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Somalie

Publié le 11/04/2013

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somalie
1 PRÉSENTATION

Somalie, en somali Soomaaliya et en arabe Aş Şūmāl, pays de l’est de l’Afrique, situé dans la Corne de l’Afrique. Sa capitale est Mogadiscio.

La Somalie est limitée au nord par le golfe d’Aden, à l’est et au sud par l’océan Indien, au sud-ouest par le Kenya, à l’ouest par l’Éthiopie et au nord-ouest par la république de Djibouti.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

La superficie totale de la Somalie est de 637 700 km². Le pays est doté d’une longue côte, qui s’étend sur quelque 2 800 km, mais possède peu de ports naturels. Une plaine côtière étroite borde le golfe d’Aden au nord. Une série de chaînes de montagnes, dont l’altitude moyenne varie entre 915 et 2 135 m, domine la partie nord du pays. Le point culminant du pays est le mont Shimbiris (2 416 m).

Plus au sud, l’intérieur du pays est un plateau accidenté, découpé par les affluents du Shebele et du Juba, et à sec la majeure partie de l'année. Il s'abaisse vers l'extrême sud jusqu'à une large plaine côtière, qui comporte de nombreuses dunes et qui borde l'océan Indien.

Les deux principaux fleuves du pays entaillent les plateaux du Sud : le Shebele dans la région centrale et le Juba plus au sud.

2.2 Climat

Le climat de la Somalie est semi-aride, sauf au sud, où il est tropical. La température moyenne est de 27,8 °C, mais peut descendre à 0 °C dans les régions de montagne et atteindre 47 °C le long des côtes. À Berbera, la température dépasse 40 °C entre juin et septembre. Les vents de la mousson du Nord-Ouest, chauds et poussiéreux, amènent une saison sèche de novembre à février. Au sud-ouest, la mousson rafraîchit la région en juin. Les accalmies des vents, tangambili (« entre deux vents «), se caractérisent par de fortes chaleurs et beaucoup d’humidité. Les précipitations moyennes annuelles n’excèdent pas 280 mm par an. Seule la saison des pluies interrompt la sécheresse de mars à mai.

2.3 Flore et faune

La végétation de la Somalie est formée essentiellement par une steppe à épineux et à acacias. Les arbres qui produisent des résines aromatiques (encens et myrrhe) s’étendent sur les pentes montagneuses. Au sud, on trouve des eucalyptus, des euphorbes arbustives et des acajous.

La faune est abondante et se compose d’antilopes (kobs, damalisques), de crocodiles, d’éléphants, de girafes, de léopards, de lions, de zèbres et de nombreux reptiles.

2.4 Ressources naturelles

La Somalie possède peu de ressources naturelles. Les terres arables couvrent 1,7 p. 100, les pâturages 69 p. 100. Les terres fertiles des vallées du Juba et du Shebele, et de certaines zones côtières sont mises en valeur. Les ressources minérales, assez variées, n’ont pas été exploitées. Parmi les gisements connus, on trouve du pétrole, du cuivre, du manganèse, du gypse, du fer, du marbre, de l’étain et de l’uranium.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

La population somalienne est estimée, en 2008, à 9,38 millions d'habitants, soit une densité moyenne de 15 habitants au km².

La Somalie est l’un des États d’Afrique les plus homogènes du point de vue de la population : celle-ci est constituée essentiellement de Somalis (plus de 98 p. 100) et d’une minorité bantoue (1 à 2 p. 100). Les Somali partagent la même langue, la même religion et la même culture, tout en étant organisés en une structure clanique rigide. Les Somalis sont en effet regroupés en six clans : les Darod (33 p. 100) au centre, les Issaq (16 p. 100) et les Dir (8 p. 100) au nord, les Hawiye entre les deux fleuves, les Dighil et les Rahaweinen (les Sab) au centre et au sud. Ces confédérations se subdivisent en sous-clans et en familles. Nomades, les Somalis ne connaissent pas de frontières. Ainsi, les Darod qui traversent l’Ogaden éthiopien depuis des siècles la considèrent comme leur terre. La petite minorité d’habitants parlant des langues bantoues vit dans le sud du pays. Parmi les autres groupes minoritaires figurent des Arabes (Yéménites), des Indiens, des Italiens et des Indo-Pakistanais. La majorité de la population se compose de bergers nomades ou semi-nomades. Le reste comprend des agriculteurs, des pêcheurs ou les habitants des quelques centres urbains.

