BERDIAEFF Nicolas (1879-1948) d'origine russe, vint s'établir à Paris quelques années après la Révolution russe.
Publié le 21/10/2012
                            
                        
Extrait du document
«
                                                                                                                            Gabriel Marcel réagissait  vigoureusement, dès 	les années  qui précédèrent  la 	guerre 	de 	1914, 	contre 	l'idéalisme  universitaire, 
contre  l'idée d'un sujet pur et universel, 
détaché 	
des 	données 	empiriques,  inexistant 
et  impersonnel,  et d'une 	pensée 	orientée 	vers 	le savoir  systématique  et 	" vérifiable 	"• 	bref 	d'une 	pensée 	qui définirait 	objective	ment 	« la structure 	du 	réel 	et se regarderait 	dès 	lors 	comme 	qualifiée  pour statuer  sur 
lui 	» -	Marcel  lui 	oppose 	la non-contin	gence 	du 	donné 	empirique,  l'idée d'un sujet 
engagé 	dans« 	une 	réalité 	en face 	de laquelle 	le philosophe 	ne peut  jamais 	se poser 	comme 	on 	se 	campe  devant 	un 	tableau  pour 	le 	contempler 	».
                                                            
                                                                                
                                                                    	L'existence 	se définit, pour 
Marcel,  par l'incarnation,  c'est-à-dire 
par  la relation  originale  qui 
m'unit 	à 	mon 	corps, 	relation dont 	on 	ne peut 	rendre 	compte 	en 	termes d'objectivité,  et 	où 	l'op
position 	du 	sujet  et 	de l'objet, 	comme 	l'idée 
d'instrument  et 	de 	technique, 	se trouvent 	dépassées 	: « Etre incarné,  c'est 	s' appa
raître 	comme 	corps, 	comme 	ce 	corps-ci, 
sans  pouvoir  s'identifier  à lui,  sans 
pouvoir 	
non 	plus  s'en distinguer  -iden
tification  et distinction  étant 	des 	opéra
tions  corrélatives  l'une 	de 	l'autre, mais 
qui 	ne 	peuvent  s'exercer 	que 	dans la 
sphère 	des 	objets.
                                                            
                                                                                
                                                                    	» 	Une  pensée  qui 
prend  l'incarnation 	comme 	repère 	central 	de 	la réflexion  métaphysique  et 	« mon 	corps 	» comme 	l'intermédiaire  sans lequel 	le 	monde 	et l'existence  n'ont pour moi 
aucun  sens, proteste  d'un 	même 	mouve
ment  contre  le Problématique  et le 
Technique  qui, pour  elle, sont au 
fond 	identiques.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Son 	ennemi  c'est, toujours, 	le 	sujet abstrait  et impersonnel, 	vidé 	de 	ses 	attaches  et 	de 	ses 	fidélités  con
crètes.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Le 	« on», 	c'est  l'homme 	de 	la 
technique, 	de 	même 	que 	c'est 	le 	sujet 	de 	l'épistémologie,  qui prétend 	se 	fonder  sur la pensée 	en 	général.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Quand 	Marcel,  dans 	son 	premier 	Journal 	Méta	physique, 	protestait  contre la pensée 
abstraite 	de 	l'idéalisme 	et  quand,  aujour
d'hui, 	il proteste  contre l'homme  déshu
manisé de 	la  technique,  c'est 	au 	nom 	d'une 	même 	exigence 	du 	concret et 
d'une  même expérience 	de 	l'incarna
tion.
                                                            
                                                                                
                                                                    
A  cette  pensée  incarnée  qui, ayant  renoncé 
à 	
occuper 	la  position 	du 	spectateur,  a 	renoncé 	à la  prétention  d'universalité  et 	de 	vérification, 	ni 	Dieu 	ni 	autrui 	ne peuvent 
plus  apparaître 	comme 	des 	objets.
                                                            
