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Soudan

Publié le 11/04/2013

Extrait du document

1 PRÉSENTATION

Soudan, en arabe As Sūdān, pays d’Afrique orientale. Sa capitale est Khartoum.

Le Soudan donne sur la mer Rouge ; le pays est bordé au nord par l’Égypte, à l’est par l’Érythrée et l’Éthiopie, au sud par le Kenya, l’Ouganda et la République démocratique du Congo, et à l’ouest par la République centrafricaine, le Tchad et la Libye. Il est traversé du nord au sud par la vallée du Nil.

Le Soudan tire son nom de l’expression arabe « Bilad al-Sudan «, utilisée autrefois pour désigner l’ensemble des pays de l’Afrique noire subsaharienne. Cependant, si sa partie septentrionale appartient, par la langue et la religion, au monde arabo-musulman, sa partie méridionale, animiste et chrétienne, est ancrée dans le domaine sub-saharien. Ce clivage géographique, associé à une domination politique s’exerçant au détriment des populations du Sud, a largement contribué au déclenchement de la guerre civile qui déchire le Soudan de manière quasi ininterrompue depuis l’indépendance acquise en 1956. L’arrivée des islamistes au pouvoir (en 1989) a ravivé la poursuite des combats.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

Le Soudan s’étend sur plus de 2 250 km du nord au sud et sur 1 730 km d’est en ouest ; il couvre une superficie de 2 505 800 km², ce qui en fait le plus grand pays du continent africain.

Le Soudan est partagé en trois grandes régions naturelles. Au nord, de part et d’autre du Nil, se trouvent le désert Libyque, entrecoupé de plateaux escarpés, et le désert de Nubie bordé par la chaîne des montagnes de la mer Rouge qui culmine à 2 200 m. La zone soudano-sahélienne centrale est traversée par le Nil Blanc, le Nil Bleu et l’Atbara, ces deux derniers fleuves prenant leur source sur le plateau éthiopien. Le Nil Blanc et le Nil Bleu se rejoignent à Khartoum, la capitale soudanaise, enserrant une vaste région sédimentaire, le grenier du pays. À l’ouest, s’élèvent les plateaux arides du Kordofan et du Darfour, dominés par les reliefs des monts Nuba, culminant à 1 500 m d’altitude, et du djebel Marra, cône volcanique éteint et isolé qui s’élève à 3 088 m.

Le Sud est formé d’une grande plaine dépressionnaire argileuse et imperméable, très marécageuse, où s’étalent et s’évaporent une partie des eaux du Nil Blanc. C’est là aussi que convergent deux de ses affluents, le Sobat et le Bahr el-Ghazal.

Le point le plus élevé du Soudan, le mont Kinueti situé à proximité de la frontière avec l’Ouganda, s’élève à 3 187 m.

2.2 Climat

Le climat du nord du Soudan est de type aride et désertique. Les variations saisonnières y sont très importantes, de 4,4 °C en hiver à plus de 43,3 °C, en été. Le centre est marqué par un climat tropical de type continental : les tempêtes de sable y sont fréquentes durant les mois d’été, avant la venue de la pluie. Le sud du Soudan vit sous un climat de type équatorial avec une saison des pluies qui dure huit mois. Les précipitations y dépassent 2 000 mm. Depuis les années 1970, la sécheresse et la désertification dans l’ouest du Soudan et la guerre civile ont entraîné un exode rural massif.

2.3 Flore et faune

Le centre du Soudan, et plus particulièrement les vallées arrosées par des fleuves ou des rivières, est riche en végétation malgré un important déboisement imputable à l’homme. Dans les zones sahéliennes les plus fragiles, la dégradation du couvert végétal favorise la désertification. La faune est abondante dans les plaines et les régions équatoriales du Soudan : crocodiles, hippopotames, girafes, léopards, babouins. Le Nil constitue un point d’arrêt important pour les oiseaux qui migrent vers le sud de l’Afrique en hiver. La mouche tsé-tsé infeste la région équatoriale, ainsi que les moustiques qui, de par leur présence sur l’ensemble du territoire, font du paludisme une maladie endémique.