3.2 Découpage administratif et villes principales

La Somalie est divisée en dix-huit régions. Les villes principales sont Mogadiscio (Muqdisho), à la fois port et capitale, avec une population estimée à 1 175 000 habitants, et Hargeysa (43 627 habitants).

3.3 Langues et religions

Les langues officielles sont le somali et l’arabe, mais l’italien et l’anglais sont également utilisés.

L’islam est religion d’État en Somalie, où la plupart des habitants sont musulmans sunnites. Il existe des minorités chiite et catholique.

3.4 Éducation

Avant qu’éclate la guerre civile au début des années 1990, l’éducation était gratuite et obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 13 ans. Le taux d’alphabétisation était passé de 5 p. 100 au début des années 1970 à 24,1 p. 100 en 1995, à la suite d’une campagne d’alphabétisation intensive.

Du fait de la guerre, le système éducatif a été fortement affecté et la plupart des établissements ont fermé, y compris l’Université nationale somalienne (ouverte en 1954), à Mogadiscio.

3.5 Institutions et vie politique

Le renversement du président Muhammad Siyad Barre en janvier 1991 plonge la Somalie dans un état de guerre civile, sans autorité centrale. Sans institutions étatiques (ni gouvernement, assemblée, cour suprême ou armée nationale), le pays est soumis à une succession de conflits entre chefs de guerre issus de clans rivaux. Après une douzaine de tentatives de résolution de la guerre civile, des négociations de paix aboutissent en 2004 à la mise en place d’un gouvernement de transition. Un Parlement somalien est investi en août 2004 à Nairobi (en raison de l’insécurité persistante à Mogadiscio). Composé de 275 membres, il représente les cinq principaux clans du pays. Au mois d’octobre suivant, Abdullahi Yusuf Ahmed, chef militaire de la région du Puntland, est élu président de la Somalie par le Parlement.

4 ÉCONOMIE

En l’absence de statistiques fiables du fait de la guerre, le produit intérieur brut (PIB) de la Somalie est évalué à 1 milliard de dollars depuis 1990. Le revenu par habitant s’élèverait ainsi à 150 dollars, ce qui fait de la Somalie l’un des pays les plus pauvres de la planète.

Jusqu’au début des années 1990, le gouvernement s’est efforcé de mener à bien une série de projets de développement, avec l’assistance de prêts et de dons étrangers (la dette extérieure atteignait 160 p. 100 du PIB en 1993).

4.1 Agriculture

L’agriculture emploie 75 p. 100 de la population active. Par tradition, l’élevage du bétail représente l’activité principale, même si le cheptel a été réduit d’environ un tiers pendant la guerre civile. Le nombre de têtes de bétail est évalué à quelque 12,7 millions de chèvres, 13,1 millions de moutons, 7 millions de dromadaires et 5,3 millions de bovins.

Avant les conflits, les principales cultures étaient le sorgho, le maïs et le sésame. La canne à sucre et les bananes, cultivées dans les vallées du Sud, sont destinées à l’exportation. Les principaux produits de la sylviculture de Somalie sont l’encens et la myrrhe, qui sont exportés. La récolte annuelle de bois d’œuvre est de 11,2 millions de m³ en 2006. La pêche (30 000 tonnes en 2005) fournit la consommation locale et un surplus pour l’exportation.

4.2 Industries

Au début de la guerre civile, l’industrie de la Somalie se limitait à la cimenterie, à l’industrie agroalimentaire, au textile et à la raffinerie. Moins de 10 p. 100 de la population active y est employée.

À l’heure actuelle, l’activité industrielle est quasiment nulle.

