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L'existentialisme est un humanisme, Sartre : L'existentialiste déclare volontiers que l'homme est angoisse

Publié le 22/03/2015

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L'existentialiste déclare volontiers que l'homme est angoisse. Cela signifie ceci : l'homme qui s'engage et qui se rend compte qu'il est non seulement celui qu'il choisit d'être, mais encore un législateur choisissant en même temps que soi l'humanité entière, ne saurait échapper au sentiment de sa totale et profonde responsabilité. Certes, beaucoup de gens ne sont pas anxieux ; mais nous prétendons qu'ils se masquent leur angoisse, qu'ils la fuient ; certainement, beaucoup de gens croient en agissant n'engager qu'eux-mêmes et, lorsqu'on leur dit : mais si tout le monde faisait comme ça ? il haussent les épaules et répondent : tout le monde ne fait pas comme ça. Mais en vérité on doit toujours se demander : qu'arriverait-il si tout le monde en faisait autant ? et on n'échappe à cette pensée inquiétante que par une sorte de mauvaise foi. Celui qui ment et qui s'excuse en déclarant : tout le monde ne fait pas comme ça, est quelqu'un qui est mal à l'aise avec sa conscience, car le fait de mentir implique une valeur universelle attribuée au mensonge. Même lorsqu'elle se masque, l'angoisse apparaît.

[...j Il ne s'agit pas là d'une angoisse qui conduirait au quiétisme, à l'inaction. Il s'agit d'une angoisse simple, que tous ceux qui ont eu des responsabilités connaissent. Lorsque, par exemple, un chef militaire prend la responsabilité d'une attaque et envoie un certain nombre d'hommes à la mort, il choisit de le faire et, au fond, il choisit seul. Sans doute il y a des ordres qui viennent d'en haut, mais ils sont trop larges et une interpré¬tation s'impose, qui vient de lui, et de cette interprétation dépend la vie de dix ou quatorze ou vingt hommes. Il ne peut pas ne pas avoir, dans la décision qu'il prend, une certaine angoisse. Tous les chefs connaissent cette angoisse. Cela ne les empêche pas d'agir, au contraire, c'est la condition même de leur action.

L'existentialisme est un humanisme, Sartre

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« Textes commentés 45 Sartre définit ici l'un des concepts principaux de l'existentialisme, à savoir l'angoisse (lignes l-12).

L'angoisse est liée, dans le premier para­ graphe, à ce que Sartre a dit de la responsabilité totale de l'homme : si chaque individu choisit non seulement l'homme qu'il est mais « l'image de l'homme tel que nous estimons qu'il doit être » (p.

32), alors il ne peut éviter l'angoisse face à cette responsabilité écrasante -celle d'être au fondement de ses propres actes, et d'engager par là l'humanité entière.

Ou plutôt il peut l'éviter en tant qu'il est de mauvaise foi et qu'il affirme n'en­ gager que soi en s'engageant.

Qu'est-ce donc que la mauvaise foi ? Elle est une attitude existentielle qui a la structure du mensonge ; cependant, «ce qui change tout [sous-entendu : par rapport au mensonge], c'est que dans la mauvaise foi, c'est à moi-même que je masque la vérité.

Ainsi, la dualité du trompeur et du trompé n'existe pas ici» (L'Être et le Néant, p.

84).

La mauvaise foi est donc mensonge à soi, qui suppose l'unité d'une conscience : c'est cette mauvaise foi qui caractérise celui qui fuit l'angoisse en refusant sa responsabilité totale, par exemple celui qui justi­ fie son mensonge en disant que « tout le monde ne fait pas comme ça » (lignes lü-11).

Mais en fait, cette forme de dénégation révèle l'angoisse qu'elle cherche à dissimuler, car si je mens, c'est précisément que j'attri­ bue implicitement une valeur universelle au mensonge.

L'angoisse est donc inévitable, même pour celui qui cherche à se cacher qu'il est totalement responsable de ce qu'il fait et qu'il en est ! responsable aux yeux de l'humanité : c'est pourquoi l'angoisse ne mène pas au quiétisme, c'est-à-dire au primat de la contemplation sur l'action.

En effet, l'angoisse caractérise la structure du Pour-soi en tant même qu'il 1 agit : il s'agit de ce que Heidegger appelle un « existential », c'est-à-dire un mode d'être nécessaire du Pour-soi, -nécessaire, car le Pour-soi ne peut pas ne pas être responsable de ce qu'il fait.

Sartre, pour l'expliquer, prend l'exemple du chef militaire : celui-ci choisit toujours seul car, même s'il reçoit des ordres, c'est toujours à lui de décider du sens à donner à ces ordres.

L'angoisse est donc liée ici au fait que parmi les possibles, je n'en choisisse qu'un et que j'en assume totalement la respon­ sabilité, étant donné que même l'ordre ne le contenait pas : l'angoisse n'est pas alors la peur qui me paralyse et interdit toute praxis, elle est le vertige de l'homme d'action devant l'infinité des possibles qui s'ouvrent à lui et qui n'ont de valeur qu'en ce qu'ils sont ses possibles.. »

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