                                                                                
                                                                     Dans 	le 	Journal 	Métaphysique, 	à mesure 	que 	la  méditation  sur la possibilité 	de 	l'acte 	de foi 	s'approfondit,  Dieu apparaît 	de 	plus 	en 	plus 	comme 	un 	« Invérifiable 
absolu 	»; 	mais  cet Invérifiable 	ne 	doit 
pas  être  compris 	comme 	un 	inconnais
sable, 	une 	limite 	que 	rencontrerait 
la  pensée  objective; 	il 	se 	révèle 	au 
contraire 	comme 	« méta-problématique 	».
                                                            
                                                                                
                                                                    	
De  la notion  négative 	d' 	« invé
rifiable  absolu 	», 	on 	passe à celle 	de 	« 	Toi 	absolu 	».
                                                            
                                                                                
                                                                    	L' Etre  divin 	comme 	l'être  d'autrui 	ne 	se 	révèle 	que 	dans 	le 	dialogue 	des 	personnes,  dans la 
communication, où 	la  pensée  objective 	ou 	technique 	cède 	la place  à 	une 	affirma
tion  qui est témoignage,  reconnaissance 
active  d'une présence, 	
« attestation  créa
trice 	».
                                                            
                                                                                
                                                                    	Ce 	n'est  pas  par  hasard 	que 	G.
                                                            
                                                                                
                                                                    Marcel  a toujours  éprouvé 	le besoin, 
parallèlement  à 	son 	œuvre 	philosophique, 	
de 	créer 	des 	personnages vivants 	en 	s'exprimant par 	le 	théâtre; c'est 	que 	le 	théâtre est dialogue, 	où 	se 	révèlent  dans 
leur  pureté  et les  rapports  humains  et 	le 	mystère 	des 	personnes.
                                                            
                                                                                
                                                                     C'est 	que 	Gabriel 
Marcel  a toujours  pensé, 	selon 	une 	parole 	de 	E.-M.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Forster 	qu'il 	aime à citer, 	que 	« c'est  la vie  privée  et elle 	seule 	qui  pré
sente 	le miroir 	où l'infini  vient 	se refléter».
                                                            
                                                                                
                                                                    	Si l' Etre divin  et les  êtres  humains 	ne 	sont, 	l'un 	et les  autres,  saisis 	que 	dans l'expé
rience 	du 	« Toi 	et du 	nous 	», 	c'est  parce 	que 	Gabriel  Marcel 	n'a 	jamais séparé 	ses 	deux préoccupations  majeures: 	« l'exigence 	de l'être» 	d'une part, et d'autre  part 	«la 	hantise 	des 	êtres saisis  dans leur singu
larité  et 	en 	même 	temps  dans les mysté
rieux  rapports  qui les lient 	».
                                                            
                                                                                
                                                                    	Il 	pense 
au  contraire,  que, 	« plus nous  saurons 
reconnaître  l'être individuel 	en 	tant 	que 	tel, plus  nous 	serons 	orientés  et comme 
acheminés  vers une saisie 	de 	l'être 	en 	tant qu'être 	».
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Ainsi,  tous les chemins 	de son 	œuvre, 	même 
ceux  qui paraissent 	le plus  étrangers 	à la 
philosophie,  conduisent à la  reconnaissance 	
de 	ce 	qu'il 	appelle 	« le 	mystère  ontolo
gique 	».
                                                            
                                                                        
                                                                    	Ce 	qui  est central  chez lui, 
c'est  la 	célèbre 	distinction  entre 	« pro
blème  et mystère 	» : « le mystère  est 	un 	problème  qui empiète  sur 	ses 	propres 	données 	», 	qui transcende 	donc 	l' oppo	sition 	du 	sujet  et 	de 	l'objet  et 	que 	la 
pensée 	ne 	peut  pas 	se 	donner 	comme 	un 	spectacle 	puisqu'il 	s'agit 	d'une  réalité 	à 	laquelle  elle est ouverte,  à laquelle  elle 
participe,  et par  laquelle  elle 	se 	trouve 
elle-même  possédée et constituée.
                                                            
                                                                                
                                                                     A la 	
«réflexion  primaire», 	qui est connaissance 
théorique  et objective,  s'oppose 	la« 	réflexion 	seconde 	» 	qui est retour  sur soi,  sur les 
conditions de 	la  réflexion  primaire,  mais 
qui 	dépasse 	le cadre  théorique  et 	l' oppo
sition 	de 	l'être  et 	du 	connaître  pour 	se 	faire indissolublement  réceptivité et acti
vité,  participation  et affirmation.
                                                            