4.3 Échanges

La balance commerciale de la Somalie est déficitaire. Ses exportations concernent le bétail à destination de la péninsule Arabique, les bananes, le poisson, les cuirs et peaux et le bois. En revanche, le pays importe des produits alimentaires, des produits chimiques, des machines, du textile et du pétrole. Les principaux partenaires commerciaux de la Somalie sont l’Arabie saoudite, l’Italie, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Chine et le Yémen.

La Somalie ne possède pas de voies ferrées. Sur les 22 100 km de routes, seulement 12 p. 100 sont goudronnées. Mogadiscio est le port principal. Jusqu’au début des années 1990, une compagnie aérienne nationale et plusieurs compagnies aériennes étrangères assurent des liaisons internationales. Deux stations de radio gouvernementales diffusent en arabe, en anglais, en italien et en somali. La destruction de l’infrastructure de la Somalie durant la guerre civile a gravement perturbé le réseau de télécommunications du pays.

La devise est le shilling somalien (divisible en 100 cents), émis par la Banque centrale de Somalie (fondée en 1960), qui ne fonctionne plus depuis 1991. La Somalie est membre de la Banque de développement islamique et de la Banque de développement africaine.

5 HISTOIRE

L’histoire du territoire actuel de la Somalie remonte à l’Antiquité, où la région était connue des Égyptiens sous le nom de Pount. Entre le iie et le viie siècle apr. J.-C., plusieurs parties septentrionales de cette région sont rattachées au royaume éthiopien d’Aksoum.

Des tribus arabes s’installent au viie siècle le long de la côte du golfe d’Aden et fondent un sultanat sur la côte, centré sur le port de Zeila. En même temps, le pays s’islamise sous l’influence de missionnaires chiites venus d’Iran. Les Oromo, des pasteurs-agriculteurs, entament une lente montée vers l’Ogaden et le plateau abyssin. Les Somalis, pasteurs-nomades installés dans le nord de la Corne de l’Afrique, commencent à leur tour à migrer vers cette région à partir du xiiie siècle. Ils s’installent définitivement sur le territoire qui forme l’actuelle Somalie au début du xvie siècle. Le terme « somali « apparaît alors dans les chants guerriers éthiopiens. Le sultanat et comptoir arabe de Zeila devient une dépendance du Yémen, puis est conquis par l’Empire ottoman. À la fin du xvie siècle, une première tentative d’unification politique a lieu ; l’émir de Harrar, Ahmed el Ghazi, dit Mohammed Gragne (« le gaucher «), déclenche une guerre contre l’Éthiopie qu’il ravage. Après avoir remporté quelques victoires, les Somalis sont finalement repoussés.

5.1 Colonisation européenne

La première puissance européenne dans la région est la Grande-Bretagne, qui prend possession d’Aden (aujourd’hui au Yémen), étape sur la route des Indes, en 1839. Après l’ouverture du canal de Suez en 1869, l’importance stratégique de la Corne de l’Afrique et de la Somalie s’accroît. Au milieu des années 1870, les Turco-Égyptiens occupent certaines villes de la côte somalienne et une partie de la région intérieure adjacente. Puis, quand les troupes égyptiennes quittent la région en 1882, la Grande-Bretagne occupe ce territoire, afin d’endiguer la révolte du Mahdi au Soudan. En 1887, un protectorat britannique est proclamé sur le Somaliland britannique. Ce protectorat, à l’origine une dépendance d’Aden, est placé sous l’administration du Foreign Office britannique en 1898, puis de l’Office colonial en 1905. Le contrôle des Britanniques sur l’intérieur du protectorat est contesté par la révolte du mouvement religieux nationaliste des derviches, dirigés par Muhammad Abdullah Hassan, dit le Mad Mullah (le « mollah fou «) par les Britanniques, entre 1899 et 1910, qui tente à nouveau d’unifier le pays. En 1910, les Britanniques abandonnent l’intérieur des terres, se retirent vers les régions côtières et ne soumettent les rebelles qu’en 1921.

