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Philippe ARIÈS, L'enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime

Publié le 21/06/2012

Extrait du document

 

A partir d'une certaine période (problème obsédant d'origine sur

lequel je reviendrai), en tout cas d'une manière définitive et impérative

à partir de la fin du xviie siècle, un changement considérable est

intervenu dans l'état des moeurs que je viens d'analyser. On peut le

saisir à partir de deux approches distinctes. L'école s'est substituée à

l'apprentissage comme moyen d'éducation. Cela veut dire que l'enfant

a cessé d'être mélangé aux adultes et d'apprendre la vie directement

à leur contact Malgré beaucoup de réticences et de retards, il a été

séparé des adultes, et maintenu à l'écart dans une manière de quarantaine,

avant d'être lâché dans le monde. Cette quarantaine, c'est l'école,

le collège. Commence alors un long processus d'enfermement des

enfants (comme des fous, des pauvres et des prostituées) qui ne cessera

plus de s'étendre jusqu'à nos jours et qu'on appelle la scolarisation.

Cette mise à part - et à la raison - des enfants doit être interprétée

comme l'une des faces de la grande moralisation des hommes par les

réformateurs catholiques ou protestants, d'Église, de robe ou d'État.

« à leur contact Malgré beaucoup de réticences et de retards, il a été séparé des adultes, et maintenu à l'écart dans une manière de quaran­ taine, avant d'être lâché dans le monde.

Cette quarantaine, c'est l'école, le collège.

Commence alors un long processus d'enfermement des enfants (comme des fous, des pauvres et des prostituées) qui ne ces­ sera plus de s'étendre jusqu'à nos jours et qu'on appelle la scolarisation.

Cette mise à part -et à la raison -des enfants doit être interprétée comme l'une des faces de la grande moralisation des hommes par les réformateurs catholiques ou protestants, d'Église, de robe ou d'État.

Mais elle n'aurait pas été possible dans les faits sans la complicité sen­ timentale des familles, et c'est la seconde approche du phénomène que je voudrais souligner.

La famille est devenue un lieu d'affection néces­ saire entre les époux et entre parents et enfants, ce qu'elle n'était pas auparavant.

Cette affection s'exprime surtout par la place désormais reconnue à l'éducation.

Il ne s'agit plus seulement d'établir ses enfants en fonction du bien et de l'honneur.

Sentiment tout à fait nouveau : les parents s'intéressent aux études de leurs enfants et les suivent avec une sollicitude habituelle aux XIXe et xxe siècles, mais inconnue autre­ fois.

Jean Racine écrit à son fils Louis à propos de ses professeurs comme un père d'aujourd'hui (ou d'hier, d'un hier très proche).

La famille commence alors à s'organiser autour de l'enfant, à lui donner une importance telle qu'il sort de son ancien anonymat, qu'on ne peut pas sans grande peine le perdre et le remplacer, qu'on ne peut pas non plus le répéter trop souvent, et qu'il convient de limiter son nombre pour mieux s'en occuper.

Rien d'étonnant à ce que cette révo­ lution scolaire et sentimentale s'accompagnât à la longue d'un mal­ thusianisme démographique, d'une réduction volontaire des naissan­ ces, observable dès le xvme siècle.

Questions: 1.

Résumez ce texte en Il 0 mots (tolérance : 10 mots en plus ou en moins).

Précisez le nombre de mots que vous avez utilisés.

2.

Expliquez : -et à la raison, - établir ses enfants, - malthusianisme démographique.

3.

Discussion: L'auteur du texte définit la scolarisation comme « l'enferme­ ment » des enfants.

En vous appuyant sur votre expérience per­ sonnelle et sur l'observation de ce qui vous entoure, vous expri­ merez, dans un développement organisé, votre opinion sur cette définition.

Barème de notation : Question 1 : 8 points - Question 2 : 2 points - Question 3 : JO points.. »

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