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Pippin s’en fut avec une demi-douzaine de gars sur des poneys.

Publié le 30/03/2014

Extrait du document

Pippin s’en fut avec une demi-douzaine de gars sur des poneys. « À bientôt ! cria-t-il. Ça ne fait que quatorze milles environ par les champs. Je vous ramènerai une armée de Touque dans la matinée. « Merry lança derrière eux une sonnerie de cor, comme ils s’éloignaient dans la nuit tombante. Les gens poussèrent des acclamations.

« Tout de même, dit Frodon à tous ceux qui se trouvaient autour de lui, j’aimerais qu’il n’y ait pas de tuerie, pas même des bandits, à moins que ce ne soit nécessaire pour les empêcher de faire du mal à des hobbits. «

« Bon ! dit Merry. Mais on va recevoir une visite de la bande de Hobbitebourg d’un instant à l’autre, maintenant, je pense. Ils ne vont pas venir simplement pour discuter. On essayera d’en venir à bout avec dextérité, mais il faut être prêts au pire. Or, j’ai un plan. «

« Très bien, dit Frodon. Charge-toi des dispositions. «

À ce moment même, des hobbits qui avaient été envoyés vers Hobbitebourg arrivèrent en courant. « Ils iennent ! dirent-ils. Une vingtaine au moins. Mais deux sont partis vers l’ouest à travers champs. «

« Ce doit être vers le Carrefour, dit Chaumine, pour en chercher d’autres. Eh bien, ça fait quinze milles dans les deux sens. Il n’y a pas à se préoccuper d’eux pour l’instant. «

Merry se hâta d’aller donner des ordres. Le Père Chaumine fit place nette dans la rue, renvoyant chacun chez soi, hormis les plus vieux hobbits qui avaient des armes de quelque sorte. Ils n’eurent pas longtemps à attendre. Ils entendirent bientôt des voix fortes, puis un piétinement lourd, et tout un peloton de bandits descendit la route. À la vue de la barrière, ils s’esclaffèrent. Ils n’imaginaient pas que rien dans ce petit pays pût tenir contre une vingtaine de leur espèce réunis.

Les hobbits ouvrirent la barrière et s’écartèrent. « Merci ! dirent les Hommes par moquerie. Et maintenant, rentrez vite vous coucher si vous ne voulez pas recevoir le fouet. « Puis ils parcoururent la rue, criant : « Éteignez ces lumières ! Rentrez chez vous et restez-y ! Ou on emmènera cinquante d’entre vous aux Trous prisons pour un an. Rentrez ! Le Patron commence à perdre patience. «

Personne ne tint compte de leurs injonctions, mais, au fur et à mesure du passage des bandits, ils se rejoignaient tranquillement derrière eux pour les suivre. Quand les Hommes atteignirent le feu, le Père Chaumine se tenait là tout seul, à se chauffer les mains.

« Qui êtes-vous, et que faites-vous là ? « dit le chef des bandits.

Le Père Chaumine le regarda posément. « C’est exactement ce que j’allais vous demander, dit-il. Ce n’est pas otre pays, et on ne vous veut pas. «

« Eh bien, nous vous voulons en tout cas, dit le chef. On vous veut. Saisissez le, les gars ! Les Trous prisons pour lui, et donnez-lui en pour le faire tenir tranquille ! «

Les Hommes firent un pas, mais s’arrêtèrent court. Une clameur s’élevait tout autour d’eux, et ils se rendirent brusquement compte que le Père Chaumine n’était pas seul. Ils étaient cernés. Dans l’obscurité en ordure de la lumière du feu se tenait un cercle de hobbits, surgis de l’ombre. Ils étaient près de deux cents, tous munis d’une arme.

