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PRINCIPE PRIVILÈGE PROBLÉMATIQUE PROBLÈME PROCÈS PROCHAIN PRODUCTION PROFANE PROGRÈS PROJET PROPOSITION PROPRE PROPRIÉTÉ PROVIDENCE PSYCHIATRIE

PRINCIPE « Une proposition de laquelle d’autres propositions peuvent être tirées, mais qui ne peut être tirée d’elles, joue le rôle de principe par rapport à ces propositions : le principe est le point de départ de leur déduction » (Marcel Conche). Les principes constituent le noyau fondamental d’une théorie scientifique, d’une morale, d’une doctrine politique, d’un système philosophique. Ex. : en physique, les principes fondamentaux (c’est un pléonasme) de la mécanique, de la thermodynamique. “Tu aimeras ton prochain” est le principe unique de la morale chrétienne. “La lutte des classes est le moteur de l’histoire” : principe du matérialisme historique marxiste. “Il n’existe que des atomes et du vide” : principe physique de la philosophie épicurienne. “Principe” a quelquefois le sens de “cause” ; par ex. : le principe d’un changement, c’est ce qui a provoqué ce changement (sens un peu vieilli). En philosophie, on parlera volontiers de la matière ou de l’esprit comme de principes d’explication, d’intelligibilité du monde. -► Déduction, proposition.

PRIVILÈGE Avantage qui, en droit ou en fait, est a priori réservé à quelques-uns (tandis que le droit est reconnu à tous sans distinction). L’existence du privilège peut découler d’une disposition juridique particulière : le privilège est prévu par la loi. Elle peut résulter de l'absence d’une loi qui énonce un droit universel, ou du fait que cette loi reste lettre morte, matériellement non appliquée ou non applicable. Droit, fait.


PROBLÉMATIQUE L’ensemble constitué par un problème et les concepts dans lesquels il est formulé, concepts qui vont dans une certaine mesure déterminer la solution proposée. Par ex. : la problématique classique de la philosophie politique (xvii et xviiie siècles) est construite sur les concepts d’état de nature et de contrat social. Construire une problématique est la première opération qui s’impose à qui veut traiter une question de philosophie. Face à un texte (3e sujet de baccalauréat, par ex.), il faut toujours tâcher de cerner la problématique avec la plus grande précision possible.

PROBLÈME Difficulté que la pensée rencontre dans sa tentative pour appréhender une réalité quelconque. Le problème n’est pas une simple question, qui découle d’une ignorance ponctuelle et appelle une réponse ponctuelle, toujours simple : “où Henri IV est-il mort ? - A Paris.” Le problème est en revanche complexe par essence, et cette complexité reflète celle de l’objet lui-même. Poser un problème, c’est disposer les éléments, les données qui font problème. Ni en science, ni en philosophie les problèmes ne se posent d’eux-mêmes. La position des problèmes est le résultat d’une activité de l’esprit, autant que la recherche des solutions.

PROCÈS Indépendamment de l’acception judiciaire, ce terme désigne un processus, un développement, « considéré dans l’ensemble de ses conditions réelles » (Marx). Par ex., chez Marx le « procès de production ».

PROCHAIN « Par prochain il faut entendre la totalité des hommes existant en ce monde sans en excepter un seul » (Marcel Conche). Par ex. : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même”.

PRODUCTION Au sens le plus général, produire, c’est faire être. Mais plus précisément, le terme de production désigne l’activité d’engendrement en tant qu’elle n’est pas spécialement consciente ou réfléchie ; en tant qu’elle résulte plutôt d’un processus global sans sujet défini. Par ex. : la production industrielle. A l’opposé, la création, qui suppose un sujet conscient. -> Création.

PROFANE Le profane s’oppose au sacré. Est profane ce qui est étranger aux valeurs, pratiques et rites de la religion.

