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XVI La tête remplie de George Barnwell, je ne fus d'abord

Publié le 15/12/2013

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XVI La tête remplie de George Barnwell, je ne fus d'abord pas éloigné de croire qu'à mon insu j'étais pour quelque chose dans l'attentat commis sur ma soeur, ou que, dans tous les cas, étant son plus proche parent et passant généralement pour lui avoir quelques obligations, j'étais plus que tout autre exposé à devenir l'objet de légitimes soupçons. Mais quand le lendemain, à la brillante clarté du jour, je raisonnai de l'affaire en entendant discuter autour de moi, je la considérai sous un jour tout à fait différent et en même temps plus raisonnable. Joe avait été fumer sa pipe aux Trois jolis Bateliers, depuis huit heures un quart jusqu'à dix heures moins un quart. Pendant son absence, ma soeur s'était mise à la porte et avait échangé le bonsoir avec un garçon de ferme, qui rentrait chez lui. Cet homme ne put dire positivement à quelle heure il avait quitté ma soeur, il dit seulement que ce devait être avant neuf heures. Quand Joe rentra à dix heures moins cinq minutes, il la trouva étendue à terre et s'empressa d'appeler à son secours. Le feu paraissait avoir peu brûlé et n'était pas éteint ; la mèche de la chandelle pas trop longue ; il est vrai que cette dernière avait été soufflée. Rien dans la maison n'avait disparu ; rien n'avait été touché, si ce n'est la chandelle éteinte qui était sur la table, entre la porte et ma soeur, et qui était derrière elle, quand elle faisait face au feu et avait été frappée. Il n'y avait aucun dérangement dans le logis, si ce n'est celui que ma soeur avait fait elle-même en tombant et en saignant. Il s'y trouvait en revanche une pièce de conviction qui ne manquait pas d'une certaine importance. Ma soeur avait été frappée avec quelque chose de dur et de lourd ; puis, une fois renversée, on lui avait lancé à la tête ce quelque chose avec beaucoup de violence. En la relevant, Joe retrouva derrière elle un fer de forçat qui avait été limé en deux. Après avoir examiné ce fer de son oeil de forgeron, Joe déclara qu'il y avait déjà quelque temps qu'il avait été limé. Les cris et la rumeur parvinrent bientôt aux pontons, et les personnes qui en arrivèrent pour examiner le fer confirmèrent l'opinion de Joe ; elles n'essayèrent pas de déterminer à quelle époque ce fer avait quitté les pontons, mais elles affirmèrent qu'il n'avait été porté par aucun des deux forçats échappés la veille ; de plus, l'un des deux forçats avait déjà été repris et il ne s'était pas débarrassé de ses fers. Sachant ce que je savais, je ne doutais pas que ce fer ne fût celui de mon forçat, ce même fer que je l'avais vu et entendu limer dans les marais. Cependant, je ne l'accusais pas d'en avoir fait usage contre ma soeur, mais je soupçonnais qu'il était tombé entre les mains d'Orlick ou de l'étranger, celui qui m'avait montré la lime, et que l'un de ces deux individus avait pu seul s'en servir d'une manière aussi cruelle. Quant à Orlick, exactement comme il nous l'avait dit au moment où nous l'avions rencontré à la barrière, on l'avait vu en ville pendant toute la soirée ; il était entré dans plusieurs tavernes avec diverses personnes, et il était revenu avec M. Wopsle et moi. Il n'y avait donc rien contre lui, si ce n'est la querelle, et ma soeur s'était querellée plus de mille fois avec lui, comme avec tout le monde. Quant à l'étranger, aucune dispute ne pouvait s'être élevée entre ma soeur et lui, s'il était venu réclamer ses deux banknotes, car elle était parfaitement disposée à les lui restituer. Il était d'ailleurs évident qu'il n'y avait pas eu d'altercation entre ma soeur et l'assaillant, qui était entré avec si peu de bruit et si inopinément, qu'elle avait été renversée avant d'avoir eu le temps de se retourner. N'était-il pas horrible de penser que, sans le vouloir, j'avais procuré l'instrument du crime. Je souffrais l'impossible, en me demandant sans cesse si je ne ferais pas disparaître tout le charme de mon enfance en racontant à Joe tout ce qui s'était passé. Pendant les mois qui suivirent, chaque jour je répondais négativement à cette question, et, le lendemain, je recommençais à y réfléchir. Cette lutte venait, après tout, de ce que ce secret était maintenant un vieux secret pour moi ; je l'avais nourri si longtemps, qu'il était devenu une partie de moi-même, et que je ne pouvais plus m'en séparer. En outre, j'avais la crainte qu'après avoir été la cause de tant de malheurs, je finirais probablement par m'aliéner Joe s'il me croyait. Mais me croirait-il ? Ces réflexions me décidèrent à temporiser ; je résolus de faire une confession pleine et entière si j'entrevoyais une nouvelle occasion d'aider à découvrir le coupable. Les constables et les hommes de Bow Street, de Londres, séjournèrent à la maison pendant une semaine ou deux. Ils ne firent pas mieux en cette circonstance que ne font d'ordinaire les agents de l'autorité en