Merry s’avança. « Nous nous sommes déjà rencontrés, dit-il au chef, et je vous avais averti de ne pas revenir. Je vous préviens de nouveau : vous êtes en pleine lumière et vous êtes entouré d’archers. Si vous portez un seul doigt sur ce fermier ou sur quiconque d’autre, vous serez immédiatement abattu. Déposez toutes les armes que ous pourriez avoir ! «

Le chef jeta un regard circulaire. Il était pris au piège. Mais il n’était pas effrayé, avec une vingtaine des siens pour l’appuyer. Il connaissait trop peu les hobbits pour comprendre le danger où il était. Il décida stupidement de se battre. Il serait facile de se frayer un chemin de retraite.

« Sus à eux ! cria-t-il. Donnez-leur leur compte ! «

Un long couteau dans une main et un gourdin dans l’autre, il se précipita sur le cercle, essayant de le rompre pour regagner Hobbitebourg. Il voulut porter un coup sauvage à Merry qui lui barrait le passage. Il tomba mort, percé de quatre flèches.

C’en fut assez pour les autres. Ils se rendirent. On leur enleva leurs armes, on les lia les uns aux autres, et ils furent emmenés à une cabane vide qu’ils avaient eux-mêmes construite, là, ils furent solidement ligotés et enfermés sous bonne garde. Le chef mort fut traîné à l’écart et enterré.

« Ça paraît presque trop facile après tout, hein ? dit Chaumine. J’avais dit qu’on pouvait les mater. Mais on avait besoin d’un appel. Vous êtes revenu juste à point, Monsieur Merry. «

« Il y a encore beaucoup à faire, répondit Merry. Si votre compte est exact, nous n’en avons encore liquidé que le dixième. Mais il fait nuit à présent. Je pense que le prochain coup devra attendre le matin. Il faudra alors rendre visite au Chef. «

« Pourquoi pas tout de suite ? dit Sam. Il n’est guère plus de six heures. Et je veux voir mon vieux. Savez-vous ce qu’il est advenu de lui, Monsieur Chaumine ? «

« Il n’est pas trop bien, et pas trop mal, Sam, dit le fermier. Ils ont défoncé le Chemin des Trous du Talus, et ça lui a porté un rude coup. Il est dans une de ces nouvelles maisons que les Hommes du Chef construisaient quand ils faisaient encore autre chose que brûler et voler : pas à plus d’un mille du bout de Lézeau. Mais il vient me voir, quand il en a la possibilité, et je veille à ce qu’il soit mieux nourri que certains de ces pauvres types. Tout à fait contre Les Règles, bien sûr. Je l’aurais bien pris avec moi, mais ce n’était pas permis. «

« Je vous remercie de tout cœur, Monsieur Chaumine, et je ne l’oublierai jamais, dit Sam. Mais je veux le

oir. Le Patron et ce Sharcoux, dont ils ont parlé, ils pourraient faire quelque malheur là-bas avant le matin. «

« Bon, Sam, dit Chaumine. Choisis un gars ou deux, et amène le chez moi. Tu n’auras pas besoin d’approcher du vieux village de Hobbitebourg de l’autre côté de l’Eau. Mon Jolly, ici présent, te montrera. «

Sam partit. Merry établit une surveillance autour du village et des gardes aux barrières pour la nuit. Après quoi, lui et Frodon s’en furent avec le Père Chaumine. Ils s’assirent avec la famille dans la chaude cuisine, et les Chaumine posèrent quelques questions de politesse sur leurs voyages, mais n’écoutèrent guère les réponses : ils se préoccupaient beaucoup plus des événements de la Comté.

« Tout a commencé avec La Pustule, comme on l’appelle, dit le Père Chaumine, et ça a commencé aussitôt après votre départ, Monsieur Frodon. Il avait de drôles d’idées, ce La Pustule. Il semble qu’il voulait tout posséder en personne, et puis faire marcher les autres. Il se révéla bientôt qu’il en avait déjà plus qu’il n’était bon pour lui, et il était tout le temps à en raccrocher davantage, et c’était un mystère d’où il tirait l’argent : des moulins et des malteries, des auberges, des fermes et des plantations d’herbe. Il avait déjà acheté le moulin de Rouquin avant de venir à Cul de Sac, apparemment.

