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Bonnard : LA SIESTE

Publié le 14/09/2014

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bonnard

Les lignes contribuent à la sensualité de la scène, dans un système calculé d'oppositions et d'équilibres. Le nu, étiré et ployé par un dessin serpentin, est tout en courbes, galbe des cuisses, arrondi du dos, rondeur des épaules, sphère du sein, mèches mollement répandues de la chevelure noire. À ces sinuo­sités répondent les plis des draps et des oreillers qui esquissent une guirlande autour du corps. Le chien lui-même se réduit à l'ondulation de son échine, que prolonge un museau étiré. Sur le mur du fond, des fleurs composent des arabesques, des entrelacs et des volutes qui s'harmonisent à l'anatomie stylisée de la femme.

bonnard

« au rose plus vif du papier à fleurs.

Du blanc, Bonnard décline les nuances, usant d'une matière picturale tantôt mince et lisse, tantôt plus épaisse et comme crémeuse.

Des rehauts de rouge, sur la joue de la jeune femme et dans sa chevelure, suggèrent une lumière d'été atténuée par des stores ou des rideaux et donnent une idée de la •chaleur animale•, qui, selon Gide, règne dans la chambre.

Ainsi Bonna rd transcrit-il par des moyens purement picturaux la totalité des impressions et sensa­ tions suscitées par la scène.

Souvenirs antiques, inspiration moderne Cette moderne évocation érotique n'est pour­ tant pas exempte de réminiscences artis­ tiques.

À l'endormie - Gide l'a observé - Bonnard donne la pose de l'une des sculptures les plus illustres de 11 Antiquité : l'Hem1aphro­ dite endormi hellénistique dont le musée du Louvre, que l'artiste fréquente souvent, pos­ sède une copie romaine.

La jambe gauche repliée sur la jambe droite, la position des bras et jusqu'à la courbure du dos de la femme sont rep rises de ce marbre.

À cette citation de l'antique, peu couran te dans la peinture du temps, s'ajoute le souve­ nir de pastels e t de dessins de Degas.

C'est à eux que la Sieste doit la souplesse de son gra­ phisme et son élégance, faits nouveaux dans l'art de Bonnard.

À la proximité des styles s'ajoute celle des sujets.

Il est clair, en effet, que le désir de représenter les moments les plus intimes de la vie de leurs contempo raine s réunit les deux artistes.

Bonnard et Degas, d'ailleurs, pratiquent l'un et !'autre la photo­ graphie, autre art de la surprise et de l'image captée au vol.

S'il n'existe pas d'études prépa­ ratoires pour la Sieste, on connaî t nombre de nus pho tographiés par Bonnard à la fin des années 1890.

Cependant, la peinture a sur la photographie une supériorité, pu isque, née d'une élaboration lente et calculée, elle est plus complexe et plus complète à la fois.

Huil e sur toile de 130 cm s ur 110 cm , la Siest e appartient d'abord à la collection pari sienne de l'illustre romancière américaine Gert rude Stein , qui l'accroche dan s son ate ­ lier d e la rue de Fleurus en compa­ gnie de ses Mati sse et de ses Picasso .

E lle la cède ensuite à la galerie Bernhe im-J eune.

Propriété , un t emps , de l'historien de l'art britan ­ nique Kenneth Clark , l' œuvre est léguée d ès 1949 par ses dernier s propri étai res, la famill e Fe lton , à la N ationa l Gallery of Victoria de M el bourne .

Marthe au Tub , photographie de Pierre Bonnard (Paris, musée d 'Orsay).

La représentation du corps de la femme dans ses attitudes les plus intimes a été l'un des sujets favoris de Bonnard.

La Sieste , Pierre Bonnard, 1900 (Melbourne , National Gallery of Victoria) .. »

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