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tenait à la main Catherine.

Publié le 04/11/2013

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tenait à la main Catherine. - Vous le voyez, René, dit la reine. C'est ainsi que s'éteindra notre race. La mort soufflera dessus et elle isparaîtra de la surface de la terre. Trois fils, cependant, trois fils ! ... murmura-t-elle tristement. René lui prit des mains la bougie éteinte et alla la rallumer dans la pièce à côté. Quand il revint, il vit la poule qui s'était fourré la tête dans l'entonnoir. - Cette fois, dit Catherine, j'éviterai les cris, car je lui trancherai la tête d'un seul coup. Et en effet, lorsque la poule fut attachée, Catherine, comme elle l'avait dit, d'un seul coup lui trancha la tête. Mais dans la convulsion suprême, le bec s'ouvrit trois fois et se rejoignit pour ne plus se rouvrir. - Vois-tu ! dit Catherine épouvantée. À défaut de trois cris, trois soupirs. Trois, toujours trois. Ils mourront tous les trois. Toutes ces âmes, avant de partir, comptent et appellent jusqu'à trois. Voyons maintenant les signes de la tête. Alors Catherine abattit la crête pâlie de l'animal, ouvrit avec précaution le crâne, et le séparant de manière à laisser à découvert les lobes du cerveau, elle essaya de trouver la forme d'une lettre quelconque sur les sinuosités sanglantes que trace la division de la pulpe cérébrale. - Toujours, s'écria-t-elle en frappant dans ses deux mains, toujours ! et cette fois le pronostic est plus clair que jamais. Viens et regarde. René s'approcha. - Quelle est cette lettre ? lui demanda Catherine en lui désignant un signe. - Un H, répondit René. - Combien de fois répété ? René compta. - Quatre, dit-il. - Eh bien, eh bien, est-ce cela ? Je le vois, c'est-à-dire Henri IV. Oh ! gronda-t-elle en jetant le couteau, je suis maudite dans ma postérité. C'était une effrayante figure que celle de cette femme pâle comme un cadavre, éclairée par la lugubre lumière et crispant ses mains sanglantes. - Il régnera, dit-elle, avec un soupir de désespoir, il régnera ! - Il régnera, répéta René enseveli dans une rêverie profonde. Cependant, bientôt cette expression sombre s'effaça des traits de Catherine à la lumière d'une pensée qui semblait éclore au fond de son cerveau. - René, dit-elle en étendant la main vers le Florentin sans détourner sa tête inclinée sur sa poitrine, René, n'y a-t-il pas une terrible histoire d'un médecin de Pérouse qui, du même coup, à l'aide d'une pommade, a empoisonné sa fille et l'amant de sa fille ? - Oui, madame. - Cet amant, c'était ? continua Catherine toujours pensive. - C'était le roi Ladislas, madame. - Ah ! oui, c'est vrai ! murmura-t-elle. Avez-vous quelques détails sur cette histoire ? - Je possède un vieux livre qui en traite, répondit René. - Eh bien, passons dans l'autre chambre, vous me le prêterez. Tous deux quittèrent alors la cellule, dont René ferma la porte derrière lui. - Votre Majesté me donne-t-elle d'autres ordres pour de nouveaux sacrifices ? demanda le Florentin. - Non, René, non ! je suis pour le moment suffisamment convaincue. Nous attendrons que nous puissions nous procurer la tête de quelque condamné, et le jour de l'exécution tu en traiteras avec le bourreau. René s'inclina en signe d'assentiment, puis il s'approcha, sa bougie à la main, des rayons où étaient rangés les livres, monta sur une chaise, en prit un et le donna à la reine. Catherine l'ouvrit. - Qu'est-ce que cela ? dit-elle. « De la manière d'élever et de nourrir les tiercelets, les faucons et le gerfauts pour qu'ils soient braves, vaillants et toujours prêts au vol. » - Ah ! pardon, madame, je me trompe ! Ceci est un traité de vénerie fait par un savant Lucquois pour le fameux Castruccio Castracani. Il était placé à côté de l'autre, relié de la même façon. Je me suis trompé. C'est d'ailleurs un livre très précieux ; il n'en existe que trois exemplaires au monde : un qui appartient à la bibliothèque de Venise, l'autre qui avait été acheté par votre aïeul Laurent, et qui a été offert par Pierre de Médicis au roi Charles VIII, lors de son passage à Florence, et le troisième que voici. - Je le vénère, dit Catherine, à cause de sa rareté ; mais n'en ayant pas besoin, je vous le rends. Et elle tendit la main droite vers René pour recevoir l'autre, tandis que de la main gauche elle lui rendit celui qu'elle avait reçu. Cette fois René ne s'était point trompé, c'était bien le livre qu'elle désirait. René descendit, le feuilleta un instant et le lui rendit tout ouvert. Catherine alla s'asseoir à une table, René posa près d'elle la bougie magique, et à la lueur de cette flamme bleuâtre, elle lut quelques lignes à demi-voix. - Bien, dit-elle en refermant