2.4 Ressources naturelles

Les principales ressources naturelles du Soudan sont l’eau, fournie par le Nil, et les sols fertiles des vallées fluviales. L’irrigation est très développée dans la partie centrale. La Gézireh (« l’île « en arabe), au sud de Khartoum, foyer de la culture du coton, constitue le cœur de l’économie soudanaise. Avec une superficie de 1 million d’hectares, la Gézireh est la région la plus irriguée du monde. Les acacias des forêts du Centre fournissent la gomme arabique, commercialisée depuis plus de deux mille ans.

Les réserves en minéraux, bien que faibles, existent : le pays recèle des ressources en or, chrome, cuivre et en minerai de fer, ainsi qu’en pétrole, notamment dans le sud du pays.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

En 2008, la population du Soudan est estimée à 40,2 millions d’habitants, pour une densité moyenne de 17 habitants au km2. Les régions les plus peuplées sont celles situées autour de Khartoum et dans le Soudan central à proximité du Nil Bleu et du Nil Blanc.

Le Soudan est une véritable mosaïque ethnique, à l’intérieur de laquelle il est possible de distinguer deux groupes principaux. Au nord et au centre dominent les populations islamisées (77 p. 100 des Soudanais), qui ne sont pas toutes arabisées : si les Baggaras, peuple noir de pasteurs transhumants du Centre, le sont, ce n’est pas le cas des nomades chameliers Béjas (environ 500 000 personnes) peuplant les montagnes de la mer Rouge. Au sud et dans les massifs montagneux centraux, vivent des populations animistes et chrétiennes, parmi lesquelles les Dinka (2 millions de personnes) et les Nuer (500 000 personnes), pasteurs nomadisant de la cuvette du Haut-Nil, ainsi que les Nuba (500 000 individus), agriculteurs des collines du Centre.

La guerre civile a bouleversé les schémas traditionnels de peuplement. La plupart des habitants du Sud ont été déplacés, des dizaines de milliers d’entre eux ont été tués et des centaines de milliers se sont réfugiés dans les pays voisins ou dans des camps bâtis à la périphérie des villes du Nord.

3.2 Découpage administratif et villes principales

En février 1994, le territoire a été divisé en 26 États fédéraux. Khartoum, la capitale, constitue la plus grande ville du pays et le principal centre économique du pays. Elle forme une conurbation avec Omdurman, capitale précoloniale. Port-Soudan, sur la mer Rouge, est le principal port du pays.

3.3 Langues et religions

La langue officielle du Soudan est l’arabe, parlé par 70 p. 100 de la population. L’anglais est largement utilisé, tout comme une centaine de langues locales, parlées essentiellement dans l’ouest, l’est et le sud du pays (voir langues d’Afrique).

En 1983, la charia, loi islamique, a été imposée comme source du droit à l’ensemble du pays. Si plus de 70 p. 100 de la population soudanaise appartiennent à la communauté sunnite, 17 p. 100 sont animistes et 10 p. 100 chrétiens. L’islam soudanais se caractérise par la vénération d’un grand nombre de « saints « locaux. L’adhésion à l’une ou l’autre croyance va de pair avec l’appartenance à une culture et à une communauté sociale.

3.4 Éducation

L’école est gratuite mais non obligatoire. Dans le Nord, les écoles coraniques jouent un rôle important dans la scolarisation des jeunes. La guerre civile a en revanche provoqué l’effondrement du système scolaire dans le sud du pays. En 2005, le taux d’alphabétisation est de 63,2 p. 100, bien que le pays comporte plusieurs établissements d’enseignement supérieur comme l’université de Khartoum (fondée en 1956), l’université islamique d’Omdurman (1912) et l’université de Juba (1975), fermée depuis la reprise de la guerre civile.

3.5 Culture

Le nord du Soudan est imprégné par la culture islamique, tempérée dans les zones rurales par des traditions préislamiques et, dans les villes, par les coutumes occidentales. La culture européenne a également exercé une influence dans le sud du pays, mais les traditions africaines demeurent vivaces.

