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PLAN CHRONOLOGIQUE. LE DEPART DE GALESWINTHE.

Publié le 28/04/2011

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   Hilperik, fils de Clother Ier est devenu roi de Neustrie à la mort de son père. Le roi des Goths, en Espagne, Athanaghild, vient d'accorder la main de sa fille, Galeswinthe, aux ambassadeurs d'Hilperïk. Le texte qui suit, extrait des Récits des Temps Mérovingiens, d'Augustin Thierry, nous fait assister au départ de la jeune fille. On étudiera, dans cette narration : 1. l'art des préparations dramatiques ; 2. l'enchaînement pathétique des péripéties ; 3. la vivacité de la scène-nœud ; 4. la brièveté du dénouement.    A travers tous les incidents de cette longue, négociation, Galeswinthe n'avait cessé d'éprouver une grande répugnance pour l'homme auquel on la destinait, et de vagues inquiétudes pour l'avenir. Les promesses faites au nom du roi Hilpérik par les ambassadeurs franks n'avaient pu la rassurer. Dès qu'elle apprit que son sort venait d'être fixé d'une manière irrévocable, saisie d'un mouvement de terreur, elle courut vers sa mère et, jetant ses bras autour d'elle comme un enfant qui cherche du secours, elle la tint embrassée plus d'une heure en pleurant et sans dire un mot. Les ambassadeurs franks se présentèrent pour saluer la fiancée de leur roi et prendre ses ordres pour le départ ; mais, à la vue de ces deux femmes sanglotant sur le sein l'une de l'autre et se serrant si étroitement qu'elles paraissaient liées ensemble, tout rudes qu'ils étaient, ils furent émus et n'osèrent parler de voyage. Ils laissèrent passer deux jours, et le troisième, ils vinrent de nouveau se présenter devant la reine, en lui annonçant cette fois qu'ils avaient hâte de partir, lui parlant de l'impatience de leur roi et de la longueur du chemin. La reine pleura et demanda pour sa fille encore un jour de délai. Mais le lendemain, quand on vint lui dire que tout était prêt pour le départ : « Un seul jour encore «, répondit-elle, « et je ne demanderai plus rien ; savez-vous que là où vous emmenez ma fille, il n'y a plus de mère pour elle ? « Mais tous les retards possibles étaient épuisés ; Athanaghild interposa son autorité de roi et de père, et, malgré les larmes de la reine, Galeswinthe fut remise entre les mains de ceux qui avaient mission de la conduire auprès de son futur époux.    Une longue file de cavaliers, de voitures et de chariots de bagages traversa les rues de Tolède et se dirigea vers la porte du Nord. Le roi suivit à cheval le cortège de sa fille jusqu'à un pont jeté sur le Tage, à quelque distance de la ville ; mais la reine ne put se résoudre à retourner si vite, et voulut aller au delà. Quittant son propre char, elle s'assit auprès de Galeswinthe, et, d'étape en étape, de journée en journée, elle se laissa entraîner à plus de cent milles de distance. Chaque jour, elle disait : « C'est jusque-là que je veux aller «, et, parvenue a ce terme, elle passait outre. À l'approche des montagnes, les chemins devinrent difficiles ; elle ne s'en aperçut pas et voulut encore aller plus loin. Mais comme les gens qui la suivaient grossissaient beaucoup le cortège, augmentaient les embarras et les dangers du voyage, les seigneurs goths résolurent de ne pas permettre que leur reine fît un mille de plus. Il fallut se résigner à une séparation inévitable, et de nouvelles scènes de tendresse, mais plus calmes, eurent lieu entre la mère et la fille. La reine exprima, en paroles douces, sa tristesse et ses craintes maternelles : « Sois heureuse, dit-elle ; mais j'ai peur pour toi. Prends garde, ma fille, prends bien garde... « A ces mots, qui s'accordaient trop bien avec ses propres pressentiments, Galeswinthe pleura et répondit : « Dieu le veut, il faut que je me soumette « ; et la triste séparation s'accomplit.    Augustin Thierry.

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