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vapeurs, faite d'un trait plus clair, venait de s'effacer.

Publié le 01/11/2013

Extrait du document

vapeurs, faite d'un trait plus clair, venait de s'effacer. « Allons ! « dit enfin le docteur. Et, revenant du côté de la ville, dont il suivit l'enceinte, il se dirigea vers le cimetière. Là, devant la porte, attendaient Pointe Pescade et Cap Matifou, blottis derrière un arbre, de manière à ne pas être vus. Le cimetière était fermé à cette heure. Une dernière lumière venait de s'éteindre dans la maison du gardien. Personne n'y devait plus venir avant le jour. Sans doute, le docteur avait une connaissance exacte du plan de ce cimetière. Sans doute aussi, son intention n'était pas d'y entrer par la porte - ce qu'il venait y faire devant être fait secrètement. « Suivez-moi «, dit-il à Pointe Pescade et à son compagnon, qui s'étaient avancés vers lui. Et tous trois commencèrent à longer le mur extérieur, que le vallonnement du terrain élevait par une pente assez sensible. Après dix minutes de marche, le docteur s'arrêta ; puis, montrant une brèche qui provenait d'un récent éboulement du mur : « Passons «, dit-il. Il se glissa par cette brèche. Pointe Pescade et Cap Matifou la franchirent après lui. Là, l'obscurité était plus profonde sous les grands arbres qui abritaient les tombes. Cependant, sans hésiter, le docteur suivit une allée, puis une contre-allée qui conduisait à la partie supérieure du cimetière. Quelques oiseaux de nuit, troublés à son passage, s'envolaient de çà et de là. Mais, hormis ces hiboux et ces chouettes, il n'y avait pas un être vivant autour des stèles éparses sous les herbes. Bientôt tous trois s'arrêtèrent devant un modeste monument, une sorte de petite chapelle, dont la grille n'était pas fermée à clef. Le docteur repoussa cette grille ; puis, pressant le bouton d'une petite lanterne électrique, il en fit jaillir la lumière, mais de façon à ce qu'elle ne pût être aperçue du dehors. « Entre «, dit-il à Cap Matifou. Cap Matifou entra dans la petite chapelle et se trouva en face d'un mur, sur lequel trois plaques de marbre étaient incrustées. Sur une de ces plaques - celle du milieu -, on lisait : ÉTIENNE BATHORY. 1867 La plaque de gauche ne portait pas d'inscription. La plaque de droite allait bientôt en avoir une. « Enlève cette plaque «, dit le docteur. Cap Matifou déplaça facilement la plaque qui n'était pas encore scellée ; il la posa à terre, et une bière apparut au fond de la cavité ménagée dans le mur. C'était le cercueil qui contenait le corps de Pierre Bathory. « Retire cette bière «, dit le docteur. Cap Matifou retira la bière, sans que Pointe Pescade eût besoin de l'aider, si lourde qu'elle fût, et, après être sorti de la petite chapelle, il la déposa sur l'herbe. « Prends cet outil, dit le docteur en donnant un tournevis à Pointe Pescade, et enlève le couvercle de cette bière. « Cela fut fait en quelques minutes. Le docteur Antékirtt écarta de la main le drap blanc qui recouvrait le corps et il appuya sa tête sur sa poitrine, comme pour écouter les battements du coeur. Puis, se relevant : « Retire ce corps «, dit-il à Cap Matifou. Cap Matifou obéit, sans que ni lui ni Pointe Pescade, quoiqu'il s'agît d'une exhumation interdite, eussent fait une seule objection. Lorsque le corps de Pierre Bathory eut été déposé sur l'herbe, Cap Matifou le réenveloppa de son linceul, sur lequel le docteur jeta son manteau. Le couvercle fut alors revissé, la bière replacée dans la cavité du mur, la plaque remise sur l'orifice qu'elle recouvrit comme avant. Le docteur interrompit le courant de sa lanterne électrique, et l'obscurité redevint profonde. « Prends ce corps «, dit-il à Cap Matifou. Cap Matifou souleva dans ses robustes bras le corps du jeune homme, comme il eût fait de celui d'un enfant ; puis, précédé du docteur et suivi de Pointe Pescade, il reprit la contre-allée, qui conduisait directement à la brèche du cimetière. Cinq minutes après, la brèche étant franchie, le docteur, Pointe Pescade et Cap Matifou, après avoir contourné les murs de la ville, se dirigeaient vers le littoral. Pas une parole n'avait été échangée ; mais si l'obéissant Cap Matifou ne pensait pas plus qu'une machine, quelle succession d'idées se déroulait dans le cerveau de Pointe Pescade ! Dans le trajet du cimetière au littoral, le docteur Antékirtt et ses deux compagnons n'avaient rencontré personne sur leur route. Mais, en approchant de la petite anse, où devait les attendre le canot de l'Electric, ils aperçurent un douanier qui allait et venait, en se promenant sur les premières roches du rivage. Ils continuèrent leur chemin, cependant, sans s'inquiéter de sa présence. Un nouveau cri, jeté par le docteur, fit venir à lui le patron de l'embarcation restée invisible. Sur un signe, Cap Matifou descendit le revers des roches et se disposa à mettre le pied dans le canot. À ce moment, le douanier s'approcha, et, comme l'embarquement allait se faire : « Qui êtes-vous ? demanda-t-il. - Des gens qui vous donnent à choisir entre vingt florins comptant et un coup de poing de monsieur... aussi comptant ! « répondit Pointe Pescade, en montrant Cap Matifou. Le douanier n'hésita pas : il prit les vingt florins. « Embarquons ! « dit le docteur. Un instant après, le canot avait disparu dans l'ombre. Cinq minutes plus tard, il accostait le long fuseau qu'il était impossible d'apercevoir du littoral. L'embarcation fut hissée à bord, et l'Electric, mû par sa silencieuse machine, eut bientôt gagné le large. Quant à Cap Matifou, il avait déposé le corps de Pierre Bathory sur un divan dans une étroite chambre, dont aucun hublot ne laissait passer la lumière à l'extérieur. Le docteur, resté seul près de ce corps, se pencha sur lui, et ses lèvres vinrent baiser son front décoloré. « Maintenant, Pierre, réveille-toi ! dit-il. Je le veux ! « Aussitôt, comme s'il n'eût été qu'endormi de ce sommeil magnétique si semblable à la mort, Pierre rouvrit les yeux. Une sorte de répulsion se peignit d'abord sur ses traits, quand il reconnut le docteur Antékirtt. « Vous !... murmura-t-il, vous qui m'avez abandonné ! - Moi, Pierre ! - Mais qui êtes-vous donc ? - Un mort... comme toi ! - Un mort ?... - Je suis le comte Mathias Sandorf ! «