                                                                                
                                                                     Mystère 
de 	la communication  et mystère 	de 	la 
connaissance,  mystère 	de 	la famille  et 
mystère 	de 	la  mort,  rapport  mystérieux 	de 	l'homme 	avec 	la terre  et 	avec 	la vie, 
autant  d'affirmations  d'une positivité 
ontologique  qui 	
ne 	se révèle 	qu'au recueil
lement  et 	à la piété  et qui,  si elle  prend, 
sur 	le 	plan  philosophique,  le nom 	de 	« mystère 	de 	l'être 	», 	annonce,  pour 
Gabriel  Marcel lui-même, 	une 	lumière 
proprement  religieuse.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Ses 	œuvres 	: 	Journal 	Métaphysique 	(1914-1917); 	Etre 	et Avoir ( 	1918-1933); 	Le 	monde 	Cassé 	suivi 	de 	Positions 	et 	approches 	concrètes 	du 	mystère  ontologique 	( 1933); 	Du 	Refus  à 	l'Invocation 	(1940); 	Homo 	Viator 	(1944); 	Les 	Hommes 	contre 	l'Humain 	( 1951); 	Le 	Mystère 	del'Etre 	(1951).
                                                            
                                                                                
                                                                    	(P.H.) 	
WAHL 	Jean 	(né 	en 	1888) 	
Né 	à Marseille.
                                                            
                                                                                
                                                                     Enseigne 	à la Sorbonne 
la  philosophie  pure.
                                                            
                                                                                
                                                                    A publié  notam
ment  : 	
L'idée 	de 	l'instant 	dans 	la 	philosophie 	de 	Descartes; 	La 	con
science 	malheureuse 	dans 	la 	philo
sophie 	de 	Hegel 	( 1930)  ; 	Vers 	le 	concret 	( 1932) ; 	Etudes 	kierkegaar
diennes  ( 	1 938) ; 	Traité 	de 	méta	physique 	(1955).
                                                            
                                                                                
                                                                    	C'est  peut-être  à 	son 	œuvre 	que 	convient 	le mieux 	le titre 	de 	ce 	chapitre : existence  et dialectique.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
HEIDEGGER 	Martin 	(né 	en 	1889).
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Né 	à Messkirch,  dans 	le duché 	de 	Bade, 	il 	commença 	ses 	études chez les pères 
Jésuites  et les  poursuivit  à Fribourg 	en 	Brisgau 	avec 	Rickert.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Il entra  ensuite 	en 	relation 	avec 	Husserl.
                                                            
                                                                                
                                                                     Après avoir 
soutenu, 	en 	1916, 	sa 	thèse 	sur 	« La 	doctrine 	des 	catégories  et 	de 	la signifi
cation  chez Duns 	Scot 	», 	il devint 	co	éditeur 	du 	« ]ahrbuch 	für 	Philosophie 
und  phiinomenologische  Forschung 	».
                                                            
                                                                                
                                                                    	En 	1923, 	il fut 	appelé à Marbourg 	comme 	professeur.
                                                            
                                                                                
                                                                     C'est là qu'Heidegger  fit 
paraître 	en 	1 92  7 	son 	écrit 	le 	plus 	célèbre, 	la  première  moitié 	de 	Sein 	und 	Zeit.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Peu 	après, 	il 	retourna à 
Fribourg;  nommé recteur en 	1933, 	il 	devint 	« professeur  émérite 	» en 	1952.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Marié, père 	de 	famille,  Heidegger  par
tage 	son 	temps 	entre 	Fribourg  et 	son 	chalet 	de 	Todthauberg, 	en 	Forêt Noire.
                                                            
                                                                                
                                                                    
(Voir  page 	336.) 	
HERING 	Jean 	(né 	en 	1890) 	
né 	en 	Alsace,  a 	fait 	ses 	études à Stras	bourg, 	Heidelberg,  Goettingen et Paris.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Docteur en 	théologie 	en 	1936, 	il professe 
à  la  faculté 	de 	théologie  protestante 	de 	Strasbourg.
                                                            