le livre, voilà tout ce que je voulais savoir. Elle se leva, laissant le livre sur la table et emportant seulement au fond de son esprit la pensée qui y avait germé et qui devait y mûrir. René attendit respectueusement, la bougie à la main, que la reine, qui paraissait prête à se retirer, lui donnât e nouveaux ordres ou lui adressât de nouvelles questions. Catherine fit plusieurs pas la tête inclinée, le doigt sur la bouche et en gardant le silence. Puis s'arrêtant tout à coup devant René en relevant sur lui son oeil rond et fixe comme celui d'un oiseau de proie : - Avoue-moi que tu as fait pour elle quelque philtre, dit-elle. - Pour qui ? demanda René en tressaillant. - Pour la Sauve. - Moi, madame, dit René ; jamais ! - Jamais ? - Sur mon âme, je vous le jure. - Il y a cependant de la magie, car il l'aime comme un fou, lui qui n'est pas renommé par sa constance. - Qui lui, madame ? - Lui, Henri le maudit, celui qui succédera à nos trois fils, celui qu'on appellera un jour Henri IV, et qui cependant est le fils de Jeanne d'Albret. Et Catherine accompagna ces derniers mots d'un soupir qui fit frissonner René, car il lui rappelait les fameux gants que, par ordre de Catherine, il avait préparés pour la reine de Navarre. - Il y va donc toujours ? demanda René. - Toujours, dit Catherine. - J'avais cru cependant que le roi de Navarre était revenu tout entier à sa femme. - Comédie, René, comédie. Je ne sais dans quel but, mais tout se réunit pour me tromper. Ma fille ellemême, Marguerite, se déclare contre moi ; peut-être, elle aussi, espère-t-elle la mort de ses frères, peut-être espère-t-elle être reine de France. - Oui, peut-être, dit René, rejeté dans sa rêverie et se faisant l'écho du doute terrible de Catherine. - Enfin, dit Catherine, nous verrons. Et elle s'achemina vers la porte du fond, jugeant sans doute inutile de descendre par l'escalier secret, puisqu'elle était sûre d'être seule. René la précéda, et, quelques instants après, tous deux se trouvèrent dans la boutique du parfumeur. - Tu m'avais promis de nouveaux cosmétiques pour mes mains et pour mes lèvres, René, dit-elle ; voici l'hiver, et tu sais que j'ai la peau fort sensible au froid. - Je m'en suis déjà occupé, madame, et je vous les porterai demain. - Demain soir tu ne me trouverais pas avant neuf ou dix heures. Pendant la journée je fais mes dévotions. - Bien, madame, je serai au Louvre à neuf heures. - Madame de Sauve a de belles mains et de belles lèvres, dit d'un ton indifférent Catherine ; et de quelle pâte se sert-elle ? - Pour ses mains ? - Oui, pour ses mains d'abord. - De pâte à l'héliotrope. - Et pour ses lèvres ? - Pour ses lèvres, elle va se servir du nouvel opiat que j'ai inventé et dont je comptais porter demain une boîte à Votre Majesté en même temps qu'à elle. Catherine resta un instant pensive. - Au reste, elle est belle, cette créature, dit-elle, répondant toujours à sa secrète pensée, et il n'y a rien d'étonnant à cette passion du Béarnais. - Et surtout dévouée à Votre Majesté, dit René, à ce que je crois du moins. Catherine sourit et haussa les épaules. - Lorsqu'une femme aime, dit-elle, est-ce qu'elle est jamais dévouée à un autre qu'à son amant ! Tu lui as fait quelque philtre, René. - Je vous jure que non, madame. - C'est bien ! n'en parlons plus. Montre-moi donc cet opiat nouveau dont tu me parlais, et qui doit lui faire les lèvres plus fraîches et plus roses encore. René s'approcha d'un rayon et montra à Catherine six petites boîtes d'argent de la même forme, c'est-à-dire ondes, rangées les unes à côté des autres. - Voilà le seul philtre qu'elle m'ait demandé, dit René ; il est vrai, comme le dit Votre Majesté, que je l'ai omposé exprès pour elle, car elle a les lèvres si fines et si tendres que le soleil et le vent les gercent également. Catherine ouvrit une de ces boîtes, elle contenait une pâte du carmin le plus séduisant. - René, dit-elle, donne-moi de la pâte pour mes mains ; j'en emporterai avec moi. René s'éloigna avec la bougie et s'en alla chercher dans un compartiment particulier ce que lui demandait la eine. Cependant il ne se retourna pas si vite, qu'il ne crût voir que Catherine, par un brusque mouvement, enait de prendre une boîte et de la cacher sous sa mante. Il était trop familiarisé avec ces soustractions de la eine mère pour avoir la maladresse de paraître s'en apercevoir. Aussi, prenant la pâte demandée enfermée dans n sac de papier fleurdelisé :

« germé etqui devait ymûrir. René attendit respectueusement, labougie àla main, quelareine, quiparaissait prêteàse retirer, luidonnât de nouveaux ordresoului adressât denouvelles questions. Catherine fitplusieurs paslatête inclinée, ledoigt surlabouche eten gardant lesilence.