Le musée national du Soudan, à Khartoum, abrite des collections préhistoriques ou des royaumes (Napata, Méroé) contemporains de l’Égypte ancienne. La maison du Calife, à Omdurman, contient une collection de reliques de l’époque madhiste. Khartoum possède également un musée d’Histoire naturelle et un Musée ethnographique. La bibliothèque de l’université de Khartoum est réputée pour sa collection d’objets traditionnels soudanais et africains ; la bibliothèque Flinders Petrie (du nom de l’égyptologue) et les Archives nationales possèdent une importante collection de documents historiques.

3.6 Institutions et vie politique

Depuis l’indépendance, en 1956, gouvernements démocratiques et dictatures militaires se succèdent. À la suite du coup d’État militaire de 1985 qui renverse le général Nemeiri, au pouvoir depuis 1969, des élections libres, organisées en 1986, voient la victoire du parti Oumma, dominé par les membres de la secte des Ansars (disciples du Mahdi). Son principal dirigeant, l’arrière-petit-fils du Mahdi, Sadek al-Mahdi, accède aux fonctions de Premier ministre. La poursuite de la guerre civile, la situation catastrophique provoquée par les inondations et la famine de 1988 conduisent à un nouveau coup d’État militaire, en 1989, mené par le général Omar al-Bachir, qui est élu en 1996, puis réélu en 2000, président de la République.

Le conflit civil dans le Sud, né en 1983, prend fin le 9 janvier 2005 avec la signature d’un accord de paix entre le régime soudanais et les rebelles de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA). Pour la première fois dans l’histoire du pays, un gouvernement d’union nationale est formé le 20 septembre 2005. Une Constitution provisoire, signée par le président al-Bachir le 9 juillet 2005, doit régir le pays pendant une période transitoire de six ans.

4 ÉCONOMIE

Le Soudan est un pays très pauvre. En raison de la guerre, les statistiques n’ont qu’une valeur indicative. En 2006, le produit intérieur brut (PIB) était estimé à 37 milliards de dollars, soit un revenu par habitant de 993 dollars par an.

Entre le milieu des années 1960 et la fin des années 1980, la croissance économique du pays a été quasiment nulle. Au début des années 1990, les aléas climatiques et les conséquences de la guerre civile ont totalement sapé les efforts déployés par le gouvernement pour tenter de développer l’économie. En 1995, le pouvoir a repris les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) afin d’introduire des éléments de réforme dans une économie essentiellement rurale, et résoudre le problème de la dette, d’un poids considérable (15,3 milliards de dollars en 2001). Le revenu des Soudanais émigrés massivement dans les pays du golfe Arabo-Persique représente la principale source d’entrée de devises.

4.1 Agriculture

Faute de travaux de mise en valeur des sols, seuls 10 p. 100 des terres sont cultivés, alors que l’agriculture représentait 32,3 p. 100 du PIB en 2006 et employait 69,5 p. 100 de la population active. Les principales cultures de subsistance sont la canne à sucre (7,2 millions de tonnes), le sorgho (5,2 millions de tonnes), le millet (792 000 t), l’arachide (540 000 tonnes) et le manioc (11 338 tonnes). Dans les années 1970, la production de sorgho a été mécanisée, permettant ainsi au Soudan d’exporter cette denrée au prix d’une importante érosion des sols et d’une désertification accrue. À l’heure actuelle, le coton est la principale culture de rente du Soudan.

La gomme arabique, employée pour l’élaboration de confiseries, parfums, aliments transformés, constitue un autre produit majeur d’exportation. Le Soudan en est le premier producteur mondial.

4.2 Mines et industries

Depuis que l’extraction minière a été quasiment arrêtée et que le pétrole découvert au sud n’a pu être exploité en raison du conflit, l’activité industrielle se limite à la transformation de produits agricoles et à la production textile. Environ 9 p. 100 de la population travaille dans le secteur de l’industrie, qui représente 28,5 p. 100 du PIB. Les grandes centrales hydroélectriques de Khachm al-Girba sur l’Atbarah et de Sennar sur le Nil Bleu assurent 70 p. 100 de la production d’électricité du Soudan.

