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Préface d'une anthologie poétique.

Publié le 26/04/2011

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Pendant longtemps, il n'y eut de poèmes que musicaux. Jusqu'au XVIe siècle, on n'imaginait pas de réciter des vers sans accompagnement musical. La poésie et la musique allaient de pair. Elles se séparèrent alors pour suivre chacune sa voie propre, sans pour autant renoncer à renouer, au passage et au gré des inspirations, certains liens intimes. Longtemps, chacune dans leur domaine, elles évoluèrent du même pas. Soudain, à notre époque, en ce XXe siècle où tout change, où la rupture avec le passé s'accentue au point de devenir angoissante, la poésie semble perdre du terrain. Devenue plus difficile, voire hermétique, beaucoup moins familière, et moins populaire aussi, elle cède la place à la musique, qui déferle sur nous comme marée d'équinoxe. Grâce aux disques, aux cassettes, aux radios de toutes sortes, la musique triomphe enfin de sa sœur, devenue sa rivale. Elle règne à présent sans partage sur nos existences, nos pensées et nos lèvres.

Le rythme l'a emporté sur la rime. Les livres de poésie se vendent mal, les émissions et les journaux littéraires ne laissent plus qu'une place modeste aux poèmes, et les poètes eux-mêmes, devenus des chercheurs de laboratoire ou des donneurs de messages, semblent avoir renoncé à plaire à Margot ! Et pourtant... qui ne garde, au fond de sa mémoire, quelques bribes de poèmes à demi oubliés, quelques vers perdus, quelque complainte, fable, rondeau, madrigal, sonnet, élégie ou stance, qui reviennent à l'esprit au moindre prétexte ? En dépit des apparences, rares sont ceux qui ne se sont jamais réveillés poursuivis par l'écho de rimes tournant obstinément dans leur tête, ou endormis en se berçant de vers confusément ressurgis de la nuit et du souvenir. Au fond, la poésie tient une place beaucoup plus importante dans nos vies que nous ne le croyons. Combien d'amants ont soupiré : « O temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours ! « Mes parents répétaient à chaque occasion « Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille applaudit à grands cris. « En traversant des forêts déboisées, on murmure « Écoute, bûcheron, arrête un peu le bras ;... « En croisant une personne affligée d'un nez agressif, la tirade de Cyrano s'impose d'elle-même ; « Mais où sont les neiges d'antan ? « Certains vers sont devenus proverbes : La Fontaine n'a pas cessé de faire rimer bon sens avec harmonie poétique. Des centaines d'alexandrins ont porté nos émois et nos découvertes théâtrales : « Rome, l'unique objet de mon ressentiment. « « C'est Vénus tout entière à sa proie attachée. « « Le monde, chère Agnès, est une étrange chose. « « Bon appétit, messieurs ! — O ministres intègres ! « « Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle ? « « Rentre en toi-même, Octave, et cesse de te plaindre. « Des pièces qui nous ont enthousiasmés, les passages dont nous nous souvenons le mieux sont ceux dont les assonances heureuses continuent de chanter en nous bien longtemps après la chute du rideau. La poésie, c'est beaucoup plus qu'une forme littéraire, c'est la traduction anoblie de nos émotions, de nos rêves, de nos peines, de nos désirs. A travers le langage soudain magnifié, nous atteignons à la source même de ce qui nous fait agir, penser ou croire. Il est de grands thèmes lyriques qu'on retrouve dans toutes les poésies du monde, mais on peut également y découvrir d'humbles vérités quotidiennes. Dieu, l'amour, la mort, le lait de la tendresse humaine, ou l'horreur, la peur, la misère et la douleur s'y rencontrent sans cesse, mais aussi le pain, la lampe, un chien, l'aiguille, le puits, une larme sur une joue d'enfant, un pommier en fleur ou un crapaud. Tout est matière à poésie. Le plus grave est de l'avoir oublié. Ou, tout au moins, de le croire. En réalité, nous le savons plus ou moins consciemment, car la mémoire collective des Français en est peuplée. C'est là l'originalité d'un livre tel que celui-ci : redonner vie à cet héritage un peu oublié. Tout à coup, sous nos yeux, renaissent les mots ensorceleurs des poèmes, jadis appris, déjà lus, ou simplement feuilletés. Leurs accents ravivent des réminiscences endormies et nous projettent de nouveau dans le monde mystérieux où opère une étrange alchimie, celle des rimes et de la raison, des mots et des sensations, des accords qui nous bouleversent tout en nous faisant réfléchir. Contrairement à ce qu'on a pu croire, Poésie n'est pas morte. Elle n'est qu'endormie et demeure indispensable à la pensée humaine, dont elle est une des formes d'expression les plus anciennes et les plus spontanées. Nous redécouvrons que nous avons besoin d'elle pour rire et pour pleurer, pour maudire et pour aimer. Elle est notre amie et notre messagère. Un livre de poèmes n'est rien d'autre qu'un cœur ouvert, et il est grand temps qu'on redonne à un art qui a tenu une telle place dans l'histoire de la culture humaine le rôle qui lui revient dans la formation de nos sensibilités et de nos goûts : le premier. Flaubert disait : « Lisez pour vivre «. En ce siècle matérialiste et technique où nous sommes, ne pourrait-on pas ajouter : lisez des poèmes pour sauvegarder vos capacités de rêve, d'enthousiasme, d'imagination, pour conserver les possibilités d'évasion dont vous éprouvez un tel besoin, enfin pour vous réfugier ailleurs, dans le monde enchanté de l'harmonie poétique, là où tout est possible, là où il nous est donné d'enfourcher Pégase, le cheval ailé qui nous emporte, bien loin de la médiocrité de chaque jour, de nos soucis ou de nos angoisses, dans le « champ des étoiles « dont parlait Hugo dans un de ces vers admirables que nous n'avons pas le droit d'oublier. Jeanne Bourin, Les plus belles pages de la Poésie française, 1982. Vous ferez d'abord de ce texte, à votre gré, un résumé (en suivant le fil du développement) ou une analyse (en mettant en relief la structure logique de la pensée). Dans une seconde partie, que vous intitulerez discussion, vous dégagerez du texte un problème qui offre une réelle consistance et qui vous aura intéressé. Vous en préciserez les éléments et vous exposerez vos vues personnelles sous la forme d'une argumentation ordonnée menant à une conclusion.