« Il avait commencé, bien sûr, par une masse de propriétés dans le Quartier Sud, qu’il avait eues de son papa, et il semble qu’il vendait un tas de la meilleure feuille, et qu’il l’envoyait en douce au loin depuis un an ou deux. Mais à la fin de l’année dernière, il avait commencé à envoyer des tas de marchandises, pas seulement de l’herbe. Les choses commencèrent à se raréfier, et l’hiver venait, aussi. Les gens s’en irritèrent, mais il avait une réponse toute prête. Un grand nombre d’Hommes, pour la plupart des bandits, vinrent avec de grandes charrettes, les uns pour emporter les marchandises au loin dans le Sud, d’autres pour rester. Et il en vint davantage. Et avant qu’on sût où on en était, ils étaient plantés par-ci par-là dans toute la Comté, et ils abattaient des arbres, creusaient, se construisaient des baraquements et des maisons exactement selon leur bon plaisir. Au début, les marchandises et les dommages furent payés par La Pustule, mais ils ne tardèrent pas à tout régenter partout et à prendre ce qu’ils voulaient.

« Et puis il y eut quelques troubles, mais pas suffisamment. Le vieux Will le Maire partit pour Cul de Sac afin de protester mais il n’y arriva jamais. Des bandits mirent la main sur lui et l’enfermèrent dans un trou à Grand’Cave, où il est toujours. Après cela, c’était peu après le Nouvel An, il n’y eut plus de Maire et La Pustule s’appela Shiriffe en Chef, ou simplement Chef, et fit ce qui lui plaisait, et si quelqu’un se montrait « arrogant «, comme ils disaient, il prenait le même chemin que Will. Ainsi, tout alla de mal en pis. Il ne restait plus rien à fumer, sinon pour les Hommes, et le Chef, qui n’en tenait pas pour la bière, sauf pour ses Hommes, ferma toutes les auberges, et tout, à part les Règles, devint de plus en plus rare, à moins qu’on ne pût cacher un peu de ce qui nous appartenait, quand les bandits faisaient leur tournée de ramassage pour « une juste distribution « : ce qui signifiait qu’ils l’avaient et pas nous, excepté les restes qu’on obtenait aux Maisons des Shiriffes, si on pouvait les avaler. Tout était très mauvais. Mais, depuis l’arrivée de Sharcoux, ç’a été la ruine pure. «

« Qui est ce Sharcoux ? demanda Merry. J’ai entendu parler de lui par l’un des bandits. «

« Le plus grand bandit de tout le tas, semble-t-il, répondit Chaumine. C’est vers la dernière moisson, à la fin de Septembre peut-être, qu’on a entendu parler de lui pour la première fois. On ne l’a jamais vu, mais il est là-haut à Cul de Sac, et c’est lui le véritable Chef à présent, je pense. Tous les bandits font ce qu’il ordonne, et ce qu’il ordonne, c’est surtout : taillez, brûlez et ruinez, et maintenant, ça en vient à tuer. Il n’y a plus même de mauvaises raisons. Ils coupent les arbres et les laissent là, ils brûlent les maisons et ne construisent plus.

