Devoir de Philosophie

HOMME HUMANISME HUMANITÉ

HOMME Terme évidemment indéfinissable. Il faut cependant rappeler que l’homme est biologiquement une espèce ; il n’y a pas de “race humaine”. Toute tentative de définir l’homme par l’énumération de certains caractères se heurte à des difficultés sans doute rédhibitoires. Raison, langage, sont certes le propre de l’homme, mais que faire de l’enfant, du fou ? De plus l’inachèvement essentiel de l’homme - peut-être sa détermination essentielle - empêche d’enfermer sa définition dans un inventaire définitif. Le résultat le plus net de deux millénaires de réflexion philosophique et scientifique sur l’homme est peut-être l’évacuation progressive, lente mais irréversible, de l’idée d’une essence de l’homme ; au profit d’une conscience plus nette de sa condition, et d’une connaissance plus précise de son statut éminemment social et historique.


HUMANISME En philosophie, on qualifie d’humaniste toute conception ou doctrine qui se fonde sur l’idée d’une essence, d’une nature éternelle et immuable de l’homme. Cet humanisme théorique doit être distingué de l’humanisme au sens courant, non philosophique, qui est un humanisme pratique. L’humanisme pratique se définit comme souci moral du bien de l’homme et du respect de sa personne. Une attitude humaniste sur le plan pratique est parfaitement compatible avec une conception anti-humaniste de l’homme dans la théorie. L’inverse est vrai aussi : des plus beaux discours sur l'Homme sont sortis quelques-uns des plus grands malheurs pour les hommes.

Humanisme. Esprit nouveau qui caractérise l’enthousiasme renaissant, fasciné par la redécouverte de l’Antiquité, assoiffé de connaissances nouvelles dans tous les domaines. Le terme, qui n’existe pas à la Renaissance, apparaît en Allemagne pour désigner le réveil des langues nationales et le mouvement de redécouverte des littératures anciennes. En 1859, l’ouvrage de l’historien allemand Georg Voigt, Le Réveil de l'Antiquité classique ou le premier siècle de l'humanisme, lie définitivement humanisme et Renaissance. Le terme, lorsqu’il se répand en France en 1875, prend un sens large. Par les «humanités», on désigne les belles lettres; l’humaniste, c’est alors celui qui pratique les textes antiques. Aujourd’hui, le terme revêt une acception encore plus large : l’humaniste est celui qui valorise tout ce qui fait la grandeur de l’homme. Aussi Sartre peut-il définir l’existentialisme comme un humanisme. (Tel est le titre qu’il donne à l’un de ses ouvrages.) Pionniers des temps modernes, les humanistes, au sens strict du terme, rejettent le Moyen Age, époque barbare, gothique, qu’ils taxent d’obscurantisme, « ténébreuse » selon l’expression de Rabelais. Celui-ci mène une véritable polémique contre les Sorbonnards, tenants de la scolastique médiévale. Grâce à l’imprimerie qui facilite la circulation du livre, les humanistes, férus d’hellénisme, redécouvrent les textes grecs que le Moyen Age ne connaissait plus que dans des traductions latines. Ils insistent sur la nécessité d’apprendre les langues, le grec et l’hébreu surtout, afin de retourner aux textes fondateurs de la culture occidentale : la littérature grecque et la Bible. Ils éditent les textes anciens : Etienne Dolet est lui-même imprimeur. Ils traduisent les textes grecs, restituant les textes originaux, les débarrassant des gloses, introduites par les commentateurs successifs, qui les obscurcissaient. Ex. : Guillaume Budé, 1529, Commentaires sur la langue grecque, 1530, De la philologie. Ils accomplissent un immense travail philologique. Ils sont conscients en effet que pour traduire avec pertinence un texte, c’est-à-dire pour le transposer dans un nouveau système linguistique, il faut se livrer au préalable à une analyse syntaxique cohérente du texte d’origine. En 1530, Lefèvre d’Etaples traduit la Bible. Appliquant les mêmes méthodes critiques à la Bible qu’aux autres textes, les humanistes sont considérés avec suspicion par l’Eglise, d’autant que leur démarche est proche de la Réforme, par son esprit de libre examen. La pratique de la traduction les amène spontanément à accomplir un travail de stylisticiens. Aussi légifèrent-ils sur l’orthographe, la rhétorique, les règles de versification. C’est le cas notamment d’Henri Estienne, qui est le fils d’un imprimeur. Accordant à l’apprentissage des langues et à l’esprit de libre examen une grande importance, les humanistes s’intéressent à l’éducation, comme en témoigne la fameuse Lettre de Gargantua à Pantagruel (Rabelais, Pantagruel, 1532, II, chap. 8). Ils obtiennent de François Ier, favorable à l’esprit nouveau, la création, en 1530, du Collège des Lecteurs royaux (l’actuel Collège de France), où des professeurs, chargés d’enseigner le latin, le grec et l’hébreu, échappent à la tutelle de la Sorbonne, grâce à la protection royale.
Ils espèrent avoir un impact sur la vie politique par l’éducation des princes. Erasme, qui est hollandais, écrit L’Institution du prince chrétien.

HUMANITÉ 1. L’ensemble des hommes, le genre humain. 2. Leur nature ou condition commune, ce qui définit l’homme. 3. Le sentiment de bienveillance et de douceur à l’égard de nos semblables.

Au pluriel, désigne les études littéraires classiques (Lettres, langues anciennes). Cette appellation tient au fait que par l’étude des œuvres classiques, chacun peut entrer dans la culture universelle, le patrimoine intellectuel et artistique de l’humanité, au sens 1, et pénétrer ainsi dans l’humanité au sens 2. Il est malheureusement douteux que la fréquentation des humanités classiques suffise à rendre les hommes humains au sens 3 ; les pires des bourreaux nazis étaient gens fort cultivés, nourris de Goethe, Schiller, Kant, Beethoven et Wagner.




Liens utiles