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BOSCH

Publié le 24/06/2012

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Mais chez Bosch, lumière et atmosphère sont envisagées dans un esprit nouveau, que l'on peut dire moderne. Certains lointains traités en grisaille, dans une technique « alla prima« où la touche devient puissant facteur d'expression, où la gradation des valeurs substitue le sens atmosphérique au sens topographique des peintres antérieurs, annoncent la conception moderne du paysage. Jérôme Bosch est un des plus surprenants esprits de la peinture de son siècle. Erudit, profondément mystique, nourri aux sources du moyen âge, il a une sorte d'intuition géniale des révolutions qui, bientôt, bouleverseront l'art de peindre.

« p~rticulier, de Ruysbrœk, est accoutumé aux détours de la symbolique du moyen âge.

Ses nu­ ances lui sont familières.

Symboliques religieuse, biblique et mystique, symboliques des bestiai­ res et du blason, symboliques aussi de la magie, du tarot, de l'alchimie, leur enchevêtrement est le langage naturel de Bosch.

C'est ainsi qu'à Lisbonne, saint Antoine se défend contre les incantations d'un prêtre dérisoire, face de porc, entrailles pourries sous la chasuble déchirée, et les conjurations d'un charlatan magicien assis non loin du saint, baguette au côté.

Ces deux incarnations de Satan suscitent une foule d'apparitions fantastiques, symboles des pensées mau­ vaises qui assaillent l'âme d'Antoine: poissons morts, chouette, symboles d'hérésie; œufs volant ou marchant, toùr ovoïde, cucurbites, arbres creux, symboles alchimiques; jarre de grès, symbole magique; monstre chevauchant, jouant de la harpe, symbole blasphématoire, la harpe étant l'instrument des louanges du Seigneur.

Et ainsi de suite.

Beaucoup de nuances qu'expriment ces créatures fantastiques nous échappent, mais un assez grand nombre de ces détails insolites tirent de la symbolique une explication assez précise pour que nous puissions être assurés que nen, en ces compositions fourmillantes, n'est abandonné au hasard.

CEs thèmes si abstraits se traduisent chez Bosch en une plastique puissante, archaïque sous certains aspects, en même temps que messagère d'un surprenant modernisme.

C'est toute la fan­ taisie des formes tout à la fois bizarres et sensibles qui s'étalent aux marges des manuscrits médié­ vaux qui se retrouve, transfigurée, chez Bosch.

Combien de ces êtres fantastiques ont leur proto­ type dans le coin d'une page de manuscrit du XIVe ou du début du XVe siècle? Et l'arabesque précieuse du dessin n'évoque-t-elle pas les miniaturistes du même temps? Mais chez Bosch, lumière et atmosphère sont envisagées dans un esprit nouveau, que l'on peut dire moderne.

Certains lointains traités en grisaille, dans une technique « alla prima» où la touche devient puissant facteur d'expression, où la gradation des valeurs substitue le sens atmo­ sphérique au sens topographique des peintres antérieurs, annoncent la conception moderne du paysage.

Jérôme Bosch est un des plus surprenants esprits de la peinture de son siècle.

Erudit, pro­ fondément mystique, nourri aux sources du moyen âge, il a une sorte d'intuition géniale des révolutions qui, bientôt, bouleverseront l'art de peindre.

« Le Christ tJUX ouJrag~s.

» (Musil tks Beau ..

~rts, GtmJ.) JACQUES COMBES 79. »

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