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qui suivirent ce coup, à la conclusion duquel Muggleton avait gagné deux points.

Publié le 15/12/2013

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qui suivirent ce coup, à la conclusion duquel Muggleton avait gagné deux points. Cependant Podder n'était pas moins actif à se couvrir de lauriers, dont l'éclat rejaillissait également sur Muggleton. Il bloquait les balles douteuses, laissait passer les mauvaises, prenait les bonnes et les faisait voler dans tous les coins de la plaine. Les coureurs étaient sur les dents. Les bouleurs furent changés et d'autres boulèrent jusqu'à ce que leur bras en devinssent roides ; mais Dumkins et Podder restèrent invaincus. Vainement la balle était lancée droit au centre du guichet, ils y arrivaient avant elle et la repoussaient au loin. Un gentleman d'un certain âge s'efforçait-il d'arrêter son mouvement, elle roulait entre ses jambes ou glissait entre ses doigts ; un mince gentleman essayait-il de l'attraper, elle lui choquait le nez et rebondissait plaisamment avec une nouvelle force, pendant que les yeux du joueur maladroit se remplissaient de larmes et que son corps se tordait par la violence de ses angoisses. Enfin, quand on fit le compte de Dumkins et de Podder, Muggleton avait marqué cinquante-quatre points, tandis que la marque des Dingley-Dellois était aussi blanche que leurs visages. L'avantage était trop grand pour être reconquis. Vainement l'impétueux Luffey, vainement l'enthousiaste Struggles firent-ils tout ce que l'expérience et le savoir pouvaient leur suggérer pour regagner le terrain perdu par Dingley-Dell, tout fut inutile, et bientôt Dingley-Dell fut obligé de reconnaître Muggleton pour son vainqueur. Cependant l'étranger à l'habit vert n'avait fait que boire, manger et parler à la fois et sans interruption. À chaque coup bien joué, il exprimait son approbation d'une manière pleine de condescendance et qui ne pouvait manquer d'être singulièrement flatteuse pour les joueurs qui la méritaient. Mais aussi, chaque fois qu'un joueur ne pouvait saisir la balle ou l'arrêter, il fulminait contre le maladroit. Ah ! stupide ! - Allons, maladroit ! - Imbécile ! - Cruche ! etc. Exclamations au moyen desquelles il se posait aux yeux des assistants, comme un juge excellent, infaillible dans tous les mystères du noble jeu de la crosse. « Fameuse partie ! bien jouée ! Certains coups admirables ! dit l'étranger à la fin du jeu, au moment où les deux partis se pressaient dans la tente. - Vous y jouez, monsieur ? demanda M. Wardle qui avait été amusé par sa loquacité. - Joué ? parbleu ! Mille fois. Pas ici ; aux Indes occidentales. Jeu entraînant ! chaude besogne, très-chaude ! - Ce jeu doit être bien échauffant dans un pareil climat ! fit observer M. Pickwick. - Échauffant ? Dites brûlant ! grillant ! dévorant ! Un jour, je jouais un seul guichet contre mon ami le colonel sir Thomas Blazo, à qui ferait le plus de points. Jouant à pile ou face qui commencera, je gagne : sept heures du matin : six indigènes pour ramasser les balles. Je commence. Je renvoie toutes les balles du colonel. Chaleur intense ! Les indigènes se trouvent mal. On les emporte. Une autre demi-douzaine les remplace ; ils se trouvent mal de même. Blazo joue, soutenu par deux indigènes. Moi, infatigable, je lui renvoie toujours ses balles. Blazo se trouve mal aussi. Enfoncé le colonel ! Moi, je ne veux pas cesser. Quanko Samba restait seul. Le soleil était rouge, les crosses brûlaient comme des charbons ardents, les balles avaient des boutons de chaleur. Cinq cent soixante-dix points ! Je n'en pouvais plus. Quanko recueille un reste de force. Sa balle renverse mon guichet ; mais je prends un bain, et vais dîner. - Et que devint ce monsieur... Chose ? demanda un vieux gentleman. - Qui ? Le colonel Blazo ? - Non, l'autre gentleman. - Quanko Samba ? - Oui, monsieur. - Pauvre Quanko ! n'en releva jamais, quitta le jeu, quitta la vie, mourut, monsieur ! » En prononçant ces mots, l'étranger ensevelit son visage dans un pot d'ale. Mais était-ce pour en savourer le contenu, ou pour cacher son émotion ? C'est ce que nous n'avons jamais pu éclaircir. Nous savons seulement qu'il s'arrêta tout à coup, qu'il poussa un long et profond soupir, et