L’intérêt de l’Italie pour la côte somalienne se développe également à la fin du xixe siècle. Par des traités, passés en 1905, avec les sultans somalis et des conventions avec la Grande-Bretagne, l’Éthiopie et Zanzibar, la région bordant la côte de l’océan Indien, au sud du pays, devient italienne. Suite au traité de Londres de 1915, l’Italie étend son contrôle sur l’intérieur du pays. En 1936, l’Italie réunit ses territoires de la Somalia, de l’Érythrée et de l’Éthiopie nouvellement conquise pour constituer l’empire colonial de l’Africa Orientale Italiana. Après l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés de l’Allemagne en 1940, les troupes italiennes envahissent le Somaliland britannique. Toutefois, les Britanniques reconquièrent le protectorat en 1941.

5.2 Indépendance

Aux termes du traité de paix de 1947, l’Italie renonce de force à ses possessions africaines. La responsabilité de ces colonies est confiée aux quatre Alliés (États-Unis, Grande-Bretagne, France et URSS). En 1948, les Alliés, faute d’avoir trouvé un accord, portent l’affaire devant l’Assemblée générale des Nations unies. En novembre 1949, cette dernière accorde l’indépendance à la Somalie italienne, mais sous condition d’une tutelle préalable d’une durée de dix ans, exercée par l’ONU. Le 1er avril 1950, la même Assemblée place le pays, baptisé Somalie, sous l’administration de Rome.

Conformément aux décisions de 1949, la Somalie accède à l’indépendance le 1er juillet 1960 et fusionne peu après avec l’ancien protectorat britannique du Somaliland, qui est indépendant depuis le 26 juin.

Sur le plan international, les différents pouvoirs qui vont se succéder ont pour objectif plus ou moins avoué de réunir dans une Grande Somalie tous les Somalis vivant en Éthiopie, au Kenya et à Djibouti.

Le premier président du pays, Aden Abdullah Osman Daar, élu en 1960, est battu en 1967 par l’ancien Premier ministre Ali Shermake, qui est lui-même assassiné le 15 octobre 1969. Un groupe de militaires conduit par le général Muhammad Siyad Barre prend le pouvoir et proclame la république démocratique de Somalie. En 1970, Barre, soutenu par l’URSS, choisit la voie socialiste pour son pays et, dans les années qui suivent, nationalise la plupart des secteurs économiques modernes du pays. Il mène une campagne d’alphabétisation fondée sur la transcription du somali en lettres latines et tente de réduire l’emprise des clans sur la société somalienne. La sécheresse survenue en 1974 et en 1975 cause une famine généralisée qui motive l’adhésion de la Somalie à la Ligue arabe.

5.3 Conflit de l’Ogaden

En 1977, les Somalis vivant dans la région de l’Ogaden en Éthiopie s’engagent, après la chute impériale d’Addis Abeba, dans une lutte armée pour leur rattachement à la Somalie. Les rebelles sont soutenus et armés par la Somalie, qui envoie des troupes. Dès la fin de 1977, les Somalis contrôlent la majeure partie de l’Ogaden. En 1978, l’Éthiopie, aidée par Cuba et l’URSS qui a opéré un spectaculaire renversement d'alliance, lance une contre-attaque, reprend le contrôle de la région et propose son soutien aux mouvements dissidents de Somalie, basés principalement dans le nord du pays. Les combats ultérieurs précipitent un flux de réfugiés (estimé à près de 2 millions en 1981) en Somalie qui servent de masse de manœuvre à Siyad Barre. Les États-Unis apportent une aide à la fois humanitaire et militaire, et sont, en échange, autorisés à utiliser les installations navales de Berbera, ancienne base soviétique. Les hostilités avec l’Éthiopie continuent de façon sporadique jusqu’en 1988, date à laquelle un accord de paix est signé.

