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EAU (symbole)

EAU les origines, l’inconscient
L’eau est la source et le symbole de la vie, et le culte des eaux se retrouve dans toutes les mythologies. • Les Sumériens déjà enseignaient que de la Mer originelle était né le Ciel-Terre qui donna ensuite naissance aux autres dieux. • Dans la cosmogonie égyptienne, la Genèse, pour les Hébreux et les Hindous, l’eau est l’essence du pouvoir passif ou féminin; l’humidité est le plus fécond des éléments, base de la création. • Force originelle féminine (yin), l’eau (shui) s’unit au feu (yang) pour donner naissance aux 5 éléments qui, à leur tour, engendrent dix mille choses (la totalité). Dans le système de correspondances, elle est en relation avec le froid, le Nord, les reins, le 6, la couleur noire, la lune, le trigramme kh’an, symbole de la difficulté, du péril. • Symbole de la pureté pour les Egyptiens, elle désignait la naissance des purs ou des initiés (9-54). Elle est demeurée le plus usité des moyens de régénération et de purification physique et spirituelle: — Eau bénite, symbole des eaux primordiales qui chasse les démons et permet de se régénérer à chaque fois qu’on pénètre dans un lieu saint. — Eau baptismale des chrétiens qui, versée sur la tête de l’enfant, le purifie et l’admet dans la chrétienté. Autrefois en rapport avec l’initiation, le baptême était à l’origine un rite royal et initiatique indiquant l’admission dans une communauté d’initiés. Chez les Esséniens, ce rite était pratiqué plusieurs fois au cours de la vie et à un niveau cosmique, car les cuves baptismales avaient 12 côtés, à l’image du zodiaque, ou reposaient sur 12 taureaux évoquant à la fois la mer d’airain du temple de Jérusalem et le cosmos dans sa toute-puissance.
— Eau lustrale des druides, ennemie des maléfices, eau grégorienne consacrant, rebénissant donc régénérant les églises profanées. — Eau des ablutions rituelles des musulmans ou- des ablutions des statues saintes en Inde et en Extrême-Orient. Le bain rituel dans l’eau froide a une valeur considérable au Japon, où il fait partie du misogi (exercices de purification). On le pratique dans un état de nudité totale et dans un ordre précis : la bouche, Je visage, les parties sexuelles, la poitrine et le ventre, les pieds et les jambes, les épaules et les bras, le dos et de nouveau la poitrine et le ventre et enfin le corps tout entier. Ces bains symboliques rappellent aux adeptes du Shinto que, pour être agréable à la divinité, il ne suffit pas de se débarrasser de sa saleté corporelle, mais aussi de mettre un frein à ses mauvais penchants, se conformer à la Voie juste et morale. L’eau remplit Une double fonction: purificatrice et moralisatrice. C’est cette vertu rénovatrice de l’eau que l’homme, moderne honore lorsqu’il a recours aux bienfaits des cures thermales ou qu’il se plonge avec délices dans son bain. L’eau est une bénédiction pour les habitants des pays où règne la sécheresse: rivières et fleuves sont considérés comme des facteurs fertilisants d’origine divine. L’eau qui tombe du ciel est bénie dit le Coran. • Donnée aux hommes par Dieu, elle devient le symbole de la sagesse et de la vie spirituelle. En héraldique, l’eau est symbole de l’océan cosmique de l’origine, c’est-à-dire du «réservoir» des possibles dans lequel Dieu puise pour créer les mondes. Les eaux limpides... symbolisent l’harmonie des sentiments et la noblesse de la sensibilité. • En Inde, l’eau est le symbole de la conscience supérieure, de l’existence consciente suprême universelle... l’être conscient dans sa masse et ses mouvements... Le Véda parle de 2 océans, les eaux d’en haut et les eaux d’en bas correspondant au subconscient obscur et au supraconscient.
Ces rivières du monde supérieur caché produisent le Soma, la boisson des dieux, l’hydromel qui «est la douceur dans les 7 eaux», l’élément indispensable du sacrifice védique, la sève vitale. Apparenté au sang, liquide vital, et au vin dionysiaque, le Soma symbolise la montée de la libido, la vitalité, le lien avec l’inconscient, souvent gardé par des monstres parce que cette force vitale provient des instincts « animaux » qu’il faut mater avant de connaître la véritable jouissance. ♦ Selon P. Diel, l’eau symbolise la purification du désir jusqu’à sa forme la plus sublime, la bonté. L’eau est le symbole de la purification du caractère. L’eau fécondante qui tombe du ciel, la pluie, Je nuage... représente la fécondation sublime. La vie humaine, ses désirs et ses sentiments se trouvent figurés par le fleuve qui traverse la terre et se jette dans la mer. La mer représente l’immensité mystérieuse vers laquelle s’achemine la vie et dont elle sort. La mer devient ainsi le symbole de la naissance (36-38). Tandis que les eaux sous-marines symbolisent le subconscient l’eau gelée, la glace, la froideur, la stagnation à son plus haut degré, le manque de chaleur d’âme, la stagnation psychique, l’âme morte (36-39). L’interprétation de G. Bachelard n’est pas éloignée de celle de Diel : il considère l’eau morte, silencieuse, sombre, dormante, insondable, comme le support matériel de la mort et voit dans les eaux dormantes le symbole du sommeil total, dont on ne veut pas se réveiller, de ce sommeil gardé par l’amour des vivants... C’est la leçon d’une mort immobile, d’une mort en profondeur, d’une mort qui demeure avec nous, près de nous, en nous (46-91). Dans les rêves, l’eau est le symbole de l’inconscient. Les bains indiquent le besoin de se régénérer, d’oublier le passé. «Source de vie... paisible ou mouvementée, mais contenue dans ses limi-, tes, elle donne un sens favorable au rêve». Mais les inondations dénoncent le danger présenté par un sentiment devenu trop envahissant.

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