« Prenez le moulin de Rouquin, par exemple. La Pustule l’a abattu presque dès son arrivée à Cul de Sac. Puis il a amené un tas d’hommes malpropres pour en bâtir un plus grand et le remplir de roues et de machins étrangers. Seul cet idiot de Tom a été content, et il travaille à astiquer les roues pour les Hommes, là où son papa était le Meunier et son propre maître. L’idée de La Pustule était de moudre davantage et plus vite, ou c’est ce qu’il disait. Il a d’autres moulins semblables. Mais il faut avoir du blé pour moudre, et il n’y en avait pas plus pour le nouveau moulin que pour l’ancien. Mais depuis l’arrivée de Sharcoux on ne moud plus de grain du tout. Ils sont toujours à marteler et à émettre de la fumée et de la puanteur, et il n’y a plus de paix à Hobbitebourg, même la nuit. Et ils déversent des ordures exprès, ils ont pollué toute l’Eau inférieure, et ça descend jusque dans le Brandevin. S’ils veulent faire de la Comté un désert, ils prennent le chemin le plus court. Je ne crois pas que cet idiot de La Pustule soit derrière tout cela. C’est Sharcoux, m’est avis. «

« C’est exact ! dit le Jeune Tom, intervenant. Ils ont même emmené la vieille maman de La Pustule, cette Lobelia, et il l’aimait bien, s’il était le seul. Des types de Hobbitebourg l’ont vue. Elle a descendu le chemin avec son vieux parapluie. Quelques bandits montaient avec une grande charrette.

« Où allez-vous ? « demanda-t-elle.

« À Cul de Sac «, qu’ils répondent.

« Pour quoi faire ? « dit-elle.

« Pour monter des hangars pour Sharcoux «, qu’ils disent.

« Qui vous l’a permis ? « demanda-t-elle.

« Sharcoux, qu’ils répondent. Alors sortez de la route, vieille chicaneuse ! «

« Je vais vous donner du Sharcoux, sales voleurs de bandits ! « qu’elle dit, et la voilà qui brandit son parapluie et tombe sur le chef, qui était bien deux fois plus grand qu’elle. Alors ils l’ont prise. Ils l’ont entraînée aux Trous-prisons, et à son âge ! Ils en ont pris d’autres qu’on regrette davantage, mais y a pas à nier qu’elle ait

montré plus de cran que la plupart. «

Au milieu de cette conversation, vint Sam, tout bouillant, avec son ancien. Le Vieux Gamegie ne paraissait pas avoir pris beaucoup d’âge, mais il était un peu plus sourd.

« Bonsoir, Monsieur Sacquet ! dit-il. Je suis bien heureux vraiment de vous voir revenu sain et sauf. Mais ’ai un petit compte à régler avec vous en quelque sorte, sauf votre respect. Vous auriez jamais dû vendre Cul de Sac, je l’ai toujours dit. C’est de ça qu’est parti tout le mal. Et pendant que vous alliez vagabonder dans les pays étrangers, à chasser les Hommes Noirs dans les montagnes, à ce que dit mon Sam et pourquoi, il ne me l’a pas trop expliqué ils sont venus défoncer le Chemin des Trous du Talus et ruiner mes patates ! «

« Je suis navré, Monsieur Gamegie, dit Frodon. Mais maintenant que je suis rentré, je ferai de mon mieux pour vous dédommager. «

« Ah bien, vous ne pouvez dire mieux, répondit l’Ancien. M.Frodon Sacquet est un vrai gentil hobbit, j’ai toujours dit ça, quoi qu’on puisse penser d’autres gens du même nom, sauf votre respect. Et j’espère que mon Sam s’est bien conduit et qu’il vous a donné satisfaction ? «

« Parfaite satisfaction, Monsieur Gamegie, dit Frodon. En fait, si vous voulez bien me croire, il est maintenant un des personnages les plus fameux dans tous les pays, et on fait des chansons sur ses exploits d’ici à la Mer et au-delà du Grand Fleuve. « Sam rougit, mais il jeta un regard reconnaissant à Frodon, car les yeux de Rosie brillaient, et elle lui souriait.

