Nathalie Kuperman Les Signes - Sujet non corrigé

Nathalie Kuperman

Les Signes

Éditions École des loisirs, coll. Neuf, 2004

C’était il y a environ un mois. Pour la première fois depuis le début de l’année, j’ai eu une note qui dépassait la moyenne en français. C’était un 14. En français ! Moi ! 14 ! D’habitude, je suis nulle. Je fais des fautes, je ne connais pas la grammaire et je ne me concentre pas sur ce qu’on me demande de faire, enfin, c’est ce qu’a dit la prof de français à ma mère, qui est allée la voir. Pour moi, la seule matière qui compte, c’est les maths. J’adore calculer, faire des fractions, diviser, apprendre des formules, les appliquer... En maths, je suis super-forte. Et puis en maths, quand on réussit tout, on peut avoir 20. En rédaction, non.

Le sujet du devoir sur table en français, c’était : « Décrivez un objet qui joue un grand rôle dans votre vie. » On avait vingt minutes pour écrire. Quelqu’un a demandé :

— M’dame, et si l’objet s’est cassé, on a le droit de raconter l’histoire au passé ?

Il y a eu quelques rires et la maîtresse a répondu que, bien sûr, on pouvait.

J’ai décrit une boule de verre que mon père m’avait rapportée du Danemark quand j’étais petite : une boule qui fait de la neige quand on la secoue, et la neige tombe sur une petite fille assise au pied d’un arbre. Elle tient une boîte d’allumettes dans une main, et une allumette dans l’autre.

Dans mon devoir, j’ai raconté que je secouais tout le temps la boule pour que la neige tombe et que la petite fille ait encore plus froid. En plus, les flocons l’empêchaient de brûler l’allumette qu’elle s’apprêtait à frotter contre la petite boîte en carton. Je n’aurais vraiment pas voulu être à sa place, mais, bizarrement, je me sentais proche d’elle : je tenais la boule dans la main, elle tenait son allumette, on était comme deux sœurs.

Le problème, c’est qu’à force de lui lancer de la neige comme ça en pleine figure je finissais par me mettre à pleurer. Je me trouvais trop méchante et j’avais de la peine. Alors, pour m’empêcher de torturer la petite fille, je l’avais installée très haut sur mon étagère pour éviter de l’atteindre facilement, et la protéger de ma méchanceté.

Quand la maîtresse a rendu les copies, elle m’a regardée d’une drôle de façon, mais elle n’a pas fait de commentaires. J’ai vu ma note, 14 (je 35 l’ai déjà dit, mais je n’en reviens toujours pas), et je n’avais plus qu’une idée en tête, annoncer cette grande nouvelle à mes parents. Mais, avant, j’ai noté dans mon agenda : Petite fille aux allumettes = 14 en français, merci.

■ Questions (15 points)

► 1. Relevez deux éléments du texte qui montrent que le narrateur est une fille. (1 point)

► 2. Quelle est la matière préférée de la narratrice ?

Citez au moins 4 raisons qui lui font apprécier cette matière. (3 points)

► 3. À quel registre de langue appartiennent les expressions suivantes ?

a) « la prof de français » (ligne 5) ;

b) « c’est les maths » (ligne 6).

Transformez ces expressions dans un registre de langue courant. (2points)

■ ► 4. Pourquoi la phrase : « Décrivez un objet qui joue un grand rôle dans votre vie. » (lignes 10-11) est-elle entre guillemets ? (1 point)

► 5. La narratrice choisit une boule de verre comme objet de son devoir. Qui a rapporté cet objet et d’où vient-il 1(1 point)

► 6. Donnez la raison pour laquelle la narratrice se sent proche de la petite fille dans la boule de verre. (2points)

► 7. Pourquoi la narratrice met-elle sa boule de neige à l’écart ?

Donnez deux raisons. (2points)

► 8. Quelle est la réaction de l’élève devant sa note de français ? (2points)

► 9. A qui s’adresse le « merci » (ligne 38) écrit sur l’agenda ? (1 point)

■ Réécriture (5 points)

► 1. « Je fais des fautes, je ne connais pas la grammaire et je ne me concentre pas sur ce qu’on me demande de faire, enfin c’est ce qu’a dit la prof de français à ma mère. » (lignes 3 à 5)