Hayes Ward, Seal Cylinders (catalogue des cylindres du Musée métropolitain de New-York), p. 13 et suiv., 18 et suiv.] Nous trouvons là juxtaposées, plutôt que combinées, deux conceptions de l'imagination populaire, qui sont d'ordre différent. L'image des portes du ciel est d'essence poétique; c'est purement une allégorie, une métaphore réalisée par le dessin. L'autre scène au contraire, tout en donnant au soleil la forme humaine, divinisée par des attributs, le fait agir et se mouvoir dans le cadre réel de l'horizon et des montagnes; nous sommes devant un véritable paysage, résumé en quelques traits, et le dieu reste en contact avec la nature. L'incohérence qui résulte d'un pareil doublement d'images est loin du reste de répugner à la poésie primitive; l'impression d'ensemble en devient plus fantastique, et ces portes, ouvertes sur le monde, prennent les proportions de l'infini. Même chez les Chaldéens, c'est dans un premier anthropomorphisme, mêlé au sentiment de la nature, qu'il faut chercher, croyons-nous, l'explication de cette mythologie figurée, plutôt que dans des constructions cosmologiques, trop précises, agencées et raccordées après coup sous l'influence du dogmatisme sacerdotal. Comme exemple de ces représentations, nous reproduisons d'abord un cylindre déjà plusieurs fois publié[7], qui donne la mise en scène telle qu'elle est le plus souvent disposée (fig. 1). [Note 7: A. de Longpérier, Notice des antiquités assyriennes, n° 540; Menant, Cylindres de la Chaldée, p. 123, fig. 71; Maspero, Hist. anc. des peuples d'Orient, p. 656.] A première vue, on pourrait douter si le soleil s'élève ou descend derrière les montagnes. La question est résolue par certaines variantes, où le dieu semble se hausser, en s'appuyant des deux mains sur la double cime[8]. Ici même son bras gauche, replié avec effort, conserve quelque chose de la précédente attitude, comme pour rendre sensible aux yeux le mouvement ascensionnel de la figure. Le soleil à son lever avait, dans la superstition orientale, une puissance particulièrement bienfaisante. C'était l'heure où il chassait les démons de la nuit et dissipait leurs maléfices. Il ne faut pas oublier que les cylindres, tout en servant de cachets, étaient aussi des talismans; les images qu'ils imprimaient sur l'argile avaient une influence protectrice, une valeur de bon augure. On s'explique ainsi que la représentation du soleil levant y soit figurée de préférence. [Note 8: Menant, Cylindres de la Chaldée, p. 122, fig. 69; cf. pl. III, fig. 3.] [Illustration: Fig. 1.] Le dieu, à ce moment de son apparition, est toujours vêtu d'une longue robe, et il élève souvent de la main droite un attribut dont la forme et la nature sont ici nettement caractérisées: ce n'est ni une arme ni précisément un rameau, mais bien une palme[9]. Faut-il déjà, dans le symbolisme chaldéen, en faire l'emblème classique de la victoire, exprimant le triomphe de la lumière sur les ténèbres? Il serait peut-être MYTHES CHALDÉENS 3 Mythes chaldeens plus simple d'y reconnaître, à l'origine, l'attribut naturel du dieu qui protège les palmiers et qui en mûrit les fruits. Du reste, les deux interprétations ne s'excluent pas nécessairement, et le geste a, sans contredit, quelque chose de triomphal. [Note 9: Sur les cylindre de petite dimension cette palme a été facilement prise pour une arme, pour une sorte de coutelas (cf. fig. 2 et 6); c'est là une méprise qu'il faut rectifier.] Ce que je que voudrais surtout montrer, c'est que ce premier acte du drame solaire n'est pas le seul qui soit figuré dans l'iconographie chaldéenne. Il y a là une action qui se poursuit et qui fait naître en se développant d'autres péripéties non moins expressives, qui mettent en scène de nouveaux acteurs. Le fait est démontré par quelques cylindres de la collection du Louvre, dont plusieurs sont d'acquisition récente. Un point plus avancé de la marche du dieu est marqué par les représentations qui le font voir tout entier de profil, posant le pied sur la montagne ou sur l'un de ses sommets, quand elle est double. C'est la barrière de l'horizon définitivement franchie par le Soleil, qui s'apprête à bondir au delà. Dans cette attitude, la figure, encore vêtue de son riche costume, tient toujours, avec un grand geste, la palme élevée devant elle. Un des cylindres du Louvre reproduit la scène avec plus de détails qu'à l'ordinaire (fig. 2). La porte du ciel a ses battants surmontés de deux lions; entre les lieutenants du dieu, qui la tiennent grande ouverte, un adorateur s'approche timidement et présente un chevreau[10]. [Note 10: Variantes plus simples sur un autre cylindre du Louvre, cf. Coll. De Clercq, n° 85 et Menant, numéros 68 et 72.] [Illustration: Fig. 8.] Infiniment plus rares sont les représentations où le dieu Soleil s'empare d'une montagne, sans doute distincte de la précédente, non plus par simple escalade, mais en livrant bataille à un premier occupant, dieu comme lui. Le cylindre, dont nous reproduisons l'empreinte, donne un exemple remarquable et tout à fait dramatique de ce nouvel acte de la légende. Ici la porte du ciel n'est plus figurée; nous sommes à une autre étape dans la marche diurne de l'astre. Les deux acolytes divins, qui tout à l'heure jouaient le rôle de portiers, n'ont pas cependant abandonné leur chef; ils le suivent maintenant et font partie de son escorte guerrière, portant ses armes sacrées, une masse d'armes de rechange et le bâton coudé qui lancé revient à la main. Le dieu lui-même se montre dans un redoutable appareil de combat. Complètement nu, la taille seule sanglée d'une étroite ceinture, tout environné de flammes, qui lui sortent même des jambes, il aborde de près son adversaire et le menace de sa masse d'armes. Après lui, pour lui prêter main forte, vient encore un terrible personnage, qui n'est caractérisé par aucune arme ni par aucun attribut, si ce n'est qu'il brûle et flamboie de la tête aux pieds; c'est l'incendie qui marche. Il ne faut pas hésiter, croyons-nous, à y reconnaître le démon du feu ou mieux le Feu en personne[11], plus d'une fois célébré dans les hymnes de l'ancienne Chaldée. [Note 11: Is ou Ghi-bil; voir particulièrement les fragments d'hymnes déjà rassemblés par F. Lenormant, La Magie chez les Chaldéens, p. 169-173.] [Illustration: Fig. 3.] Quant au dieu menacé d'être brûlé vif, rien n'est plus curieux ni plus naïvement expressif que son attitude. Assis sur la montagne, dont il était jusque-là le paisible possesseur, nu comme son ennemi et n'ayant aussi qu'un lien autour de la taille, il est de plus tout à fait désarmé contre cette irruption soudaine. Aussi se contente-t-il d'écarter ses mains ouvertes et abaissées dans un geste d'impuissante protestation. Il semble cependant qu'il n'ait pas cédé la place sans résistance; c'est ce qu'indiquent plusieurs cylindres de plus petite MYTHES CHALDÉENS 4
mythes

