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Voltaire Jeannot et Colin

Publié le 03/03/2011

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Dans le conte Jeannot et Colin, Voltaire met en scène deux enfants dont l'un, Jeannot, est issu d'une famille riche et prétentieuse, et l'autre, Colin, d'une famille paysanne. Le père de Jeannot, qui a acheté un marquisat, souhaite donner à son fils une bonne éducation. Il s'agit alors de choisir, avec l'avis « éclairé « d'un gouverneur ignorant, ce que le jeune marquis apprendra.  

L'aimable ignorant prit alors la parole, et dit : « Vous avez très bien remarqué, Madame, que la grande fin de l'homme est de réussir dans la société. De bonne foi, est-ce par les sciences qu'on obtient ce succès? S'est-on jamais avisé dans 5 la bonne compagnie de parler de géométrie? Demande-t-on jamais à un honnête homme quel astre se lève aujourd'hui avec le soleil? S'informe-t-on à souper si Clodion le Chevelu passa le Rhin? — Non, sans doute, s'écria la marquise de la Jeannotière, que ses charmes avaient initiée quelquefois dans 10 le beau monde; et monsieur mon fils ne doit point éteindre son génie par l'étude de tous ces fatras; mais enfin que lui apprendra-t-on? Car il est bon qu'un jeune seigneur puisse briller dans l'occasion, comme dit monsieur mon mari. Je me souviens d'avoir ouï dire à un abbé que la plus agréable des 15 sciences était une chose dont j'ai oublié le nom, mais qui commence par un b. — Par un b, Madame? ne serait-ce point la botanique? — Non, ce n'était point de botanique qu'il me parlait; elle commençait, vous dis-je, par un b et finissait par un on. — Ah! j'entends, Madame; c'est le blason : c'est à la 20 vérité une science fort profonde; mais elle n'est plus à la mode depuis qu'on a perdu l'habitude de faire peindre ses armes aux portières de son carrosse; c'était la chose du monde la plus utile dans un État bien policé. D'ailleurs, cette étude serait infinie; il n'y a point aujourd'hui de barbier qui n'ait 25 ses armoiries; et vous savez que tout ce qui devient commun est peu fêté. « Enfin, après avoir examiné le fort et le faible des sciences, il fut décidé que monsieur le marquis apprendrait à danser.

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