PROGRÈS Changement vers le mieux. Le progrès est un gain de valeur. On ne peut parler de progrès, à propos de quoi que ce soit, sans poser (explicitement ou implicitement) une norme, un système de valeurs par rapport auxquels tel changement est jugé. Telle évolution peut, au regard d'une certaine norme, passer pour un progrès, et être, au regard d'une autre norme, considérée comme une régression. Les progrès de mon cancer sont une régression pour ma santé. Passer de la bombe A à la bombe H est techniquement un progrès. En est-ce un pour la morale, pour la paix ? C’est une autre question. Le grand danger, pour qui parle de progrès, est de ne pas définir ses normes, de laisser planer la confusion.

PROJET Réalisation qu’on se propose de mener à bien. A distinguer du but, plus ponctuel, et de la fin, abstraite.

PROLÉTAIRE, PROLÉTARIAT Forme un couple indissociable avec “bourgeois”. Ces mots n’ont pas le même sens selon les doctrines au sein desquelles ils prennent place. Chez Marx, par ex., le prolétariat est la classe sociale qui ne possède que sa force de travail et la vend contre salaire au propriétaire des moyens de production (le bourgeois ou capitaliste). Jamais le seul niveau de vie (richesse, pauvreté) ne suffit à définir le prolétariat. -► Bourgeois. PROPOSITION Au sens logique, énoncé susceptible d’être vrai ou faux : “la baleine vole”, “Dieu existe”, “je mourrai dans l’année” sont des propositions, même si la vérité ou la fausseté de ces propositions ne nous est pas connue. “Fermez la porte”, “merci beaucoup”, n’en sont pas.

PROPRE Le propre est ce qui n’appartient qu’à un être, à l’exclusion de tous les autres. Rire est, par ex., le propre de l’homme, mais non pas dormir. Le propre n’exprime pas nécessairement l’essence de l’être : un homme qui ne rirait jamais n’en serait pas moins homme pour cela.

PROPRIÉTÉ La propriété est un rapport de droit, qui attache une chose à une personne. Il n’y a de propriété que par rapport à une loi établie. La possession ne concerne que le fait. Je peux être propriétaire de droit d’un objet qui n’est pas en ma possession, par ex. parce qu’on me l’a volé.

PROVIDENCE Le nom qu’on donne au bon Dieu, en tant qu’il gouverne le monde par sa “volonté puissante et sage”.

PSYCHIATRIE Etym. : médecine de l’âme. Mais un psychiatre refuserait catégoriquement cette étymologie comme définition, car la notion d’âme a pris un contenu religieux et spiritualiste. La psychiatrie est cette branche de la médecine qui tente de soigner la pathologie mentale. -► Pathologie.

PSYCHIQUE, PSYCHISME Paradoxalement, si “psychisme” vient du grec psyché : âme, le mot a perdu toute relation avec cette notion d’âme. On emploie “psychisme” de préférence à “âme” (par ex. : dans le vocabulaire médical), justement pour éviter la connotation religieuse et spiritualiste de ce mot. Mais la difficulté du concept tient au fait que par psychisme, on entend aussi bien l’activité consciente qu’inconsciente. La notion de psychisme n’est pas limitée à l’homme, mais peut concerner l’animal.

PSYCHOLOGIE Mêmes remarques que pour “psychisme” et “psychiatrie” au sujet de l’étymologie. Discipline qui étudie les phénomènes psychiques.

PSYCHOSOMATIQUE Du grec psyché : âme, et sôma : corps. Est psychosomatique toute manifestation corporelle qui traduit une action venue du psychisme. Par ex. : une paralysie, une aphasie, une éruption, peuvent avoir une cause psychique. Même les maladies infectieuses ont souvent un aspect psychosomatique. Ne pas conf. psychosomatique et simulation ou maladie imaginaire. Un malade atteint d’une affection psychosomatique est réellement malade, et souffre réellement des troubles dont il se plaint.