Puiss’arrêtant tout à coup devant Renéenrelevant surluison œilrond etfixe comme celuid’unoiseau deproie : – Avoue-moi quetuas fait pour ellequelque philtre,dit-elle. – Pour qui ? demanda Renéentressaillant. – Pour laSauve. – Moi, madame, ditRené ; jamais ! – Jamais ? – Sur mon âme, jevous lejure. – Il ya cependant delamagie, carill’aime comme unfou, luiqui n’est pasrenommé parsaconstance. – Qui lui,madame ? – Lui, Henri lemaudit, celuiquisuccédera ànos trois fils,celui qu’on appellera unjour Henri IV,etqui cependant estlefils deJeanne d’Albret. Et Catherine accompagna cesderniers motsd’unsoupir quifitfrissonner René,carillui rappelait lesfameux gants que,parordre deCatherine, ilavait préparés pourlareine deNavarre. – Il yva donc toujours ? demandaRené. – Toujours, ditCatherine. – J’avais crucependant queleroi deNavarre étaitrevenu toutentier àsa femme. – Comédie, René,comédie.

Jene sais dans quelbut,mais toutseréunit pourmetromper.

Mafille elle- même, Marguerite, sedéclare contremoi ;peut-être, elleaussi, espère-t-elle lamort deses frères, peut-être espère-t-elle êtrereine deFrance. – Oui, peut-être, ditRené, rejetédanssarêverie etse faisant l’échodudoute terrible deCatherine. – Enfin, ditCatherine, nousverrons.

Etelle s’achemina verslaporte dufond, jugeant sansdoute inutile de descendre parl’escalier secret,puisqu’elle étaitsûred’être seule. René laprécéda, et,quelques instantsaprès,tousdeux setrouvèrent danslaboutique duparfumeur. – Tu m’avais promisdenouveaux cosmétiques pourmesmains etpour meslèvres, René,dit-elle ; voici l’hiver, ettu sais quej’ailapeau fortsensible aufroid. – Je m’en suisdéjà occupé, madame, etjevous lesporterai demain. – Demain soirtune me trouverais pasavant neufoudix heures.

Pendant lajournée jefais mes dévotions. – Bien, madame, jeserai auLouvre àneuf heures. – Madame deSauve ade belles mains etde belles lèvres, ditd’un tonindifférent Catherine ; etde quelle pâte se sert-elle ? – Pour sesmains ? – Oui, pour sesmains d’abord. – De pâte àl’héliotrope. – Et pour seslèvres ? – Pour seslèvres, ellevaseservir dunouvel opiatquej’aiinventé etdont jecomptais porterdemain une boîte àVotre Majesté enmême tempsqu’àelle. Catherine restauninstant pensive. – Au reste, elleestbelle, cettecréature, dit-elle,répondant toujoursàsa secrète pensée, etiln’y arien d’étonnant àcette passion duBéarnais. – Et surtout dévouée àVotre Majesté, ditRené, àce que jecrois dumoins.

Catherine souritethaussa les épaules.

–Lorsqu’une femmeaime,dit-elle, est-cequ’elle estjamais dévouée àun autre qu’àsonamant ! Tuluiasfait quelque philtre,René. – Je vous jurequenon, madame. – C’est bien ! n’enparlons plus.Montre-moi donccetopiat nouveau donttume parlais, etqui doit luifaire les lèvres plusfraîches etplus roses encore. René s’approcha d’unrayon etmontra àCatherine sixpetites boîtesd’argent delamême forme, c’est-à-dire rondes, rangées lesunes àcôté desautres. – Voilà leseul philtre qu’ellem’aitdemandé, ditRené ; ilest vrai, comme ledit Votre Majesté, quejel’ai composé exprèspourelle,carelle ales lèvres sifines etsitendres quelesoleil etlevent lesgercent également. Catherine ouvritunedeces boîtes, ellecontenait unepâte ducarmin leplus séduisant. – René, dit-elle, donne-moi delapâte pour mesmains ; j’enemporterai avecmoi. René s’éloigna aveclabougie ets’en allachercher dansuncompartiment particulierceque luidemandait la reine.

Cependant ilne seretourna passivite, qu’il necrût voirqueCatherine, parunbrusque mouvement, venait deprendre uneboîte etde lacacher soussamante.

Ilétait tropfamiliarisé aveccessoustractions dela reine mèrepouravoir lamaladresse deparaître s’enapercevoir.

Aussi,prenant lapâte demandée enferméedans un sac depapier fleurdelisé :. »

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