qu'il regarda avec anxiété deux des principaux membres du club de Dingley-Dell qui s'approchaient de M. Pickwick, et qui lui disaient : « Nous allons faire un modeste repas au Lion bleu. Nous espérons, monsieur, que vous voudrez bien y prendre part, avec vos amis. - Et naturellement, dit M. Wardle, parmi nos amis nous comptons monsieur..., et il se tourna vers l'étranger. - Jingle, répondit cet universel personnage. Alfred Jingle, esquire, de Sansterre. - J'accepte avec grand plaisir, dit M. Pickwick. - Et moi aussi, cria M. Alfred Jingle en prenant d'un côté le bras de M. Wardle, et, de l'autre, celui de M. Pickwick, et en murmurant à l'oreille de celui-ci : - Fameux dîner ! froid, mais bon. J'ai lorgné dans la chambre, ce matin : volailles et pâtés, et le reste. Charmantes gens, et polis par-dessus le marché, très-polis. » Comme il n'y avait point d'autres préliminaires à arranger, la compagnie traversa le bourg en petits groupes, et un quart d'heure après elle était tout entière assise dans la grande salle du Lion bleu de Muggleton. M. Dumkins remplit les fonctions de président, et M. Luffey celles de vice-président. Il y eut un grand cliquetis de paroles et d'assiettes, de fourchettes et de couteaux. Trois garçons couraient de tous côtés, et les mets substantiels disparaissaient rapidement. Le facétieux M. Jingle contribuait, au moins comme une demi-douzaine d'hommes ordinaires, à chacune de ces causes de confusion. Lorsque tous les convives eurent mangé autant qu'ils purent, la nappe fut enlevée ; des bouteilles, des verres et le dessert furent placés sur la table, et les garçons se retirèrent pour débarrasser, en d'autres termes pour s'approprier tous les restes mangeables ou buvables sur lesquels il leur fut possible de mettre la main. Bientôt on n'entendit plus dans la salle qu'un vaste murmure de conversations et d'éclats de rire. Il se trouvait là un petit homme bouffi, qui avait un air de « ne-me-dites-rien, ou-je-vouscontredirai, » et qui jusqu'alors était demeuré fort tranquille. Seulement, lorsque, par accident, la conversation se ralentissait, il regardait autour de lui, comme s'il avait eu envie de dire quelque chose de remarquable, et de temps en temps il faisait entendre une sorte de toux sèche d'une inexprimable dignité. À la fin, pendant un instant de silence comparatif, le petit homme s'écria d'une voix haute et solennelle : « Monsieur Luffey ! » Tout le monde se tut, et l'individu interpellé répliqua, au milieu d'un profond silence : « Monsieur ? » « Je désire vous adresser quelques paroles, monsieur, si vous voulez engager ces messieurs à remplir leurs verres. » M. Jingle, d'un ton protecteur, s'écria : « Écoutez ! écoutez ! » et ces paroles furent répétées en choeur par toute la compagnie. Le vice-président prit un air de gravité attentive et dit : « Monsieur Staple ? » « Monsieur ! dit le petit homme en se levant, je désire adresser ce que j'ai à dire à vous et non pas à notre digne président, parce que notre digne président est en quelque sorte, et je puis dire en grande partie, le sujet de ce que j'ai à dire, et je puis dire à... à... - À démontrer, suggéra M. Jingle. - Oui, à démontrer, reprit le petit homme ; je remercie mon honorable ami, s'il veut me permettre de l'appeler ainsi (quatre écoutez ! et un certainement de M. Jingle) pour la suggestion. Monsieur, je suis un Dellois, un Dingley-Dellois. (Applaudissements.) Je ne puis réclamer l'honneur d'ajouter une unité au chiffre de la population de Muggleton. Et je l'avouerai franchement, monsieur, je ne désire point cet honneur. Je vous dirai pourquoi, monsieur. (Écoutez !) Je reconnaîtrai volontiers à Muggleton toutes les distinctions, tous les honneurs qu'il peut réclamer ; ils sont trop nombreux et trop bien connus pour qu'il soit nécessaire que je les récapitule. Mais, monsieur, tandis que nous nous rappelons que

« soupir, etqu’il regarda avecanxiété deuxdesprincipaux membresduclub deDingley-Dell qui s’approchaient deM. Pickwick, etqui luidisaient : « Nous allonsfaireunmodeste repasau Lion bleu . Nous espérons, monsieur, quevous voudrez bien yprendre part,avecvosamis. – Et naturellement, ditM. Wardle, parminosamis nous comptons monsieur…, etilse tourna vers l’étranger. – Jingle, répondit cetuniversel personnage.