pareil cas, du moins d'après ce que j'ai lu ou entendu dire. Ils arrêtèrent des gens à tort et à travers, et se buttèrent la tête contre toutes sortes d'idées fausses en persistant, comme toujours, à vouloir arranger les circonstances d'après les probabilités, au lieu de chercher les probabilités dans les circonstances. Aussi les voyait-on à la porte des Trois jolis Bateliers avec l'air réservé de gens qui en savent beaucoup plus qu'ils ne veulent en dire, et cela remplissait tout le village d'admiration. Ils avaient des façons aussi mystérieuses en saisissant leurs verres que s'ils eussent saisi le coupable lui-même ; pas tout à fait, cependant, puisqu'ils n'en firent jamais rien. Longtemps après le départ de ces dignes représentants de la loi, ma soeur était encore au lit très malade. Elle avait la vue toute troublée, de sorte qu'elle voyait les objets doubles, et souvent elle saisissait un verre ou une tasse à thé imaginaire au lieu d'une réalité. L'ouïe était chez elle gravement affectée, la mémoire aussi, et ses paroles étaient inintelligibles. Quand, plus tard, elle put descendre de sa chambre, il me fallut tenir mon ardoise constamment à sa portée pour qu'elle pût écrire ce qu'elle ne pouvait articuler ; mais, comme elle écrivait fort mal, qu'elle était médiocrement forte sur l'orthographe, et que Joe n'était pas non plus un habile lecteur, il s'élevait entre eux des complications extraordinaires, que j'étais toujours appelé à résoudre. Cependant son caractère s'était considérablement amélioré, elle était devenue même assez patiente. Un tremblement nerveux s'empara de tous ses membres, et ils prirent une incertitude de mouvement qui fit partie de son état habituel ; puis, après un intervalle de trois mois, à peine pouvait-elle porter sa main à sa tête, et elle tombait souvent pendant plusieurs semaines dans une tristesse voisine de l'aberration d'esprit. Nous étions très embarrassés pour lui trouver une garde convenable, lorsqu'une circonstance fortuite nous vint en aide. La grand-tante de M. Wopsle mourut, et celui-ci, voyant l'état dans lequel ma soeur était tombée, laissa Biddy venir la soigner. Ce fut environ un mois après la réapparition de ma soeur dans la cuisine, que Biddy arriva chez nous avec une petite boîte contenant tous les effets qu'elle possédait au monde. Ce fut une bénédiction pour nous tous et surtout pour Joe, car le cher homme était bien abattu, en contemplant continuellement la lente destruction de sa femme, et il avait coutume, le soir, en veillant à ses côtés, de tourner sur moi de temps à autre ses yeux bleus humides de larmes, en me disant : « C'était un si beau corps de femme ! mon petit Pip. » Biddy entra de suite en fonctions et prodigua à ma soeur les soins les plus intelligents, comme si elle n'eût fait que cela depuis son enfance. Joe put alors jouir en quelque sorte de la plus grande tranquillité qu'il eût jamais goûtée durant tout le cours de sa vie, et il eut le loisir de pousser de temps en temps jusqu'aux Trois jolis Bateliers, ce qui lui fit un bien extrême. Une chose étonnante, c'est que les gens de la police avaient tous plus ou moins soupçonné le pauvre Joe d'être le coupable sans qu'il s'en doutât, et que, d'un commun accord, ils le regardaient comme un des esprits les plus profonds qu'ils eussent jamais rencontrés. Le premier triomphe de Biddy, dans sa nouvelle charge, fut de résoudre une difficulté que je n'avais jamais pu surmonter, malgré tous mes efforts. Voici ce que c'était : Toujours et sans cesse ma soeur avait tracé sur l'ardoise un chiffre qui ressemblait à un T ; puis elle avait appelé notre attention sur ce chiffre, comme une chose dont elle avait particulièrement besoin. J'avais donc passé en revue tous les mots qui commençaient par un T, depuis Tabac jusqu'à Tyran. À la fin, il m'était venu dans l'idée que cette lettre avait assez la forme d'un marteau, et, ayant prononcé ce mot à l'oreille de ma soeur, elle avait commencé à frapper sur la table en signe d'assentiment. Là-dessus, j'avais apporté tous nos marteaux les uns après les autres, mais sans succès. Puis j'avais pensé à une béquille. J'en empruntai une dans le village, et, plein de confiance, je vins la mettre sous les yeux de ma soeur, mais elle se mit à secouer la tête avec une telle rapidité, que nous eûmes une grande frayeur : faible et brisée comme elle était, nous craignîmes qu'elle ne se disloquât le cou. Quand ma soeur eut remarqué que Biddy la comprenait très vite, le signe mystérieux reparut sur l'ardoise. Biddy l'examina avec attention, entendit mes explications, regarda ma soeur, me regarda, regarda Joe, puis elle courut à la forge, suivie par Joe et par moi. « Mais oui, c'est bien cela ! s'écria Biddy, ne voyez-vous pas que c'est lui ! » C'était Orlick ! Il n'y avait pas de doute, elle avait oublié son nom et ne pouvait l'indiquer que par son marteau. Biddy le pria de venir dans la cuisine. Orlick déposa tranquillement son marteau, essuya son front avec son bras, puis avec son tablier, et vint