4.3 Échanges

Les principaux produits d’exportation sont le coton (55 p. 100 du total), la gomme arabique (9 p. 100), les graines de sésame (9 p. 100) et l’arachide (2 p. 100). Avec une production essentiellement agricole, le Soudan est contraint d’importer la quasi-totalité des produits manufacturés qu’il consomme (machines, produits pétroliers, métallurgie et textiles). Les principaux partenaires commerciaux du Soudan sont l’Arabie saoudite, le Japon et les pays de l’Union européenne.

Les échanges intérieurs utilisent les 5 478 km de voies ferrées qui relient entre elles la plupart des grandes villes du pays ; les 4 070 km de voies navigables (dont seule la moitié est praticable tout au long de l’année) et 11 900 km de routes. La compagnie aérienne nationale, Sudan Airways, propose des vols sur l’ensemble du pays ainsi que des liaisons internationales.

Le dinar soudanais, introduit en 1992 pour remplacer l’ancienne livre soudanaise, est remplacé par la nouvelle livre soudanaise en 2007 au taux d’une livre pour 100 dinars. Toutes les banques du pays ont été nationalisées en 1970. De plus, la loi islamique interdit l’application d’intérêts sur les transactions bancaires. La première Bourse des valeurs soudanaise a vu le jour en 1995.

5 HISTOIRE

La partie nord du territoire du Soudan moderne est connue jusqu’au xvie siècle sous le nom de Nubie. En revanche, l’histoire du Soudan méridional demeure obscure jusqu’au xixe siècle.

5.1 Les royaumes du Soudan

Faisant suite à une riche civilisation néolithique née des contacts avec un Sahara en voie de désertification, les principautés apparues dès le milieu du IVe millénaire avant notre ère donnent naissance au royaume de Kerma (environ 2500-1500 av. J.-C.). Ce dernier entretient d’étroits contacts avec l’Égypte, qui l’évoque sous le nom de Koush et lance parfois des expéditions contre lui. Des monuments et vestiges archéologiques (deffutas de Kerma), situés dans la région comprise entre le désert de Nubie et le Nil témoignent aujourd’hui d’une civilisation originale. De 1500 à 1075 environ, l’Égypte du nouvel Empire exerce une grande influence sur le pays. La région reprend ensuite son indépendance et une dynastie nubienne fonde une principauté autour de Napata. Au viiie siècle av. J.-C., le roi de Koush annexe l’Égypte et se proclame pharaon. Renversée en 671 av. J.-C. par les Assyriens, la dynastie Koushite se replie à Napata, puis à Méroé, plus au nord et moins soumis à l’accentuation de la désertification. Vers 350 av. J.-C., le royaume éthiopien d’Aksoum conquiert la Nubie. À l’ancien royaume de Méroé succèdent, à partir du vie siècle de notre ère, de petits royaumes chrétiens qui subsistent jusqu’au début du xvie siècle. Isolés après la conquête arabo-musulmane de l’Égypte vers 640, ils disparaissent les uns après les autres lorsque les Foundjis, des Noirs islamisés, établissent un sultanat à Sennar en 1504.

5.2 La conquête de Méhémet Ali

Au cours du xvie siècle, le sultanat des Foundjis, dont la puissance est assise sur la traite des Noirs (voir Esclavage), devient un État puissant dont la capitale se révèle être l’un des foyers culturels les plus importants de l’islam. Toutefois, à la fin du xviiie siècle, des dissensions entre les grandes tribus foundjies affaiblissent considérablement le royaume. En 1821, le Soudan est envahi par l’armée de Méhémet Ali, vice-roi d’Égypte qui fonde Khartoum en 1823, au confluent des deux Nil. Une vaste partie de la Nubie est rattachée à l’Égypte sous le nom de Soudan égyptien. La domination égyptienne (qui va durer soixante ans) s’étend progressivement au sud, soutenue par les Britanniques qui veulent compter l’Égypte parmi leurs possessions d’Afrique australe. À l’ouest, néanmoins, le Sultanat de Darfour, dans le djebel Marra habité par les Fours, conserve son indépendance jusqu’en 1916. Les querelles intestines provoquées par la traite des esclaves dans le Sud, et plus généralement par l’incompétence de l’administration, ne font que s’accentuer pendant cette période. Entre 1877 et 1880, alors que le Soudan égyptien est gouverné, au nom de l’Empire ottoman, par le général et administrateur britannique Charles George Gordon, des efforts sont déployés pour supprimer le commerce des esclaves.