                                                                                
                                                                    	De 	ses 	œuvres, 	il faut 	citer 
au  moins  : 	Phénoménologie 	et 	philo	sophie  religieuse  ( 	1926); 	Le 	royaume 	de 	Dieu 	et sa 	venue 	(1937).
                                                            
                                                                                
                                                                    	
KAUFMANN 	Fritz 	(né 	en 	1891) 	
a fait 	ses 	études 	à Fribourg 	en 	Brisgau.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Parmi 	ses 	œuvres 	: Die  Philosophie  des 	Grafen 	York 	von 	Wartenburg 	(1918); 	Die 	Bedeutung 	der 	Künstlerichen 	Stimmung 	( Husserl-Festschrift 	1929); 	Sprache 	als 	Schopfung 	( 1 934).
                                                            
                                                                                
                                                                    	
LÙWITH 	Karl 	(né 	en 	1897) 	
Né 	à Munich.
                                                            
                                                                                
                                                                     Habilitation  à Marburg 	en 	1928.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Depuis 	1952, 	Professeur  à 
Heidelberg.
                                                            
                                                                                
                                                                     A écrit  : 	Das 	Individuum 	in 	der 	Rolle 	des 	Mitmenschen 	(1928); 	Max 	Weber 	und 	Karl 	Marx 	(1932); 	Kierkegaard 	und 	Nietzsche 	(1933); 	Jacob 	Burckhardt 	(1936); 	Von 	Hegel 	zu 	Nietzsche 	(1941, 	3• 	éd.
                                                            
                                                                                
                                                                    	1953); 	Weltgeschichte 	und 	Heilsgeschehen 	(1953); 	Heidegger, 	Denker 	in 	dürftiger 	Zeit 	( 1953); 	Nietzsches  Philosophie  des ewigen Wiederkehr 	des Gleichen 	(1956).
                                                            
                                                                                
                                                                    	
FARBER 	Marvin 	(né 	en 	1901) 	Professeur  à l'Université 	de 	Buffalo, 	sa 	ville  natale.
                                                            
                                                                                
                                                                    	On 	lui doit  : 	The 	Founda	tion 	of 	Phenomenology 	(1943).
                                                            
                                                                                
                                                                    	Il a 	consacré 	plusieurs  études à Husserl  et 	il 	préside la 	Société 	internationale 	de Phéno
ménologie.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
FINK 	Eugen 	(né 	en 	1905) 	Né 	à  Constance.
                                                            
                                                                                
                                                                     A été  longtemps  l'assis
tant  et 	le collaborateur 	de 	Husserl  et a 
publié  dans les 	Kantstudien 	et dans  la 	Revue 	Internationale 	de 	Philosophie 	des 	études  capitales  pour l'intelligence 	du 	dernier  Husserl.
                                                            
                                                                                
                                                                     Professeur  à Fribourg en 	Brisgau  depuis la guerre,  s'oriente, 
semble-t-il, 	vers 	une 	philosophie  dialec
tique.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
43	1.
                                                                                                                    »
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Hyacinthe RIGAUD 1659 · Perpignan 1743 ·Paris D'origine catalane, il vint à Montpellier à 14 ans et tra· vailla pendant 4 ans dans l'atelier de Pézet.
 - Picabia Francis, 1879-1953, né à Paris, peintre français d'origine cubaine.
 - Denis Papin par Jean-Louis Destouches Professeur à la Sorbonne et à l'École Centrale des Arts et Manufactures D'origine blésoise et de famille protestante, Denis Papin naquit en 1647 et vint en 1671 à Paris, alors centre intellectuel rendu très attractif par l'action de Colbert.
 - Adamov (Arthur) Auteur dramatique français d'origine russe (Kislovodsk, 1908 - Paris, 1970), l'un des fondateurs du théâtre de l'absurde*.
 - NICOLAS BERDIAEFF : LES SOURCES ET LE SENS DU COMMUNISME RUSSE (Résumé & Analyse)