« son linceul, surlequel ledocteur jetasonmanteau.

Lecouvercle futalors revissé, labière replacée danslacavité dumur, laplaque remisesurl’orifice qu’ellerecouvrit commeavant. Le docteur interrompit lecourant desalanterne électrique, etl’obscurité redevintprofonde. « Prends cecorps », dit-ilàCap Matifou. Cap Matifou soulevadanssesrobustes braslecorps dujeune homme, commeileût faitde celui d’unenfant ; puis,précédé dudocteur etsuivi dePointe Pescade, ilreprit lacontre-allée, qui conduisait directement àla brèche ducimetière. Cinq minutes après,labrèche étantfranchie, ledocteur, PointePescade etCap Matifou, après avoir contourné lesmurs delaville, sedirigeaient verslelittoral. Pas une parole n’avait étééchangée ; maissil’obéissant CapMatifou nepensait pasplus qu’une machine, quellesuccession d’idéessedéroulait danslecerveau dePointe Pescade ! Dans letrajet ducimetière aulittoral, ledocteur Antékirtt etses deux compagnons n’avaient rencontré personnesurleur route.

Mais,enapprochant delapetite anse,oùdevait les attendre lecanot del’ Electric, ils aperçurent undouanier quiallait etvenait, ensepromenant sur lespremières rochesdurivage. Ils continuèrent leurchemin, cependant, sanss’inquiéter desaprésence.

Unnouveau cri,jeté par ledocteur, fitvenir àlui lepatron del’embarcation restéeinvisible. Sur unsigne, CapMatifou descendit lerevers desroches etse disposa àmettre lepied dans le canot.

À ce moment, ledouanier s’approcha, et,comme l’embarquement allaitsefaire : « Qui êtes-vous ? demanda-t-il. – Des gensquivous donnent àchoisir entrevingtflorins comptant etun coup depoing de monsieur… aussicomptant ! » réponditPointePescade, enmontrant CapMatifou. Le douanier n’hésitapas :ilprit lesvingt florins. « Embarquons ! » ditledocteur. Un instant après,lecanot avaitdisparu dansl’ombre.

Cinqminutes plustard, ilaccostait lelong fuseau qu’ilétait impossible d’apercevoir dulittoral. L’embarcation futhissée àbord, etl’ Electric, mû par sasilencieuse machine,eutbientôt gagné le large. Quant àCap Matifou, ilavait déposé lecorps dePierre Bathory surundivan dansuneétroite chambre, dontaucun hublot nelaissait passerlalumière àl’extérieur. Le docteur, restéseulprès dececorps, sepencha surlui,etses lèvres vinrent baisersonfront décoloré.

« Maintenant, Pierre,réveille-toi ! dit-il.Jeleveux ! » Aussitôt, commes’iln’eût étéqu’endormi decesommeil magnétique sisemblable àla mort, Pierre rouvrit lesyeux. Une sorte derépulsion sepeignit d’abord surses traits, quand ilreconnut ledocteur Antékirtt. « Vous !… murmura-t-il, vousquim’avez abandonné ! – Moi, Pierre ! – Mais quiêtes-vous donc ? – Un mort… comme toi ! – Un mort ?… – Je suislecomte Mathias Sandorf ! ». »

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