5.4 Guerre civile

Malgré la réélection de Barre en 1986, l’opposition (Mouvement national somalien), opérant surtout dans l'ancien Somaliland britannique, ne désarme pas et conquiert certaines parties du nord de la Somalie, s'attirant de féroces représailles du pouvoir qui détruit pratiquement Hargeysa. De nouveaux mouvements d’opposition (chacun tirant son soutien d’un clan différent) émergent également à la fin des années 1980. La guerre civile s’intensifie et Barre fuit la capitale en janvier 1991. Il est remplacé à la tête de l’État par Ali Mahdi Mohamed Farah Aïdid, également membre du CSU (Congrès de la Somalie unifiée). Pendant les deux années qui suivent, quelque 50 000 personnes sont tuées lors de violents combats, menés de façon continue entre factions rivales entre novembre 1991 et mars 1992. Du fait de la rupture des lignes d’approvisionnement dans ce pays ravagé par la guerre, environ 300 000 personnes meurent de faim.

En décembre 1992, le président américain Bush décide, dans le cadre de l’opération Restore Hope, d’envoyer des troupes. Des marines américains, relayés par la suite par une force internationale de maintien de la paix des Nations unies (Onusom), débarquent à Mogadiscio. Les agences internationales tentent de reprendre la distribution de nourriture et fournissent une assistance humanitaire. Cependant, les combats entre clans continuent. Le comportement particulièrement violent d’une fraction marginale des Casques bleus à l’égard de la population somalie attise les haines. Les forces de maintien de la paix et les civils sont victimes de ces luttes. Face à l’échec des négociations avec les différentes factions, notamment avec celle du général Aïdid, et face aux importantes pertes humaines tant internationales que somaliennes, les Américains puis les Français se retirent et l’ONU restreint ses actions à la seule aide humanitaire. Les Casques bleus de l’Onusom se retirent définitivement de Somalie en mars 1995.

5.5 Entre chaos et processus de paix

Le morcellement politique conduit à l’éclatement du pays, qui n’a plus de représentant officiel et est exclu de toutes les instances internationales. Le général Mohammed Farah Aïdid, décédé en août 1996, est remplacé par son fils Hussein Mohammed Aïdid, dont les troupes tiennent une partie du centre et du sud du pays. Le Nord-Ouest, l’ancien Somaliland, est solidement contrôlé par Mohammed Ibrahim Egal, qui est élu par ses partisans président de la République autoproclamée du « Somaliland « le 23 février 1997. Le Nord-Est (région du Puntland) est sous le contrôle d’Abdullahi Yusuf Ahmed. Le général Morgan tient la région de Kismayo, tandis que l’extrême Sud est devenu le fief d’Omar Hadj Massale. Mogadiscio est pour sa part disputée par Ali Mahdei, Aïdi, Omar Jess et Morgan.

L’Éthiopie et le Kenya organisent sous leur égide une réunion de conciliation entre les principales factions à Sodere, qui aboutit à un accord de gouvernement le 3 janvier 1997, sans pour autant régler le problème du désarmement des milices et de la reconstruction de l’État.

En dépit de cette tentative de rétablissement d’une autorité centrale, la situation d’anarchie perdure, avec des conséquences désastreuses pour la population, notamment après le départ de la plupart des organisations humanitaires exposées aux centaines de bandes armées hors de tout contrôle. Les combats entre chefs de guerre rivaux, alimentés entre 1998 et 2000 par le conflit opposant l’Érythrée à l’Éthiopie, sont particulièrement violents dans la partie méridionale du pays et la région de Mogadiscio. Une énième Conférence de réconciliation somalienne est lancée en 1999 sous les auspices du président djiboutien Ismaël Omar Guelleh et de l’Autorité intergouvernementale de développement (IGAD) — une organisation régionale qui réunit Djibouti, l’Érythrée, l’Éthiopie, le Kenya, l’Ouganda, la Somalie et le Soudan. Rassemblant plusieurs factions somaliennes, elle aboutit à un plan de reconstruction de l’État soutenu par les Nations unies, l’Union européenne et la Ligue arabe. Dans le cadre de ce plan, une charte pour une administration de transition est adoptée en 2000 ; elle est suivie par l’élection d’un Parlement (siégeant en exil à Djibouti) et d’un président, Abdulkassim Salat Hassan. Toutefois, la majorité des chefs de guerre, ainsi que les autorités du Somaliland et du Puntland sécessionnistes, rejettent ce plan et ne reconnaissent pas le nouveau gouvernement. Parallèlement, le Somaliland consolide ses institutions : en mai 2001, la population entérine par référendum la Constitution provisoire adoptée en 1997 par une assemblée de représentants de tous les clans.

