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1880-1917 Rodin au paroxysme de sa force LA PORTE DE L'ENFER

Publié le 19/09/2018

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«Vous qui entrez ici...»

 

«Vous qui entrez ici abandonnez toute espérance,» Cette maxime que Dante place à l'entrée des Enfers, dans la Divine Comédie, Rodin la change en figures de bronze. Aussi conçoit-il une structure fortement symbolique. Au-dessus des battants, une pièce horizontale (linteau) supporte un groupe des Trois Ombres, image de la désolation et de la mort. Au-dessous, sur une corniche en saillie, un homme replié sur lui-même, le Penseur, symbolise la mélancolie, devant une frise où se mêlent corps et squelettes.

 

Quant aux reliefs des vantaux, ils représentent des épisodes de l’Ancien Testament — du moins le sculpteur le veut-il ainsi au début. Mais, au fil des transformations et des ajouts, le projet se trouve transformé : à l'ordre d'un récit disposé selon le texte se substitue le désordre expressif de corps entrelacés. Allusions bibliques et imaginations dantesques se mêlent et il ne reste rien de l’idée d'une surface divisée en compartiments séparés. La Porte de l'Enfer selon Rodin est à l’opposé de la Porte du Paradis de Ghiberti, œuvre qui a été son modèle, mais un modèle que le sculpteur dépasse et bouleverse.

« droite du vantail droit.

Il en va de même du Torse d'Adèle, sculpture en terre cuite qui date de 1882 et que Rodin introduit après coup sur le linteau de la Porte.

Naturellement, le cheminement inverse se reconnaît aussi : des morceaux conçus pour la Porte, tel /'Ugolin et ses fils, s'en détachent et deviennent des sculptures autonomes.

Il arrive aussi que Rod in réemploie la même figure à plusieurs endroits : plusieurs fontes d'une sculpture, la Martyre, sont dispersées dans la Porte.

Quant aux Trois Ombres qui surplombent l'ensemble, elles ne sont que la même figure répétée trois fois et non point, comme on pour­ rait s'y attendre, trois statues distinctes.

La Porte de /'Enfer est ainsi tout à la fois le panthéon de l' œuvre entier de Rodin et un laboratoire d' expé­ riences sans cesse renouvelées.

La leçon d'anatomie Grâce à la puissance que le sculpteur donne à son modelé, cette œuvre, qui aurait pu tom ­ ber dans l'incohérence, conserve une parfaite unité.

Cette puissance se manifeste partout, et d'abord dans l'art de l'anatomie et du mou­ vement.

Athlètes ou nymphes , allégories de la force ou du défi, faunesses ou damnés obéis ­ sent à la même loi de la stylisation expressive, qui étire les membres, plie les échines, agran­ dit bouches et yeux, brise les droites, fait saillir des reliefs crevassés et accidentés et, de tout corps, fait le signe d'une passion.

Celui qui professe que «!'art n'est que sentiment» et que •dans la belle scu lpture on devine tou­ jours une puissante impulsion intérieure» met admirablement en œuvre ces principes.

La Porte de !'Enfer, vue d'ensemble du tirage en bronze (Paris , musée Rodin).

Auguste Rodin N é à Pa ris en 1840 , dès 1858, il travaille pour des décorateurs et des fabricants d 'ornements de meubles.

Ces trava ux le fon t viv re, a insi q ue sa com pagne Rose Beu ret et l eur fils, mais ils l'em pêche nt de se consac rer à la scu lpture .

Dans l es an nées 1 870 en fin, ses p rem iers gran ds nus, l' Âge d 'Airain et le Saint Jean-Baptiste , lu i va len t un début de glo ire.

En 1880, il met en ch anti er la Porte de /'Enfer .

Sa noto riété s'é tab lit, g râce au sou­ tien de cri tiq ues tels qu' Octave Mirbeau.

En 188 4, il reço it la com­ mande des Bourgeois de Calais , en 1889 celle d'un mo n ume nt de Victor Hugo et, en 1890 , celle d'u n Balzac -toutes œuvres qu i sont extrêmement discutées.

De 1883 à 1898, sa liaison avec Camille Claudel ajoute à la t ensi on d' une œuvre de plus en plu s pro lixe e t orig ina le.

Comman des, bu stes et nus se mult iplie nt dans ses ate liers d e Par is et de Meudon e t Ro din s ' impose comme le plus gra nd sculpteur vivant.

En 1900 , ses œuvres et, p our la première fois , ses dessi ns, présen tés à !' E xp o­ sition un iverselle, reçoiven t un tr iomphe.

E n 1905, il chois it po ur secré tai re le poète allemand Rainer Maria Rilke.

Il a pour amies la danse u se Isadora Duncan et la pianis t e Wanda Landovska .

En 1906 , le Penseur est placé à Pa ris sur la place du Pan théon et, en 1909, le Victor Hugo est enfin inauguré.

Ju squ'à la fin , Rod in trava ille.

Il meurt en 1917 et est e n terré en grande pompe à Meu do n.

La leçon de Michel-Ange, l'expérience du modèle et de la science anatomique servent tour à tour, mais elles se soumettent au dyna­ misme propre à Rodin.

On che rcherait en vain un corps immobile ou figé.

Le Penseur lui­ même semble se pencher en avant et être sur le point de changer de posture.

Romantisme? Expressionnisme? Symbolisme? Peu importe la classification .

Rodin, inspiré par Dante, s'élève à la hauteur du poète.

Le sculpteur peut avec que lque raison se dire «chasseur de vérité et guetteur de vie», car il a capturé la vérité des corps et fondu leur vie dans le bronze .

-> V oir au ssi : p.

90-91 (La pane du Paradis).. »

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