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DEBUSSY, Achille-Claude, dit Claude

Publié le 22/02/2012

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(22 août 1862-25 mars 1918) Compositeur La faillite de son père oblige la famille de Debussy à s'installer à Paris, où une parente découvre ses dons. A dix ans il entre au Conservatoire, et à vingt-deux ans sa cantate L'Enfant prodigue lui vaut le premier grand prix de Rome. Il ne passe à la villa Médicis que quelques mois en 1885-1886, et ses envois scandalisent les membres de l'Institut autant que lui s'exaspère à Rome. Il revient vite reprendre sa place auprès de la baronne von Meck, qui est une amie de Tchaïkovski. Il voyage avec elle en tant que secrétaire et pianiste dans toute l'Europe. De la Suisse à l'Italie, où il rencontre Wagner à Venise, de Moscou à l'Autriche, où il rencontre Brahms à Vienne. A son retour à Paris il fréquente les mardis de Mallarmé. C'est là qu'il rencontre des poètes tels que Paul Verlaine, Jules Laforgue, Henri de Régnier et Pierre Louÿs, qui devient son ami. Casanier, Debussy répugne à quitter Paris, ce qui ne l'empêche pas d'aller à Bayreuth, où il entend Parsifal et Tristan, ou de donner des concerts dans un certain nombre de capitales d'Europe, quand bien même il évite, excellent pianiste, de se produire en public. Il éprouve en écoutant de la musique javanaise lors de l'Exposition universelle de 1889 une émotion aussi intense que celle qu'a provoqué sur lui la musique de Wagner. La vie de Debussy, au-delà de ses deux mariages, n'est réglée que par le souci de la composition de ses oeuvres.
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« A Rome, Debussy éprouva un singulier ennui, un malaise profond qui dura jusqu'à la fin de son séjour, écourté d'uneannée.

Ce Parisien ultrasensible ne se plaisait vraiment qu'à Paris.

Ce n'est que dans ses murs qu'il se sentait à l'aisepour travailler. On refusa d'exécuter publiquement, selon l'usage, le premier de ses deux envois de Rome, Printemps.

Le juryaccepta le deuxième, La Damoiselle élue, mais l'auteur demandant l'exécution des deux ouvrages ou rien du tout,l'exécution n'eut pas lieu. Debussy se mêlait à des gens cultivés, au monde des artistes de l'époque.

C'est alors qu'il compléta son instructionque ses parents avaient si fâcheusement négligée.

Il raconta lui-même qu'il se mit à lire énormément, même le petitDictionnaire Larousse, qu'il feuilletait pendant des heures. En 1892, il composa, d'après le poème de Stéphane Mallarmé, Le Prélude à l'Après-midi d'un Faune, celle de sesOeuvres qui devint la plus populaire, après avoir été exécutée pour la première fois à la Société Nationale, en 1894.C'est à partir de cette époque que va s'affirmer la personnalité du musicien, qu'avaient nettement fait pressentir laDamoiselle élue, et aussi la Marche écossaise, écrite en 1891, et que Debussy ne devait entendre à l'orchestre quevingt-deux ans plus tard ! Au Conservatoire le jeune musicien n'avait pas échappé à l'influence massenétique, à laVilla Médicis, il subit l'envoûtement wagnérien.

Mais il sentait avec acuité, lui, natif d'Île-de-France, tout ce qu'il y ad'exagéré, de démesuré, de contraire à la sensibilité française dans l'édifice colossal de Wagner.

Dans ce Françaiscent pour cent, s'accomplit le triage subtil qui recevait dans notre art l'apport incontestable et magnifique du grandGermain, et repoussait tout ce que le génie de notre race est incapable de s'assimiler.

De ce travail profond, decette lutte contre l'envoûtement que trop de Français subirent, oubliant leur âme, de cette élaboration profondenaquit Pelléas.

Face à l'Oeuvre gigantesque que l'Allemagne venait de construire dans le domaine de l'Art, Pelléasest une réplique admirable, lyrique et passionnée, intense et féerique, mais tout empreinte du génie français, c'est-à-dire de distinction, de finesse, de tendre humanité, d'équilibre et de culture extrême. Précédant Pelléas et parfois l'annonçant, avaient paru en moins de dix ans, avant 1902, les Ariettes oubliées d'oùdate sa collaboration musicale avec la muse verlainienne, les Cinq Poèmes de Baudelaire, le premier recueil des Fêtesgalantes, le Quatuor à cordes, les Proses lyriques, les Chansons de Bilitis, le Prélude, la Sarabande et la Toccatapour le Piano et les Trois Nocturnes pour orchestre (Nuages, Fêtes, Sirènes).