en se dandinant avec cette singulière démarche hésitante et sans-souci qui le caractérisait. Je m'attendais, je le confesse, à entendre ma soeur le dénoncer ; mais les choses tournèrent tout autrement. Elle manifesta le plus grand désir d'être en bons termes avec lui ; elle montra qu'elle était contente qu'on le lui eût amené, et parla de lui offrir quelque chose à boire. Elle examinait sa contenance, comme si elle eût particulièrement souhaité de s'assurer qu'il prenait sa réception en bonne part. Elle manifestait le plus grand désir de se le concilier, et elle avait vis-à-vis de lui cet air d'humble soumission que j'ai souvent remarqué chez les enfants en présence d'un maître sévère. Dans la suite, elle ne passa pas un jour sans dessiner le marteau sur son ardoise, et sans qu'Orlick vînt en se dandinant se placer devant elle, avec sa mine hargneuse, comme s'il ne savait pas plus que moi ce qu'il voulait faire. XVII Je suivis le cours de mon apprentissage, qui ne fut varié, en dehors des limites du village et des marais, par une autre circonstance remarquable, que par le retour de l'anniversaire de ma naissance, qui me fit rendre ma seconde visite chez miss Havisham. Je trouvai Sarah Pocket remplissant toujours sa charge à la porte, et miss Havisham dans l'état où je l'avais laissée. Miss Havisham me parla d'Estelle de la même manière et dans les mêmes termes. L'entrevue ne dura que quelques minutes. En partant, miss Havisham me donna une guinée et me dit de revenir à mon prochain anniversaire. Disons une fois pour toutes que cela devint une habitude annuelle. J'essayai, la première fois, de refuser poliment la guinée, mais ce refus n'eut d'autre effet que de me faire demander avec colère si j'avais compté sur davantage. Après cela, je la pris sans rien dire. Tout était si peu changé, dans la vieille et triste maison, dans la lumière jaune de cette chambre obscure, et dans ce spectre flétri, assis devant la table de toilette, qu'il me semblait que le temps s'était arrêté comme les pendules, dans ce mystérieux endroit où, pendant que tout vieillissait au dehors, tout restait dans le même état. La lumière du jour n'entrait pas plus dans la maison que mes souvenirs et mes pensées ne pouvaient m'éclairer sur le fait actuel ; et cela m'étonnait sans que je pusse m'en rendre compte, et sous cette influence je continuai à haïr de plus en plus mon état et à avoir honte de notre foyer. Imperceptiblement, je commençai à m'apercevoir qu'un grand changement s'était opéré chez Biddy. Les quartiers de ses souliers étaient relevés maintenant jusqu'à sa cheville, ses cheveux avaient poussé, ils étaient même brillants et lisses, et ses mains étaient toujours propres. Elle n'était pas jolie ; étant commune, elle ne pouvait ressembler à Estelle ; mais elle était agréable, pleine de santé, et d'un caractère charmant. Il n'y avait pas plus d'un an qu'elle demeurait avec nous ; je me souviens même qu'elle venait de quitter le deuil, quand je remarquai un soir qu'elle avait des yeux expressifs, de bons et beaux yeux. Je fis cette découverte au moment où je levais le nez d'une tâche que j'étais en train de faire : je copiais quelques pages d'un livre que je voulais apprendre par coeur, et je m'exerçais, par cet innocent stratagème, à faire deux choses à la fois. En voyant Biddy qui me regardait et m'observait, je posai ma plume sur la table, et Biddy arrêta son aiguille, mais sans la quitter. « Biddy, dis-je, comment fais-tu donc ? Ou je suis très bête, ou tu es très intelligente. - Qu'est-ce donc que je fais ?... je ne sais pas », répondit Biddy en souriant. C'était elle qui conduisait tout notre ménage, et étonnamment bien encore, mais ce n'est pas de cette habileté que je voulais parler, quoiqu'elle m'eût étonné bien souvent. « Comment peux-tu faire, Biddy, dis-je, pour apprendre tout ce que j'apprends ? » Je commençais à tirer quelque vanité de mes connaissances, car pour les acquérir, je dépensais mes guinées d'anniversaire et tout mon argent de poche, bien que je comprenne aujourd'hui qu'à ce prix-là le peu que je savais me revenait extrêmement cher. « Je pourrais te faire la même question, dit Biddy ; comment fais-tu ? - Le soir, quand je quitte la forge, chacun peut me voir me mettre à l'ouvrage, moi ; mais toi, Biddy, on ne t'y voit jamais. - Je suppose que j'attrape la science comme un rhume », dit tranquillement Biddy. Et elle reprit son ouvrage. Poursuivant mon idée, renversé dans mon fauteuil en bois, je regardais Biddy coudre, avec sa tête penchée de côté. Je commençais à voir en elle une fille vraiment extraordinaire, car je me souvins qu'elle était très savante en tout ce qui concernait notre état, qu'elle connaissait les noms de nos outils et les termes de notre ouvrage. En un mot, Biddy savait théoriquement tout ce que je savais, et elle aurait fait un forgeron tout aussi accompli que moi, si ce n'est davantage. « Biddy, dis-je, tu es une de ces personnes qui savent tirer parti de toutes les occasions ; tu n'en avais jamais eu

« réservé degens quiensavent beaucoup plusqu’ils neveulent endire, etcela remplissait toutlevillage d’admiration.

Ils avaient desfaçons aussimystérieuses ensaisissant leursverres ques’ilseussent saisilecoupable lui-même ; pastout à fait, cependant, puisqu’ilsn’enfirent jamais rien. Longtemps aprèsledépart deces dignes représentants delaloi, ma sœur étaitencore aulittrès malade.

Elleavait la vue toute troublée, desorte qu’elle voyaitlesobjets doubles, etsouvent ellesaisissait unverre ouune tasse àthé imaginaire aulieu d’une réalité.

L’ouïeétaitchezellegravement affectée,lamémoire aussi,etses paroles étaient inintelligibles.

Quand,plustard, elleputdescendre desachambre, ilme fallut tenirmonardoise constamment àsa portée pourqu’elle pûtécrire cequ’elle nepouvait articuler ; mais,comme elleécrivait fortmal, qu’elle était médiocrement fortesurl’orthographe, etque Joen’était pasnon plus unhabile lecteur, ils’élevait entreeuxdes complications extraordinaires, quej’étais toujours appeléàrésoudre. Cependant soncaractère s’étaitconsidérablement amélioré,elleétait devenue mêmeassezpatiente.

Un tremblement nerveuxs’empara detous sesmembres, etils prirent uneincertitude demouvement quifitpartie deson état habituel ; puis,après unintervalle detrois mois, àpeine pouvait-elle portersamain àsa tête, etelle tombait souvent pendant plusieurs semaines dansunetristesse voisinedel’aberration d’esprit.Nousétions trèsembarrassés pour luitrouver unegarde convenable, lorsqu’unecirconstance fortuitenousvintenaide.

