- Non, Biddy, c'est vrai ; seulement je n'aime pas cela, et je ne l'approuve pas.
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
XVIII
C’était
unsamedi soirdelaquatrième annéedemon apprentissage chezJoe.Ungroupe entourait lefeu des Trois
jolis Bateliers et
prêtait uneoreille attentive àM. Wopsle, quilisait lejournal àhaute voix.Jefaisais partiedece
groupe.
Uncrime quicausait granderumeur danslepublic venait d’êtrecommis, etM. Wopsle, enleracontant, avaitl’air
d’être plongé danslesang jusqu’aux sourcils.Ilappuyait surchaque adjectif exprimant l’horreur,ets’identifiait avec
chacun destémoins del’enquête.
Nousl’entendions gémircomme lavictime : « C’enestfait demoi ! » etcomme
l’assassin, mugird’untonféroce : « Jevaisrégler votrecompte ! » Ilnous fitladéposition médicale,enimitant sanss’y
tromper lepraticien denotre endroit.
Ilbégaya entremblant commelevieux gardien delabarrière quiavait entendu
les coups, avecuneimitation siparfaite decet invalide àmoitié paralysé, qu’ilétait permis dedouter delacompétence
morale decetémoin.
Entrelesmains deM. Wopsle, lecoroner devintTimon d’Athènes, etlebedeau, Coriolan.
M. Wopsle étaitenchanté delui-même etnous enétions tousenchantés aussi.Danscetagréable étatd’esprit, nous
rendîmes unverdict demeurtre avecpréméditation.
Alors, etseulement alors,jem’aperçus delaprésence d’unindividu étranger aupays quiétait assis surlebanc en
face demoi, etqui regardait demon côté.
Uncertain airdemépris régnait surson visage, etilmordait lebout deson
énorme index,toutenexaminant lesfigures desspectateurs quientouraient M. Wopsle.
« Eh bien ! dit-ilàce dernier, dèsque celui-ci eutterminé salecture, vousavezarrangé toutcelaàvotre
satisfaction, jen’en doute pas ? »
Chacun levalesyeux ettressaillit, commesic’eût étél’assassin.
Ilnous regarda d’unairfroid ettout àfait
sarcastique.
« Coupable, c’estévident, fit-il.Allons, voyons, dites !
– Monsieur, réponditM. Wopsle, sansavoir l’airdevous connaître, jen’hésite pasàvous répondre : coupable,en
effet ! »
Là-dessus, nousreprîmes tousassez decourage pourfaireentendre unléger murmure d’approbation.
« Je lesavais, ditl’étranger, jesavais ceque vous pensiez etce que vous disiez ; maisjevais vous faireune
question.
Savez-vous, ounesavez-vous pasque laloi anglaise suppose touthomme innocent, jusqu’àcequ’on ait
prouvé...
prouvé...etencore prouvé qu’ilestcoupable.
– Monsieur, commençaM. Wopsle, enma qualité d’Anglais, je...
– Allons ! ditl’étranger àM. Wopsle, enmordant sonindex, n’éludez paslaquestion.
Ouvous lesavez, ouvous ne
le savez pas.Lequel desdeux ? »
Il tenait satête enavant, soncorps enarrière, d’unefaçoninterrogative, etilétendait sonindex versM. Wopsle.
« Allons, dit-il,lesavez-vous ounelesavez-vous pas ?
– Certainement, jelesais, répondit M. Wopsle.
– Alors, pourquoi nel’avez-vous pasdittout desuite ? Jevais vous faireuneautre question, continual’étranger, en
s’emparant deM. Wopsle, commes’ilavait desdroits surlui : Savez-vous qu’aucundestémoins n’aencore subide
contre-interrogatoire ? »
M. Wopsle commençait :
« Tout ceque jepuis dire, c’est que... »
Quand l’étranger l’arrêta.
« Comment, vousnepouvez pasrépondre : ouiounon !...
Jevais vous éprouver encoreunefois. »
Il étendit sondoigt verslui.
« Attention ! Savez-vousounesavez-vous pasqu’aucun destémoins n’aencore subidecontre-interrogatoire ?....
»
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