5.3 La révolte mahdiste

La démission de Gordon puis l’instauration d’un protectorat britannique en Égypte, en 1882, aggravent les tensions internes au Soudan. La révolution nationaliste mahdiste naît à ce moment : les disciples de Muhammad Ahmad Abd Allah, qui s’est proclamé Mahdi (c’est-à-dire imam caché, ou messie, dans la tradition musulmane), remportent plusieurs victoires. Les Ansars parviennent notamment à détruire un corps d’armée égyptien en novembre 1883 et à se rendre maître de Khartoum en janvier 1885, bataille au cours de laquelle Gordon trouve la mort. Ils parviennent ainsi à contrôler le nord du Soudan.

La situation intérieure se détériore sous le règne du Mahdi puis du calife Abdallah al-Taaisha, qui succède au Mahdi en 1885. Le calife mène une lutte incessante contre les peuples nilotiques du Sud, annexant une grande partie de leur territoire au Soudan égyptien, et se lance dans plusieurs autres aventures militaires, dont une tentative avortée de conquête de l’Égypte en 1889.

En 1896, les gouvernements britannique et égyptien, soucieux de contrer l’influence croissante de la France en Afrique centrale, lancent une expédition militaire commune contre le calife. Menée par le général Kitchener, elle se solde par la défaite des troupes mahdistes à Omdurman, le 2 septembre 1898.

5.4 Le Soudan anglo-égyptien

Le 19 janvier 1899 est instauré un condominium anglo-égyptien sur le Soudan. En réalité, le Royaume-Uni apparaît comme le véritable maître du pays, établissant dans le Nord une organisation administrative efficace, et favorisant le développement économique de la colonie, notamment par l’irrigation de la Gézireh. La mainmise britannique est bien plus ténue dans le Sud, placé sous l’autorité d’une poignée de fonctionnaires coloniaux, les « barons du marais « et sous l’influence des missionnaires chrétiens, autorisés par le gouvernement britannique à évangéliser les populations nilotiques. Les Français tentent également de s’établir dans cette région : l’expédition menée par Marchand à Fachoda manque de provoquer un affrontement direct entre les deux puissances coloniales occidentales. Kitchener contraint les Français à se retirer en échange de l’abandon de leurs prétentions sur le Sahara. La pacification du Soudan a été difficile et n’est réellement achevée qu’en 1916, après l’assassinat du sultan du Darfour par des agents anglais.

À la suite de l’indépendance de l’Égypte, en 1922, le nationalisme soudanais redouble de vigueur. Il est cependant divisé entre partisans de l’intégration à l’Égypte et indépendantistes, représentés par le parti Oumma (dont le nom signifie littéralement la communauté musulmane) allié à la secte des Ansars. En 1924 a lieu un premier soulèvement dans le sud. Les Anglais choisissent alors de mener une double politique, d’« indirect rule « au nord, les sheikhs servant d’intermédiaire entre les autorités anglo-égyptiennes et la population et une « southern policy « au sud. En pratique, Nord et Sud cessent toutes communications, les Anglais empêchant tout contact entre les deux parties du Soudan. Cette politique est source de frustration et de ressentiments. Au nord, les populations estiment que les sudistes, accusés de ne pas être de véritables nationalistes, font figure de traîtres, alors qu’au sud les populations ont le sentiment d’être des oubliés, des laissés-pour-compte. En 1936, un traité signé par l’Égypte et le Royaume-Uni confirme la convention de 1899. Toutefois, après la Seconde Guerre mondiale, les deux pays entament des négociations afin de réviser ce traité. Le gouvernement égyptien exige le départ des Britanniques du Soudan, lesquels s’y refusent : ils ne consentent qu’à de légères modifications institutionnelles.

