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Stances à du Perrier (1601). Malherbe

Publié le 21/06/2011

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malherbe

Malherbe habitait encore la Provence, quand il adressa ces stances célèbres à un gentilhomme d'Air, qui venait de perdre sa fille. Il y a dans ces vers de la fermeté et de la grâce; mais c'est ion lieu commun que Malherbe ne rafraîchit guère. Rien ici ne semble sortir du coeur.

Ta douleur, du Perrier, sera donc éternelle, Et les tristes discours Que te met en l'esprit l'amitié paternelle L'augmenteront toujours? Le malheur de ta fille au tombeau descendue Par un commun trépas, Est-ce quelque dédale où ta raison perdue Ne se retrouve pas? Je sais de quels appas son enfance était pleine Et n'ai pas entrepris, Injurieux ami, de soulager ta peine Avecque son mépris. Mais elle était du monde, où les plus belles choses Ont le pire destin, Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses : L'espace d'un matin. Puis quand ainsi serait que, selon ta prière, Elle aurait obtenu D'avoir en cheveux blancs terminé sa carrière, Qu'en fût-il avenu? Penses-tu que, plus vieille, en la maison céleste Elle eût eu plus d'accueil, Ou qu'elle eût moins senti la poussière funeste Et les vers du cercueil? Non, non, mon du Perrier, aussitôt que la Parque Ote l'âme du corps, L'âge s'évanouit au deçà de la barque Et ne suit point les morts... La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles; On a beau la prier, La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles Et nous laisse crier. Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre, Est sujet à ses lois; Et la garde qui veille aux barrières du Louvre N'en défend point nos rois. De murmurer contre elle et perdre patience Il est mal à propos; Vouloir ce que Dieu veut est la seule science Qui nous mette en repos.

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. Nature du morceau : une pièce de vers, du genre lyrique, dans laquelle Malherbe adresse des consolations à du Perrier, qui vient de perdre sa fille. — Ne faut-il pas, pour consoler un ami, ressentir soi-même la douleur qu'il éprouve? Malherbe paraît-il affecté de la mort de la jeune fille? Ses consolations vous paraissent-elles touchantes? Est-ce au coeur que parle Malherbe? A quoi s'adresse-t-il? (il indique, dans les 4e, 5e, 6e et stances, notamment, les motifs qu'a du Perrier de ne pas continuer à s'affliger; précisez ces motifs); A quel sentiment fait appel Malherbe, dans la dernière stance? D'où vous paraît provenir le mérite de cette pièce de vers? Quelles en sont, à votre avis, les plus belles stances?

II. — L'analyse du morceau. — Combien cette pièce de vers contient-elle de stances? (dire en quoi une stance diffère d'une strophe); Essayez de donner un titre à chaque stance : a) Ta douleur persiste; b) Ta raison s'égare; e) Ta peine ne doit pas être traitée avec mépris; d) ...; e) ...; etc...); Quelle est la seule expression du morceau qui vous paraît montrer l'affection du poète pour du Perrier? Quelle allusion fait Malherbe à la mythologie? Comment représente-t-il la Mort ? Quelle antithèse est marquée dans l'avant-dernière stance?

III. — Le style; — les expressions. — le Faites ressortir, au moyen de quelques passages bien choisis, la correction et la netteté du style de Malherbe, dans ce morceau; Quelle est la stance qui vous paraît la plus gracieuse? Pourquoi vous paraît-elle ainsi? L'une des stances ne contient-elle pas des expressions d'un réalisme funèbre? Laquelle? Indiquez le sens des expressions : injurieux ami, — le pire destin, — la maison céleste.

IV. — La grammaire. — Indiquez un synonyme de chacun des mots suivants : perdue (ta raison perdue), — pleine (son enfance était pleine), — pire (le pire destin); Trouvez les mots de la même famille que douleur; Distinguez les propositions contenues dans la première stance; nature de chacune d'elles; fonctions de la deuxième.

Rédaction. — Un de vos amis a perdu l'un des membres de sa famille. Vous lui écrivez pour le consoler.   

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