Antoon Van Dyck: LE ROI À LA CHASSE

« Antoon Van Dyck est né à Anvers en 1599, dan s un e fa m ille aisée de commer çan ts cath o­ lique s.

Entr é en appre n­ t is sage à 10 an s dan s l'a te ­ lier du peintr e Van Bal en , il exe r ce comm e art iste indé­ pendant dès 1616 e t est r eç u ma îtr e en 1618.

E n 1 622, il part p o ur l'It al ie.

Apr ès un séj our à Rom e, il se fixe à Gê nes , où il obt ient un ra pid e s uc­ cès comme portraitis te.

En 16 27, il est d e re tou r à An ver s, où il peint d e vas tes toile s aux s uje ts re ligi eux et surtout des portrait s.

Cin q ans plus tard , le roi d'Angle­ terre Charles I " l' app elle à Londres.

C 'e st, p o ur Van D yc k, le début d 'une carri ère brill a nte, qu i durer a jusqu 'à sa mo rt, à Lond r es, en 1 64 1.

Av ec plus d e 400 portra its ré a ­ l i s é s e n neuf ann ées, l'art iste s'affirm e comme le grand pe intre de l 'aristocratie , in flue nçant de faç on d éc i sive l'é vo lution ultérie ure du por­ tr ait et de la peintur e en géné ra l e n G ra nd e-Br eta gn e.

Un sublime détachement Surtout, par de subtiles et décisives modifica­ tions iconographiques, Van Dyck change 11 espri t de la peintu r e vénitienne : le cheva l de Charles !" est immob ilisé, a lors que celui de 11 em pere u r est saisi dans un éternel galo p ; le roi rega rde la p laine où, peut-être , s'affrontent des armées , alors que Charles Quint s'élance au-devant de l'ennemi.

Cette modifi cation a une portée considérable.

Elle donne du souve­ rain britannique l 'image d'un stratège qui étu­ die le mouvement des troupes et en fait un homme de réflexion plus q ue d'a c tion.

Situé, chro nologiquement, entre Charles /" à cheval avec le seigneur de Saint-Antoine et ce der­ nier tab leau, le Roi à la chasse va p lus loin dans cette vis ion intimiste et contemplative du monarque.

Charles , cette fois, est descendu de cheval - sa monture est derrièr e lui, retenue par un jeune homme.

Le roi n'est plus en armure : il est vêtu d 'une élégante tenue de chasse avec de hautes bot tes de cuir fin, des gants de mê m e peau, une culotte rouge , un e ves te e n satin blanc et un chapeau noir aux larges bords.

Un jeune garçon, qui annonce le valet portant le heaume dans le tableau de la National Gallery, tient le manteau rose qui complète cet habit.

La pose du modèle est natu­ relle , la situation, familière : la peinture montre le roi, non p lus e n chef de guerre mais comme un particulier, dans l'habit et dans l'attitude de n'importe quel aristocrate de sa cour, se livrant au plaisir d'une partie de chasse.

Mais, en réa­ lité, seuls la tenue du roi et le titre du tab leau info rment qu'il s'agit d'une chasse : de nou­ veau , Van Dyck a choisi de montrer Charles en train de contempler un paysage , au lieu de le représenter dans une poursuite effrénée.

L'image qu'il livre du souve rain est celle d'un c6ntemplatif, presque d 'un dilettante : le déta­ chement du souverain, sa désinvoltu re pourrait­ on dire donnent le modè le d'une suprême aris ­ tocratie -d'un te mp érament propreme nt royal.

Les peintres qui, ap rès Van Dyck , exécu­ tent les portraits des membres de la noblesse anglaise se souviendront de cette toile : Gainsborough ou Reynolds, au XVIII' siècle, donnent aux lords et aux ladies qu'ils peignent cet air de vague mélancolie, de sérieux qui caractérise Charles[" à la chasse.

Char les [" à la chasse, Antoon Van Dy ck, 1635 (Pari s, musée du Louvre).

Le R oi à la chas se e s t une huil e sur toil e de 27 2 cm d e ha ut s ur 212 c m d e large.

Le ta bl eau , sig n é, p o rt e l'inscription CAROLUS 1 REX MAGNAE BRITANNIAE (CHARLES 1• ROI DE GRANDE -BRETAGNE) su r la pierre, d an s l'angl e inf érie ur droit.

L 'œ uvr e, par venu e en Fran ce t rès tôt aprè s son exéc ution , appa rtint à d iff érente s collection s avant d 'êtr e a c qui se par Lou is X V, qui en fit cad!lau à sa ma ître ss e, Mad am e du Barry , qui affirm ait d esc end re d es S tu a rts.

Ell e est co nservée au jou rd 'hui à Pari s, au mu sée du Louvr e.. »