AlfredJingle, esquire, deSansterre. – J’accepte avecgrand plaisir, ditM. Pickwick. – Et moi aussi, criaM. Alfred Jingleenprenant d’uncôtélebras deM. Wardle, et,del’autre, celui deM. Pickwick, eten murmurant àl’oreille decelui-ci : – Fameux dîner !froid,maisbon.J’ailorgné danslachambre, cematin : volailles etpâtés, etle reste.

Charmantes gens,etpolis par-dessus lemarché, très-polis. » Comme iln’y avait point d’autres préliminaires àarranger, lacompagnie traversalebourg en petits groupes, etun quart d’heure aprèselleétait toutentière assisedanslagrande salledu Lion bleu de Muggleton. M. Dumkins remplitlesfonctions deprésident, etM. Luffey cellesdevice-président. Il yeut ungrand cliquetis deparoles etd’assiettes, defourchettes etde couteaux.

Troisgarçons couraient detous côtés, etles mets substantiels disparaissaient rapidement.Lefacétieux M. Jingle contribuait, aumoins comme unedemi-douzaine d’hommesordinaires, àchacune de ces causes deconfusion.

Lorsquetouslesconvives eurentmangé autantqu’ilspurent, lanappe fut enlevée ; desbouteilles, desverres etledessert furentplacés surlatable, etles garçons se retirèrent pourdébarrasser, end’autres termespours’approprier touslesrestes mangeables ou buvables surlesquels illeur futpossible demettre lamain. Bientôt onn’entendit plusdans lasalle qu’un vastemurmure deconversations etd’éclats de rire.

Ilse trouvait làun petit homme bouffi,quiavait unair de« ne-me-dites-rien, ou-je-vous- contredirai, » etqui jusqu’alors étaitdemeuré forttranquille.

Seulement, lorsque,paraccident, la conversation seralentissait, ilregardait autourdelui, comme s’ilavait euenvie dedire quelque chosederemarquable, etde temps entemps ilfaisait entendre unesorte detoux sèche d’uneinexprimable dignité.Àla fin, pendant uninstant desilence comparatif, lepetit homme s’écriad’unevoixhaute etsolennelle : « MonsieurLuffey ! » Tout lemonde setut, etl’individu interpellé répliqua,aumilieu d’unprofond silence : « Monsieur ? » « Je désire vousadresser quelques paroles,monsieur, sivous voulez engager cesmessieurs à remplir leursverres. » M. Jingle, d’untonprotecteur, s’écria :« Écoutez ! écoutez ! » etces paroles furentrépétées en chœur partoute lacompagnie.

Levice-président pritunair degravité attentive etdit : « Monsieur Staple ? » « Monsieur ! ditlepetit homme enselevant, jedésire adresser ceque j’aiàdire àvous etnon pas ànotre digne président, parcequenotre digne président estenquelque sorte,etjepuis dire engrande partie,lesujet deceque j’aiàdire, etjepuis direà…à… – À démontrer, suggéraM. Jingle. – Oui, àdémontrer, repritlepetit homme ; jeremercie monhonorable ami,s’ilveut me permettre del’appeler ainsi(quatre écoutez ! et un certainement de M. Jingle) pourla suggestion.

Monsieur,jesuis unDellois, unDingley-Dellois.

(Applaudissements.) Jene puis réclamer l’honneur d’ajouteruneunité auchiffre delapopulation deMuggleton.

Etje l’avouerai franchement, monsieur,jene désire pointcethonneur.

Jevous diraipourquoi, monsieur.

(Écoutez !) Jereconnaîtrai volontiersàMuggleton touteslesdistinctions, tousles honneurs qu’ilpeut réclamer ; ilssont tropnombreux ettrop bien connus pourqu’ilsoit nécessaire quejeles récapitule.

Mais,monsieur, tandisquenous nousrappelons que. »

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