5.5 L’indépendance et la naissance du conflit du Sud-Soudan

En 1948 est élue une assemblée législative, dominée par les partis représentant le nord du pays. Les députés exigent des deux puissances coloniales la création d’un gouvernement soudanais et dénoncent le condominium. En octobre 1951, Farouk d’Égypte se proclame unilatéralement roi du Soudan. Après que le souverain eut été contraint d’abdiquer par le général Néguib, le Soudan se voit reconnaître, en 1952, le droit à l’autodétermination.

De nouvelles élections législatives ont lieu à la fin de l’année 1953. Le parti démocratique unioniste, proégyptien, et le parti Oumma remportent la majorité des sièges, ce qui entérine la marginalisation des partis politiques du Sud. La formation d’un gouvernement « entièrement « soudanais, composé pour l’essentiel de représentants du Nord, en janvier 1954, marque le début de la « soudanisation « du pays, qui crée un contexte favorable à un affrontement civil entre les populations du Nord, musulmanes, et celles du Sud, chrétiennes et animistes. Celui-ci éclate dès août 1955. Conduits par le mouvement Anya-Nya, les Sudistes revendiquent la création d’un État distinct. Ils reçoivent le soutien des États-Unis, d’Israël, de l’Ouganda et de l’Éthiopie.

La république (unitaire) du Soudan, reconnue immédiatement par l’Égypte et le Royaume-Uni, appuyée par l’Union soviétique dans sa lutte contre le Sud sécessionniste, est officiellement instaurée le 1er janvier 1956. Le Soudan devient membre de la Ligue arabe le 19 janvier et des Nations unies le 12 novembre de la même année.

5.6 Le régime du général Nemeiri et la reprise de la guerre civile

Les élections législatives de 1958 donnent la majorité au parti Oumma. Toutefois, l’armée se révolte et porte au pouvoir le général Ibrahim Abboud, favorable à une intensification des relations avec l’Égypte. Sa démission, intervenue en 1964 après une violente révolte étudiante, permet le rétablissement provisoire de la démocratie, mais ne modifie en rien la politique menée à l’égard du Sud. Après la guerre israélo-arabe de 1967, la diplomatie du pays s’affirme résolument proarabe. En 1969, un groupe d’officiers, avec à sa tête le général Djafar al-Nemeiri, prend le pouvoir et installe un gouvernement placé sous l’autorité d’un conseil révolutionnaire. Le nouveau régime réprime le mouvement fondamentaliste des Frères musulmans et le parti Oumma, se rapproche des États-Unis et de l’Égypte (il est le seul pays de la région arabo-musulmane à soutenir l’accord de paix avec Israël) et négocie un cessez-le-feu avec les sécessionnistes du Sud, auxquels l’autonomie est accordée. En juillet 1971, une tentative de coup d’État imputable à des officiers communistes échoue. Le général Nemeiri en profite pour décapiter le Parti communiste soudanais (le plus puissant d’Afrique), opère des milliers d’arrestations et fait exécuter des opposants, parmi lesquels Joseph Garang, l’ancien ministre des Affaires du Sud et le secrétaire général du parti, Abd al-Khaliq Mahjoud.

Confirmé à la tête de l’État en 1972, réélu pour un troisième mandat en avril 1983, Nemeiri, confronté à la faillite de l’économie soudanaise, renoue avec les Frères musulmans, qui entrent au gouvernement, et fait appliquer la loi islamique (la charia). Le Sud, où, depuis le cessez-le-feu de 1972, les investissements étrangers affluent, est divisé en trois provinces. Les Sudistes se rebellent de nouveau, refusant ce découpage géographique et l’entrée en vigueur de la charia. Ils sont désormais rassemblés au sein d’une seule armée, l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS), dirigée par le colonel John Garang. Dans le Nord, la situation se dégrade également, avec l’opposition du parti Oumma et des Ansars, et les manifestations contre l’augmentation du prix des produits alimentaires se multiplient. En avril 1984, la loi martiale est proclamée. En janvier 1985, l’exécution publique d’un religieux musulman, Mahmoud Tahan, âgé de soixante-seize ans, vénéré comme un saint homme, accroît les troubles politiques. En avril, un soulèvement populaire à Khartoum débouche sur un nouveau coup d’État militaire.

