Deux tahitiennes de Gauguin

« Analyse ..._,Cette œuvre connue aussi sous le titre Les Sein s aux fleurs rouges appartient à un groupe de tableaux peints à partir de 1898 et dont la dou­ ceur contraste avec la force expressive des précé­ dentes toiles.

À cette époque, Gauguin doit faire face à des difficultés financières accrues ainsi qu 'à de sérieux problèmes de santé.

Il peint moins , et sa production est moins incisive.

À vrai dire, les deux nus présentés ici ont des résonances classiques et une grâce séduisante qui auraient dû charmer d'e mblée un public amateur de peinture traditionnelle .

On ne trouve pas non plus dans cett e œuvre le mystère et le symbolisme qui caractérisent les toiles du peintre depuis la période bretonne.

On peut cependant interpréter cette toile comme une version tahi tienne du Print emps de Botticelli où l'a rtiste aurait fait une fois encore l 'é loge de la société tahitienne primitive au détri­ ment d'une société et d' un art occidentaux issus de la culture de la Renaissance.

On retrouve les proportions amples du nu tahitien , cette étonnante monumentalit é natu ­ relle mêlée de sensualité qui fascinait l'artiste.

Le parallèle entre les seins féminin s et les fruits est cependant un lieu commun directement issu de la société européenne.

De nombreuses illus trations de l'époque, à résonance grivoise ou humori s ti­ que, témoignent de la banalité de cette image.

La couleur aussi s'est apaisée dans cette œuvre où Gauguin équilibre harmonieusement l es tons chauds et l es tons froids , en mettant l'accent sur le rouge des fruits, le rose d'un bouquet, le jaune d ' un éclat lumineux qui réchauffent une harmo­ nie sourde .

L'œuvre C La toile est signée et datée en bas à gauche. »