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système grâce au prestige de leurs armes et aux sanctions contre les défaillants.

Publié le 01/10/2013

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système grâce au prestige de leurs armes et aux sanctions contre les défaillants. C'est ainsi, et c'est bientôt, si cette fois ils l'emportent, que vous les verrez dicter leur loi au pape et à tous les princes italiens. Et dès que vous les entendez parler de protection, sciatis quia prope est aestas 8. Vous me direz peut-être qu'il y a remède au mal, si nous faisons le bloc contre eux. Je vous réponds que ceci serait une seconde erreur, une seconde illusion, car l'union de plusieurs contre un seul est difficile à réaliser, ou, si elle est réalisée, difficile à maintenir. Voyez l'exemple de la France, contre laquelle tous étaient coalisés ; aussitôt l'Espagne fait la trêve avec elle, les Vénitiens se font ses amis, les Suisses sont mous à l'attaquer, l'Empereur, on ne l'a même pas vu, l'Angleterre enfin s'allie avec elle. Il suffit que la puissance contre laquelle on s'est coalisé ait assez de force pour ne pas crouler au premier choc, comme croula Venise, et elle trouvera son salut dans les dissensions des autres, comme l'a trouvé la France, comme l'aurait trouvé Venise si elle avait tenu deux mois. Mais sa faiblesse ne lui permit pas d'attendre la débâcle de la ligue. Tel ne serait pas le cas des Suisses, qui trouveront toujours chez l'Empereur, chez l'Espagne, chez la France ou chez les princes italiens le moyen de parer à une coalition générale, ou celui de la défaire si elle s'est faite. Je sais que bien des gens se rient de cette opinion ; je suis si loin de m'en rire que j'en suis sûr : que les Suisses tiennent tête à l'avalanche, et que nous soyons encore vivants dans six ans, je vous le rappellerai. Vous désirez savoir ce que le pape peut bien avoir à craindre des Suisses s'ils triomphent avec lui pour allié ; je vous réponds : contribution d'abord, et bien vite après, sujétion pour lui comme pour l'Italie entière, et sine spe redemptionis 9, car il a affaire à une république, et elle est armée comme ne l'a jamais été aucun peuple ni aucun potentat. Mais si Sa Sainteté était l'alliée de la France et que celle-ci triomphât, je crois qu'elle observerait les conditions du traité pourvu qu'elles soient raisonnables et qu'un excès d'appétit n'ait pas porté le pape à ,trop vouloir et le Roi à trop céder ; je crois que ce n'est pas l'Église, mais vous qu'il taillerait à merci ; il devrait ménager le pape par égard à son alliance avec l'Angleterre, parce que les Suisses n'auraient pas été exterminés complètement, et que le roi d'Espagne, tout chassé qu'il fût de Naples, resterait vivant lui aussi, donc à craindre. Il paraîtrait donc raisonnable qu'il désire que l'Église fût regardée comme son alliée, il en serait de même des Vénitiens. En somme, de quelque côté que se déclare la victoire, l'Église restera à la merci de l'un ou de l'autre parti : je pense donc qu'il vaut mieux rester à la merci de celui qui sera le plus raisonnable et qui s'est déjà fait connaître tel en d'autres circonstances, que de celui qu'on ne connaît pas bien encore et dont on ignore tout à fait les intentions. Si le parti auquel Sa Sainteté se serait alliée venait à succomber, je craindrais (moi, pape) de me voir réduit à la fuite, à l'exil ou à toute autre fâcheuse extrémité. Or, lorsque entre deux partis, on est forcé d'en choisir un, il faut entre autres choses considérer où peut conduire la mauvaise fortune, et prendre toujours celui dont le résultat, à chances égales, s'il doit être malheureux, soit pourtant le moins intolérable. Il n'y a pas de doute qu'il serait moins intolérable de succomber avec la France pour alliée qu'avec les autres ; car si Sa Sainteté s'allie avec la France, en cas d'échec, il lui reste l'État qu'elle a là-bas et où un Souverain Pontife peut encore vivre dans l'honneur ; et sa fortune, grâce au secours d'une aussi puissante monarchie, peut renaître de mille manières ; il est chez lui en Avignon et bien des papes y ont déjà tenu leur siège. S'il se lie à l'autre parti, en cas d'échec, il lui faut s'en aller en Suisse mourir de faim, ou en Allemagne pour s'y voir la risée de tous, ou en Espagne pour y être ras tondu ; de sorte qu'il n'y a nulle comparaison à faire entre les maux qu'entraînerait l'une ou l'autre de ces défaites. Quant au parti de rester neutre, je ne crois pas qu'il ait jamais servi personne, quand celui qui le prend est moins fort que les combattants, et qu'il se trouve placé au milieu ; car vous saurez d'abord qu'il est indispensable à un prince de se conduire à l'égard de ses sujets, de ses alliés et de ses voisins de manière à

« devrait ménager le pape par égard à son alliance avec l'Angle- terre, parce que les Suisses n'auraient pas été exterminés complètement, et que le roi d'Espagne, tout chassé qu'il fût de Naples, resterait vivant lui aussi, donc à craindre.

Il paraîtrait donc raisonnable qu'il désire que l'Église fût regardée comme son alliée, il en serait de même des Vénitiens.

En somme, de quelque côté que se déclare la victoire, l'Église restera à la merci de l'un ou de l'autre parti : je pense donc qu'il vaut mieux rester à la merci de celui qui sera le plus raison- nable et qui s'est déjà fait connaître tel en d'autres circonstances, que de celui qu'on ne connaît pas bien encore et dont on ignore tout à fait les intentions.

Si le parti auquel Sa Sainteté se serait alliée venait à succomber, je craindrais (moi, pape) de me voir réduit à la fuite, à l'exil ou à toute autre fâcheuse extrémité.

Or, lorsque entre deux partis, on est forcé d'en choisir un, il faut entre autres choses considérer où peut conduire la mauvaise fortune, et prendre toujours celui dont le résultat, à chances égales, s'il doit être malheureux, soit pourtant le moins intolé- rable.

Il n'y a pas de doute qu'il serait moins intolérable de succomber avec la France pour alliée qu'avec les autres ; car si Sa Sainteté s'allie avec la France, en cas d'échec, il lui reste l'État qu'elle a là-bas et où un Souverain Pontife peut encore vivre dans l'honneur ; et sa fortune, grâce au secours d'une aussi puissante monarchie, peut renaître de mille manières ; il est chez lui en Avignon et bien des papes y ont déjà tenu leur siège.

S'il se lie à l'autre parti, en cas d'échec, il lui faut s'en aller en Suisse mourir de faim, ou en Allemagne pour s'y voir la risée de tous, ou en Espagne pour y être ras tondu ; de sorte qu'il n'y a nulle comparaison à faire entre les maux qu'entraînerait l'une ou l'autre de ces défaites.

Quant au parti de rester neutre, je ne crois pas qu'il ait jamais servi personne, quand celui qui le prend est moins fort que les combattants, et qu'il se trouve placé au milieu ; car vous saurez d'abord qu'il est indispensable à un prince de se conduire à l'égard de ses sujets, de ses alliés et de ses voisins de manière à. »

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