« plus simple d'y reconnaître, à l'origine, l'attribut naturel du dieu qui protège les palmiers et qui en mûrit les fruits.

Du reste, les deux interprétations ne s'excluent pas nécessairement, et le geste a, sans contredit, quelque chose de triomphal. [Note 9: Sur les cylindre de petite dimension cette palme a été facilement prise pour une arme, pour une sorte de coutelas (cf.

fig.

2 et 6); c'est là une méprise qu'il faut rectifier.] Ce que je que voudrais surtout montrer, c'est que ce premier acte du drame solaire n'est pas le seul qui soit figuré dans l'iconographie chaldéenne.

Il y a là une action qui se poursuit et qui fait naître en se développant d'autres péripéties non moins expressives, qui mettent en scène de nouveaux acteurs.

Le fait est démontré par quelques cylindres de la collection du Louvre, dont plusieurs sont d'acquisition récente. Un point plus avancé de la marche du dieu est marqué par les représentations qui le font voir tout entier de profil, posant le pied sur la montagne ou sur l'un de ses sommets, quand elle est double.

C'est la barrière de l'horizon définitivement franchie par le Soleil, qui s'apprête à bondir au delà.

Dans cette attitude, la figure, encore vêtue de son riche costume, tient toujours, avec un grand geste, la palme élevée devant elle.

Un des cylindres du Louvre reproduit la scène avec plus de détails qu'à l'ordinaire (fig.

2).

La porte du ciel a ses battants surmontés de deux lions; entre les lieutenants du dieu, qui la tiennent grande ouverte, un adorateur s'approche timidement et présente un chevreau[10]. [Note 10: Variantes plus simples sur un autre cylindre du Louvre, cf.

Coll.

De Clercq, n° 85 et Menant, numéros 68 et 72.] [Illustration: Fig.

8.] Infiniment plus rares sont les représentations où le dieu Soleil s'empare d'une montagne, sans doute distincte de la précédente, non plus par simple escalade, mais en livrant bataille à un premier occupant, dieu comme lui. Le cylindre, dont nous reproduisons l'empreinte, donne un exemple remarquable et tout à fait dramatique de ce nouvel acte de la légende. Ici la porte du ciel n'est plus figurée; nous sommes à une autre étape dans la marche diurne de l'astre.

Les deux acolytes divins, qui tout à l'heure jouaient le rôle de portiers, n'ont pas cependant abandonné leur chef; ils le suivent maintenant et font partie de son escorte guerrière, portant ses armes sacrées, une masse d'armes de rechange et le bâton coudé qui lancé revient à la main.

Le dieu lui-même se montre dans un redoutable appareil de combat.

Complètement nu, la taille seule sanglée d'une étroite ceinture, tout environné de flammes, qui lui sortent même des jambes, il aborde de près son adversaire et le menace de sa masse d'armes. Après lui, pour lui prêter main forte, vient encore un terrible personnage, qui n'est caractérisé par aucune arme ni par aucun attribut, si ce n'est qu'il brûle et flamboie de la tête aux pieds; c'est l'incendie qui marche.

Il ne faut pas hésiter, croyons-nous, à y reconnaître le démon du feu ou mieux le Feu en personne[11], plus d'une fois célébré dans les hymnes de l'ancienne Chaldée. [Note 11: Is ou Ghi-bil; voir particulièrement les fragments d'hymnes déjà rassemblés par F.

Lenormant, La Magie chez les Chaldéens, p.

169-173.] [Illustration: Fig.

3.] Quant au dieu menacé d'être brûlé vif, rien n'est plus curieux ni plus naïvement expressif que son attitude. Assis sur la montagne, dont il était jusque-là le paisible possesseur, nu comme son ennemi et n'ayant aussi qu'un lien autour de la taille, il est de plus tout à fait désarmé contre cette irruption soudaine.

Aussi se contente-t-il d'écarter ses mains ouvertes et abaissées dans un geste d'impuissante protestation.

Il semble cependant qu'il n'ait pas cédé la place sans résistance; c'est ce qu'indiquent plusieurs cylindres de plus petite Mythes chaldeens MYTHES CHALDÉENS 4. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles