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Adolphe Benjamin CONSTANT 1816 Folio

Adolphe est un roman psychologique issu des expériences sentimentales de Benjamin Constant. La fiction qui fait du récit une confession découverte dans une cassette n’a jamais empêché de reconnaître l’auteur sous les traits d’Adolphe. Quant à Ellénore, elle représente essentiellement Mme de Staël, la fille du ministre Necker, la romancière de Delphine (1804) et de Corinne (1807). Constant, qui avait fait sa connaissance en l794, entretint avec elle une liaison agitée jusqu’en 1808. Le souvenir de plusieurs autres femmes vient aussi nourrir l’intrigue. L’action se déroule à la fin du XVIIIe siècle, dans une petite principauté allemande où réside occasionnellement le héros. Celui-ci est un jeune homme de vingt-deux ans, issu d’une famille aristocratique de Genève, «distrait, inattentif, ennuyé», qui fréquente la cour et cherche à aimer. Il fait la rencontre d’une femme plus âgée que lui de dix ans, Ellénore, qui est la maîtresse du comte de P. dont elle a deux enfants. D’abord muet par timidité, puis tenu à distance par Ellénore, Adolphe devient, «de la meilleure foi du monde, véritablement amoureux». La passion qu’il montre finit par toucher Ellénore, mais quand celle-ci abandonne le comte de P. pour s’attacher éperdument à lui, le lien qu’il s’est créé se met à lui peser. Il a l’impression de gâcher sa vie, et les remontrances de son père accroissent son malaise. Cependant, il n’ose pas rompre et se laisse enchaîner par les sacrifices qu’Ellénore accomplit en sa faveur. Leurs relations s’aigrissent car Ellénore est assez lucide pour pénétrer les vrais sentiments d’Adolphe, et leur amour n’est plus que souffrance. Un ami du père d’Adolphe, pour hâter la rupture, communique à Ellénore une lettre où le jeune homme promettait de rompre. Ellénore tombe malade et meurt bientôt, rendant à son trop faible amant, désespéré par cette mort dont il se sent coupable, une liberté qu’il désirait sans avoir la force de la reprendre. On a souvent fait le procès de Constant en instruisant celui d’Adolphe, et l’on s’est beaucoup préoccupé des clefs du roman. D’une façon immédiate et en somme plus intéressante, celui-ci offre, dans un style sobre, inspiré de l’art classique, une tragédie fondée sur la passion, la lucidité et la faiblesse.

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