« Ça fait beaucoup à croire, dit l’Ancien, quoique je voie qu’il a été mêlé à une étrange compagnie. Qu’est devenu son gilet ? Je ne suis pas beaucoup pour porter de la quincaillerie, qu’elle fasse bon usage ou non. «

La maisonnée du Père Chaumine et tous ses hôtes furent sur pied de bonne heure le lendemain matin. On n’avait rien entendu durant la nuit, mais d’autres ennuis surviendraient certainement avant peu. « Il semble qu’il ne reste aucun bandit à Cul de Sac, dit Chaumine, mais la bande de Carrefour sera ici d’un moment à l’autre, maintenant. «

Après le petit déjeuner, un messager arriva du Pays de Touque. Il était plein d’entrain. « Le Thain a levé tout notre pays, dit-il, et la nouvelle se répand de tous côtés comme une traînée de poudre. Les bandits qui nous observaient se sont enfuis vers le sud, du moins ceux qui se sont échappés vivants. Le Thain les a poursuivis pour tenir à distance la bande qui se trouve là-bas, mais il a renvoyé M. Peregrïn avec tous les autres gens dont il peut se passer. «

La nouvelle suivante fut moins bonne. Merry, qui était parti toute la nuit, rentra vers dix heures. « Il y a une grande bande à environ quatre milles, dit-il. Elle vient par la route du Carrefour, mais un bon nombre de bandits isolés se sont joints à eux. Ils doivent être bien près d’une centaine, et ils incendient tout au passage. Malédiction ! «

« Ah ! Ceux-là ne s’arrêteront pas à parler, ils tueront s’ils le peuvent, dit le Père Chaumine. Si les Touque n’arrivent pas avant, on ferait mieux de se mettre à l’abri et de tirer sans discussion. Il y aura un combat avant que tout ne soit réglé, Monsieur Frodon, c’est inévitable. «

Mais les Touque arrivèrent avant. Ils firent bientôt leur entrée, au nombre d’une centaine, venant de Bourg de Touque et des Collines Vertes avec Pippin à leur tête. Merry eut alors suffisamment de robuste hobbiterie pour recevoir les bandits. Des éclaireurs rendirent compte que ceux-ci se tenaient en troupe compacte. Ils savaient que le pays s’était soulevé contre eux, et ils avaient clairement l’intention de réprimer impitoyablement la rébellion, en son centre de Lézeau. Mais, si menaçants qu’ils pussent être, ils semblaient n’avoir parmi eux aucun chef qui s’entendît à la guerre. Ils avançaient sans aucune précaution. Merry établit vite ses plans.

Les bandits arrivèrent d’un pas lourd par la Route de l’Est, et tournèrent sans s’arrêter dans la Route de Lézeau, qui montait sur une certaine distance entre de hauts talus surmontés de haies basses. Derrière un coude, à environ un furlong de la route principale, ils se trouvèrent devant une forte barricade faite de vieilles charrettes renversées. Cela les arrêta. Ils s’aperçurent au même moment que les haies des deux côtés, juste au-dessus de leurs têtes, étaient entièrement bordées de hobbits. Derrière eux, d’autres poussèrent encore des charrettes qui étaient cachées dans les champs, et bloquèrent ainsi la retraite. Une voix parla d’en haut.

« Eh bien, vous avez pénétré dans un piège, dit Merry. Vos amis de Hobbitebourg ont fait de même, l’un d’eux est mort, et les autres sont prisonniers. Jetez bas vos armes ! Puis retournez de vingt pas en arrière et asseyez-vous. Quiconque tentera de s’échapper sera abattu. «

Mais les bandits ne se laissèrent pas aussi aisément intimider, à présent. Quelques-uns obéirent, mais ils furent aussitôt invectivés par leurs camarades. Une vingtaine ou davantage se ruèrent en arrière et chargèrent les charrettes. Six furent abattus, mais les autres sortirent en trombe, tuant deux hobbits, et ils se dispersèrent dans la campagne en direction du Bout des Bois. Deux autres tombèrent dans leur course. Merry lança un puissant appel de cor, et des sonneries répondirent au loin.