5.6 La transition vers la paix ?

La Somalie revient sous les feux de l’actualité au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par des terroristes islamistes du réseau Al Qaida contre les États-Unis : compte tenu de l’anarchie qui règne dans le pays, Washington suspecte la Somalie d’être l’une des bases principales des groupes terroristes. Sous les pressions américaines, et avec le soutien de plusieurs pays arabes, des pourparlers de paix inter-somaliens sont de nouveau engagées à partir d’octobre 2002, au Kenya et sous l’égide de l’IGAD. Cette nouvelle conférence réunit des représentants du gouvernement de transition et la plupart des chefs guerriers — la République autoproclamée du Somaliland, qui a connu sa première élection présidentielle en avril 2003, n’y participe pas. Elle aboutit laborieusement en janvier 2004 à un accord sur la formation d’un nouveau Parlement, mis en place au mois d’août suivant à Nairobi (Kenya). Au mois d’octobre, ce Parlement de transition composé de représentants des principaux clans somaliens élit à la tête du pays Abdullahi Yusuf Ahmed, chef militaire de la région du Puntland. Après quatorze années de guerre, qui ont fait plus de 500 000 morts et livré la Somalie au chaos politique et économique, le nouveau président en appelle à l’aide internationale pour la réussite du processus de paix et la reconstruction du pays.

Le 26 décembre 2004, les côtes somaliennes sont touchées par un tsunami d’une rare ampleur, provoqué par un très violent séisme sous-marin (magnitude 9 sur l’échelle ouverte de Richter) survenu au large de l’île indonésienne de Sumatra, à plus de 7 000 kilomètres de la Somalie. Faute d’alerte, alors que le tsunami atteint les côtes africaines douze heures après le séisme, la Somalie est le pays africain le plus touché par la catastrophe, avec 300 victimes et de très graves dégâts matériels. Alors qu’entre 30 000 et 50 000 personnes ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, l’insécurité régnant dans le pays rend très difficile l’acheminement de l’aide. Cette insécurité, en particulier à Mogadiscio, où continuent de régner les seigneurs de guerre malgré la mise en place du gouvernement transitoire (qui siège à Baidoa et demeure virtuel), explique la montée au début de l’année 2006 du mouvement des tribunaux islamiques. Ces milices, formées de mouvances diverses, aussi bien fondamentalistes que modérées, infligent une déroute aux chefs de guerre réunis pour la circonstance au sein de l’Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme, soutenue par les États-Unis. À l’issue de plusieurs vagues de combat, l’Union des tribunaux islamiques (Union of Islamic Courts, UIC) s’empare de Mogadiscio en juin 2006 avant d’étendre son autorité sur la quasi-totalité du Centre et du Sud. Parvenant à faire régner l’ordre dans un pays livré au chaos depuis plus d’une décennie, elle bénéficie du soutien d’une grande partie de la population somalienne. Les tentatives de négociation entre l’UIC et le gouvernement transitoire aboutissent le 5 septembre à la signature d’un accord de paix fragile. Ce conflit, favorisé par la faible implication d’une communauté internationale inquiète de la menace de radicalisation de l’UIC, présente des risques de régionalisation alors qu’il apparaît comme une guerre que se livrent par procuration l’Éthiopie, qui soutient le gouvernement de transition, et l’Érythrée, favorable à l’UIC. Il connaît un nouveau tournant en janvier 2007 avec la reprise en main par les forces gouvernementales, et avec l’aide massive et déterminante de l’armée éthiopienne, de la quasi-totalité du territoire.

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