5.7 Le régime du général Bachir

Après une période de transition, la démocratie est rétablie ; Sadek al-Mahdi, arrière-petit-fils du Mahdi et chef de file du parti Oumma, est élu Premier ministre en 1986, lors des premières élections libres organisées dans le pays depuis dix-huit ans. Il intensifie l’offensive contre les Sudistes, mais la crise sociale provoquée par la hausse de la dette publique, les ravages d’une famine due à la guerre et à des crues extraordinaires du Nil affaiblissent le nouveau gouvernement.

5.7.1 Hassan al-Tourabi et l’établissement d’un pouvoir islamique

En juin 1989, l’armée reprend le pouvoir, sous la direction du général Omar al-Bachir, qui épouse l’orientation idéologique islamiste d’un juriste formé en Occident, Hassan al-Tourabi. Les institutions démocratiques sont suspendues, la charia appliquée avec une nouvelle rigueur. Après l’échec des négociations avec l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS), la guerre s’intensifie. La chute, en Éthiopie, du régime de Mengistu, en 1991, prive l’APLS de l’une de ses bases de repli, mais la conclusion d’un cessez-le-feu n’intervient qu’en 1995, sous l’égide de l’ancien président américain Jimmy Carter. Les nouveaux régimes d’Éthiopie et d’Érythrée apportent désormais leur soutien à la guérilla, ainsi qu’aux opposants musulmans traditionnels. En mai 1998, le droit à l’autodétermination des peuples du Sud soudanais est reconnu, mais non suivi d’effet. Aidé uniquement par les organisations non gouvernementales, le Sud soudanais reste dévasté par une guerre qui entraîne famine sur famine et qui ne semble pas devoir se terminer tant que le régime en place refusera de prendre en compte les revendications des non-musulmans, qui refusent l’application de la loi islamique et revendiquent une certaine autonomie. Par ailleurs, en mai 1999, le régime cherche à se réconcilier avec l’opposition nordiste en exil : Djafar al-Nemeiri rentre à Khartoum ; Hassan al-Tourabi rencontre Sadek al-Mahdi du parti de l’Oumma.

Sur le plan international, le régime soudanais est de plus en plus isolé. En 1990, son refus de condamner l’invasion irakienne du Koweït entraîne une dégradation de ses relations avec les pays du Golfe. En 1993, les États-Unis, après plusieurs mois d’enquête, inscrivent le Soudan sur la liste des États soutenant le terrorisme. Dénoncé par les organisations non gouvernementales pour les graves atteintes aux droits de l’homme, notamment dans le Sud (offensives meurtrières, utilisation de la famine comme arme, exode massif des populations), le pouvoir se trouve isolé sur la scène internationale. Il n’en est pas de même sur le plan économique, avec la mise en exploitation des gisements pétroliers du Sud, dont le contrôle est une des causes de la guerre. En 1999, les 130 000 barils de pétrole brut acheminés quotidiennement jusqu’au terminal de Port-Soudan, sur la mer Rouge, par un oléoduc de 1500 km semblent contribuer à recréer l’union entre les populations du Sud, que le pouvoir central avait réussi à diviser.

5.7.2 L’éviction d’Hassan al-Tourabi et la fin de l’isolement international

Au mois décembre 1999, les profondes tensions qui opposent Omar al-Bachir et Hassan al-Tourabi — porté à la présidence du Parlement en 1996 — éclatent en conflit ouvert. Après avoir dissous le Parlement et décrété l’état d’urgence, le président soudanais nomme un gouvernement et écarte du pouvoir le leader islamiste. Le président espère ainsi mettre fin à l’ambiguïté d’un pouvoir tiraillé entre deux tendances. Il compte aussi trouver là une occasion de renouer avec l’opposition politique et de rompre l’isolement du pays face à ses voisins immédiats : l’Ouganda, l’Éthiopie et l’Érythrée (qui soutiennent les autonomistes du Sud). Lancé dans une énergique campagne diplomatique, il parvient également à obtenir le soutien de l’Égypte et de l’Arabie saoudite, ainsi que de plusieurs pays de l’Union européenne, intéressés par les ressources pétrolières du pays.