« Ils ne feront pas beaucoup de chemin, dit Pippin. Toute la région fourmille de nos chasseurs, à présent. «

Derrière, les quatre-vingts Hommes environ pris au piège dans le chemin essayèrent d’escalader la barrière et les talus, et les hobbits durent en abattre un bon nombre à l’arc ou à la hache. Mais une certaine quantité des plus robustes et des plus acharnés sortirent, du côté ouest, et, plus déterminés à tuer qu’à s’échapper, attaquèrent furieusement leurs ennemis. Plusieurs hobbits tombèrent, et les autres fléchissaient, quand Merry et Pippin, qui se trouvaient du côté est, traversèrent et chargèrent les bandits. Merry lui-même tua le chef, une

« voir.

Le Patron et ce Sharcoux, dont ils ont parlé, ils pourraient faire quelque malheur là -bas avant le matin. » « Bon, Sam, dit Chaumine.

Choisis un gars ou deux, et amène le chez moi.

Tu n’auras pas besoin d’approcher du vieux village de H obbitebourg de l’autre côté de l’Eau.

Mon Jolly, ici présent, te montrera.

» Sam partit.

Merry établit une surveillance autour du village et des gardes aux barrières pour la nuit.

Après quoi, lui et Frodon s’en furent avec le Père Chaumine.

Ils s’ assirent avec la famille dans la chaude cuisine, et les Chaumine posèrent quelques questions de politesse sur leurs voyages, mais n’écoutèrent guère les réponses : ils se préoccupaient beaucoup plus des événements de la Comté. « Tout a commencé avec La Pus tule, comme on l’appelle, dit le Père Chaumine, et ça a commencé aussitôt après votre départ, Monsieur Frodon.

Il avait de drôles d’idées, ce La Pustule.

Il semble qu’il voulait tout posséder en personne, et puis faire marcher les autres.

Il se révéla bien tôt qu’il en avait déjà plus qu’il n’était bon pour lui, et il était tout le temps à en raccrocher davantage, et c’était un mystère d’où il tirait l’argent : des moulins et des malteries, des auberges, des fermes et des plantations d’herbe.

Il avait déjà a cheté le moulin de Rouquin avant de venir à Cul de Sac, apparemment. « Il avait commencé, bien sûr, par une masse de propriétés dans le Quartier Sud, qu’il avait eues de son papa, et il semble qu’il vendait un tas de la meilleure feuille, et qu’il l’envoya it en douce au loin depuis un an ou deux.

Mais à la fin de l’année dernière, il avait commencé à envoyer des tas de marchandises, pas seulement de l’herbe.

Les choses commencèrent à se raréfier, et l’hiver venait, aussi.

Les gens s’en irritèrent, mais il a vait une réponse toute prête.

Un grand nombre d’Hommes, pour la plupart des bandits, vinrent avec de grandes charrettes, les uns pour emporter les marchandises au loin dans le Sud, d’autres pour rester.

Et il en vint davantage.

Et avant qu’on sût où on en était, ils étaient plantés par -ci par - là dans toute la Comté, et ils abattaient des arbres, creusaient, se construisaient des baraquements et des maisons exactement selon leur bon plaisir.

Au début, les marchandises et les dommages furent payés par La Pust ule, mais ils ne tardèrent pas à tout régenter partout et à prendre ce qu’ils voulaient. « Et puis il y eut quelques troubles, mais pas suffisamment.

Le vieux Will le Maire partit pour Cul de Sac afin de protester mais il n’y arriva jamais.

Des bandits mir ent la main sur lui et l’enfermèrent dans un trou à Grand’Cave, où il est toujours.

Après cela, c’était peu après le Nouvel An, il n’y eut plus de Maire et La Pustule s’appela Shiriffe en Chef, ou simplement Chef, et fit ce qui lui plaisait, et si quelqu’u n se montrait « arrogant », comme ils disaient, il prenait le même chemin que Will.

