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Autoportrait de Germaine Krull

Publié le 04/04/2022

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« Devoir de commentaire d'œuvre Sujet 1 : Germaine KRULL, Autoportrait à l'Icarette, Vers 1925, Tirage gélatino-argentique, 23,6 x 17,5 cm. Centre Pompidou, Paris.

Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle. Figure phare de l’avant-garde et de la Nouvelle Vision, Germaine Krull, photographe allemande, se fait principalement connaitre pour son travail à Paris, ville qui lui inspire ses célèbres « Fers » (des photographies de grues, de ponts, de silos et de la tour Eiffel) qui constituent le portfolio Métal (1928).

Peu avant son installation à Paris en 1926, elle photographiait à Berlin, à partir de 1923, des nus érotiques de jeunes femmes, nus très modernes, souvent à connotations lesbiennes.

C’est entre ces deux périodes, vers 1925, que Germaine Krull réalise son célèbre Autoportrait à l’Icarette (Selbstporträt mit Ikarette).

Aujourd’hui conservé au Centre Pompidou à Paris, cet autoportrait a une particularité assez paradoxale : le visage de la photographe est presque entièrement caché par l’appareil photographique qu’elle tient dans les mains.

Cette particularité nous invite à nous poser la question suivante : sommes-nous réellement face à un autoportrait ? De qui ou de quoi Germaine Krull fait-elle réellement le portrait ? Pour répondre à ces questions, nous allons tout d’abord voir qu’il s’agit de l’autoportrait d’une photographe avant d’être celui d’une femme.

Ensuite, nous allons nous demander s’il s’agit réellement de l’autoportrait de la photographe ou bien celui de la machine, nous verrons que les deux, la photographe et l’appareil, sont un peu une seule et même entité ou du moins qu’ils dialoguent.

Enfin, nous travaillerons sur la notion de mise en abime qui nous permettra d’établir qu’il s’agit avant tout d’un portrait de la photographie dans bon nombre de ses aspects. Premièrement, comme le souligne Michel Frizot dans l’émission L'Humeur Vagabonde de Kathleen Evin sur France Inter, l’exercice du portrait était très répandu dans les années 20.

Seulement il s’agissait bien souvent de portraits de studio avec des éclairages en demi-obscurité.

Les portraits de Germaine Krull ne suivait pas cette méthode.

En effet, elle est également connue pour bon nombre de portraits de personnes célèbres comme Jean Cocteau (3 portraits en 1929), André Malraux (un portrait en 1930) ou encore Colette (3 portraits en 1930, 1933 et 1940).

Frizot, dans cette même émission, nous explique que la méthode de Germaine Krull consistait à « s’arranger de telle sorte que l’ombre du sujet, en plaçant la lampe très bas ou presque au sol, soit projetée sur le mur ».

Bien qu’il évoquait là la méthode utilisée pour les portraits cités plus haut, on constate que cette méthode commençait déjà à voir le jour lorsque Germaine Krull réalisa son autoportrait de 1925 : la lumière – qui semble artificielle – vient de la droite et projette son ombre sur le mur créant un jeu d’ombre et de lumière, un grand contraste et une sorte de dureté qui tranche avec la légèreté du positionnement des mains. Par ailleurs, le fait que la mise au point fasse apparaitre ses mains avec netteté nous rappelle également une de ses collections qu’elle appelle « ma collection de mains ».

Krull était fascinée par les mains comme on peut le constater dans un des portraits de Cocteau qui ne constitue que ses mains croisées sur ses genoux (par ailleurs dans les deux autres portraits figurent également une de ses mains devant les yeux ou devant la bouche) ou encore la photographie des Mains de l’actrice Jenny Burnay (1930).

Cet autoportrait nous dévoile donc certains aspects de la personnalité de la femme derrière l’appareil photographique mais on constate que les aspects de sa personnalité mis en avant dans cet autoportrait sont fortement liés à l’exercice de sa profession : sa fascination pour les mains, certes, fait partie de sa personnalité mais fait avant tout partie de son travail de photographe.

De la même façon, l’accessoire de la cigarette souligne sa modernité.

Krull était une femme moderne et indépendante, active et libérée.

Dans les années 20, la cigarette chez une femme en est souvent le signe : il n’est pas distingué pour une femme de fumer, cela la masculinise.

Cet autoportrait n’est pas le seul dans lequel elle se photographie une cigarette à la main : à Berlin, en 1922, elle réalise un autre autoportrait dans lequel on peut la voir affalée sans prétention sur des coussins, une cigarette à la main.

Frizot, dans l’émission citée plus haut, nous explique qu’« à chaque fois qu’elle fait des portraits, elle cherche à rendre quelque chose de la personnalité » du sujet, ce qui est selon lui « le principe même du portrait ».

Cette cigarette rend compte d’une certaine modernité.

Seulement, s’il est évident que la. »

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