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Chagall, un Russe à Paris

Publié le 06/12/2018

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Chagall est-il un peintre léger ? Dans son art, dès l’origine ou presque, tout flotte. Rien n’est immobile : tout circule. Il faut bien trouver un point fixe dans l’Europe troublée qu’il traverse, d’est en ouest, d’ouest en est, et retour. Il est donc moins question de géographie que de situation de l’artiste, quand tout ce qu’il crée tourne autour de lui dans une folle farandole, haute en couleur, mobile à sa suite. A chaque fois qu’il se déplace, il recueille un peu plus d’expérience et l’applique aussitôt à sa peinture, qui s’en nourrit, mariages et fantaisie. Il enfante ainsi un bestiaire fantastique et fantasque. Place sous un ciel de sang sa précieuse Maternité (1913) en jupe bouton d’or, lorgnant un croissant de lune vert pré. Et, comme pour exécuter À la Russie, aux ânes et aux autres il faut être véloce, il imagine illico son Autoportrait aux sept doigts (1912-1913).

 

Passionnément fidèle à ce qu’il colore, déploie, fait léviter, il maîtrise ces phénomènes extraordinaires pour mieux magnifier la terre d’où il vient, par où il passe, où il revient. Le roman qu’est sa vie prend la voie d’un art qu’il sert à merveille. 

Avant d’être en France un peintre populaire, de signer la fresque qui orne le plafond de l’Opéra de Paris, d’avoir à Nice son musée, Chagall arriva de Russie en 1910 et, d’emblée, il manifesta, à juste distance du folklore et des avant-gardes, un éclectisme magistral.

 

Si l’artiste ne se sent pas encore pousser des ailes, il n’a déjà plus les pieds sur terre

 

- couples en vol, chèvre jaune trottant ou vache bleue dansant -, et son art s ’épanouit au cœur de vents contraires.

 

En présentant ces premières « Années russes, 1907-1922 », la rétrospective organisée en 1995 au Musée d’art moderne de la Ville de Paris a fait coup double, puisque les débuts de l’artiste (Vitebsk, 1887 - Saint-Paul-de-Vence, 1985) expriment déjà le meilleur de son œuvre.

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Marc Chagall 1887-1984 Peintre français d'origine russe.

Né dans le petit peuple juif du ghetto d'un gros bourg biélorusse, Chagall a une enfance tout imprégnée de culture hassidique.

Très tôt, sa mère l'encourage dans sa vocation.

Elle parvient à le placer dans une école d'art de Saint-Pétersbourg.

De nouveau à Vitebsk, il se fiance à Bella, épousée douze ans plus tard, et se tourne alors vers Paris, “ La Mecque de l'art ”.

Locataire de la Ruche en 1910, il voisine avec Modigliani et Soutine.

Son expressionnisme slave se confronte à Daumier et à Millet, aux nabis et aux fauves et subit durablement l'influence cubiste.

Mais le déploiement cézannien de la forme en un prisme qui rassemble sur un plan l'unité spatiale déconstruite n'intéresse Chagall que dans sa version orphique.

Coloriste, il se rapproche de la vision simultanéiste de Robert Delaunay et des luministes de la Section d'or.

Revenu à Vitebsk en 1914, bloqué par la guerre, on le nomme commissaire des Beaux-Arts de sa province en 1917.

Chagall fonde une académie dont il démissionne pour échapper aux diktats révolutionnaires de Malevitch.

Après un séjour à Moscou où il collabore au Théâtre juif, puis à Berlin où il s'initie aux techniques de la gravure, il revient à Paris en 1923.

Il illustre pour Vollard Les Âmes mortes , les Fables de la Fontaine et la Bible .

Breton, qui admire “ l'explosion lyrique totale ” des œ uvres d'avant-guerre, tente de l'annexer au surréalisme. Chagall ne fera que s'en rapprocher brièvement durant l'exil de New York (1941-1948). L'irrationnel emblématique se libère des influences : la couleur régente la composition et appelle les processions chimériques de la mémoire où l'imaginaire et la réalité tissent une même légende née à Vitebsk et rêvée à Paris.

En France derechef, Chagall découvre la céramique, la sculpture et le vitrail.

Il s'installe à Vence en 1950, puis à Saint-Paul en 1966. Les commandes affluent : pour le baptistère d'Assy en 1957, pour les cathédrales de Metz (1960) et de Reims (1974), pour la synagogue de l'hôpital de Jérusalem (1960), pour l'Opéra de Paris (1963).

Peintre-poète célébré par Apollinaire et Cendrars, Chagall introduit dans le formalisme français la dimension oubliée de la métaphore ( Moi et le Village , 1911).

Une donation de l'artiste, en 1973, est à l'origine du Musée national Message biblique Marc Chagall de Nice, qui insiste avant tout sur la dimension religieuse de l' œ uvre.

Outre les dix-sept grandes compositions d'inspiration biblique réalisées sur les suggestions de Vollard, on y trouve un ensemble (dessins, gouaches, gravures, tapisseries) sur le même thème — dont certaines œ uvres ont servi pour les illustrations de la Bible publiée par Tériade en 1957.

L'auditorium du musée est décoré de vitraux conçus par Chagall. D'autres éléments décoratifs, ainsi que le triptyque Résistance, Résurrection, Libération , complètent la collection, qui ne prétend pas informer sur tous les aspects de la trajectoire du peintre.. »

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