tenait à la main Catherine.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
germé
etqui devait ymûrir.
René attendit respectueusement, labougie àla main, quelareine, quiparaissait prêteàse retirer, luidonnât
de nouveaux ordresoului adressât denouvelles questions.
Catherine fitplusieurs paslatête inclinée, ledoigt surlabouche eten gardant lesilence.
Puiss’arrêtant tout
à coup devant Renéenrelevant surluison œilrond etfixe comme celuid’unoiseau deproie :
– Avoue-moi quetuas fait pour ellequelque philtre,dit-elle.
– Pour qui ? demanda Renéentressaillant.
– Pour laSauve.
– Moi, madame, ditRené ; jamais !
– Jamais ?
– Sur mon âme, jevous lejure.
– Il ya cependant delamagie, carill’aime comme unfou, luiqui n’est pasrenommé parsaconstance.
– Qui lui,madame ?
– Lui, Henri lemaudit, celuiquisuccédera ànos trois fils,celui qu’on appellera unjour Henri IV,etqui
cependant estlefils deJeanne d’Albret.
Et Catherine accompagna cesderniers motsd’unsoupir quifitfrissonner René,carillui rappelait lesfameux
gants que,parordre deCatherine, ilavait préparés pourlareine deNavarre.
– Il yva donc toujours ? demandaRené.
– Toujours, ditCatherine.
– J’avais crucependant queleroi deNavarre étaitrevenu toutentier àsa femme.
– Comédie, René,comédie.
Jene sais dans quelbut,mais toutseréunit pourmetromper.
Mafille elle-
même, Marguerite, sedéclare contremoi ;peut-être, elleaussi, espère-t-elle lamort deses frères, peut-être
espère-t-elle êtrereine deFrance.
– Oui, peut-être, ditRené, rejetédanssarêverie etse faisant l’échodudoute terrible deCatherine.
– Enfin, ditCatherine, nousverrons.
Etelle s’achemina verslaporte dufond, jugeant sansdoute inutile de
descendre parl’escalier secret,puisqu’elle étaitsûred’être seule.
René laprécéda, et,quelques instantsaprès,tousdeux setrouvèrent danslaboutique duparfumeur.
– Tu m’avais promisdenouveaux cosmétiques pourmesmains etpour meslèvres, René,dit-elle ; voici
l’hiver, ettu sais quej’ailapeau fortsensible aufroid.
– Je m’en suisdéjà occupé, madame, etjevous lesporterai demain.
– Demain soirtune me trouverais pasavant neufoudix heures.
Pendant lajournée jefais mes dévotions.
– Bien, madame, jeserai auLouvre àneuf heures.
– Madame deSauve ade belles mains etde belles lèvres, ditd’un tonindifférent Catherine ; etde quelle pâte
se sert-elle ?
– Pour sesmains ?
– Oui, pour sesmains d’abord.
– De pâte àl’héliotrope.
– Et pour seslèvres ?
– Pour seslèvres, ellevaseservir dunouvel opiatquej’aiinventé etdont jecomptais porterdemain une
boîte àVotre Majesté enmême tempsqu’àelle.
Catherine restauninstant pensive.
– Au reste, elleestbelle, cettecréature, dit-elle,répondant toujoursàsa secrète pensée, etiln’y arien
d’étonnant àcette passion duBéarnais.
– Et surtout dévouée àVotre Majesté, ditRené, àce que jecrois dumoins.
Catherine souritethaussa les
épaules.
–Lorsqu’une femmeaime,dit-elle, est-cequ’elle estjamais dévouée àun autre qu’àsonamant ! Tuluiasfait
quelque philtre,René.
– Je vous jurequenon, madame.
– C’est bien ! n’enparlons plus.Montre-moi donccetopiat nouveau donttume parlais, etqui doit luifaire
les lèvres plusfraîches etplus roses encore.
René s’approcha d’unrayon etmontra àCatherine sixpetites boîtesd’argent delamême forme, c’est-à-dire
rondes, rangées lesunes àcôté desautres.
– Voilà leseul philtre qu’ellem’aitdemandé, ditRené ; ilest vrai, comme ledit Votre Majesté, quejel’ai
composé exprèspourelle,carelle ales lèvres sifines etsitendres quelesoleil etlevent lesgercent également.
Catherine ouvritunedeces boîtes, ellecontenait unepâte ducarmin leplus séduisant.
– René, dit-elle, donne-moi delapâte pour mesmains ; j’enemporterai avecmoi.
René s’éloigna aveclabougie ets’en allachercher dansuncompartiment particulierceque luidemandait la
reine.
Cependant ilne seretourna passivite, qu’il necrût voirqueCatherine, parunbrusque mouvement,
venait deprendre uneboîte etde lacacher soussamante.
Ilétait tropfamiliarisé aveccessoustractions dela
reine mèrepouravoir lamaladresse deparaître s’enapercevoir.
Aussi,prenant lapâte demandée enferméedans
un sac depapier fleurdelisé :.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- note de lecture : Le pire n’est pas certain, Catherine et Raphaël Larrère
- Le personnage de CATHERINE EARNSHAW
- BARKLEY Catherine d’Ernest HemingWay
- Le personnage de CATHERINE IVANOVNA de Dostoïevski.
- CATHERINE MORLAND ou L’abbaye de Northanger Jane Austen (résumé & analyse)