En décembre 2000, Omar al-Bachir est réélu à la présidence de la République pour un mandat de cinq ans avec 86,5 p. 100 des suffrages. Boycotté par la quasi-totalité des partis d’opposition, le scrutin ne peut avoir lieu dans 12 circonscriptions du sud du pays contrôlées par la rébellion. Alors qu’à l’Assemblée nationale, le Congrès national (CN), le parti du président, remporte la quasi-totalité des sièges à pourvoir, les résultats du scrutin sont qualifiés de « farce « par l’opposition qui estime que les fraudes et les irrégularités ont marqué le processus électoral. Le président affirme que sa priorité est le rétablissement de la paix dans un pays qui, depuis 1983, est en proie à une guerre civile.

5.7.3 Entre trêve et combats

La voie de la modération dans laquelle s’est engagé le régime de Khartoum, confirmée par la condamnation des attentats du 11 septembre 2001, permet la reprise des relations avec les États-Unis. Leur engagement diplomatique au Soudan contribue à des avancées importantes dans la résolution du conflit du Sud-Soudan : le 19 janvier 2002, à Genève (Suisse), sous l’égide de l’envoyé spécial des États-Unis pour la paix au Soudan, Jonhatan Danforth, le gouvernement soudanais et les rebelles du Sud de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) s’accordent sur un cessez-le-feu historique. En dépit de la poursuite des offensives, les négociations aboutissent le 20 juillet à la signature d’un protocole d’accord à Machakos (Kenya).

Au mois d’octobre 2003, tandis que la poursuite de combats sporadiques ne semble pas remettre en cause la trêve ni les pourparlers de paix, le président Bachir procède à la libération des prisonniers politiques, conformément à sa volonté de normaliser la situation politique au Soudan. C’est dans ce cadre qu’est libéré le leader islamiste, Hassan al-Tourabi, arrêté et placé en résidence surveillée en février 2001 pour tentative de sédition. Ce dernier est cependant de nouveau arrêté quelques mois plus tard, alors qu’il est accusé d’encourager les mouvements de rébellion dans le Darfour. Situé au nord-ouest du Soudan, à la frontière avec le Tchad, le Darfour est en effet le théâtre, à partir de février 2003, d’une rébellion menée par deux groupes rebelles, le Mouvement de libération du Soudan (MLS) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE), réclamant notamment le développement économique de cette région semi-désertique et isolée. Alors que forces gouvernementales soudanaises et rebelles s’affrontent, le conflit dégénère en catastrophe humanitaire, à la suite des exactions perpétrées par des milices arabes pro-gouvernementales (assassinats, viols, enlèvements de civils, destruction de villages). D’abord ménagé, puis menacé de sanctions par l’ONU, le gouvernement soudanais signe avec les rebelles en novembre 2004 deux protocoles d’accord aux termes desquels les parties au conflit s’engagent à cesser toute opération au Darfour et à garantir la sécurité des populations locales. Selon l’ONU, cette « guerre oubliée « aurait fait plus de 50 000 morts et plus d’un million de déplacés (réfugiés notamment au Tchad voisin).

Tandis que la guerre se poursuit dans le Darfour, les négociations entre le gouvernement et la rébellion sudiste de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), dirigée par John Garang, aboutissent le 9 janvier 2005 à la signature d’un accord de paix global et final à Nairobi (Kenya). Cet accord, qui met fin à un conflit ayant fait un million et demi de morts et quatre millions de déplacés, prévoit une période d’autonomie de six ans, suivie d’un référendum d’autodétermination pour la population du Sud. Il définit un partage du pouvoir et des richesses : John Garang devient le premier vice-président du Soudan le 9 juillet 2005, tandis que le SPLA se voit attribuer la moitié des ressources, essentiellement pétrolières. Mais le décès de John Garang, seulement quelques semaines plus tard, dans un accident d’hélicoptère, provoque des émeutes violentes. Salva Kiir lui succède à la tête du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), la branche politique du SPLA. Toutefois, la normalisation politique se poursuit, et au mois de septembre suivant, un gouvernement d’union nationale est formé, pour la première fois dans l’histoire du Soudan.

 

 

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