Debussy avait ainsi indiqué le sens destrois morceaux : "Le titre Nocturnes veut prendre ici un sans plus général et surtout décoratif.

Il ne s'agit donc pasde la forme habituelle du Nocturne, mais de tout ce que ce mot contient d'impressions et de lumières spéciales.Nuages, c'est l'aspect immuable du ciel avec la marche lente et mélancolique des nuages, finissant dans une agoniegrise, doucement teintée de blanc.

Fêtes, c'est le mouvement, le rythme dansant de l'atmosphère avec des éclatsde lumière brusque, c'est aussi l'épisode d'un cortège (vision éblouissante et chimérique) passant à travers la fête,se confondant en elle ; mais le fond reste, s'obstine et c'est toujours la fête et son mélange de musique, depoussière lumineuse participant à un rythme total.

Sirènes, c'est la mer et son rythme innombrable, puis, parmi lesvagues argentées de lune, s'entend, rit et passe le chant mystérieux des Sirènes." C'est pendant la flânerie d'un soir d'été que Debussy s'arrêta à la devanture de la librairie Flammarion, et arrêta sonregard sur le Pelléas et Mélisande de Maeterlinck, qui venait de paraître.

Poussé par un élan profond, le musicienpénètre dans la librairie et achète le livre.

Rentré chez lui, il le lit avec avidité, et à mesure qu'il avance dans salecture, il se sent charmé, puis conquis, et finalement, il se rend compte, avec la puissance soudaine d'unerévélation, que c'est le texte qu'il lui faut pour composer l'opéra dont il rêve.

Aucun doute, c'est bien là la poésieintense et communicative qui se mêlera le mieux à sa musique, ce sont ces paroles sibyllines, cette simplicitéprofonde, ce divin mystère ambiant que sa musique animera, et dont elle prolongera le pouvoir d'expression. Les poètes sont les détecteurs de l'insaisissable ; ils aperçoivent autour de nous des choses qui demeurent invisiblesà nos yeux.

Ils ajoutent aux couleurs du prisme des nuances dont nos sens sont privés.

Le théâtre de Maeterlinckbaigne entièrement dans la poésie du mystère universel, atmosphère glauque et lumineuse où tout paraît étrange,féerique et solennel.

Sur le drame flotte un voile ténu de brume et de rêve, au travers duquel chaque parole,chaque geste prend l'importance d'une action fatale.

Et la musique de Debussy propage à l'infini cette essence depoésie, la répandant comme un parfum qui gagne jusqu'à l'âme.

Comme lorsqu'il était enfant, Claude le musiciendisposait délicatement les ailes diaprées des papillons tout au long des murs de sa chambre, ainsi, devenu grand, ildisposa des harmonies rares, des tonalités exquises, en fit une moire sonore qu'il glissa sous la ligne des phrasesavec une étonnante divination poétique.

On ne connaît pas d'opéra où la musique se fasse à ce point poésie,s'infiltre dans les mots, les amplifie, les illumine, arrache du cOeur du poète tout ce qu'il rêva de mettre dans sonOeuvre et que la parole ne sut tout à fait exprimer. Les jeunes générations sont parfois comme une foule qui attend une annonciation.

Heureux alors celui qui vient avecune formule artistique exprimant l'esprit de l'époque, heureux le génie qui trouvera la parole dégageant l'âme et lesdésirs de la jeune humanité montante.

Dans ses paroles, dans sa musique, dans ses dessins, il donnera l'essor à unemultitude de jeunes cOeurs, libérés par la formule magique, impatients de battre et de brûler d'enthousiasme. Jusqu'à la révélation de Pelléas, la jeunesse musicale n'avait longtemps vécu "qu'en chuchotant autour d'unechambre fermée" comme dit le vieil Arkel à Mélisande.

C'est Claude Debussy qui lui ouvrit grandes les portes del'avenir, en lui montrant le chemin pour retrouver la tradition française.

Et cette jeunesse lutta, dans un élanpresque unanime, pour la pérennité du chef-d'Oeuvre unique, duquel on ne peut rapprocher, dans toute la musique,. »

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