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Bérénice Jean RACINE 1670

Dans cette tragédie en cinq actes, Racine interprète, avec la liberté d’usage au théâtre, la séparation, en 79 après J.-C., de l’empereur Titus et de la reine de Palestine Bérénice, événement ainsi résumé par Suétone : «... dimisit invitus invitam» («Il la renvoya, malgré lui, malgré elle. » Vie des douze Césars.)
L’action se passe à Rome huit Jours après la mort de l’empereur Vespasien. Son fils Titus, qui lui succède, va, pense-t-on, user de son pouvoir nouveau pour épouser la reine Bérénice dont il est épris depuis cinq ans. Toute la cour s’attend à ce mariage que Vespasien interdisait, et le roi de Comagène Antiochus, personnage introduit par Racine comme ami de Titus et amoureux secret et sans espoir de la reine, s’apprête à quitter, Rome (I, 4), tandis que Bérénice sourit à son destin (I, 5). Mais Titus prend conscience qu’il est maintenant dépositaire des traditions romaines qu’il dénonçait du vivant de son père : Rome ne peut avoir une reine pour impératrice. Il décide donc, malgré son chagrin, de renoncer à épouser Bérénice (II, 1). N’osant le lui annoncer lui-même (II, 4), il confie cette mission à Antiochus qui s’en acquitte à contrecœur (III, 3). Bérénice accable Titus de reproches et parle de se donner la mort (IV, 5). Antiochus, malgré les espérances que lui suggère son confident Arsace, travaille à rapprocher les amants désemparés. S’il n’y parvient pas, il leur permet tout au moins, par l’exemple de sa générosité, de surmonter l’épreuve. Bérénice formulera les termes du sacrifice héroïque dans lequel ils trouveront tous trois leur dépassement (V, 7). Ce sacrifice de l’amour à la raison d’État a été ressenti en 1670 comme une allusion aux amours contrariées de Louis XIV et de Marie Mancini. Après avoir été ainsi goûtée pour son romanesque, la pièce est aujourd’hui louée pour la sobriété de son tragique tout intérieur.


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