CRANACH Lucas : VENUS ET L'AMOUR

« CRANACH Lucas VENUS ET L'AMOUR 1509 Peintre allemand Illllll Analyse ♦^ Le corps dénudé de Vénus se découpe, lumi neux, sur le fond noir du tableau.

La déesse est représentéeen pied avec de longs cheveux blonds etbouclés qui luiretombent sur les épaules. Elle ne porte qu'un double rang de perles noires autour du cou et un léger voile transparent qui lui ceint le bras, le côté et la jambe et enveloppe le petit Cupidon.

Le bambin semble surgir des jambes de la déesse qui caressetendrement sa tête blonde et frisée.

Il est paré d'un collier de corail et porte en bandoulière le carquois rempli de flèches ; l'arc bandé est prêt à tirer vers le cœur du futur amoureux. La date et les initiales de l'artiste peintes sur un feuillet blanc, se détachent du fond noir à la gauche du panneau. Uneinscription latine de deux lignes surmonte la tête de Vénus.

Cranach a réservé un soin particu lier au premier plan de la composition: lesol caillouteux est parsemé d'herbes et de fleurs peintes avec minutie.Cette Vénus est proche, par la sensualité et la grâce, desnombreuses figures d'Eve peintes plus tard par Cranach, dont l'une est conservée aux Offices. picto MUSEE DE L'ERMITAGE 157 SAINT-PÉTERSBOURG XV^-xvT* siècles Huile sur bois transposéesur toile 213 x102 cm L'œuvre 'iÊ& Q Réalisée en 1509, comme l'atteste la date peinte sur letableau, Vénus et l'Amour constitue un retour àl'iconographie antique de la déesse nue, que l'époque médiévale avait abandonnée. On doit, en effet, àl'art nordique et en particulier àCranach, la réhabilitation de la tradition picturale antique. En 1850, le panneau fut transféré sur toile ; ce transfert provoqua de sérieux dommages à la pein ture dont on restaura lapartie inférieure. La célébration du corps féminin ? Au début du xviesiècle, la peinture alle mande recourait fort peu aux thèmes empruntés à la mythologie et à l'Antiquité.

Il faut voir, dans leur apparition dans l'œuvre de Lucas Cra nach, l'influence des artistes hollandais et ita liens. Mais l'interprétation que l'artiste de Wit- tenberg fait de ces sources d'inspiration est tout à fait personnelle.

Les nus féminins, notamment, dénotent une extrême originalité. Eve, Vénus, Lucrèce,Judith,Salomé...

autantdesilhouettes Du même peintre : PICTO 158 à160 © Nardini Editore, 1994, Liriade pour l'édition française,1994. aux formes allongées et aux lignes sinueuses parfaitement dessinéesque les voiles transpa rents et les colliers mettenten valeur plus qu'ils ne les dissimulent. Nous nous éloignons ici de l'idéal classique et de laRenaissance pour accéder à un manié risme septentrional bien spécifique où s'affir ment la prédominance du graphisme et l'indiffé rence pour le rendu illusionnistede l'espace, traits stylistiques typiquement germaniques. Photo Archives Nardini.. »