« Tout est matière à poésie. Le plus grave est de l'avoir oublié.

Ou, tout au moins, de le croire.

En réalité, nous le savons plus ou moinsconsciemment, car la mémoire collective des Français en est peuplée. C'est là l'originalité d'un livre tel que celui-ci : redonner vie à cet héritage un peu oublié.

Tout à coup, sous nosyeux, renaissent les mots ensorceleurs des poèmes, jadis appris, déjà lus, ou simplement feuilletés.

Leurs accentsravivent des réminiscences endormies et nous projettent de nouveau dans le monde mystérieux où opère uneétrange alchimie, celle des rimes et de la raison, des mots et des sensations, des accords qui nous bouleversenttout en nous faisant réfléchir. Contrairement à ce qu'on a pu croire, Poésie n'est pas morte.

Elle n'est qu'endormie et demeure indispensable à lapensée humaine, dont elle est une des formes d'expression les plus anciennes et les plus spontanées. Nous redécouvrons que nous avons besoin d'elle pour rire et pour pleurer, pour maudire et pour aimer.

Elle est notreamie et notre messagère.

Un livre de poèmes n'est rien d'autre qu'un cœur ouvert, et il est grand temps qu'onredonne à un art qui a tenu une telle place dans l'histoire de la culture humaine le rôle qui lui revient dans laformation de nos sensibilités et de nos goûts : le premier. Flaubert disait : « Lisez pour vivre ».

En ce siècle matérialiste et technique où nous sommes, ne pourrait-on pasajouter : lisez des poèmes pour sauvegarder vos capacités de rêve, d'enthousiasme, d'imagination, pour conserverles possibilités d'évasion dont vous éprouvez un tel besoin, enfin pour vous réfugier ailleurs, dans le monde enchantéde l'harmonie poétique, là où tout est possible, là où il nous est donné d'enfourcher Pégase, le cheval ailé qui nousemporte, bien loin de la médiocrité de chaque jour, de nos soucis ou de nos angoisses, dans le « champ des étoiles» dont parlait Hugo dans un de ces vers admirables que nous n'avons pas le droit d'oublier. Jeanne Bourin, Les plus belles pages de la Poésie française, 1982. Vous ferez d'abord de ce texte, à votre gré, un résumé (en suivant le fil du développement) ou une analyse (enmettant en relief la structure logique de la pensée). Dans une seconde partie, que vous intitulerez discussion, vous dégagerez du texte un problème qui offre une réelleconsistance et qui vous aura intéressé.

Vous en préciserez les éléments et vous exposerez vos vues personnellessous la forme d'une argumentation ordonnée menant à une conclusion.. »

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