Edgar DEGAS: AVANT L'ENTRÉE EN SCÈNE

« pour lui peinture, pastel ou dessin, et même auquel il devra finalement renoncer aussi dans les années précédant laguerre de 1914.

En effet, outre cette cécité quasi totale, la mort de ses meilleurs amis et le congé de son atelier,qui contenait tout l'intérêt de sa vie, le désemparent et lui font abandonner tout travail, donnant une tournuretragique aux dernières années d'une existence uniquement consacrée à son art, désormais privée de son but, quiprend fin en 1917.

Ce qui est peut-être le plus frappant dans la vie et dans l'oeuvre de Degas est son tempéramentinquiet et insatisfait qui l'incite à remettre perpétuellement en question tout ce qui touche à son art.

Sesrecherches, aussi bien dans le domaine technique que dans le domaine esthétique, en sont des manifestationsconcrètes.

Jamais il ne peut se contenter d'adopter et d'exploiter une formule trouvée.

Cette constante évolution,ce perpétuel renouvellement de ses moyens et de ses buts peuvent dérouter, ainsi que le mélange de classicisme etde modernisme qui contribue à le maintenir à l'écart de toute école.

Car, bien que, partageant le désir desimpressionnistes de redonner la vie à la peinture en la libérant de l'académisme stérile qui l'étouffe, il expose aveceux à toutes leurs manifestations, et bien qu'il ne cache pas son admiration, sa sympathie et son amitié pour eux,jamais il n'adopte ni leur idéal, ni leurs procédés.

Il réprouve le travail sur nature en plein air et ne peut user de latouche divisée absolument incompatible avec son souci de la ligne et de la forme.

L'ambition des impressionnistesd'arriver à fixer un effet lumineux éphémère va à l'encontre de sa volonté de ne retenir de tout que l'essentiel, lepermanent, l'éternel, qu'il exprime dans sa déclaration : "Rien en art ne doit ressembler à un accident, même lemouvement." L'OEUVRESi Degas a peint d'innombrables danseuses en scène, il les a plus rarement croquées dans leur loge avant lespectacle.

Il saisit ici un instant intime, où une habilleuse et un maître de ballet s'affairent autour d'une danseuseavant son entrée en scène.

Loin de chercher à embellir la ballerine, il restitue fidèlement ses traits épais, son oreilledécollée et sa coiffure peu flatteuse.

Mais le regard du spectateur est surtout attiré par le tutu somptueux, traitéavec de longues touches turquoise.

Le maître de ballet et l'habilieuse, croqués sous des angles insolites, sontrendus tout aussi minutieusement.

A l'arrière-plan, un manteau accroché à une patère crée un contrepoint visuelaux figures réparties vers le centre de la toile.

Degas a brossé deux autres variantes sur le même thème, Danseusesortant de sa loge et Loge de la danseuse, avec le même réalisme légèrement caustique. LA COTEUn pastel plus tardif, Danseuse, a trouvé preneur à 8,583 millions de francs français (1,5 million de dollars) à NewYork en 1995.

Mais certains pastels atteignent 10,5 millions de francs français (2 millions de dollars).

On trouve desdessins de l'artiste à partir de7 000 FF (1 300 dollars). Hilaire Germain Edgar de GAS, dit Edgar DEGAS 1834-1917 • Avant l'entrée en scène• Pastel 59 cm x 45 cm• Signé en bas, à droite, «Degas»• Peint vers 1880• Localisation : collection privée LA CRITIQUE« (Degas) est un artiste de talent fort rare, dont l'oeil très fin a fixé sur la toile ou traduit par le pastel oul'aquarelle, et même sculpté au besoin, les bizarreries séduisantes d'un tel milieu (l'Opéra).

C'est M.

Degas qui traitele morceau en maître et connaît à fond et par le menu comment se noue un ruban sur une jupe de danseuse, le plique fait le maillot sur le cou-de-pied, la tension que donne à la soie l'attache de la cheville,» écrit Jules Claretie.. »