Lagrand-tante deM. Wopsle mourut, etcelui-ci, voyantl’étatdanslequel masœur étaittombée, laissaBiddy venirlasoigner. Ce fut environ unmois après laréapparition dema sœur danslacuisine, queBiddy arriva cheznous avecunepetite boîte contenant tousleseffets qu’elle possédait aumonde.

Cefut une bénédiction pournous tousetsurtout pourJoe, car lecher homme étaitbienabattu, encontemplant continuellement lalente destruction desafemme, etilavait coutume, lesoir, enveillant àses côtés, detourner surmoi detemps àautre sesyeux bleus humides delarmes, enme disant : « C’était unsibeau corps defemme ! monpetit Pip. » Biddy entradesuite enfonctions etprodigua àma sœur lessoins lesplus intelligents, commesielle n’eût faitque cela depuis sonenfance.

Joeput alors jouirenquelque sortedelaplus grande tranquillité qu’ileûtjamais goûtée durant toutlecours desavie, etileut leloisir depousser detemps entemps jusqu’aux Trois jolisBateliers, ce qui lui fit un bien extrême.

Unechose étonnante, c’estquelesgens delapolice avaient tousplusoumoins soupçonné le pauvre Joed’être lecoupable sansqu’ils’endoutât, etque, d’un commun accord,ilsleregardaient commeundes esprits lesplus profonds qu’ilseussent jamaisrencontrés. Le premier triomphe deBiddy, danssanouvelle charge,futderésoudre unedifficulté quejen’avais jamaispu surmonter, malgrétousmesefforts.

Voiciceque c’était : Toujours etsans cesse masœur avaittracé surl’ardoise unchiffre quiressemblait àun T ;puis elleavait appelé notre attention surcechiffre, comme unechose dontelleavait particulièrement besoin.J’avaisdoncpassé enrevue tous lesmots quicommençaient parunT,depuis Tabacjusqu’à Tyran.Àla fin, ilm’était venudansl’idée quecette lettre avaitassez laforme d’unmarteau, et,ayant prononcé cemot àl’oreille dema sœur, elleavait commencé à frapper surlatable ensigne d’assentiment.

Là-dessus,j’avaisapporté tousnosmarteaux lesuns après lesautres, mais sans succès.

Puisj’avais penséàune béquille.

J’enempruntai unedans levillage, et,plein deconfiance, jevins lamettre sous lesyeux dema sœur, maisellesemit àsecouer latête avec unetelle rapidité, quenous eûmes unegrande frayeur : faibleetbrisée comme elleétait, nouscraignîmes qu’ellenesedisloquât lecou. Quand masœur eutremarqué queBiddy lacomprenait trèsvite, lesigne mystérieux reparutsurl’ardoise.

Biddy l’examina avecattention, entenditmesexplications, regardamasœur, meregarda, regardaJoe,puis ellecourut àla forge, suivieparJoeetpar moi. « Mais oui,c’est biencela ! s’écria Biddy,nevoyez-vous pasque c’est lui ! » C’était Orlick ! Iln’y avait pasdedoute, elleavait oublié sonnom etne pouvait l’indiquer queparson marteau. Biddy lepria devenir danslacuisine.

Orlickdéposa tranquillement sonmarteau, essuyasonfront avecsonbras, puis avec sontablier, etvint ensedandinant aveccette singulière démarche hésitanteetsans-souci quilecaractérisait. Je m’attendais, jeleconfesse, àentendre masœur ledénoncer ; maisleschoses tournèrent toutautrement.

Elle manifesta leplus grand désird’être enbons termes aveclui ;ellemontra qu’elleétaitcontente qu’onlelui eût amené, et parla deluioffrir quelque choseàboire.

Elleexaminait sacontenance, commesielle eûtparticulièrement souhaité de s’assurer qu’ilprenait saréception enbonne part.Ellemanifestait leplus grand désirdeseleconcilier, etelle avait vis-à-vis deluicet aird’humble soumission quej’aisouvent remarqué chezlesenfants enprésence d’unmaître sévère. Dans lasuite, ellenepassa pasunjour sans dessiner lemarteau surson ardoise, etsans qu’Orlick vîntensedandinant se placer devant elle,avec samine hargneuse, commes’ilnesavait pasplus quemoi cequ’il voulait faire.. »

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