PUISSANCE La puissance est une faculté, une possibilité de déployer une force, en tant que cette possibilité est en réserve. Mais la puissance n’est pas la force ; elle peut rester inemployée, virtuelle, potentielle (“en puissance”). Tandis que la force est toujours actuelle. Il faut distinguer la puissance de son actualisation : la puissance d’un moteur s’actualise dans l’accélération, celle d’une nation peut se réaliser dans l’affrontement militaire, la puissance sexuelle se manifeste dans l’érection, etc. Actualité, faculté.

PULSION Etym. : ce qui pousse. Tendance du psychisme, en tant qu’elle exerce actuellement (et non seulement comme possibilité virtuelle) sa force. La pulsion est la marque, dans le psychisme, d’une dynamique venue du corps.

PUNITION Souffrance ou préjudice infligé par l’autorité au coupable. La punition peut être administrée à des titres extrêmement divers : protection sociale, édification du fautif, dissuasion exemplaire, réparation des dommages. Quand elle vise à l’expiation d’un acte librement commis, elle s’appelle châtiment. Administrée par un tribunal arbitre, c’est la peine.

PUR, PURETÉ Le pur est le sans mélange, sans tache. Le soi-même, sans rien autre. La pureté est presque toujours une notion valorisée, le mélange étant représenté comme contamination et dégradation. La pureté est l’un des plus vieux fantasmes et le mélange, l’une des hantises les plus obsessionnelles de l’humanité. Par ex. dans les théories racistes de la pureté du sang (la “purification ethnique”) ; dans l’intégrisme religieux qui traque l’hérésie et la souillure de toute nouveauté ; dans l’écologisme fanatique, obsédé par la contamination humaine d’une nature originellement pure ; dans le mythe de la virginité. Le mythe de la pureté est très étroitement dépendant de celui de l’origine. La pureté est toujours au commencement.

QUALITÉ Ce qui fait qu’une chose est telle quelle ; sa manière d’être. Par opposition à la quantité, la qualité échappe à la mesure, à la quantification. -► Quantité.

QUANTITÉ C’est le mesurable. On parle aussi de grandeur. Par ex. la longueur est une quantité ; mais la couleur est plutôt une qualité : un objet n’est pas plus ou moins rouge (qu’un autre), comme il peut être plus ou moins long. -► Qualité.

RACE En biologie, ce concept n’a pas un usage très rigoureux. Proche de celui de sous-espèce, il ne définit pas des ensembles très déterminés, faute de critères stables et univoques de classification. Il faut éviter de parler de “race humaine”, car l’humanité est une espèce. -> Critère, espèce.

RAISON Du latin ratio : calcul, compte, système, méthode, explication, théorie, faculté de raisonner, de juger (terme aussi riche que le grec logos).

La raison, c’est d’abord un motif ou une cause ; on parle des raisons d’une décision, d’un événement. (Ne pas conf. d’ailleurs raison et cause). C’est ensuite une faculté de l’homme : capacité de juger, de comprendre, d’enchaîner des idées, de raisonner. C’est une activité (plus qu’une structure), souvent difficile à distinguer de celle de l’entendement (le sens de ces notions varie selon les contextes et les auteurs). Comprendre selon la raison, suivre l’ordre des raisons, c’est effectuer une démarche que chacun peut, identiquement, accomplir. La raison est donc, en l’homme, la faculté de l'universel ; un « pouvoir de sortir de soi » (Lagneau), pour retrouver son semblable. Car si rien n’est exactement senti de la même façon par deux êtres, il n’y a pas deux manières de comprendre une démonstration. Cette activité produit des résultats, des œuvres : démonstrations, théories, règles, systèmes, les sciences, la philosophie. Et le mot “raison” finit par désigner aussi ces produits. On parle, en ce sens, de la rationalité : c’est l’œuvre de la raison comme activité. Ne pas oublier qu’au nom correspondent deux adj., bien différents par le sens : raisonnable et rationnel. Cause, entendement, faculté, juger, universel.


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