Ainsi, tout alla de mal en pis.

Il ne restait plus rien à fumer, sinon pour les Hommes, et le Chef, qui n’en tenait pas pour la bière, sauf pour ses Hommes, ferma toutes les auberges, et tout, à part les Règles, devint de plus en plus rare, à moins qu’on ne pût cacher un peu de ce qui nous appartenait, quand les bandits faisaient leur tournée de ramassage pour « une juste distribution » : ce qui signifiait qu’ils l’avaient e t pas nous, excepté les restes qu’on obtenait aux Maisons des Shiriffes, si on pouvait les avaler.

Tout était très mauvais.

Mais, depuis l’arrivée de Sharcoux, ç’a été la ruine pure. » « Qui est ce Sharcoux ? demanda Merry.

J’ai entendu parler de lui par l ’un des bandits.

» « Le plus grand bandit de tout le tas, semble -t- il, répondit Chaumine.

C’est vers la dernière moisson, à la fin de Septembre peut -être, qu’on a entendu parler de lui pour la première fois.

On ne l’a jamais vu, mais il est là- haut à Cul d e Sac, et c’est lui le véritable Chef à présent, je pense.

Tous les bandits font ce qu’il ordonne, et ce qu’il ordonne, c’est surtout : taillez, brûlez et ruinez, et maintenant, ça en vient à tuer.

Il n’y a plus même de mauvaises raisons.

Ils coupent les a rbres et les laissent là, ils brûlent les maisons et ne construisent plus.

« Prenez le moulin de Rouquin, par exemple.

La Pustule l’a abattu presque dès son arrivée à Cul de Sac.

Puis il a amené un tas d’hommes malpropres pour en bâtir un plus grand et le remplir de roues et de machins étrangers.

Seul cet idiot de Tom a été content, et il travaille à astiquer les roues pour les Hommes, là où son papa était le Meunier et son propre maître.

L’idée de La Pustule était de moudre davantage et plus vite, ou c’est ce qu’il disait.

Il a d’autres moulins semblables.

Mais il faut avoir du blé pour moudre, et il n’y en avait pas plus pour le nouveau moulin que pour l’ancien.

Mais depuis l’arrivée de Sharcoux on ne moud plus de grain du tout.

Ils sont toujours à martele r et à émettre de la fumée et de la puanteur, et il n’y a plus de paix à Hobbitebourg, même la nuit.

Et ils déversent des ordures exprès, ils ont pollué toute l’Eau inférieure, et ça descend jusque dans le Brandevin.

S’ils veulent faire de la Comté un dése rt, ils prennent le chemin le plus court.

Je ne crois pas que cet idiot de La Pustule soit derrière tout cela.

C’est Sharcoux, m’est avis. » « C’est exact ! dit le Jeune Tom, intervenant.

Ils ont même emmené la vieille maman de La Pustule, cette Lobelia, e t il l’aimait bien, s’il était le seul.

Des types de Hobbitebourg l’ont vue.

Elle a descendu le chemin avec son vieux parapluie.

Quelques bandits montaient avec une grande charrette. « Où allez- vous ? » demanda -t- elle.

« À Cul de Sac », qu’ils répondent.

« Pour quoi faire ? » dit -elle.

« Pour monter des hangars pour Sharcoux », qu’ils disent.

« Qui vous l’a permis ? » demanda- t- elle.

« Sharcoux, qu’ils répondent.

Alors sortez de la route, vieille chicaneuse ! » « Je vais vous donner du Sharcoux, sales voleu rs de bandits ! » qu’elle dit, et la voilà qui brandit son parapluie et tombe sur le chef, qui était bien deux fois plus grand qu’elle.

Alors ils l’ont prise.

Ils l’ont entraînée aux Trous - prisons, et à son âge ! Ils en ont pris d’autres qu’on regrette dav antage, mais y a pas à nier qu’elle ait. »

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